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Les Ecrits Pourpres
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13 novembre 2005

La Barbe Pourpre

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Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe Pourpre ; cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît de devant lui, tant il leur semblait effrayant et tant elles craignaient l’éclat de ses yeux terribles, qui jetaient sur les damoiselles et les jouvenceaux qu'il croisait les flammes de désirs à peines dissimulés.

On le disait sévère et sauvage, l'on prétendait même que parfois l'on voyait de biens étranges équipages se rendre en sa grande demeure. L'on disait aussi, dans les salons de la bonne société, qu'on entendait, à la faveur des nuits sans lune, s'échapper des cris de femmes des lucarnes aveugles de sa  sombre demeure. Il était de ces gens qui parlent peu d'eux-mêmes, un de ceux qui, se cachant des autres, n'en provoquait que d'autant leur curiosité. Il n'était pas une âme dans la cité qui n'eut son opinion sur le terrible Barbe Pourpre, à qui l'on faisait moult procès sans juge. Assassin, bourreau, brute sans coeur, mille ignominies lui attribuait la rumeur publique. Quelle ne fut pas l'étonnement  de sa voisine, fort honorable dame bien que veuve, lorsqu'un matin Barbe Pourpre, se présentant à la porte de son logis, vêtu de ses plus beaux atours, chaussé de ses bottes noires, et la main sur une bourse richement dotée, s'en vint demander en épousailles une de ses deux filles. Peu lui importait laquelle, elles étaient d'égale beauté et de semblables charmes en grâce et en esprit.

La brave veuve s'enorgueillit d'une telle demande mais n'en fut pas moins inquiète. Certes, ses filles étaient belles, l'une blonde, l'autre brune, et le jour et la nuit dans leurs caractères, l'une aussi secrète que l'autre était délurée ; mais toutes deux, pareillement pourvues de fort galante compagnie, on les voyait souvent, à la nuit, courir les fêtes . Et il se disait, fort méchamment dans la bonne société (mais nul n'ignore combien ces gens là peuvent être mauvais !) qu'elles n'étaient peut être pas aussi pucelles qu'elles le semblaient. Toujours est-il que la demande du Sieur Barbe Pourpre tombait à point nommé pour faire taire les mauvaises langues (et éviter que de trop bonnes ne mettent en danger la réputation de ses si douces filles).

Aussi s'empressa-t-elle de leur communiquer l'information, priant pour un prompt dénouement. Les deux soeurs s'entre-regardèrent et éclatèrent ensemble d'un rire frais et moqueur. Quoi ? Leur mère plaisantait si elle pensait que l'une ou l'autre pouvait avoir envie d'épouser un "vieux" dont la mauvaise réputation était parvenu à leurs chastes (hum) oreilles et qui avait déjà, à ce qu'il semblait, consumer bien des corps de jeunes filles .... Quelle horreur ! Ah non, il n'en était pas question. Il était bien trop effrayant ! Elle pouvait le lui dire ! Elles avaient bien mieux à faire et espéraient meilleur parti !

Barbe Pourpre n'était pas sot, loin s'en faut, et se doutait bien que ses seuls charmes ne suffiraient jamais à lui gagner le coeur des jeunes filles.

Il avait déjà conquis le coeur de la mère, dont l'esprit préoccupé s’attelait à compter les subsides que lui procurerait cette union. Pour les filles, dont il ne pouvait émouvoir le corps par la seule prestance de son apparence, il ferait donc usage de tout autre argument. Car si sa démarche pouvait sembler folle, lui ne l'était pas pour autant. Des jeunes filles, il connaissait la réputation pour les avoir souvent observées discrètement derrière les grandes tentures de sa demeure. Il est certain que si l'honorable dame, qui soupesait si avidement sa bourse, savait que ses blanches tourterelles, elles aussi, avaient comme charmante habitude, à la nuit tombée, de soulever, avec la même ardeur, les bourses de leurs galants derrière les haies du jardin, elle en serait morte sur l’heure.

Il invita donc tout le monde à se rendre en promenade dans l'une de ses maisons, charmant cottage perdu dans la campagne, où il avait pour l'occasion convié les plus charmants parmi les gentilshommes qu'il connaissait, les plus charmants et les plus tentants aussi, ainsi que quelques bonnes amies des deux soeurs. Il fit, à cette occasion, preuve de la plus grande civilité et du meilleur savoir faire dans l’art du bien recevoir. Ne furent servis que les plats les plus délicats et les vins les plus capiteux, l'on chantait et dansait jusqu’à fort tard dans la nuit, sur des orchestrations divines, riant et se découvrant dans les bulles du champagne qui coulait à flots.

Si Anne, l'aînée, profitait de l'invitation et de la fête sans vergogne, ni sans se préoccuper davantage de leur hôte,dejeuner_sur_herbe faisant ainsi honneur à sa réputation de fille gaie et peu farouche, aux bras des jouvenceaux conviés pour l'occasion, sa cadette, Sofia, qui bien que plus jeune n’en était pas moins la plus censée, demeurait sur la réserve, ne cessant d'observer à la dérobée le maître de céans, lui trouvant bel esprit et fort belles manières, une aura bien plus attrayantes que leurs jeunes amis et un goût très sûr pour les mets, la musique et la décoration. Un tel homme se prit-elle à penser, un homme véritable, ne manquait pas d'attraits ! Elle goûta donc à chaque instant, jaugeant des êtres et des choses, sans se départir d’un énigmatique sourire et sans perdre de vue celui qui leur faisait l’honneur de son habitation, admettant que sa demande n'était peut-être pas aussi absurde et que, s'il lui fallait un époux, elle en eusse préféré un tel que lui plutôt qu'un de ces jeunes idiots qui la regardait ébahi sans jamais trop savoir que faire. C'est ainsi qu'elle prit la décision d'accepter sa demande. Et sans doute aussi parce qu'il ne l'avait pas approché ni regardé plus que cela durant les festivités et qu'elle en était très piquée !

Barbe Pourpre ne cacha pas sa satisfaction de voir la jeune Sofia accéder favorablement à sa demande. Son choix s'était porté depuis fort longtemps sur elle. Il avait su apprécier sa réserve et le mystère dont elle semblait s'entourer. C'est donc au plus vite que l'on procéda à la noce, et les deux époux s'installèrent dans la grande demeure à la sinistre réputation.

Qu'est-il à dire de cette union ? Bien peu de choses en somme ! Ils étaient à l'image de tous les jeunes mariés ; il prenait plaisir à honorer le corps de son épouse et elle prenait plaisir aux joies que lui offraient ses savantes caresses. Si tant est que la barbe terrible l'avait gênée au début, au fil du temps, le contact dru des poils entre ses cuisses avait fini par devenir annonciateur de plaisirs brûlants.

Ils vécurent ainsi, comme tout autre couple, durant un mois plein, où elle apprit à honorer le corps de son mari, qui savait en cela se montrer exigeant de caresses aimantes, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Un matin, Barbe Pourpre annonça à sa femme qu'il était obligé de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence ; qu'il la priait de se bien divertir pendant son absence, qu'elle fit venir ses bonnes amies ; qu'elle les menât à la campagne, si elle voulait ; que partout elle fît bonne chair.

Elle soupira, s'accrochant à lui, le regard mouillé de larmes. Pas un instant, elle ne pouvait imaginer ses journées sans le voir. Et pire encore ses nuits sans qu'il la touche. Elle le supplia de rester. Puis le pria de l'amener. Mais, la moquant gentiment, il demeura inflexible et réitéra ses incitations à profiter de son départ pour s'amuser avec ses amies, aller à la campagne faire des fêtes, commander de nouvelles tenues. Il l'embrassait et la câlinait, lui promettant maintes douceurs à son retour et tout le feu de son amour. Tant et si bien qu’elle finit par se résigner, quand elle comprit que toutes les savantes caresses qu'elle lui prodiguait ne le faisaient pas fléchir et, baissant tristement la tête, en reniflant de dépit, finit par lui dire

"Et bien soit, je ferai comme vous le désirez. Je me rendrai à votre demeure de campagne avec des amies et je donnerai des fêtes. Je ferai des folies avec votre argent pour vous punir de m'abandonner si méchamment !" Et elle se jeta à son cou pour l'embrasser.

Il rit en lui rendant son baiser

"Je vous y engage de tout mon coeur, la folie est le sel de la vie." 

Puis, prenant un trousseau de clé à sa ceinture, il le lui tendit.

« Voilà, dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles ; voilà celles de la vaisselle d'or et d'argent, qui ne sert pas tous les jours ; voilà celles de mes coffres-forts où est mon or et mon argent ; celles des cassettes où sont mes pierreries, et voilà le passe-partout de tous les appartements. Pour cette petite clef-ci, c'est la clef du cabinet, au bout de la grande galerie de l'appartement bas : ouvrez tout, allez partout ; mais, pour ce petit cabinet, je vous défends d'y entrer, et je vous le défends de telle sorte que s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère."

Disant cela, son regard s'était chargé de lourdes menaces et son doigt s'était dressé terrible et sans appel. Quelle folie que celle-là ! Donner ainsi à femme une clé et lui en interdire l'utilisation. Aiguillonner sa curiosité et lui proscrire l'inquisition. Fallait-il qu'il soit fou, ou terriblement pervers ! Quoiqu'il en soit, il s'en fut sur les chemins, la laissant seule dans la grande maison soudain remplie de son absence.

Elle fit donc suivant sa volonté, conviant sa soeur et ses amis dans la grande demeure. Bien sûr, Anne, suivant ses habitudes, déclara que ces jours seraient jours de fêtes, et puisque le maître de maison ordonnait que l'on fit bonne chair, on allait donc faire bonne chair.

3balutanSofia ne fut donc pas longtemps à la peine de l'absence. La maison s'emplit de jeunes gens, tous plus gais et fous les uns que les autres, trop heureux de visiter la demeure qu'ils s'étaient bien gardés d'approcher pendant que le mari y était, trop effrayés par son apparence et sa sulfureuse réputation. Anne se nomma elle-même grande ordonnatrice des festivités et les jeunes gens coururent de chambres en chambre, ouvrant les garde-robes pour se vêtir des plus beaux atours. Dans sa chambre, Sofia se dénudait pour enfiler une robe de soirée, entourée d'amies qui contemplaient émerveillées ses effets et qui l'aidaient à se préparer, tout en lui posant de multiples questions… plus ou moins innocentes. Elles étaient très impatientes d'en apprendre davantage sur les choses du sexe avec un homme plus âgé et questionnaient sans relâche la pauvre Sofia, tout en faisant glisser leurs petites mains fraîches sur son corps de femme, curieuses de savoir ce qui avait changé en elle. Sofia, rougissant parfois, minaudant pour les faire enrager (ces pestes trouvaient toujours son époux aussi laid !), leur lâchait de quoi les allécher, par bribes infimes, mais leur faisait bien comprendre qu'elle ne livrerait pas tous ses secrets d'alcôve. De toute façon, malgré le tour que prenait la soirée, malgré la présence de leurs fiers cavaliers qui les attendaient dans le grand salon, Sofia s'ennuyait. Elle ne cessait, depuis le départ de son époux, de songer à l'existence du petit cabinet interdit. Et il lui semblait que la clé brûlait sa paume chaque fois qu'elle l'effleurait.

Elle finit par rejoindre ses invités qui faisaient déjà honneur aux liqueurs du maître de maison. Ce furent des sifflets admiratifs qui accueillirent les jeunes filles à leur arrivée. Il faut le dire, parées qu'elles étaient de leurs plus belles toilettes, elles étaient toutes ravissantes. Ils dînèrent donc, joyeusement, faisant à cette occasion couler d'abondance le vin léger et fruité des caves de Barbe Pourpre.

Une douce ivresse s'emparait des convives, le vin réveillait les sensualités et endormait les hésitations. Les invités, peu à peu s’étaient rapprochés et la scène qui s'offrit dans le salon fut vite des plus indécentes. Anne, flanquée de deux chevaliers servants, mollement allongée sur le divan tendu de velours, laissait les mains gourmandes découvrir ses appâts généreux.

