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Les Ecrits Pourpres
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24 février 2006

3. L'Art dans la matière

litcolpey2Elle se tint sans bouger, les yeux clos, tentant de calmer les battements désordonnés de son coeur qui résonnaient dans ses oreilles, de retrouver une respiration calme et mesurée, mimant celle du dormeur. Oh qu'il croit qu'elle dormait et qu'il la laisse ! Même si son ventre brûlait et pulsait de sa présence, là, si proche, de l'odeur de son corps qui emplissait soudain la petite pièce… Qu'il s'en aille ! Qu'il s'en aille ! Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus ! C'était si difficile ... et si effrayant de le vouloir ainsi, de vivre cet immense péché, dans la crainte qu'il ne la découvre et la bannisse !

Il saisit le drap et le tira, pour le jeter au sol, tandis qu'elle se recroquevillait, tentant de préserver l'illusion du sommeil. Il se coucha contre elle, sur le petit bâti, se blottissant dans son dos, entourant sa taille de sa main. Elle sentait le membre dur qui se logeait dans le sillon de ses fesses contre le tissu de sa fine chemise. Il commença un lent va et vient, frottant son sexe raide de désir contre son jeune élève. Doucement, il embrassait la nuque offerte du dormeur. Sa bouche se colla contre l'oreille endormie et murmura :

"Laisse-toi faire mon doux Sofito. Tu ne veux pas que je saisisse ton membre, je peux le comprendre, mais il est d'autres chemins vers le plaisir, que je peux te faire connaître. Vois, je préserve ta pudeur."

Disant cela, il ramassa le drap au pied du lit, et les recouvrit tous les deux. Les deux mains agrippées à sa taille, il frottait son membre dressé contre les fesses tremblantes de Sofito.

"Je ne toucherai pas cette virilité que tu sembles avoir peur de perdre si on la prend, mais je désire trop ton corps pour m'abstenir de l'honorer."

Elle sentit les mains du Maestro remonter sa chemise de nuit et dévoiler la peau fine de ses fesses. La hampe raide et chaude vint se coller contre le sillon de ses reins, la bouche du maestro ne quittait pas son oreille.

"Détends-toi Sofito, laisse-moi te mener vers un nouveau plaisir, de toi inconnu."

Elle tremblait, respirant avec peine, tiraillée entre terreur et désir, terreur de cette virilité monstrueuse encore à ses yeux, qui se frottait à ses reins avec véhémence, terreur qu'il finisse par chercher son petit jumeau entre ses cuisses serrées où ses mains tremblantes s’étaient glissées pour masquer l’absence, terreur du péché qui broyait son coeur dans un carcan glacé. Et désir, oh désir si puissant, de ses mains sur elle, de ses grandes mains fortes, violentes, qui faisaient naître la vie dans la matière inerte et faisaient bouillonner son sang, désir de ses baisers carnassiers auxquels elle abandonnait sa nuque sans même s'en apercevoir, désir de son sexe en elle, oui, même cela, elle en avait rêvé, elle s'en souvenait et la vision l'avait hantée lorsqu'elle pétrissait la terre glaise dans l'après-midi. Presque malgré elle, malgré ses peurs, son bassin bascula vers Michel Ange. Elle se cambra. Offrant ses rotondités aux frôlements du sexe, détournant la tête, enfouissant son visage dans la paillasse pour y cacher ses larmes... car elle pleurait son innocence enfuie.

