Putain de Poteau.
J'étais bien dans mon cocon, calme apaisé, heureux de ne rien faire, heureux de ne participer en rien à rien. Oui vraiment je vous le dis comme j'étais donc bien installé dans mon fauteuil. Je m'adonnais à mes passions hédonistes, je lisais des livres difficiles à la complexité linguistique alambiquée. Je me régalais de lectures plus simples, me laissant aller au plaisir voluptueux des mangas, hentais, et autres réjouissances. Oui j ?étais ma foi tellement bien retiré des conflits, des affrontements, des discutions stériles, réduisant le nombre de mes contacts au strict minimum.
Ni politique, ni société ne venant me déranger dans cet isolationnisme intellectuel, je folâtrais dans un monde idéal, mon univers, règne d’une pensée unique et despotique, la mienne. Sans compte à rendre et sans avis à prendre. J’en évitais soigneusement la lecture des journaux, les revues de presse, les informations télévisées, que ce monde fasse ce qu’il veut, mon univers bien clôt me suffisait.
Il a bien fallut que du bruit ils en fassent ces agités de la timbale sous mes fenêtres pour attirer mon attention. Il a vraiment fallut qu’ils soient bruyants les adeptes du goupillon pour venir me sortir de ma neutrale position d’indifférent et me faire pencher sur le monde pour voir ce qui lui arrivait.
Je crus dans un premier temps avoir remonté le temps, voici que défilait toute une horde hurlante et Bramante populace aux invectives d’un autre âge. Je les ai regardés passer ces primaires et leur cohorte d’enfants aux joues roses. Que vouliez vous que je dise ? Que peut on raisonner avec quelqu’un qui ne veut rien pour lui mais simplement qu’on retire quelque chose à quelqu’un d’autre ? Si encore ils demandaient pour eux, mais non, ils veulent juste interdire aux autres d’avoir ce qu’eux possèdent, le droit de s’aimer et de s’unir. On ne raisonne pas avec un fanatique religieux, on ne peut présenter un argument viable à une personne qui hait l’autre, sa différence, ces choix de vie.
En même temps il faut bien comprendre que pour ces gens la, l’union d’un homme et d’une femme est un devoir devant dieu et non pas un acte d’amour et de don. Enfin je décidais de me retirer de ce débat au plus vite et comptant le nombre de manifestant je ne me faisais aucuns soucis particuliers. Parce que rassembler 200 000 personnes pour une manifestation c’est très bien, mais pour la réforme de la retraite on était quelques millions et cela n’a rien changé. Donc je ne doutais pas le moins du monde que la loi passerait avec ou sans mon soutien et je m’en retournais tranquillement à mes sages considérations laissant à d’autres la joie d’arpenter le pavé pour défendre l’égalité et le simple bon sens me promettant d’aller lever un coupette le jour du premier mariage gay célébré dans le coin, et d’en profiter pour m’incruster dans le cocktail.
Mais voila, aujourd’hui porté par le vent de ce soulèvement populiste la dernière fange, la plus extrême médiocrité, le bourbier de notre inconscient, a relâché ces plus viles fantasmagories. Relâché du fond des égouts de l’humanité ils sont sortis les infâmes au crane rasé, bottés d’acier, tatoués comme des barbares d’un autre temps. Ces tueurs à la petite semaine qui ne rêvent que de rosser tout ce qui est différent d’eux. Ils sont sortis de leur silence et on trouvé dans le fumier de vos idées madame barjot, madame Boutin, le terreau fertile ou pousser vers la lumière.
Oui mesdames, car votre comportement, vos mots, votre conception étriquées de l’existence, votre morbide haine de ce qui ne vous ressemble pas ont permis à ce que ce pays à de pire de se révéler dans toute son horrible splendeur. Mais rassurez vous, vous n’êtes pas seule coupable, derrière vous on pourrait encore nommer bon nombre d’élus qui par leur discourt, leurs attitudes ont permis de mener aujourd’hui à la mort d’un homme. Vous avez voulu profiter de cette vague populiste pour vous hisser au sommet, voir votre nom apparaitre en grand dans les quotidiens se faire ressasser par une presse en manque de sensationnalisme. Alors messieurs et mesdames les politiques vous avez réussies a vous surpasser, phrases assassines, idées toutes faites, rien n’était trop bon pour caresser vos électeurs les plus à droite dans le sens du poil. Que vous ayez eu raison ou tort n’est pas la question, d’ailleurs vous aviez tort, mais vous le saviez. Avoir tort ou raison n’était en aucun cas votre priorité dans cette affaire. Ce que vous vouliez avant tout c’était grapiller un peu de temps d’antenne. Alors oui madame Koscui Moricet, vous n’êtes pas la bienvenue à l’endroit ou votre comportement, vos mots ont permis à une frange de la population de se sentir assez soutenu pour se laisser aller à ces plus vils comportements.
Mais encore plus révélateur c’est ce que toute cette affaire montre des français en général, c’est un bain révélateur ou l’homophobie, la xénophobie latente dans le peuple français à été mis à jour. Car les Français sont et restent cela, car c’est ce qu’on entend au quotidiens, blagues sur les tafioles, les arabes, les nègres. Discours à peine condescendants, humour qui se veut gaulois, et n’est que tourbe ou grouillent les vers d’une haine latente. Même parmi ceux qui se veulent progressistes reviennent des discours nauséeux qui laissent un gout amer, ce n’est plus la raison qui parle mais un inconscient culturel remplit d’images d’Epinal sur celui-ci ou celle la.
Plus sordide encore cet élu local de mes connaissances qui ne veut célébrer le mariage entre deux hommes, mais ne voit pas d’opposition à une union entre deux femmes. Sordide pensée nourrie d’images de films pornographiques, et de fantasmes jamais réalisés. Il y a aussi celui-ci qui dit qu’il faudrait mettre tout les PD dans un camp, alors que son propre fils homosexuel à tenté à plusieurs reprises de lui avouer sa différence. Voici le principal responsable de la mort de ce jeune militant de gauche. Cela hors de toute considération de responsabilité, de comportement, a-t-il provoqué ou non le skinhead n’est pas la question. La seule chose qui est importante c’est que notre pays à permis l’émergence de quelqu’un qui s’est crut autorisé à donner cette mort parce qu’il se croyait dans le vrai, dans son bon droit. Et de cela nous en sommes tous en partis responsables. Moi pour mon inaction, pensant que j’en avais déjà assez fait, on n’en fait jamais assez, et toute la mentalité de fond, cette tourbe idéologique passéiste et méprisable qui fait le socle de la société française.
Alors je n’ai pas honte d’être français en ce jour, je considère la France comme un concept, comme ma France, celle des droits de l’homme, du progrès social, de la marche vers l’avant, celle de la quête du bonheur universel, de la fraternité. Non je n’ai pas honte d’être français, mais j’ai honte DES français aujourd’hui. Car ceux qui se drapent dans les mots amour de la patrie, n'ont d'autres motivations que la haine de la différence.
Je dédie ces quelques mots à Clément Meric, mort stupidement à l'aube de son existence d'adulte pour avoir voulu être le défenseur d'un monde plus humain et avoir rencontré ce qu'il y a de plus inhumain dans notre société.