Sofia, qui s'était toujours montrée plus réservée en ces choses, ne pouvait cependant s'empêcher de se sentir troublée par ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle eut aimé les bras de son mari autour d'elle, afin qu'il prouve, de manière éclatante, ce qu'un homme savait faire du corps d'une femme lorsque la force et l'expérience se mêlaient en lui. Elle lui en voulut de cette absence, et de l'abandonner ainsi au gré de ses affaires. Aussi, lorsque l'un des damoiseaux, dont elle avait goûté les caresses avant son mariage, vint quémander le plaisir de poser ses lèvres sur les siennes, ne le repoussa-t-elle pas. Une des jeunes filles, qui avait pris le plus grand soin de sa toilette lors de l'habillement, vint se placer à ses pieds. Lorsqu’elle revêtait ses jupons souvent ces mains là étaient restées plus que de raison sur sa peau nue. A présent, la tête posée sur ses genoux, elle caressait la cheville fine de Sofia.

Elle se laissa aller aux baisers et aux caresses. Autant par dépit et frustration que par plaisir pur. Féminines comme343actupapier1_samuel_hercule masculines, elles lui semblèrent hésitantes, maladroites et rafraîchissantes à la fois. Une saveur d'enfance ! Elle offrit sa bouche à la bouche du jeune homme puis attira à elle sa toute jeune amie qu'elle embrassa pareillement, malgré sa surprise. Dans le coin opposé, son aînée gloussait de plaisir en lui jetant des oeillades provocatrices. Mais elle finit par ne plus la regarder, trop occupée à satisfaire ses deux galants et à tirer d'eux sa jouissance. Sofia emmêla un peu son corps à ceux de ses deux comparses puis, nonchalamment, avec une adresse qu'elle ne se connaissait pas, elle se débrouilla pour amener les deux corps en présence et s'écarter d'eux sans qu'ils s'en rendent vraiment compte.Tous semblaient pareillement occupés. Elle en profita pour s'éclipser par une porte dérobée, et, le coeur battant, descendit dans le noir le petit escalier qui la menait vers les caves jusqu’au cabinet que sa curiosité convoitait. Elle descendit avec tant de précipitation qu'elle manqua de choir sur les pierres usées de l'escalier. Se rattrapant de justesse, elle s'arrêta, le souffle court, le coeur battant follement, étreint par une terrible angoisse.  Elle allait désobéir ! Mais l'envie était si puissante… Allons ! Son mari n’en saurait rien… Elle avança à tâtons dans le couloir, pressant dans sa main la petite clé, si lourde de désir. Arrivée devant la porte, elle demeura, un instant, incertaine, n'osant encore transgresser l'interdit, craignant un malheur, tremblante et indécise. Mais la tentation fut la plus forte. Elle avait l'impression d'entendre un son étrange, comme une sorte de musique, à travers la porte. Elle ne put attendre davantage et, prenant la petite clef de cuivre, elle l'introduisit dans la serrure et ouvrit la porte. D'abord, elle ne vit rien.

Petit à petit, ses yeux s'habituèrent à l'obscurité qui régnait dans ce qui lui semblait bien être un couloir. De faibles bougies, posées au sol, éclairaient d'une lueur tremblante les pierres sombres à l'aspect peu engageant. Dans la roche aveugle des murs se découpaient 7 portes, trois de chaque coté et la dernière au fond du couloir. Les portes étaient faites de bois épais, peintes de noir, elles avaient une allure lugubre et menaçante. Elle s'approcha de la première. Une légère lumière se diffusait par les interstices. Une plaque de bronze ornait la porte, un chiffre romain, le I, tel un doigt tendu. Nulle luminosité ne semblait filtrer des autres portes, et de celle-ci s'échappait une musique étrange aux connotations sombres. Elle déglutit difficilement. Que cachait donc son mari en ces lieux ? Quel secret infâme abritait ce secret repère ? Il lui revint les récits qu'on lui avait faits, toutes ces histoires inquiétantes sur le compte de Barbe Pourpre. Tout cela était-il fondé ? C'est une main tremblante qu'elle posa sur la poignée de la première porte. Poussant doucement elle ouvrit, sentant son coeur s'arrêter de battre. Elle plissa les yeux pour découvrir une scène effarante. Au milieu d'une grande pièce voûtée, éclairée par de grands candélabres, se tenait une femme. A vrai dire, elle ne se tenait pas, mais était tenue, entourée de cordes qui dessinaient sur elle les motifs d'une toile d'araignée : elle était suspendue par une corde à une poulie !

Elle ne pouvait lire son visage, qui demeurait plongé dans la pénombre, mais elle était fascinée par ce corps que sublimait la tension des cordes, par les reflets mordorés de la chair à la lueur des candélabres. Elle s'était rejetée contre la porte, sous le choc de la vision, la faisant claquer derrière elle et, sursautant de frayeur à ce bruit, craignant qu’on ne la surprenne et prête à fuir,  elle ne parvenait cependant plus à détacher ses yeux de ce spectacle. Regardant et regardant encore le jeu des cordes sur la peau nue, bouche bée, frémissante d'horreur et hypnotisée par la venimeuse beauté. Elle fut prise de vertige. C'était son époux qui avait fait cela ! Son époux dont elle connaissait la force douce, la science caressante, lui, qui emprisonnait ainsi une inconnue dans sa demeure. Elle ne parvenait pas à y croire !

hgfElle se rendit soudain compte qu'une autre présence occupait ces lieux. Avec horreur, elle se colla contre la porte pour tenter de se fondre au bois sombre. Un homme s'avançait dans la pièce. Ce n'était pas son mari, elle en était sûre. Elle ne savait si cette option devait l’inquiéter ou la rassurer. La forme qui approchait de la femme suspendue était torse nue, cintrée dans un pantalon de toile noir, très large. Il portait une cagoule de cuir qui couvrait le haut de son visage ne laissant d'apparent que sa bouche ornée d'une fine moustache. Elle songea au cuisinier ; il lui ressemblait tellement ! Mais, ce ne pouvait être lui. L'homme qui se dirigeait vers la femme suspendue ne jeta pas un regard vers Sofia. S'approchant de la forme immobile, il la fit tourner doucement. Elle bougea légèrement la tête en poussant un gémissement, tandis que l'homme lui faisait faire un tour sur elle-même. Il caressa les formes offertes de sa victime, agaçant la pointe des seins, effleurant le ventre plat. Prisonnière, les cuisses écartelées par les liens, elle ne pouvait offrir de résistances aux doigts qui martyrisaient ses seins, la fouillaient, rejoignant son intimité, tirant d'elle des gémissements de plus en plus sonores.

Tremblante à l'idée d'être découverte, Sofia ne pouvait cependant pas s’arracher à la fascination de l'incroyable jeu  qui se déroulait devant elle. Elle suivait les mains de l'homme, masqué et effrayant, ses mains, implacables, qui fouillaient, torturaient et caressaient ce corps offert et sans défense.  Par delà son effroi, elle en ressentait un trouble délicieux que la gradation des gémissements ne faisait qu'amplifier. Elle serrait ses jambes l'une contre l'autre sur le surprenant désir qu'elle sentait monter en elle, se renfonçant encore davantage contre la porte, tentant de calmer sa respiration, ayant l'impression que son propre coeur résonnait dans la pièce, en écho aux gémissements de la belle captive. Elle ferma les yeux pour échapper au feu de la vision et les rouvrit immédiatement, tiraillée par l'envie de voir, de savoir, oublieuse du danger, de sa désobéissance...envoûtée par le pouvoir des cordes.

L'homme accentuait ses caresses sur le corps qui répondait à chacune de ses sollicitations. La suppliciée ondulait dans sa prison de chanvre, feulant et poussant des cris plus forts chaque fois que les doigts inquisiteurs furetaient dans son intimité ouverte. L'homme masqué tira sur la corde qui la retenait et, doucement, il fit un peu descendre le corps entravé, l'amenant à la hauteur de son sexe. Il défit son pantalon, exhibant un membre impressionnant et érigé comme une obélisque. Pour la première fois, la femme entravée leva la tête. Ses yeux croisèrent ceux de Sofia qui s'attendait à lire peur et souffrance dans le visage de la prisonnière. La femme la regarda et lui sourit avec une lueur d'amusement dans les pupilles.

Se moquait-elle de son air apeuré et paniqué ? L'inconnue ferma les yeux et, ouvrant la bouche, tendit sa langue vers le membre que l’homme présentait à ses lèvres. Faisant jouer les cordes, il la faisait aller et venir sur son chibre. Elle l'avalait avec des bruits de gorge, de succions, l’enfonçant toujours plus loin dans sa gorge. Sofia sentait son corps se liquéfier à cette vision étrange. Elle, qui se pensait accomplie dans les affaires de la chair depuis ses noces, découvrait soudain un autre monde. L'homme saisit les cheveux de sa partenaire et retira son membre de la bouche gourmande. La femme, collant son visage contre la hampe dressée, la couvrit de baisers avides. L'homme se tourna alors vers Sofia et lui tendit la main, l'invitant à les rejoindre, la femme liée ne cessant de la fixer, les yeux brûlants, tout en embrassant le sexe tendu.

Sofia, le ventre incandescent, regardait, pétrifiée, la main tendue vers elle. Non ! Ce n'était pas possible ! Elle ne pouvait pas ! Elle n'aurait pas dû être là ! Il ne fallait pas ! Elle pensa mourir de honte et de peur d'être ainsi découverte, découverte et invitée, invitée et si prête à céder ! Un flot de panique s'empara de son être ! Tâtonnant, elle chercha la poignée de la porte dans son dos, finit par la trouver et, s'arrachant à l'horrible attrait de la scène, ouvrit la porte d'un seul coup et s'engouffra dans le couloir, le coeur au bord des lèvres, le ventre noué d'appréhension et protestant de frustration. Elle fit quelques pas puis s'arrêta brusquement, revint vers la porte qu'elle verrouilla, les mains tremblantes, le coeur en syncope, aussi vite qu'elle put et, enfouissant la petite clé qui lui brûlait les doigt dans sa poche, elle grimpa les escaliers pour regagner le salon. Pâle et les joues empourprées, elle se dirigea vers la table où elle se servit un grand verre d'alcool sans même jeter un oeil à ses invités.

Le vin brûla sa gorge et ne fit rien pour calmer le trouble qui habitait en son corps, en son coeur et en son âme. La révélation de la première porte avait porté un coup terrible à bon nombre de ses convictions les plus intimes. Connaissait-elle vraiment cet homme qu'elle avait épousé ? Quels autres secrets cachaient encore cette cave bien étrange ? Elle reposa le verre sur la table et son regard se posa sur les invités. Ceux-ci à vrai dire n'avaient pas perdus leur temps ! Sa soeur Anne était à demi dévêtue, sa poitrine lourde et blanche, qui attirait tant les regards des hommes, ballottait mollement tandis que sa bouche s'activait sur le vit d'un de ses amants, pendant que sa main caressait doucement le membre de l'autre. Tous les invités se mêlaient et se mélangeaient allègrement, échauffés par le vin et les liqueurs, l’atmosphère mystérieuse des lieux ; il n'y avait plus de retenue dans la faconde de leurs désirs.

"Viendras-tu nous rejoindre ma soeur ou préfères-tu continuer à te languir de ton époux qui t'a pourtant invitée à profiter de la vie en son absence ?"

Lui lança son aînée l'oeil égrillard, en caressant le vit dressé devant elle comme elle lustrerait un trophée pour lesolitude_26 lui faire apparaître sous son plus beau jour. A son interpellation, plusieurs têtes se tournèrent dans sa direction et lui  adressèrent maints sourires de persuasion, l’invitant avec des gestes évocateurs. Sofia leur adressa une révérence pleine de grâce et son plus hermétique sourire.

« Non, mes doux ! Pas ce soir ! Je préfère vous laisser jouer sans moi ! J’ai l’une de ces mauvaises migraines qui me pousse à aller tantôt chercher le repos. Mais profitez ! Demain sera un autre jour et je vous promets de me bien guérir d’ici là ! »

Et elle s'apprêta à quitter la compagnie, trop pressée qu'elle était de se retrouver seule avec les visions capturées dans la cave, voulant les revoir dans l'intimité de son alcôve et en jouir seule, à sa guise... comprendre ce qui la torturait ainsi ... et s'en soulager.