Les mains puissantes du Maestro écartaient les deux globes de ses fesses frémissantes. Sa bouche ne cessait desch10126 dévorer la nuque brûlante de Sofito. Il glissa son gland dans la vallée séparant les deux monts, pour le frotter contre la rosette palpitante. Il le fit remonter un peu, pour agacer le bas de ses reins, avant de redescendre effleurer encore le délicat orifice. Il sentait, chaque fois que son membre touchait l'anneau sombre, le corps qu'il tenait dans ses bras se raidir un peu. Il appuya sur l’épaule de Sofito, pour l'allonger à plat ventre sur la paillasse, le visage enfoui dans l'oreiller. Se glissant sur son dos, il laissa toute la masse de son corps peser sur le sien. Sa main agrippa les cheveux de Sofito et tourna sa tête avec détermination, de manière à pouvoir cueillir sa bouche dans un baiser voluptueux et passionné, tandis que son autre main glissait de la fesse palpitante au passage étroit. Il caressait du bout des doigts la rosette vierge et crispée. Poussant petit à petit son avantage, il ouvrait la voie serrée d'un mouvement tournant. Son doigt sentit la résistance qu'elle lui opposait se dissiper, le passage s'ouvrir peu à peu. Son doigt força l'entrée secrète et préservée, glissant une phalange dans la chaleur de son corps. Il sentit le goulet chaud se refermer autour de son doigt, et il entama un lent mouvement de va et vient.

Elle mordit son oreiller pour ne pas crier. Ses reins brûlaient et son bas-ventre, sur lequel elle tenait ses deux mains serrées l'une sur l'autre, plus encore. Elle semblait protéger une virilité timide. Et c’était comme une caresse. Une si douce et si insidieuse caresse ! L’extrémité de ses doigts poussait sur son intimité palpitante, chaque fois que le doigt du Maestro se faisait plus inquisiteur. Il était son bourreau et son maître. Elle découvrait des émotions insensées, inconnues, un incroyable vertige. Elle respirait avec peine, le souffle étouffé par les replis du lin, le corps écrasé par la masse de muscles du sculpteur, fiévreuse et perdue, offrant davantage ses formes callipyges dans sa position de protection, si involontairement obscène.

Le passage s'ouvrait et commençait à dévorer son doigt, à l'engloutir dans les recoins les plus sombres de son intimité. Doucement, Michel-Ange enfonça son doigt dans le fondement de Sofito jusqu'à ce qu'il soit entièrement entouré par la membrane palpitante de ses reins. Il retira son doigt et, prenant sa verge dans sa main, en positionna le gland sur l'ouverture étroite. Sa bouche se colla encore contre l'oreille de Sofito.

"Détends-toi mon doux, cela risque de te faire un peu mal au début, mais tu verras les délices que l'on tire de cette torture."

Sa bouche se colla contre sa nuque, saisissant la chair fine entre ses dents. Une de ses larges mains vint recouvrir la bouche de Sofito, le bâillonnant, tandis que de l'autre, tenant son membre, il l'ajusta contre l'entrée de ses reins. Il commença à appuyer doucement, sentant la rosette crispée d'appréhension lui opposer une dernière et dérisoire résistance. Mais son membre était comme un glaive tendu à l'extrême par le désir et l'attente. Il appuya plus fort. Et sentit l’anus céder sous son assaut. La chair, s'écartant sous l'avancée du pieu palpitant qui commençait son chemin en elle, se resserrait autour de son gland pour la plus exquise des pressions.

2006526_5La douleur fut fulgurante, si intense qu'elle eut l'impression qu'elle allait mourir, le corps transpercé. Elle se débattit dans la main impitoyable qui la muselait, se cabrant, ruant pour échapper à la dague brûlante qui perforait ses chairs mais rien n'y fit. De sa poigne puissante, Michel Ange maintenait le corps qui se rebellait, restant visser en elle, profitant de ses mouvements désordonnés pour pousser son invasion plus loin, pour faire sa place dans les chairs capricieuses. Elle tenta une ultime manœuvre, libérant ses mains de son intimité, les plaquant sur le lit, elle s'arque bouta pour essayer de repousser le corps qui pesait sur elle. Mais ce fut tout aussi inutile, il ne la lâchait plus. A bout de souffle, vaincue, elle se laissa retomber et finit par se laisser faire. Son corps alors se détendit. La douleur s'apaisait. Le membre dur et victorieux trouvait sa place, allant et venant dans un mouvement plus ample, et bien malgré elle, son bassin se mit à accompagner ce mouvement.