"Ma sœur, je t'en prie, ne peux-tu, avant de rejoindre le sommeil, aller nous quérir quelque autre de ces délicieuses bouteilles de vin dans la cave de ton ogre de mari ? Vois, dans cette tenue nous ne pouvons décemment nous y rendre, et les gens de ton service semblent s'être tous envolés comme nuée de moineau à la venue du chat."

Elle n'en dit pas plus car d'autorité son amant venait d'enfoncer son membre dans sa bouche. Il faut bien le dire, c'était bonne chose, car elle n'était jamais tant séduisante que lorsqu'elle se taisait. Bonne fille, elle reprit son ouvrage, s'appliquant sur la hampe qui se tendait à ses caresses. Tandis que, légèrement dépité de ne pas se voir accorder les faveurs de Sofia, un des joyeux convives troussait sa robe pour révéler ses fesses, qui il faut le dire aussi étaient fort jolies et présentaient l'avantage de se taire en permanence.

Sofia frémit à l'évocation de la cave. Redescendre en ces lieux maintenant ! Comment le pourrait-elle ? Elle était encore sous le coup de l’émotion … et de sa tentation.

Mais elle connaissait bien trop sa soeur pour savoir que celle-ci ne la laisserait pas en paix avant d'avoir obtenu satisfaction de tous ses appétits. Il lui fallait se résigner à retrouver les profondeurs de son habitation. Elle reprit le petit passage dérobé. Lentement, cette fois, hésitant à chaque pas, se concentrant sur la resserre aux bouteilles, évitant de penser à la porte du cabinet... ne pensant qu'à lui au fur et à mesure qu'elle regagnait le sous-sol. La petite clé pesait dans sa poche. Il lui semblait que le métal lui brûlait la cuisse. Elle ne put s'empêcher de la tirer à la lumière pour l'observer. Elle la tint au bout des doigts avec un mélange de répulsion et de fascination. Elle s'était arrêtée devant la porte du cabinet, le coeur battant à tout rompre.

Il y avait 7 portes là, derrière, tout près. 7 !! Et elle n'en avait ouverte qu'une. Une seule et si…, si... !!!! Le souvenir du spectacle explosa dans sa tête, lui causant le plus grand émoi. Elle s'appuya contre la porte, n'arrivant pas à poursuivre son chemin.

La porte céda et elle faillit tomber dans le couloir. Elle était pourtant certaine de l’avoir refermée avant de remonter. Son coeur se serra dans sa poitrine. Les portes s'alignaient une fois de plus devant elle, comme une haie d'honneur menant vers la septième porte, comme le chemin que lui traçait le destin. Il ne s'échappait plus la moindre lumière de la première porte, mais, de sous la deuxième, un fin rayon de lumière s'épanouissait, comme une invitation, un appel muet. C'était bien ce qu'il lui semblait, une musique douce s'échappait de la pièce frappée du numéro II. Sa main se posa doucement sur la porte tandis que ses doigts caressaient le bois luisant.

Elle voulait savoir ! Plus que tout ! Plus que la peur. Plus que la honte de la désobéissance. Elle voulait savoir ce que cachait cette porte. Comme quand elle était enfant et qu'elle se glissait dans la bibliothèque de son père et ouvrait les livres défendus, quand il n'avait mis à sa disposition et à celle de sa soeur que les bibles et rosaires et certains poètes élégiaques. Pour apercevoir et comprendre la face cachée du monde. Elle était ainsi faite. Curieuse de tout. Et prompte à transgresser les interdits pour peu que ceux-ci promettent d'enrichissantes découvertes ! Et sa main appuya sur le petit loquet qui scellait la porte sur laquelle flamboyaient les deux barres du chiffre romain, comme les deux bords d'une voie à suivre.

salon_rouge_1_La porte s'ouvrit en silence, pivotant sur ses gonds. Elle resta figée de surprise devant la scène qui s'offrait à sa vue. Elle s'attendait à trouver la même ambiance de cachot, les pierres noires et effrayantes de la première pièce, il n'en était rien. Devant elle, s'étalait le décor sans surprise d'un salon tout ce qu'il y avait de plus petit bourgeois. Un intérieur cossu, des murs recouverts de livres sagement alignés, une cheminée qui projetait une douce chaleur dans la pièce. Mais là s'arrêtait la normalité des lieux. Le reste la fit frissonner. Trônant au milieu de la pièce, un grand fauteuil, tendu de pourpre, semblait occuper le centre de toute attention. Confortablement installé, un homme au ventre proéminent, et revêtu d'une sortie de bain aux mêmes teintes pourpres, fumait tranquillement une pipe, rejetant des volutes de fumées bleues. Elle ne pouvait le jurer, tant ses sens malmenés semblaient lui faire défaut ce soir là, mais elle croyait bien reconnaître le jardinier de la maisonnée sous le loup qui mangeait la moitié de son visage. A ses côtés, à genoux, se tenait une jeune fille au corps superbement dessiné. Elle était nue, un collier de cuir noir entourait son cou gracile. Elle ne pouvait distinguer le visage qui se dissimulait sous le voile noir qui recouvrait sa tête. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade sur son dos, effleurant sa chute de reins. Elle se tenait la tête légèrement baissée. Il ne se pouvait que ce soit elle, mais pourtant elle lui ressemblait tellement ! On aurait pu la prendre pour la jeune personne qui tenait office de gouvernante dans la maison de Maître Malier, repus et prolifique notaire de la cité. Mais cela ne se pouvait, les amis d'Anne avaient surnommé la jeune fille la vierge de pierre ; jamais elle ne prêtait attention aux remarques des jolies coeurs, elle passait toujours en dédaignant les prétendants qui la poursuivaient de leurs assiduités. Et d'un commun accord tous avaient fini par la considérer comme une cause perdue.

"Vous n'avez pas été une bonne fille, vous avez désobéi !"

La voix grave de l'homme venait de résonner dans la salle et Sofia faillit s'enfuir tant elle crut qu'il s'adressait à elle. Mais la jeune fille ne lui laissa pas le temps de s'en aller à toutes jambes. D’une voix douce et tremblante elle répondit.

"Oui monsieur, j'ai désobéi. Je me suis, ce matin aux aurores, donnée du plaisir sans l'accord de notre seigneur."

L'homme répondit le ton courroucé.

"C'est grave manquement à vos obligations. Mettez-vous en position petite garce."

La jeune fille se leva pour s'installer sur les genoux de l'homme, lui présentant son fessier magnifique, qui brillait des reflets mouvants du feu. Il leva la main et l'abattit vivement sur la croupe ainsi tendue, lui arrachant un cri suivi d'un gémissement.

Sofia regardait la scène à la fois stupéfaite et émerveillée. Elle en oubliait qu'elle pouvait être vu et tendait le cou pour ne rien perdre du va et vient cadencé de la main calleuse et large qui rougissait la blanche chair ferme des rotondités de la jeune femme. Et ce nouveau spectacle, aussi incroyable qu'il puisse être, émouvait ses sens. Elle sentit un picotement au bas de son dos, une envie d'être chauffée de la sorte se mit à la tenailler. C'était effrayant. Jamais elle n'aurait pu imaginer que lui vienne semblable désir. Elle se mordit les lèvres, honteuse et troublée, mais ne lâchait pas des yeux la main qui montait et descendait et son corps frémissait à chaque coup porté et à chaque gémissement de la délicieuse punie.

La main qui s'abattait en cadence sur le fessier semblait animée d'une vie propre, et l'intensité de ses claquements n'avait d'égal que les gémissements de la jeune fille couchée en travers des jambes de l'homme. Elle tendait ses fesses délicieuses vers la main qui tombait et retombait sur les monts embrasés de confusions et d'émotion. Sa tête s'agitait en cadence, accompagnant la main de son chant de plaisir. L'homme, la paume de la main rougie par l'effort, se saisit d'une brosse posée au sol près des pieds du fauteuil. Pour reprendre son oeuvre plus fort et plus vite encore, se servant de l'outil pour accélérer la montée des gémissements.

Sofia s'était rejetée contre la porte, cherchant un appui pour lutter contre le vertige qui l'envahissait. Son souffle n'était plus qu'un halètement tendu. Ses yeux s'arrondissaient de stupéfaction et elle demeurait hypnotisée par chacun des gestes. Sa main se crispa sur son ventre. Et brusquement descendit vers son pubis, frottant son intimité à travers la soie de sa robe. Ses joues étaient aussi empourprées que les fesses martyrisées. Elle ne parvenait plus à penser, n'entendant que le plaisir dans les gémissements plaintifs de la jeune femme, cédant à ce chant de sirène que menait la main, tambour battant. Elle s'en voulut aussitôt et s'obligea, honteuse, à stopper son geste malgré sa frustration. Mais elle hésitait encore à quitter les lieux, voulant tout voir, tout comprendre de ce qui se jouait, captivée par la vision de ce corps se cambrant et se relâchant sous la fessée.

La jeune fille feulait son plaisir, criait en bougeant en tout sens, tandis que la brosse toujours allait et venait surpic01 ses fesses. Elle cria de plus belle non de douleur mais de plaisir. Sa tête retomba vers le sol, et, comme un oiseau noir, le voile quitta sa tête pour se poser au sol. C'était bien la vierge de pierre, le visage décomposé, transfiguré par le plaisir reçu et pris qui la regardait en souriant. L’homme tourna son regard vers elle et dit d'un ton moqueur en tendant vers elle la brosse.

"Alors Sofia, voulez-vous prendre sa place à présent ? Et recevoir une avance sur ce que votre époux se verra obligé de vous donner à son retour ?"

Sofia pâlit en découvrant l'identité de la belle victime  en pamoison. Mais elle blêmit plus encore quand la voix s'adressa à elle. Un instant, elle demeura interloquée, à regarder la scène les yeux écarquillée. Puis rougissante, elle secoua la tête et s'échappa, claquant la porte derrière elle comme elle l'avait fait précédemment. Mais elle ne s'enfuit pas dans le couloir cette fois. La porte refermée, elle demeura là. Le souffle court, le coeur cognant dans sa poitrine, les entrailles émues, elle colla prudemment son oreille à la porte et écouta. Plus aucun son ne se faisait entendre. Comme si ce qu’elle avait vu et entendu n’avait été qu’un rêve.

La lumière elle-même dans la pièce semblait s'être éteinte. Elle restait seule dans le couloir, tremblante d'angoisse, traversée de peur et d'un sentiment tout autre qui faisait frissonner son corps. Elle se tourna et s'appuya, cette fois-ci contre le mur, pour reprendre son souffle. C'est à cet instant qu'elle vit la lumière de la troisième pièce s'allumer et la fine langue brillante venir lécher le bout de ses chaussures.  Elle s'avança vers la porte, comme tirée en avant, comme attirée par un bien étrange magnétisme. La musique venait de reprendre, un air solennel d’opéra, elle n'aurait su dire lequel, mais c'était bien cela et c’était sublime Elle était devant la porte encore une fois.

Elle avait complètement oublié ce pourquoi elle était descendue. Sa soeur, ses amis, la fête là-haut, étaient totalement balayés. La curiosité occupait toute la place. La curiosité de découvrir un peu plus, l'envie, maintenant irrésistible, de pousser encore une porte, de savoir ce que cachait son époux, de ressentir encore ce terrible frémissement dans sa chair, fait d'angoisse et de désir. La musique qui sourdait à travers la porte était vraiment magnifique. En elle-même, elle était un attrait suffisant pour la conduire à pousser la porte. Mais il y avait bien plus que la musique... il y avait ce qu'elle avait déjà vu, il y avait ce qu'elle souhaitait voir... il y avait ce qu'elle n'osait imaginer et qu'elle envisageait avec un frisson d'impatience. Elle poussa la porte d'une main décidée mais le coeur à l'arrêt.

La porte s'ouvrit encore, sans bruit, sans à-coup, révélant la pièce suivante, baignée d'une lumière vive. Elle était entièrement blanche du sol au plafond, un blanc uniforme et éclatant. Elle était vide aussi, accentuant encore cet aspect irréel, comme si elle ne possédait pas de mur. Seul ameublement, posé là, au milieu de toute cette clarté, un chevalet immaculé attrapa son regard. Et tranchant dans ce décor, une femme noire, nue comme Eve dans le jardin d'Eden, son corps plantureux lié poings et chevilles aux pieds du chevalet. Elle était posée, nue et écartelée, sur le présentoir de bois peint, comme une somptueuse offrande. Un homme, vêtu de blanc des pieds à la tête, s'avançait vers elle. Sur ses mains, il enfilait une paire de gants de latex blanc, prenant soin de faire claquer le plastique sur sa peau. La femme entravée frémit à ce bruit et ses fesses furent agitées d'un tremblement convulsif comme l'homme s'approchait d’elle. Il tira un tube d'une de ses poches et enduisit ses doigts d'un gel à la couleur blanchâtre, répartissant soigneusement la matière luisante sur ses mains gantées. Il se posta alors derrière la femme qui instinctivement tendit ses globes veloutés vers lui. Doucement, il commença à agacer l'intimité qui s’offrait à lui, le rouge des lèvres secrètes contrastant avec la couleur sombre de la peau. Sofia fut saisie de tremblements à la perspective de ce qui semblait se préparer sous ses yeux. L'homme caressait la vulve offerte d'une main, l'autre tenant le tube au dessus d'elle dont il fit couler une forte quantité sur la vallée ouverte. Il badigeonna ainsi le sexe et la rosette palpitante qui se mirent à luire d'une façon obscène. Les doigts de l'homme s'enfoncèrent dans l'intimité ouverte sans peine. Rapidement trois doigts s'agitèrent dans la vulve tendue de la femme gémissante.

Elle regardait la nouvelle scène tétanisée, encore dans l'encadrement de la porte, ne parvenant plus à faire un pas ni pour entrer ni pour sortir, se disant qu'il était impossible qu'ils ne la remarquent pas, sortant de l'ombre dans toute cette blancheur, avec sa longue robe de soie noire qui miroitait. Mais ils semblaient l'ignorer, seulement absorbés par eux-mêmes. Et elle plongeait dans la contemplation de cette folle exhibition, fixant, incrédule, les doigts de l'homme qui poussait leur investigation toujours plus avant, les hanches d'ébène qui se tendaient pour venir à leur rencontre. Horrifiée et subjuguée, cramponnée à la porte, son sexe pulsant d'un appel affamé, elle se laissait emporter par l’attrait de ces mains allant à la conquête des orifices offerts.

L'homme venait de rassembler ses doigts en un cône resserré et entreprenait d'introduire sa main entière dans le sexe qui s'ouvrait comme une fleur sous sa poussée. Sa main s'enfonçait petit à petit dans l'intimité. Ses doigts avaient maintenant disparu dans les chairs luisantes et la femme haletait, poussant de petits cris à chaque coup de boutoir donné par la main qui la pénétrait. Il y eut un long cri lorsque la chair palpitante vint entourer le poignet intrusif. C’est le moment que choisit l'homme pour planter deux doigts dans les reins de la femme qui en cria encore. Mais plus qu'un cri c'était feulement animal qui sortait d'elle. La main prise se tenait immobile, seuls les doigts enfoncés dans les reins tendus s'agitaient à une vitesse impressionnante.

charmeurSofia plaqua sa main sur sa propre bouche pour ne pas crier et chancela entre le chambranle de la porte. Jamais elle n'aurait pu imaginer la réalisation d'un acte pareil ni le plaisir qui pouvait en naître, plaisir que criait la femme écartelée, plaisir que sanctifiait son visage ravagé d'une douloureuse volupté. Elle s'appuya contre le montant de la porte, cherchant à calmer les battements  désordonnés de son coeur et la morsure qui étreignait son ventre. La vision de cette invasion sauvage, cette possession si totale, si démesurée, l'attiraient irrésistiblement. Elle ne parvenait pas à en détacher son regard et elle tremblait, sentant son sexe, tout son corps, se liquéfier contre son appui, emportée dans un vertige irrésistible.

L'homme retira ses doigts des reins de la femme pantelante qui s'abandonnait entre ses mains. Celle- ci râla et sembla tendre ses reins encore plus vers les doigts qui avaient envahi son plus secret passage. Mais cela n'était qu'une trêve, un infime repos dans ce déchaînement de sens. La main bientôt revint envahir l'espace laissé un instant inoccupé et, s'enfonçant vivement, ce furent alors quatre doigts qui vinrent occuper l'anneau étroit. L'homme poussait, enfonçant sans cesse ses doigts en elle, sous le regard incrédule de s. Petit à petit, il gagnait du chemin, prenant possession des reins de sa victime. Victime eut été un bien grand mot tant elle tendait tout son être vers la possession envahissante qui pourfendait son anneau le plus intime. La main avançait implacable entre les fesses tendues. Bientôt, et au grand étonnement de Sofia, la main entière du bourreau se ficha dans ses reins tendus. Les deux mains commencèrent alors un va et vient infernal, pistonnant sans arrêt le fessier magnifique qui s'offrait.

Sofia n'osait plus respirer. Elle hoquetait de stupéfaction, les pupilles dilatées, le front couvert d'une fine transpiration, le ventre noué d'une effroyable angoisse et d'une plus effroyable encore fascination. Elle mordait sa main qu'elle avait portée à sa bouche, convulsivement. Elle était totalement happée par ce qui se passait sous ses yeux. Il lui semblait que c'était elle qui était ainsi  malmenée et conduite à l'extase, sous l'emprise obscène de ses mains implacables. Ses seins, tendus, étaient douloureux et son sexe hurlait, affamé. Un désir inconcevable s'était emparé d'elle. Il fallait qu'elle sorte. Elle n'en pouvait plus. Il fallait....

La femme n'était plus qu'un cri, un long hululement de plaisir, chaque parcelle de son être tremblait, était secoué de spasmes. Son opulente crinière noire s'agitait en tout sens, son corps chaloupait, enserré dans les liens qui seuls étaient à même de la retenir. L'homme tourna la tête vers Sofia. Ses yeux brillants plantés dans ceux de la jeune femme tandis que ses mains s'enfonçaient en une dernière poussée au plus loin dans la femme devant lui. De sa blouse blanche émergeait un membre dressé, tendu à l'extrême par le désir, et ses yeux allaient alternativement de Sofia à son membre, comme une invitation, un appel à se joindre à eux.

Luttant contre l'emprise de ce spectacle et ses effets sur ses sens déjà tellement chahutés par le début de soirée, Sofia tentait de rassembler ses pensées, de comprendre ce qui la fascinait à ce point, ce qu'elle ressentait, ce que lui criait son corps, ce que réclamait son être. Et la petite voix encore craintive qu'elle entendait s'élever en elle la terrifia. Le regard que lui lança l'homme fut le coup décisif. Elle ne pouvait demeurer là. Ce n'était pas sa place. Ce n'était pas son monde. C'était trop fort. Trop incroyable. Et ses émotions étaient trop désordonnées. Se cramponnant à la porte, elle repoussa son corps vers le couloir, et à bout de bras, regarda encore ces deux mains qui œuvraient, possédant le corps abandonné, palpitant de plaisir. L'ombre déjà avalait sa robe de soie. Il ne lui restait plus qu'à tirer la porte... et c'était si difficile !

Ce qui lui fit définitivement clore la porte fut le bruit qui provenait de l'autre côté du couloir. Qui provenait de lanormal_02ex17 quatrième porte ! Elle laissa la porte se refermer sur elle-même dans un claquement sourd. Immédiatement, la lumière sembla se tarir dans la pièce qu'elle venait de quitter. Elle le sut avant de se tourner, la porte suivante laisserait filtrer un peu de lumière. Tout comme elle savait qu'à l'image du papillon elle volerait vers cette lumière. Elle voulait savoir, connaître les turpitudes que cachait encore cet endroit. Elle se tourna vers la porte IV et avança doucement la main vers la poignée. De l'autre côté, toujours de la musique, les sanglots de quelques violons, étouffés par la cloison. Sa main allait se poser sur la poignée lorsqu'elle se sentit étreinte par une prise ferme autour de sa taille. Elle sursauta, laissant échapper un petit cri d’effroi, tandis qu'une main impérieuse se glissait dans son corsage, la plaquant contre un corps viril. Une autre main se posait sur ses cuisses, retroussant la robe de soie, des doigts inquisiteurs commençaient déjà à se glisser sous la dentelle de ses dessous. Elle ne bougeait pas, tétanisée, pensant que l'homme dans l'autre pièce l'avait suivie. L'inconnu, derrière elle, la plaqua contre la porte le visage collé contre le bois. A  travers les interstices des planches qui formaient la porte, elle pouvait distinguer la pièce suivante. Elle y vit une sorte de croix en X, dressée sur une petite estrade. Ecartelée, bras et jambes tendues, une femme aux cheveux sombres présentait ses fesses à son regard. A quelques pas d'elle, une femme rousse, au visage sévère, uniquement vêtue d'un corset pourpre qui enserrait sa taille et d'une paire de hautes bottes de cuir rouge, fixait la prisonnière. Elle agitait mollement entre ses doigts une longue badine de bois. Les doigts inconnus venaient de franchir la barrière de ses dessous et commençaient à recouvrir son sexe. Une bouche se posa sur son cou, le léchant avidement du bout de la langue puis s’attaquant à son oreille.

"Ta sœur m'a envoyé voir ce que tu devenais. Elle croit que tu bois toute seule dans le sous-sol. J'ai trop envie de toi Sofia." Murmura une voix

En disant cela une main, se glissa dans son décolleté, saisissant virilement ses seins fermes, la plaquant contre la porte.

L'instant d'affolement passa. Sofia reconnaissait la voix de celui qui l'avait ainsi surprise et la maintenait si bien serrée dans le joug d'un plaisir trouble, entre cette vision volée à la porte et le ravissement des paumes brûlantes sur sa chair exaltée par un trop plein de sensations. Remontant ses mains, elle appuya ses avant bras contre le bois, le griffant de ses ongles de nacre, et tendit son corps vers celui du jeune aventurier. "Prends ce que tu es venu chercher" lui souffla-t-elle d'une voix rauque sans se détourner de l'avide observation de la scène qui exacerbait ses sens "Prend-moi et prend les bouteilles que tu voudras. Puis, laisse-moi" acheva-t-elle d'un ton sans appel tout en se frottant contre lui.

Se collant à elle, il troussa la robe de soie légère, découvrant le galbe de ses fesses et, tirant vers le bas, fit tomber sa culotte de dentelle sur ses chevilles. Elle reporta son regard vers la porte tandis que les doigts de son amant occasionnel venaient fouiller son intimité. La femme rousse s'avançait à présent vers la jeune fille brune, se positionnant derrière elle. Elle lui flatta doucement la croupe du plat de la main, remontant sur son dos, caressant ses épaules et redescendit sur ses reins pour se glisser dans la raie de ses fesses et aller agacer l'anneau sombre qui palpitait. Elle se recula de quelques pas et, levant la main, abattit la badine sur les fesses tendues, la cinglant d'une traînée rouge vif. La fille cria en se cabrant dans ses liens, mais ses fesses se tendirent aussi rapidement qu'elles avaient tenté de s'échapper, vers la baguette impitoyable qui déjà revenait s'abattre sur elle. Les coups tombaient régulièrement à présent, sur ses fesses, ses cuisses et ses épaules. Chaque fois que la badine s'abattait sur elle, elle poussait une petit cri, tirant sur les chaînes qui la retenaient. Sofia sentit contre son intimité moite le frottement du gland du jeune homme qui se collait contre son dos. Il avait défait sa robe et l'avait faite glisser au sol, c'est nue, debout dans le couloir de la cave, qu'elle se cambrait  vers lui.