Il profitait de chaque mouvement de son corps pour enfoncer son membre un peu plus loin dans la chaleur de ses chairs. Sa hampe avançait petit à petit dans les reins étroits de Sofito. Il sentait le corps allongé sous lui répondre peu à peu à ses propres mouvements et s'accorder à son rythme. Son membre était dur comme il l'avait rarement été. Ôter le pucelage ses reins magnifiques était un plaisir sans autre pareil. Pesant sur elle, tout en dévorant sa nuque, il continuait ses va et vient, la moitié de son sexe enfoncé dans les reins de Sofito qui gémissait dans sa main. Il resserra son étreinte. Et enfonça son membre, d'une seule poussée, dans l'étroit passage, jusqu'à ce que son ventre vienne buter contre les reins tremblants. Il se figea ainsi, son membre entièrement vissé dans le corps secoué de frissons. Il goûtait ce moment où, sa hampe entièrement dévorée par la bouche étroite, était massée par les convulsions de son colon.

Submergée par l'intensité de son ressenti, elle ne savait plus trop ce qu'elle était en train de vivre. Tout son être palpitaitantinousflame, aiguillonné par les baisers avides, par les morsures dans sa nuque, par l'intense chaleur qui, montant de ses reins, envahissant sa colonne vertébrale, la faisant frémir, se répandant dans tout son ventre. Ses mains repartirent vers son intimité. Plus tant pour la masquer que pour en soulager les pulsations. Ses doigts rencontrèrent un flot humide et chaud. Elle s'affola, un bref instant. Que lui avait-il donc fait ? Quel liquide s'épanchait ainsi de son être à la torture ? Mais son angoisse s'effaça sous la montée du plaisir. Entre ses doigts qui effleuraient son bouton gonflé de sève et le membre qui dévastait ses reins, sa raison se noyait dans une ardente ivresse qui ne lui laissait d'autre alternative que d'être chair répondant à la chair.

Il commença un mouvement de va et vient de plus en plus ample, allant et venant dans les reins qui se tendaient vers lui. A chaque coup de boutoir qu'il donnait, Sofito répondait, par un mouvement des reins, pour venir à sa rencontre. Il s'appuya sur ses avants bras et commença à la prendre sans ménagement, enfonçant son sexe en puissants coups de reins qui l'écartelaient, la défonçaient. Ce corps, sous le sien, se faisait de plus en plus ondulant et brûlant. La sueur coulait de son visage et il regardait les gouttes, tombant sur le dos de sa victime, marquer la peau et la chemise de larges auréoles. Son dard, gonflé et luisant de désir, entrait et sortait de la rosette à un rythme effrayant, quittant presque l’antre offert, pour retourner s'enfoncer en elle plus fort, la reprendre brutalement. Il sentait son sexe gonfler et se dilater encore. Il ne saurait plus résister très longtemps à la montée de son plaisir.

Elle haletait, ondulant sous lui. Ses cris se perdaient dans la paillasse, cris de plaisir, râles de pâmoison. Elle se livrait, de toute sa jeune fougue aux assauts du sculpteur, son corps, moite et brûlant, dansant la plus folle des sarabandes, son coeur cognant dans sa poitrine. Jamais elle n'avait rien ressenti d'aussi intense, d'aussi troublant, d'aussi insensé. C'était comme voler et se noyer à la fois, comme remonter le cours d’un torrent glacé et plonger dans un abîme de lave. Son sexe pulsait sous ses doigts. Ses reins palpitaient en étincelles de plaisir. Elle était emportée, comme une jument montée par un cavalier fou, sautant la haie de la peur, transperçant le seuil de la douleur, galopant vers un paroxysme des sens, le corps secoué de spasmes, feulant et bavant contre le drap de lin, les doigts crispés sur son intimité ruisselante.