« Pauvre idiot ! » soupira Sofia en elle même, « qui doit se féliciter de l'état dans lequel il me trouve et se rengorger comme un coq. S'il savait ! » Mais il ne fallait pas qu'il sache ! Il ne fallait pas qu'il devine d'où lui venait l'excitation ... il ne fallait surtout pas qu'il voit ! Se cambrant encore davantage en s'appuyant contre la porte, poussée par les tentations de la scène, Sofia lui offrit ses rondeurs callipyges, en gémissant d'impatience "Viens, viens donc mon fol ami. Pénètre les plaisirs d'Hécate. Fais donc fête à la lune !" Et, tandis que la badine venait marquer les rotondités de la victime sans discontinuer, Sofia sentait ses propres fesses frémir, électrisées, avides de goûter à une danse farouche.

cl_teach_031Le membre impatient s'enfonça d'une poussée dans son intimité, la peau de l'homme dans son dos venant cogner contre la sienne. Il resta un instant planté dans sa chair avant de commencer un va et vient profond, les mains sur sa taille, la tirant à lui, puis la repoussant, sortant presque d'elle pour venir y replonger d'une poussée. La badine venait de cesser de s'abattre sur les fesses de la jeune femme brune. La rousse au regard terrible laissa tomber l'objet de torture et, se tournant vers une petite table posée près de l'estrade, saisit un long serpent de cuir noir. La brune tordait le cou pour voir ce qui se passait. Lorsqu'elle vit le long fouet de cuir se dérouler dans la main de sa maîtresse, elle gémit, parcourue d'un tressaillement de tout son être. Elle ne dit cependant rien, se contentant de laisser retomber sa  tête vers l'avant, se soumettant par avance à la torture à venir. Le corset rouge se recula encore un peu, à la limite de ce que les interstices dans le bois lui permettaient de voir. De temps en temps, Sofia voyait apparaître un bout de corset, comme un éclair pourpre, tandis qu'elle se mettait en position. Soudain, un éclair noir traversa la pièce et la longue lanière de cuir traversa la pièce venant s'abattre précisément sur les fesses de la prisonnière, la cinglant d'une marque d'un rouge plus profond que celles de la badine. La fille entravée cria. L'homme qui allait et venait en elle accélérait le rythme tandis que le serpent noir encore et encore traversait la pièce pour aller mordre la chair de la soumise. Son amant glissa sa bouche à son oreille, il haletait en lui parlant, toute retenue perdue, toute bienséance jetée aux orties.

"Tu es une salope Sofia, une petite salope, je veux ton cul, dis, tu veux que je t'encule ?"

A le voir ainsi nul n'eut pu croire que ce jeune homme, aux manières si délicates, puisse ainsi se changer en véritable brute.

Haletante, l'ayant maudit de ne pas avoir répondu à son invitation mais lui rendant grâce d'être là pour soulager un peu de sa tension, Sofia sourit à ses mots. Le voulait-elle ? Oh oui ! Plus elle se laissait happer par le déroulement de l'incroyable séance, plus elle voyait le fouet mordre les chairs, plus fortement flambait en elle un impérieux désir de possession. Le repoussant d'un mouvement d'épaules, et d'un coup de reins, de crainte qu'il ne surprenne le spectacle ou ne l'entende, mais s'arrangeant pour qu'il n'y voit qu'un jeu de provocation, elle raffermit son appui contre la porte en lui offrant généreusement ses fesses, pointées vers son ventre

" Je suis ce que je suis et tu peux en jouir à ta guise"

Lui lança-t-elle d'une voix de basse, voilée par le désir.

"Prends mes reins mon sauvage, prend-moi donc !"

A ces mots, elle sentit le membre venir appuyer contre sa rosette ouverte qui semblait crier son impatience de se faire prendre, de se faire posséder. Son mouvement fut rapide, la tête de son sexe turgescent disparu dans ses chairs en un éclair, s'enfonçant en elle, la possédant de toute sa longueur, l'envahissant d'une poussée, se figeant, plantée dans ses reins comme un dard victorieux. Elle poussa un cri alors qu'il commençait à aller et venir dans ses reins. De l'autre côté de la porte, le serpent noir ne cessait d'aller et venir sur la peau de la brune qui se couvrait de zébrures rouges. Sofia ne savait plus, des deux, laquelle criait le plus fort, elle ou la fille fouettée, leurs cris semblaient se rejoindre dans cet espace pour ne former qu'un. Cris de plaisirs, et cris de douleurs, qui s'enlaçaient pour ne former qu’un seul même chant, pour n'être qu'un seul même cri de jouissance. Le fouet cessa ses attaques soudain, et elle vit de nouveau la femme aux bottes s'approcher de la soumise écartelée, présentant le manche devant les fesses zébrées de lignes qui s'entrecroisaient savamment et l’enfoncer dans les reins tendus, le faisant aller et venir vivement, tandis que dans ses reins à elle, elle sentait le membre de son amant gonfler. Le moment de l'explosion était proche tandis que le chant des deux femmes se mêlait dans un dernier crescendo, une dernière montée vers le plaisir.

Elle cria sa jouissance en contre chant de l'allegro de la femme écartelée, sentant les flots de semence pulser dansterto ses reins, griffant le bois à s'en arracher les ongles sous la puissance de la vision, sous la déflagration du plaisir, son amant, vaincu, pesant sur son dos, baisant ses épaules nues. Palpitante, elle se ressaisit, s'obligeant à secouer la torpeur de la volupté de sa chair, pour se détacher de la pièce, pour s'éloigner de la porte, en éloigner celui qui ne devait pas savoir. Mais la lumière s'éclipsa. Elle respira, soulagée, laissant calmement son souffle revenir à la normale, cherchant déjà mentalement comment se débarrasser rapidement de l'importun ... qui pourtant lui avait bien servi .

Il se détacha d'elle, un peu hésitant sur ses jambes, respirant rapidement. Il regarda un peu de semence sourdre d'elle et rajusta sa tenue. Il voulut la prendre dans ses bras mais elle le repoussa doucement du bout des doigts. Il n'insista donc pas plus que cela, et, se dirigeant vers la porte du cabinet, prit la direction de l'escalier. Il se retourna toutefois encore une fois vers elle, laissant son regard courir sur le couloir.

"C'est quand même un drôle d'endroit "

Puis, comme s'il se sentait mal à l'aise en ces lieux, il prit la direction des étages, saisissant au passage quelques bouteilles de vin au hasard. Elle était seule de nouveau et aussitôt la lumière s'alluma dans la cinquième pièce, semblant l’appeler, la happer.

Elle hésita cependant. Une vague de lassitude l'envahit et elle frissonna, prenant conscience de sa nudité. Elle ramassa sa robe et se rajusta, utilisant ses dessous de dentelle pour sécher ses cuisses où le foutre s’était écoulé et les abandonnant, roulés en boule, dans un coin d’ombre, jetant des coups d'oeil suspicieux à la porte. Que cachait-elle ? Quelle étrangeté pouvait bien encore venir la surprendre ? Elle ne se demanda pas bien longtemps si elle avait encore envie de savoir. La tenaille brûlante qui torturait son ventre dès qu'elle pensait à la porte était une réponse tellement évidente. Elle se dirigea vers le chiffre V qui semblait scintiller d'un V victorieux sur ses craintes et sa raison. Elle chancelait un peu, moins sûre d'elle, de son envie de poursuivre, de son audace à affronter la nouveauté et, tenant la poignée dans sa main, elle demeura longuement, sans se décider, toute frémissante.

La lumière doucement chantait un chant, comme une sirène ; elle avait sa propre musicalité qui la berçait de langueur. Elle poussa alors la porte sur la cinquième pièce ; une voix dans sa tête lui murmura, le cinquième cercle, et elle pénétra doucement dans la clarté mouvante. Devant elle, s'étalait une scène étrange. Décidément, cette soirée lui réservait bien des découvertes ! Accroché à une série de chaînes aux poutres du plafond, une sorte de harnais de cuir pourpre pendouillait doucement. Toujours le pourpre, se dit-elle, en fixant l'étrange ustensile avec des yeux curieux. Dans la pièce, lui tournant le dos, se trouvaient quatre hommes et une femme. La femme, plutôt menue, aux attaches graciles, de type asiatique, le cou emprisonné dans un collier amarante, se tenait debout entre les hommes vêtus de longues tenues pourpre dont la capuche cachait le visage. Un des hommes prit la jeune fille par le bras et la conduisit vers l'appareillage de chaînes et de cuir. Elle prit place d'un mouvement gracieux sur le harnais de cuir, s'allongeant dans le nid qui l'enserra. Les hommes s'approchèrent d'elle et, saisissant ses membres, les relevèrent, emprisonnant chevilles et poignets dans les entraves accrochées aux chaînes, qui la tinrent en suspension. Ainsi allongée, son intimité était ouverte et exhibée d'une manière obscène à la vue de tout un chacun. Écartelée et immobilisée, les hommes se mirent à faire tourner doucement son corps, caressant ses seins, ses parties intimes, à chaque passage.

19Sofia observait, frémissant de plus belle. Elle jalousait l'étrange harnachement qui retenait le corps de la fragile jeune fille en apesanteur. Elle se prit à s'imaginer à sa place, ainsi retenue et pareillement offerte, obscène et sublimée. Elle ferma les yeux, horrifiée. Que lui arrivait-il ? Comment pouvait-elle envier pareil sort ? Elle devait être devenue folle. Elle pensa à son mari, se sentant terriblement coupable de lui avoir désobéi, de cette attirance si subite et si inexplicable. Et cette pensée fouetta sa raison. Comment donc coupable ? Elle était ici dans la demeure de son époux et ces jeux qu'elle découvrait étaient siens ! Elle avait épousé un monstre, la rumeur ne mentait pas... un monstre... mmm... certes... dont les turpitudes la révulsaient et l'attiraient malgré tout. Il y avait là un univers, inconnue d'elle, mais qui éveillait dans sa chair un feu troublant qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Et la vision de ce nid pourpre, de ses mains voltigeuses, de ce corps transporté dans les airs lui étaient une bien délicieuse torture et captivait toute son attention... et bien davantage.

Tournant doucement, la jeune femme offrait ses formes aux mains avides qui couraient sur sa peau, qui la parcouraient. Certains doigts se contentaient de l'effleurer doucement, d'autres saisissaient la pointe d'un de ses seins et la pinçaient. Ils s'éloignèrent, un instant, saisissant chacun une des grosses bougies qui se trouvaient posées sur des présentoirs le long du mur. Une bougie noire, une pourpre, une blanche et une dorée. Chacun, tenant la flamme légère et hésitante dans la main, s'approcha du corps entravé et abandonné à leurs caprices. Ils l'entourèrent encore, la cernant de toute part. La première bougie à s'avancer fut la Pourpre, hommage rendu au maître de la maison, pensée pour le terrible ordonnateur des lieux. L'homme qui tenait la flamme inclina doucement le mat de cire vers le corps de sa prisonnière, comme une révérence. Les premières gouttes tombèrent sur la peau soyeuse du ventre de la jeune fille qui se cabra sous la brûlure. Quelques gouttes éparses, petites étoiles qui se posaient en éclaboussure sur la soie de son teint ambré, firent palpiter le corps enchaîné. Ainsi marquée d'une dizaine de motifs qui durcissaient doucement sur sa peau, elle gémissait, serrant les lèvres, alors que la bougie noire à son tour s'avançait au-dessus d'elle, se fixant au dessus de son sein droit.

Encore une fois Sofia ne parvenait pas à croire ce qu'elle voyait. Bouleversée, elle contemplait les lents déplacements silencieux des personnes cagoulées, les larmes de cire qui venaient consteller la peau de leurs baisers brûlants, elle fixait les soubresauts du corps de la jeune fille qui dansait dans ses attaches et ... il lui semblait qu'un rêve ancien, enfoui au plus profond de son être, se matérialisait là sous ses yeux. Elle en concevait un insupportable malaise. Sa respiration s'était accélérée, son intimité était traversée de spasmes douloureux. Elle regardait et elle était dans chaque goutte incandescente, dans chaque frémissement de la chair martyrisée. Et elle s'interrogeait sur les sensations ressenties, torturant ses nerfs en réminiscence de son doigt caressant la cire chaude, de cette pénétration de la chaleur, de la douceur de la cire, du resserrement de la chair. Avide, impatiente, elle guettait les mouvements des bougies, à l'écoute de émois de la captive.

Désormais, les quatre flammes dessinaient sur la peau offerte de bien étranges motifs, courbes et volutes, cercles concentriques de noir et d'or, barrés de lignes pourpres et blanches. La fille entravée était un long gémissement, tandis que le feu petit à petit couvrait tout son corps offert. Elle était devenue une oeuvre d'art, criant au monde les couleurs ardentes de son plaisir. Les flammes s'éloignèrent alors d'elle, la laissant gémissante, entravée dans ses liens, les membres frissonnants. Un des hommes revint et, tirant sur les gouttes de cires séchées, il dégagea la pointe de ses seins qu'il pinça jusqu'à les faire saillir. Les jugeant érectiles suivant ses souhaits, il entoura la chair fine du mamelon d'une pince d'argent scintillante, munie d'un pas de vis qui permettait d'en contrôler la morsure. Il serra doucement la griffe d'acier autour de la chair si tendre, en lui arrachant un nouveau gémissement. Le second sein subit le même traitement. Ainsi harnachée, ils recommencèrent à la faire tourner, continuant à poser leurs mains sur sa chair, continuant à la solliciter, à la faire gémir de plus en plus fort, de plus en plus intensément. Un des hommes se positionna entre ses cuisses, interrompant sa révolution. Ouvrant sa robe pourpre, il exhiba un membre tendu et palpitant. Il frotta son gland turgescent contre l'intimité de la jeune fille, un instant, puis d'une poussée fit pénétrer son membre dans le sexe ouvert et ruisselant, en tirant doucement sur les pinces.

Sofia cherchait l'appui de la porte pour soutenir son corps défaillant. Les yeux mi clos, elle n'en continuait pas moins à observer la scène fixement. Ses mains, sans qu'elle s'en rende compte, cherchaient sa chair palpitante, caressant ses seins tendus et douloureux, effleurant son ventre brûlant. Bouche entrouverte sur un souffle haletant, elle était comme piégée dans un fantasme inconcevable. Et le trouble qui s'emparait d'elle était insoutenable. Elle perdait pieds, son intimité pulsait douloureusement son désir, et elle y plaqua sa main, sentant transpercer, à travers la soie légère de sa robe, la moiteur de son désir.

La hampe de chair rentrait et sortait de l'intimité ouverte de la jeune fille, qui criait à chaque fois que le membred_126_022_002 qui l'envahissait venait à buter au fond de son intimité. Un autre des hommes pourpres vint se placer derrière sa tête. Tirant ses cheveux, il la força à tendre son cou vers l'arrière. Immédiatement, elle ouvrit les lèvres pour accueillir le chibre qui venait à la rencontre de sa bouche. La colonne de chair entreprit de s'enfoncer entre ses lèvres offertes, pénétrant dans sa gorge tendre. Les deux hommes tiraient sur les liens qui l'entravaient, la faisaient aller et venir aux grés de leurs coups de boutoirs, étouffant ses gémissements de leurs présences imposantes. Le corps coloré de cire, tressaillant et gémissant, s'abandonnait entre les mains de ses tortionnaires, le souffle de plus en plus rapide, sa poitrine se soulevant spasmodiquement.

Ses mains posées sur son entrecuisse, frottant son intimité, Sofia ne fit pas attention aux déplacements qui se faisaient autour d'elle. Elle ne vit donc pas les deux hommes inoccupés se rapprocher d'elle, à la faveur de l'ombre propice de la pièce. Soudain leurs mains tombèrent sur elle, la plaquant durement contre le mur de la pièce, avides, tirant sur sa robe de soie, la déchirant de haut en bas, révélant la peau nue. Des doigts empressés se mirent à courir sur elle, tirant sur les lambeaux de tissus pour la mettre à nue, cherchant sa chair, malaxant ses seins d'une poigne dure et virile qui n'avait rien à voir avec les caresses hésitantes de ses jeunes amants.

Affolée, éperdue, les sens désorientés, Sofia ne savait plus ce qu'elle souhaitait. La peur la muselait, la panique étreignait son coeur et le désir mordait son ventre. Elle se débattait pour échapper aux mains qui parcouraient son corps avec une autorité qui la laissait pantoise. Elle se débattait, avec l'envie d'être prise et forcer. Elle ne comprenait pas ce qu'elle ressentait et ne pas comprendre augmentait encore son stress. La peur était si forte qu’elle finit par éteindre son désir, ne laissant de place qu’à une incommensurable panique. Elle se débattit de plus belle, retrouvant la voix "Non, non. Lâchez-moi" hurla-t-elle et son cri, qui creva le silence cérémonieux de la pièce, lui donna envie de se recroqueviller sur elle-même.

Immédiatement, les mains qui la retenaient la libérèrent et les deux formes cagoulées se reculèrent pour lui laisser le passage libre. Elle ne prit pas la peine de ramasser sa robe, qui de toute façon, à présent, était réduite à un pauvre tas de chiffons à ses pieds. Ils ne firent pas un geste pour tenter de la retenir alors qu'elle franchissait le seuil de la pièce. La seule chose qui l'accompagna vers la sortie furent les cris de plaisir de la fille entravée. La porte se referma et elle alla s'abriter contre le mur opposé, craignant que les deux hommes ne surgissent soudain pour continuer ce qu'ils avaient commencé. Pourtant elle le savait déjà, ils ne viendraient pas, et comme pour confirmer ces pensées la lumière dans la cinquième pièce s’éteignit.

Appuyée contre le mur, elle ne parvenait pas à contrôler ses tremblements pas plus qu'elle ne parvenait à retrouver complètement son calme. Son esprit, son coeur, son intimité étaient bouleversés par ce qu'elle avait vu, vécu. Et elle serrait ses bras autour de son corps, cherchant un réconfort, un apaisement que ne lui offraient pas les pierres froides, l'ambiance glaciale du couloir. Sa nudité lui parut insupportable, comme le témoin obscène de ses faiblesses, de ces désirs secrets que l'ouverture des portes lui révélait. Elle chercha des yeux, dans un état d'affolement, quelque chose qui aurait pu lui servir à se recouvrir. Hésitante, elle porta ses yeux vers la porte du cabinet, la sortie... la fuite.

Ce qui l'empêcha de sortir, de prendre la fuite en courant pour se réfugier s'enfermer à double tour dans sa chambre, fut une chose très subjective : un parfum. De la sixième porte, lui parvenait une fragrance douce, un parfum étrangement fruité et pourtant chargé comme une épice d'orient, un mélange de fleurs et d'encens, une odeur qui n'agressait pas, qui caressait suavement les sens. Doucement, une musique s'éleva dans le couloir, pincements de cordes tendues qui stridulaient de vibrations aux consonances étrangères. Elle reconnut, pour l'avoir déjà entendue, la sonorité si étrange et enivrante d'une musique indienne. Souvent avec sa sœur, elles allaient, en cachette, dans ce coin de la cité où vivaient les hommes hâlés de ces pays lointains.

Narines dilatées, elle se laissait envahir par l'envoûtante fragrance. Encore chancelante, elle suivit la musique, se dirigeant lentement vers la sixième porte, à pas comptés, se retenant d'une main aux pierres du mur, enserrant sa taille dans le creux de son bras autant pour y puiser un peu de chaleur que pour calmer ses tremblements et les spasmes de ses entrailles. La musique l'enveloppait et jamais elle n'avait entendu de rythme aussi envoûtant, même lors de ses incursions dans les ghettos. C'était chaud et doux, se posant sur sa peau comme un voile parfumé et réconfortant. Elle ne sentait plus le froid ni la peur. Elle était devant la porte et elle la poussa dans un état second.

libertaLa porte s'ouvrit doucement sur de lourdes tentures pourpres qui pendaient mollement du plafond jusqu'au sol. Des coussins innombrables recouvraient le sol, tissus tressés de fils d'ors, broderies savantes entrelacées en fins motifs. Ils semblaient former un escalier de soierie, menant à une somptueuse couche recouverte d'un baldaquin de soie blanche. Assise au pied du lit, une jeune indienne, d'une beauté telle que s. n'en avait jamais vue de toute son existence, pinçait doucement les cordes d'un instrument de musique qui lui était inconnu. La jeune fille releva ses yeux noirs comme la nuit et lui sourit avec douceur. Son cou s'ornait d'un collier de cuir rouge. Une fine chaîne d'acier partait du collier et rejoignait la couche et la main d'un homme, allongé sur les draps de soie. Sa poitrine se soulevait doucement au rythme d’une calme respiration. L'homme dormait, d'un sommeil profond et apaisé. La jeune fille cessa de pincer son bîn et le posa doucement à ses côtés. Son sari de soie noire, brodé de fils d'or et de carmin, bruissa légèrement tandis qu'elle se déplaçait. Elle fit signe à Sofia de s'avancer vers elle et lui désigna un coussin tout près d’elle. D'abord hésitant, Sofia finit par s'avancer de quelques pas vers la jeune femme et s'assit à ses côtés. Celle-ci se pencha vers son oreille.

"Parlons doucement, mon seigneur dort, je ne veux pas le réveiller."

Disant cela, elle jeta un rapide coup d'oeil à la forme endormie, un regard doux et attentionné, puis elle replongea ses yeux dans ceux de s., en souriant.

Il régnait une telle paix dans cette pièce et la jeune femme, qui la regardait, les yeux illuminés d'amour et de son beau et tendre sourire, paraissait si sereine que Sofia se détendit enfin, malgré la conscience encore si crue de sa terrible nudité. Elle lui renvoya un sourire un peu confus et chuchota

"J'aurais mille questions à vous poser, sans même savoir si vous pouvez me répondre. Mais avant… je vous serais très obligée si vous me trouviez un vêtement qui me rende un peu plus présentable. Je me sens bien honteuse d'apparaître ainsi et ..."

Elle s'interrompit, le coeur battant. L'homme endormi avait bougé. Mais il devait rêver. Son corps se tourna un peu puis s'immobilisa à nouveau. Sofia poussa un soupir de soulagement et regarda la jeune fille, une interrogation muette dans les yeux, pleine d'espoir.

La jeune fille inclina la tête et d'un geste rapide défit son sari qui s'affaissa à ses pieds. Avec un geste plein de grâce, elle le retira et le lui tendit.

"Je n'ai que cela à vous offrir, mais prenez-le, je vous l'offre de bonne grâce, car je n'ai pas besoin de vêtements pour me protéger. J’ai son amour et son regard pour m'habiller."

Ce disant, elle regardait l'homme qui venait encore une fois de se retourner dans son sommeil. Doucement, elle tendit la main et caressa la nuque de l'endormi, du bout des doigts, d'un geste rempli de douceur et des promesses de caresses à venir. La jeune femme, dont Sofia pouvait à présent admirer la plastique parfaite, se retourna à nouveau vers elle. Sa peau avait des reflets de cuivre dans la lueur des petites lampes à huile qui éclairaient la pièce.

"Vous n'avez droit qu'à une seule question, c'est tout ce que je suis autorisée à vous livrer, une réponse à une seule question."

Sofia avait ramassé le sari, ne sachant trop qu'en faire. Il s'en dégageait un délicat parfum de cannelle et deself1angi396 frangipanier. Elle avait l'impression qu'en le revêtant elle ferait offense à la si pure nudité de la jeune fille. Mais en le refusant maintenant elle risquait de l'offenser bien plus encore. Elle se décida donc à le nouer, bien maladroitement sur sa peau nue, sans précipitation, prenant le temps de chacun de ses gestes pour réfléchir à sa question. Une seule question ! Quand tant et tant se bousculaient dans sa tête ! Elle avait envie de demander où elle était sachant sa question stupide mais ne parvenant toujours pas à donner du sens à tout ce qu'elle avait vu... elle aurait voulu savoir qui était cette jeune fille... et qui était l'homme endormi ... le pourquoi de son collier… le comment de ses portes... Et puis... Elle savait ne plus avoir à demander qui était derrière tout cela. Son coeur lui fit mal soudain. Elle se posa doucement, tout contre la jeune femme, sur les coussins, et effleura sa joue du bout des doigts, en proie à une intense émotion

"Vous êtes très belle. Belle dans votre nudité et dans votre amour. Belle avec votre collier. Et ... je crois que je sais quelle sera ma question… puisque je n'ai droit qu'à une seule ... Voilà … Etais-je attendue. Dites-moi ? Ce piège dans lequel j'ai l'impression de tomber sans y trop rien comprendre me l'a-t-on préparé ?"

Et elle se tut, fixant intensément la belle indienne, la gorge nouée.