Son ventre claquait contre les fesses de Sofito, chaque fois que son membre s'enfonçait dans ses reins, disparaissant dans la fournaise brûlante de son désir. Il allait et venait en elle, ahanant à chaque coup de boutoir. Il n'était plus que feu et désir, il n'était plus que passion brûlante, s'enfonçant dans la chair offerte et couverte de sueur de Sofito. Son membre lui faisait mal tant le désir qui l'habitait était fort et impérieux. Il sentit son sexe traversé par des ondes électriques, se propageant à tout son corps. Il s'enfonça en elle dans un râle, se fichant au fond de ses reins et, rugissant, laissa jaillir son plaisir, répandant ses jets brûlants dans son corps.

Son cri se mêla à celui du sculpteur quand la semence vint pulser dans ses chairs, entraînant l'apogée de son plaisir. Son corps se raidit, ses muscles se mirent à trembler, elle s'arque bouta, puis retomba, haletante, épuisée, exsangue, vaincue par le plaisir et le poids du corps de son amant qui s'abandonnait sur elle. Les yeux clos, le coeur cognant à tout rompre, chairs frémissantes de l'intense plaisir découvert, si insensé, elle ne savait plus trop où elle était ni qui elle était et ne cherchait pas à lutter contre cet état de totale volupté.

Il était allongé sur son corps, essoufflé, éreinté, les membres encore tremblants. Doucement, il reprenait son souffle, respirant à grand-peine tandis que son membre ramollissait peu à peu dans les reins de Sofito. Sa main flattait la croupe encore frémissante, tandis que sa bouche reprenait avec douceur celle, tremblante de plaisir, de son tendre comparse.

"Tu as les fesses les plus magnifiques qu'il m'ait été donné de rencontrer durant ma vie Sofito, homme et femmes confondus."

Délicatement, il retira son sexe, encore à moitié dur, des reins de son jeune élève et, glissant sa main en un geste rapide, il empoigna la moiteur de son sexe trempé, posant un doigt sur la turgescence hyper sensible de son clitoris.

486621"Tu croyais que j'étais aveugle ma jolie travestie ? Crois-tu que je connaisse si peu le corps des femmes que je ne puisse identifier tout de suite les courbes d’une hanche, l’arrondi et le galbe d'une jambe féminine ? Dès que je t'ai vue, ma mignonne, je t'ai percé à jour. Allez, dis-moi toute la vérité maintenant."

Et tout en disant cela, son doigt jouait avec son bouton, douloureux de désir.

Elle émergeait difficilement des brumes du plaisir et sa surprise fut immense. Elle écarquilla grand ses sombres yeux, dévisageant le maestro avec inquiétude, rougissant, bouche ouverte, rendue muette par la stupéfaction et la honte. Mais le doigt habile du sculpteur provoquait un dérangement bien plus perturbateur encore. Elle inspira profondément, émettant un faible gémissement et, en haletant, elle retrouva l'usage de la parole, suffisamment pour lui compter son histoire de mariage forcé, son amour de l'art, sa détestation de sa condition de fille. Enfin, comme la caresse qu'il lui prodiguait lui faisait perdre peu à peu tous ses moyens, elle saisit sa main férocement, et plongea ses yeux ardents dans les siens :

"Je veux apprendre à sculpter Maestro... plus que tout. Je veux être votre apprenti. Je vous en prie !"

Il lui sourit et la retourna. Tirant d'un coup sec sur le tissu de la chemise, il la lui arracha, révélant les bandages qui enserraient ses petits seins et commença à les défaire.

"Tu as du talent Sofito, dans tous les domaines, la sculpture de la pierre comme celle de la chair. Pourquoi me séparerais-je d'une élève aussi douée que toi ?"

Il venait de libérer la petite poitrine, qui se tendait sous ses mains. Il en massa doucement les pointes qui répondirent immédiatement, se dressant, arrogantes, sous la pulpe dure de ses doigts.

"Je te garde comme élève. Mais je vais t'enseigner bien plus que la sculpture. Le veux-tu "jeune homme" ? Être mon élève le jour et t'élever vers le plaisir la nuit ?"