"S'il est un piège tendu en ces lieux, la seule personne qui l'ait tendu, ce ne peut être que vous. Comme j'ai choisi de porter le collier et de me donner entièrement à mon maître, ainsi vous avez poussé les six portes de cette cave, en dépit des avertissements de Barbe Pourpre. Si vous y étiez attendue ? Oui, cela aussi je peux vous le révéler. Vous y étiez attendue depuis de longues années, comme l'hirondelle guette le printemps, « Il » vous a attendu. A présent, il est temps pour vous de choisir, car chaque porte est une porte vers le coeur secret de celui que vous avez épousé, maintenant, il vous reste à choisir de lui appartenir ou non. Il reste une septième porte, et je pense que vous savez ce que vous trouverez derrière cette dernière."

La jeune indienne regarda doucement Sofia. Venant des étages supérieurs des bruits de pas sur le sol carrelé se faisaient entendre.

"Je crois qu'il vous faut retourner là-haut, pour accueillir votre mari qui s'en rentre de voyage."

Sans plus ajouter un mot la jeune fille se glissa contre l'homme allongé qui la prit mécaniquement dans ses bras, la serrant contre lui, la main posée sur ses fesses cuivrées. La jeune fille blottit son visage dans le cou de son amant. Elle chuchota encore à son attention.

"Tout ce qui compte c'est d'aimer. Aimer et s'aimer."

Elle ferma les yeux et ne dit plus rien.

Pâle et tremblante, Sofia se releva. Avant de quitter la pièce, elle se retourna une dernière fois pour emporter avec elle la vision de ces deux corps étreints. Elle se sentait perdue. Elle referma silencieusement la porte et regagna la sortie du cabinet. Des larmes silencieuses glissaient sur ses joues. Elle ne savait plus qui elle était. Elle avait trahi celui qu'elle aimait, elle avait trompé sa confiance, bafoué ses ordres. Et maintenant... maintenant elle allait devoir affronter sa présence. Elle avait envie de mourir tant elle avait honte. Si seulement ... si seulement elle avait su attendre ! Attendre qu'il la prenne par la main, qu'il lui montre le chemin. Non que ce chemin ne lui fasse pas peur... mais elle l'aurait fait avec lui ! Elle grimpa les marches le coeur lourd, telle une condamnée. "Oh ma folle soeur, pensa-t-elle, pourquoi n'as-tu rien vu venir de ce qui allait m'arriver toi qui connaît le cœur des hommes et en joues avec tant d'habileté !" Elle pénétra dans le salon, plus morte que vive, l'âme déchirée. Il y régnait une curieuse ambiance.

__closer___by_cosfrog_1_Affalés sur les cousins, ses amis étaient, pour la plupart, endormis ou plongés dans une sorte de semi hébétude, assommés des plaisirs passés. Seule sa sœur, allongée sur le divan pourpre, les cuisses largement ouvertes, s'offrait à la langue douce d'une de ses amies qui parcourait tendrement son intimité. Elle poussait de petits gémissements, tandis que la langue agile entreprenait d'explorer son sexe offert. Elle leva les yeux vers sa sœur, jetant un œil surpris sur le sari qu'elle portait.

"Ton mari vient de passer ; il te fait savoir qu'il t'attend dans son bureau."

Puis, sans plus s'intéresser à elle, elle enfonça ses doigts dans les cheveux de la jeune fille, poussant sa tête sur son intimité. Sofia quitta le salon, tremblante, se dirigeant vers les deux grandes portes du bureau de Barbe Pourpre, deux grands panneaux de bois à l'aspect sévère qu'elle poussa en tremblant de plus belle. Il était là, debout, immense, sa barbe pourpre flamboyant dans la lumière tamisée. Il portait encore sa cape de voyage noire et ses bottes de cuir rutilantes brillaient de l'humidité nocturne. Ses yeux se posèrent sur elle, détaillant le sari noir. Il l'observa un moment, des pieds à la tête, la scrutant avec application. Puis, en la fixant avec un petit sourire, il parla d’une voix étrangement douce

"Votre robe vous va à ravir ma chère ; je suis heureux que l'affaire pour laquelle je dus partir se soit terminée aussi rapidement en ma faveur."

Et plongeant ses yeux dans les siens, il la fixa sans sourciller.

"Il est temps de me rendre les clés, car aucune d'entre elles ne peut ouvrir la septième porte."

Elle baissa la tête, piteusement. N'eussent été la honte et la culpabilité qu'elle ressentait, elle aurait déjà couru à ses bras. Mais il n'était plus temps de la fête du coeur. Elle serrait ses mains vides l'une contre l'autre, tordant ses doigts, ne sachant que dire ni que faire, en proie à un immense désespoir. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui disait et elle n'avait aucune clé à lui présenter ! Le visage baigné de larmes, elle se jeta à ses pieds et d'une toute petite voix, hachée par les sanglots, elle lui confia

"Je suis heureuse de votre retour... heureuse oui ! Mon cœur bat de vous revoir comme il n'a jamais battu. Mais j'ai ...j'ai failli... et j'ai tellement honte de ma trahison ! "

Les mots se bousculaient maintenant, à travers ses larmes, et elle leva vers lui un regard douloureux et implorant

"Je vous ai désobéi !.... je… j'ai ouvert la porte... Oh je vous en prie, pardonnez-moi ! Punissez-moi, faites de moi ce que vous voulez mais ... mais ne me dites pas que vous ne m'aimez plus ! Je préfèrerais mourir que vous perdre !"

Barbe Pourpre baissa les yeux vers la femme à genoux à ses pieds et, la saisissant par les épaules fermement, il la força à se relever.

"Ne vous jetez jamais à mes pieds en larmes pour me supplier de vous pardonner. Jetez-vous à mes pieds avec joie, avec le bonheur d'être mienne, mais jamais en implorante. Je vous aime Sofia, depuis de nombreuses années alors que, de petite fille, vous deveniez jeune fille et finalement femme. A présent que vous avez ouvert la porte, et que vous connaissez le secret de mon coeur de pourpre, c'est moi qui vous implore de m'aimer encore ; mais je ne peux vous demander d'aimer celui que vous avez connu, sans que vous n'aimiez celui que je suis."

Sofia voulut dire quelque chose mais il posa son doigt sur ses lèvres lui intimant le silence.

"Non, il n'est plus le temps des mots",

Tirant une petite boîte de sa poche, il la lui tendit, en faisant jouer le mécanisme d'ouverture. Elle contenait une clé, une petite clé pourpre, couchée sur du satin noir.

"Voici la clé qui vous mènera finalement à moi. Vous savez où je vous attends."

D'un pas rapide, il quitta la pièce dans le bruissement de sa longue cape. Sofia restait là, seule, interloquée, la petite clé dans ses mains. A cet instant seulement, elle s'aperçut de ce que Barbe Pourpre avait posé sur son bureau à son intention : un corset de cuir à fins lacets et des bas noirs bordés de dentelles délicates. Le corset portait, brodé à la hauteur de la poitrine, un P en fil pourpre.

Les yeux encore brouillés de larmes, elle s'en approcha en frémissant et l'effleura du bout des doigts. Elle suivit,corset_by_mariadesade_1_1 de la pulpe de son index tremblant, la ligne majestueuse du P, tendrement, le coeur cognant dans sa poitrine. Puis elle se redressa brusquement. Son visage parut s'éclairer d'un coup. Elle ouvrit la porte du petit cabinet de toilette, attenant au bureau, et rapidement, elle remit de l'ordre dans son apparence, rinçant son visage et son corps des souillures des larmes et des attouchements de la nuit. Elle se servait d'eau glacée, comme si elle souhaitait à la fois se punir et se rendre neuve et fraîche. Elle se regarda dans le petit miroir. Ses yeux brillaient d'un éclat étrange, farouches et effrayés. Ses cheveux étaient joliment décoiffés et dans son teint, plus pâle qu'à l'accoutumée, sa bouche semblait un beau fruit incarnat. Elle attrapa le corset et les bas qu'elle enfila rapidement. Nouer seule le corset lui fut plus difficile. D'autant que sa respiration s'était à nouveau accélérée et que ses doigts ne cessaient de trembler. Mais elle finit par y parvenir. Serrant la petite clé pourpre dans sa main, elle se dirigea vers l'escalier, prenant bien soin de ne pas être remarquée par ses invités, plus qu'alanguis. Elle faisait vite. Une sorte d'impatience un peu folle, terreur et empressement de retrouver son époux, la poussait en avant. Elle allait vers lui, dans son monde, ce monde dont elle avait poussé les portes seule et où elle souhaitait, de tout son être de femme amoureuse et d'amante curieuse et terrifiée, qu'il lui désigna sa place. Elle arriva devant la porte, ayant de la peine à reprendre son souffle dans la prison du corset. La clé tremblait entre ses doigts. Elle s'agaça sur la serrure. Pressée, d'être devant lui enfin, torturée de la plus vive inquiétude, voulant le retrouver, craignant ce qu’elle allait rencontrer. La clé joua dans la serrure dans un petit cliquètement qui la fit tressaillir... la porte s'ouvrit.

C'était la pièce la plus grande qu'elle ait visitée ce soir-là, entièrement pavée de marbre noir veiné de filets écarlates, elle devait mesurer une bonne vingtaine de mètres de long. A intervalles réguliers des colonnades s'élevaient vers le plafond et entre chaque colonne, assis sur des sièges à haut dossiers, entièrement vêtus de tuniques pourpres, se trouvaient tous les protagonistes de cette étrange soirée, leurs capuches abaissées et leurs masques enfin retirés.  Il y avait là la femme noire, la maîtresse rousse, les quatre hommes et la jeune asiatique, le fesseur et l'homme aux cordes, la jeune fille blonde, tous étaient présents et la regardaient sans rien dire. Au bout de la salle se trouvait son époux, debout, enveloppé de pourpre. Sa barbe semblait jeter des éclats de feu dans la salle. Il la regardait, ses yeux remplis de ces flammes qu'elle connaissait bien, de ce feu et de ce désir qui la faisait sienne. Derrière lui, se dressait une étrange mécanique, une roue sans rayon, un cercle d'acier noir et luisant. Fixées dans la roue, quatre attaches d'argents brillaient doucement. Barbe Pourpre leva lentement sa main vers elle, paume tendue vers le haut comme pour l'appeler à lui.

most_recent_with_lillith_by_azgoth_1_Sofia se tenait debout, pétrifiée par la crainte, par l'imposant décor et toutes ses présences qu'elle n'attendait guère. Son souffle s'affolait  et elle chercha l'air mais le corset l'obligeait à respirer petitement. Elle fixait la main tendue vers elle. Cette main bien aimée qui l'appelait. Eperdument, elle y accrocha ses yeux.  Et elle se mit à avancer. Lentement. Se redressant au fur et à mesure. Respirant plus calmement. Elle leva timidement les yeux vers ceux de Barbe Rousse. Elle fut baignée par les flammes de son regard. Et elle lui sourit doucement. Elle avançait sans plus rien voir que lui, ne craignant plus les regards sur elle, fière de porter les atours qu'il lui avait préparés, heureuse de venir à lui, heureuse et le coeur battant la folle danse d'une angoisse confuse. Et, puisant dans la main encore ouverte et dans le regard incandescent les forces qui lui auraient manquées, elle franchit les derniers mètres, puis, avec un sourire timide, le geste un peu hésitant, très délicatement, elle plaça sa petite main dans la paume puissante de son époux.

Ses doigts se refermèrent sur ceux de son épouse, prenant la main encore tremblante de Sofia dans la sienne. Il lui sourit doucement et l'entraîna à sa suite vers la roue qui les attendait. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle remarqua la jeune fille à genoux devant la roue d'acier. La jeune fille de la sixième pièce la regardait avancer. Elle portait à présent un sari blanc, brodé de fils dorés. Elle se leva pour se rendre à leur rencontre, s'avançant d'une démarche dansante vers le couple qui la rejoignait. Arrivée devant eux, elle joignit ses deux mains et les salua en inclinant légèrement la tête. Barbe Pourpre lui rendit son salut d'un petit mouvement de tête et ils lui emboîtèrent le pas. La roue était dotée d'emplacements pour poser les pieds et de poignées pour s'y maintenir. Sofia fut invité par la jeune fille à poser ses pieds sur les emplacements en se maintenant fermement aux poignées. Ainsi elle était parfaitement écartelée, offrant son intimité à tous les regards qui ne cessaient de se fixer sur elle. Barbe pourpre prit la première attache d'argent et la fixa autour de son poignet. Elle remarqua une inscription sur le métal brillant : "Confiance". Déjà sa deuxième main était entravée par un autre lien glacé et elle tourna le visage pour lire "Amour". Ses chevilles subirent le même sort et furent prises par "Désir" et "Plaisir". Barbe Pourpre se recula, l'observant. Elle était maintenant parfaitement maintenue, écartelée et superbe… et semblait un peu inquiète. Cependant, elle lâcha les poignées, se rendant compte que les liens la conservaient fermement en place, et chercha son regard. Il s'avança à nouveau vers elle et caressa sa joue.