Elle ne répondit pas tout de suite, observant son visage avec intensité, plongeant dans son regard, le cœur douloureux.  Il ne la quittait pas des yeux, ne fuyait ni ne se détournait. Il la regardait elle, dans tout ce qu'elle était, fille avec des désirs d'homme et c'est son corps de femme qu'il faisait frémir et c'était ses rêves d'homme qu'il acceptait de porter. Elle leva lentement sa main vers son visage dur et farouche, et, tremblante, caressa sa joue, soufflant :

"Oui, je le veux Maître ! J'ai peur, depuis l'instant où j'ai fait mon choix. Mais ma peur n'est pas plus grande depuis vous et aujourd'hui elle est moins désespérante. Alors, oui, de tout mon être oui !"

Et elle se blottit contre lui.

Il caressa doucement la poitrine qui s'offrait à lui, prenant les lèvres de sa plus douce élève pour un long baiser. Ils restèrent ainsi, un long moment, se contentant de s'embrasser, de mélanger leurs souffles en baisers légers. Ils finirent par sombrer dans un sommeil apaisé et sans rêve, leurs corps imbriqués l'un dans l'autre. Lorsque la lumière du jour vint éveiller Sofito, il n'était déjà plus couché à ses côtés. Elle pouvait entendre sa voix étouffée, provenant de l'étage inférieur, distribuer les consignes pour la journée à ses élèves. Il l'avait laissé dormir et, à présent, le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle s'empressa de remettre ses bandes, d'ajuster sa tenue et de se précipiter dans l'atelier afin de rejoindre son maître. Il se tenait dans l'atelier, devant une femme richement parée. Elle devait avoir une quarantaine d'année, la taille fine, serrée dans une robe pourpre du plus bel effet, ses longs cheveux noirs, habilement tressés, reposaient sur son épaule. Elle fixait son maître, une lueur sauvage dans ses pupilles d'un bleu délavé. Lui hochait la tête négativement, avec force, en la toisant. Doucement, Sofito s'approcha pour entendre leur conversation.

"Je vous en prie Maestro, réfléchissez bien. Le Pape vous garantit que cela ne se reproduira plus. Vous avez sa promesse." Michel Ange hocha la tête avec une petite moue.

"Je ne connais que trop les promesses de Jules ! Il suffira que ce rat de Raphaël lui glisse quelques mots à l'oreille et il me fera encore la vie impossible."

La femme, dont les traits fins et hautains dénonçaient l'appartenance à une noble lignée, leva les yeux au ciel avec un air de profonde exaspération.

"Sa sainteté est ce qu'il est, vous le connaissez comme moi ! Mais croyez-moi, il regrette votre départ et votre brouille, etcomtesse il ne vous en tient absolument pas rigueur. Voyez, il vous pardonne même et vous attend avec impatience à Bologne où il mène siège contre ses ennemis"

Michel Ange foudroya la femme de son regard le plus noir. Elle sembla se tasser un peu sous les éclairs de son regard.

"Et c'est lui qui devrait me pardonner ? Comme si j'avais commis une faute ? Dites à votre ami qu'il peut bien garder son pardon, que je n'ai certes pas besoin de son absolution."

La femme lui jeta un regard sombre et se détourna, haussant ses jolies épaules.

"Soit, n'en parlons plus Maestro. Revenons-en à notre petite affaire, ma statuette est-elle prête ?"

Michel Ange eut un signe d'acquiescement.

"Elle est on ne peut plus prête ! »

Et, désignant un point derrière Sofito, il entraîna la femme vers l’endroit où elle se trouvait. Sofito sentit son coeur se glacer, alors que les yeux bleus se posaient sur elle, semblant la détailler et  traverser la fine couche de sa vêture pour  constater la supercherie. Mais elle ne fit que l’effleurer du regard et posa ses yeux sur une petite statue d'Apollon.

"Elle est magnifique Maestro ! Vous me la ferez porter en mon palais, cet après-midi lorsque sonneront les vêpres. Il me plaît de recevoir, en ma demeure, un dieu païen à l'heure où les dévots se mettent à genoux."

Michel Ange se dérida à ces paroles.

" Vos désirs sont des ordres Comtesse."

La dame se retourna. Ses deux yeux bleus brillaient comme des pierres précieuses en se posant sur Sofito. Elle eut un petit sourire carnassier.

"Vous me la ferez livrer par le charmant éphèbe que voilà ; il ne faut pas moins que cela pour porter un tel Dieu."

Le visage du maestro se crispa légèrement, mais il n'en acquiesça pas moins, et salua la Comtesse alors qu'elle quittait l'atelier, ne laissant derrière elle que les vapeurs d'un parfum capiteux.

Sofito la regarda sortir, sans parvenir à réprimer un frisson. Se rencognant contre le mur, lorsqu’elle passa devant elle, elle chercha le regard de Michel Ange. Il paraissait sombre et agacé, préoccupé. Elle n'osait aller vers lui et se sentait tout à coup misérable, fragile dans son travestissement, terriblement coupable et inutile. Il ne lui accordait pas un regard et rangeait ses outils avec des gestes nerveux. Elle s'approcha de lui en tremblant.

"Maître ? Il faudra vraiment que j'aille porter cette statue ?"

Elle espérait elle ne savait quoi, qu'il éclate de rire en disant qu'il se moquait des désirs de la Comtesse, qu'il exprime sa colère, qu'il lui explique qui était vraiment cette étrange visiteuse qui paraissait si puissante et si dangereuse, ou... qu'il la prenne dans ses bras ... mais cela, elle ne savait que trop bien que ça ne risquait pas d'arriver ici et maintenant. Et elle demeurait face à lui, levant son petit visage pâle, les traits tendus par l'angoisse et une infinie tristesse.

Les épaules du sculpteur parurent s'affaisser un peu.

"Je crains que oui Sofito, on n'oppose pas de refus à Lucrezia Graziosi, cette catin sans trône à plus de pouvoirs queimg00025 bien des rois. Sa naissance ne lui donne droit à aucun rang, mais ses machinations et les liens qu'elle a noués, à travers toute l'Europe, en font un personnage extrêmement dangereux."

Il se tourna vers elle, et voyant la peur qui habitait son regard, il la prit par les épaules et l'attira à lui.

"Ce n'est pas une ennemie. Mais cela ne la rend pas moins dangereuse. Pour l'instant, elle m'aime bien et il est vrai qu'elle gagne à être connue. Mais méfie-toi d'elle, rien ne l'arrête lorsqu'elle à un objectif."

Puis souriant

"Après tout, cela vous fait un point commun à toutes les deux, non ?"

Soudain, il fit quelque chose à quoi elle ne s'attendait absolument pas. Il la prit dans ses bras et posa ses lèvres sur les siennes, pour un long baiser, sous le regard ébahi des autres apprentis, qui baissèrent les yeux en rougissant et en se poussant du coude.

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Commentaires
E
Mes amis, mes amis, conservez votre calme (autant que nous le conservons ... c'est à dire ... fort peu !) et abreuvez vous donc avec de D. à coudre car nous ne sommes pas au bout des aventures du petit apprenti loin, s'en faut !<br /> Quant à vous e....., hum..., je saluerais presque votre clairvoyance.... à moins que ce ne soit la présence de M. à vos côtés qui vous ait influencé.
M
Superbes émois et moi...<br /> On attend la suite fébrilement...<br /> Comment la comtesse Lucrezia va-t-elle recevoir notre héro(ïne) ?<br /> Cela ne m'étonnerait pas qu'elle est dans son palais une jolie collection de martinets et de badines....<br /> <br /> e.
C
Bien sûr Touam, je vous acompagne ! Il me faut impérativement un verre pour calmer les émois que font naître nos deux diables d'écrivains ! Sculpteurs de mots et de désirs dont ils nous présentent la vibrante statue palpitante, qui loin de se figer dans sa pierre originelle reprend vie sous leurs doigts exquis ...
T
Bon ça y est, c’est décidé. Je me remets illico à boire. Je commence par un Jack Daniel’s cette fois pour changer un peu. Cats un verre, avant que je ne finisse la bouteille ?
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