"A présent, tu deviens vraiment mienne."

Puis il abaissa une petite manette fixée près de la roue et celle-ci commença à tourner doucement sur son axe. La pièce se mit à tourner autour d'elle lentement.

Son coeur s'affola et elle faillit crier. Elle mordit ses lèvres qui tremblaient. Elle sentait la peur lui fouailler le ventre. Elle s'attendait si peu à vivre cela. Qu'attendait-elle ? Elle n'aurait su le dire. Retrouver Barbe Pourpre, se soumettre à une punition... elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle ferma les yeux. Le vertige la gagnait dans les mouvements de la roue, supplantant la peur, et les mots lus sur les bracelets d'argent dansaient derrière ses yeux clos. Elle se laissa emporter par le mouvement. Son corps tendu par l'appréhension se relâchait progressivement, sa tête bascula sur le côté. Bouche entrouverte, elle aspirait l'air, sa poitrine se soulevant en saccades. Elle s'abandonnait au tourbillon.

La roue tournait lentement sur son axe sous le regard de Barbe Pourpre. Il observait ses muscles, son expression. Enfin, elle se détendit et sa tête s'affaissa. Il commença alors à caresser son corps, ses mains l'inspectant, l'effleurant, la fouaillant.  Ses doigts n'avaient de cesse que de découvrir encore et encore chaque parcelle d'elle ainsi révélée. La jeune indienne vint se placer de l'autre côté de la roue et ses mains se firent les jumelles de Barbe Pourpre, explorant ce qui venait d'être exploré et allait l'être encore. Leurs doigts se faisaient de plus en plus inquisiteurs, de plus en plus ardents à la caresser, à la pincer, à la saisir puis à la relâcher. La roue semblait vouloir tourner sans fin et lui faire perdre petit à petit ses repères. Elle n'ouvrait plus les yeux, incapable de se soustraire à ces doigts qui envahissaient chaque parcelle de son corps. La roue s'immobilisa à ce moment et la jeune indienne vint se plaquer contre la poitrine de Sofia. Ses lèvres fines, au goût léger de miel, se posèrent sur sa bouche et sa langue vint à la rencontre de la sienne en un baiser brûlant. Barbe pourpre s'était reculé. Il fixait les fesses de Sofia tandis que les mains de Shani, la sublime soumise et délicieuse épouse de son meilleur ami, en caressaient le galbe. Il saisit la cravache gainée de cuir noir et fit un pas vers le cercle, levant le bras, il  attendit que Shani retire sa main des fesses tendues. Il abattit la cravache, cinglant les fesses de Sofia d'une traînée rouge.

Sofia se cabra en criant. Emportée par le mouvement, troublée par les effleurements, embrasée par les caresses, grisée par les pincements qui déclenchaient des gerbes de sensations si nouvelles, elle s'était totalement relâchée et livrée aux baisers de la jeune indienne sans retenue. La morsure la surprit et son corps se révolta. Le feu qui incendiait le bas de ses reins lui parut insupportable. Elle échappa à la bouche de la jeune femme et, tendant son corps, elle tourna un visage crispé et stupéfait par dessus son épaule pour voir d'où venait la douleur. Elle croisa le regard de Barbe Rousse, le bras levé, la regardant de ses yeux flamboyants. Son visage se détendit. Ses lèvres formèrent trois mots muets. Puis elle ferma les yeux, abaissa doucement sa tête vers sa poitrine et tendit ses fesses.

Il cingla ses fesses une dizaine de fois, la zébrant de rayures parallèles avant de laisser retomber sa cravache.pho1_2277691 S'approchant d'elle, il effleura de la paume de sa main les fesses tendues, lui arrachant un gémissement. Puis ses doigts se glissèrent dans le sillon de ses fesses ouvertes, allant chercher l'anneau sombre de son oeillet. Glissant plus loin, ses doigts rencontrèrent l'humidité révélatrice de son intimité. Il écarta doucement les lèvres ourlées pour découvrir le clitoris qu'il agaça un instant. Les doigts de Shina vinrent le rejoindre et s'allier à lui dans cette caresse douce que rythmaient les gémissements de Sofia. Puis, laissant la jeune indienne poursuivre seule ses caresses sur le sexe offert, il reprit la cravache, recommençant à strier son corps de ces marques. Pendant que la cravache s'abattait comme un métronome sur ses chairs, la jeune soumisse s'était laissée glisser à genoux devant Sofia et sa bouche dévorait le sexe ruisselant qui tressautait contre elle à chaque fois que la cravache s'abattait.

Sous ce traitement, Sofia ne criait plus mais laissait échapper de longs râles. Elle sentait le feu dévorer ses reins, mordre sa chair toujours plus profondément, gagner tout son être, la consumer totalement. L'emporter. Elle plongeait dans la douleur pourpre avec ravissement, perdant toute notion de temps et d'espace. Elle n'était plus que sens exacerbés, volupté exultante, irradiée d'émotions. Toute perception bouleversée, elle se livrait aux flammes qui distillait dans sa chair une ivresse incomparable. La douleur était plaisir, un plaisir violent, exigeant qui la captait entièrement. Gémissant et haletant, son corps se tordant entre la cravache et la bouche, entre deux brasiers, chairs palpitantes, elle sentait un plaisir incendiaire monter en elle, brûler sa poitrine et son sexe.

Elle venait à la rencontre de sa cravache, se tendant vers lui, appelant, happant pour qu'il vienne à elle. Il laissa tomber définitivement la cravache et s'avança vers elle, dévoilant son membre érigé de désir. Ses fesses ouvertes, les striures de son postérieur étaient comme un appel. Il s'enfonça dans ses reins d'une seule poussée, se fichant en elle, sentant la main de Shani courir de ses bourses, qui battaient contre la peau de Sofia à chaque poussée, au sexe ouvert et désirant de son épouse toujours agacé par la langue avide. Il saisit ses hanches et entreprit de lui donner de profonds coups de reins, sentant son plaisir descendre le long de sa colonne vertébrale et envahir son membre.

Sofia criait son plaisir, sa joie d'être prise, de sentir le membre de son époux s'enfoncer dans ses chairs, la posséder. Elle se cambrait, répondant à ses coups de reins, les accompagnant pour qu'il la pénètre plus loin, qu'il la fasse sienne, que son ventre claque sur sa chair martyrisée, réactivant la divine brûlure qui la transportait toujours plus loin. Elle se donnait complètement, au paroxysme du plaisir, s'arque boutant pour le recevoir encore, et feulant sa volupté dans une ultime longue note aigue qui résonna dans la grande salle, elle s’abandonna dans les attaches.

couple7Il accélérait ses mouvements et c'est le cri de plaisir de son épouse qui fit monter le sien. Il s'appuya contre elle et jouit longuement dans ses reins, se répandant en elle, la remplissant de sa semence. Il cria, sa bouche collée à la nuque de Sofia, la dévorant de baisers brûlants, tandis qu'il finissait de se répandre en elle. Il resta un moment ainsi, planté en elle, puis se retira. Avec l'aide de Shani, il défit les entraves. Elle faillit tomber au sol, tant ses jambes soudain la trahissaient refusant de la porter. D'ailleurs, cela n'était pas l'objet, puisqu'ils la placèrent d'autorité à genoux, en face de lui. Les convives avaient quitté leurs fauteuils et se tenaient en demi cercle à quelques mètres d'eux, les observant en silence. Elle était à genoux devant lui, ses yeux plantés dans les siens. Il laissa sa main glisser sous sa cape pourpre pour en retirer un long poignard au manche d'ivoire. La lame brillante jetait des éclats glacés dans la pièce, tandis que les yeux de s. s'écarquillaient de surprise. Le silence était impressionnant.

Encore frémissante de plaisir, désorientée, Sofia s'était laissée conduire comme une poupée sans volonté. Tremblante maintenant, elle le regardait sans comprendre. Ses yeux allaient de la lame terrible au regard impénétrable de son époux. Elle sentit les larmes monter. Elle avait failli à nouveau ! Elle avait dû lui déplaire, ne pas faire ce qu'il fallait … il lui en voulait encore. Oh ! Pire encore ! Il ne voulait plus d’elle ! Et bien soit. Qu'il fasse ce qu'il voulait ! Elle lui appartenait bien au delà de sa vie même. Désespérée et vaincue, elle baissa la tête. Et cessa de respirer.

Il souleva le couteau et tendit sa main ouverte. Doucement, il fit glisser la lame, entaillant un peu la chair de sa paume tendue y laissant une entaille fine d'où coulait un mince filet de sang. Shani s'approcha d'eux. Ses mains tenaient un fin collier de cuir au fermoir d'argent, une boucle argentée y luisait doucement accrochée au cuir mat. Il prit le collier des mains de Shani et le fit glisser dans la paume de sa main, le recouvrant d'un peu de son sang. Il se mit à genoux devant son épouse et doucement passa le collier autour de son cou.

"Par ce collier, par mon sang, par ce qui bat en mon coeur et dans mes veines, ce soir et à jamais je te prends pour mienne et je me donne à toi en tout ce que je suis."

Il releva son visage et lui sourit. Les yeux brillants, illuminés de joie, de reconnaissance et d’amour, Sofia lui rendit son88_04_jpg sourire. Il la prit dans ses bras et ses lèvres se soudèrent aux siennes en un profond baiser, sous les applaudissements des invités de ces noces si particulières, les noces de Barbe Pourpre.

MORALITÉ

De la curiosité, on blâme les excès,

Mais c’est sous son fouet que les mondes s’entrouvrent,

Et il n’est de présent qui n’ait plus bel attrait

Que ces songes ardents qui souvent s’y découvrent.

Et si quelques grincheux souhaitent l’atermoiement,

Je formerais le vœu qu’ils en cueillent le fruit,

Afin que les secrets des amours, des amants,

En étant partagés ne demeurent à la nuit.

Nulle autre morale pour ce conte achever :

« Fuyez les plaisir pâles ! Aimez ! Soyez aimés ! »

Nous tenions à dédicacer ce texte à une personne pour qui Perrault reste une rencontre, et qui a su en ressentir la quintessence éminemment BDSM. Donc Chère Nay, ce petit écrit pourpre vous est dédié…..

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Commentaires
I
Magnifiquement excitant.
M
Est-ce vraiment un conte ? Le propre des contes, chez les enfants, c'est qu'il va "titiller" en eux une part de leur réalité d'enfant. Et quand nous les relisons, adultes "raisonnables", nous le prenons avec distance, car ne ne "savons" plus, parfois. Or ce conte-là, Barbe pourpre, nous refait vivre le même fourmillement , la même excitation que celle d'antant, au moment où la lumière s'éteind et ou l'on sait qu'on va être seul avec le loup garou. Oui, de ce conte-là, on va rever cette nuit, il nous enchante et nous berce, il va aussi chercher cette part de réalité qui est enfouie au fond de nous. Mais l'envie que le rêve dure, prenne chair est bien là. il va nous pousser avec délectation et frissons nos désirs, pour peu qu'on veuille les entendre. Et comme S, nous avons la clé, nous ouvrons la porte, parfois, nous allons l'ouvrir, pour aller au bout, en vrai. <br /> Merci aux conteurs et enchanteurs
C
Il est des lectures qui sous les rémisniscences de souvenirs d'enfance prennent tout leur éclat.<br /> Il est des contes qui bouleversent et éveillent les sens et les désirs.<br /> Il est des contes qui prennent leur vraie dimension dans la qualité qui émane d'eux.<br /> Et il est des conteurs.<br /> Et Dieu que ceux ci sont attachants.<br /> Et Dieu que ceux ci sont bouleversants.<br /> Généreux et éblouissants dans leurs mots et dans le don de ce qu'ils nous offrent, sans compter.<br /> Hommages
Les Ecrits Pourpres
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