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Les Ecrits Pourpres
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22 mars 2007

5. Révélations

455811"Je n'ai aucune sympathie pour Sadex mademoiselle Sofia, cet homme représente tout ce que je déteste, tout ce que j'exècre du plus profond de mon cœur et de mon âme. Voyez-vous, ce pensionnat est l'œuvre de toute une vie, mon enfant, la réalisation de tous mes rêves. Les pensionnaires que vous avez vues aujourd'hui n'ont pas déversée le moindre centime pour entrer en ces lieux. Mais elles ont subi plusieurs entretiens et une enquête poussée, ainsi que leur compagnon... ou maître, comme il semble bon qu'on les nomme. Mais au final, je choisis qui peut ou ne peut pas pénétrer entre ces murs. Le programme de chaque élève est soigneusement mis au point, avant l'inscription finale, en fonction de ses possibilités et de ce qu'elle peut ou veut atteindre. Cela demande du travail, de longues discussions entre les pensionnaires, leur compagnon et les membres du personnel enseignant. Seulement, de vous, je ne sais rien, absolument rien Sofia. J'ai une dette envers Sadex, une de celles qu'il me faut régler... vous accepter dans nos murs est comme me débarrasser d'une tique gênante, c'est le prix à payer pour en être quitte avec ce porc. Mais voilà, que faire de vous dans ces conditions ? Et qu'est-ce que Sadex voit dans ce pensionnat avec sa vision pervertie des choses ? Un abattoir ? Une usine à modeler les esprits et les corps ? C'est ce que j'attends que vous me disiez Sofia. C'est ce que je dois savoir avant toute autre chose. Que veut il ?"

Sofia ne prit pas la peine de réfléchir à ce qu'elle devait dire ou pas, ne se demanda même pas s'il s'agissait d'un piège tendu à sa naïveté. Ereintée, soulagée de pouvoir peut-être trouver, dans cet homme si pondéré, un allié inespéré, elle s'ouvrit à lui sans pudeur et sans réserve.

"Monsieur, Sadex est ce qu'il y a de pire dans l'humanité. Il est mon ennemi aussi sûrement que je suis le sien. Je le croyais anéanti. Mais il n'a ressurgi que pour mieux se venger ! Oui, de vous, de ce lieu, il attend la destruction de mon âme, de ma personnalité afin d'atteindre celui qui a juré sa perte... et qui est l'homme que j'aime. Laissez-moi tout vous raconter, je vous en supplie, il faut que vous sachiez..."

Et, reprenant à peine son souffle, sans prendre garde au temps qui s'écoulait, oubliant douleur et fatigue, elle lui conta toute sa folle aventure au pensionnat, sa rencontre avec Vladimir, leur combat et leur quête à travers l'Europe. Et comment elle avait atterri, bien malgré elle, prisonnière et vaincue à la Rose pourpre. Lorsqu'elle se tut enfin, elle était en nage, les tempes brûlantes et douloureuses, la gorge sèche d'avoir tant parlé sans jamais être certaine des réactions de son interlocuteur et, par conséquent en proie à la plus folle inquiétude.

Monsieur se tenait silencieusement appuyé contre le dossier de son fauteuil, les mains croisées devant son visage. Il soupira, laissant enfler le silence. Seule résonnait la respiration oppressée de Sofia. Puis, il se leva pour se diriger vers une des étagères et fit courir son doigt sur la tranche d'un livre. Un petit clic se fit entendre et une ouverture coulissa doucement, dégageant une cache. Il saisit une bouteille de vin ainsi que deux verres et vint les poser sur la table. Posément, il fit couler le breuvage doré dans les récipients de cristal.

"Une sélection de grains nobles d'alsace, un très bon vin, je pense que vous en avez besoin. »

Sortant un paquet de cigarettes de la poche de son costume, il en alluma une qu'il tendit à Sofia avant d'en reprendre une pour lui.

"Bien. A présent il nous faut décider de ce que nous allons faire, dans un premier temps, pour ne pas mettre en danger la vie de Vladimir et ensuite pour mettre fin, à tout jamais, aux agissements de Sadex. Buvez Sofia, cela vous fera du bien."

Assoiffée, elle saisit le verre qu'il lui tendait et en avala une grande gorgée, se reprochant immédiatement sonA0143 avidité. Le vin était capiteux mais les arômes en étaient si raffinés qu'ils auraient exigé une bien meilleure dégustation. Elle prit une nouvelle gorgée, la laissant diffuser tous ses parfums avant de l'avaler et sourit à son hôte. Pour la première fois, elle se détendit vraiment et accepta de tirer sur la cigarette qu'il lui avait offerte et qui se consumait entre ses doigts glacés... La première bouffée lui donna le vertige. La deuxième acheva de la rasséréner. Monsieur marchait dans la pièce, calmement, son verre à la main, semblant réfléchir. Parfois il lui jetait un bref coup d'œil. Elle se sentait à la fois rassurée et vide, comme si elle venait de confier un fardeau trop lourd à porter et qu'elle ne sut plus trop ce qu'elle pouvait faire désormais. Elle était bien incapable de réfléchir. Mais la sensation d'inutilité subite lui pesait et le silence lui devint insupportable. Aussi elle le questionna :

"Ne pourriez-vous Monsieur, demander de l'aide aux autorités ? Vlad m'a laissé un numéro de téléphone en cas d'urgence ..."

Il se tourna vers le combiné posé sur son bureau. Un numéro de secours, était-ce vraiment une bonne idée ? Téléphoner à des gens, qu'ils ne connaissaient absolument pas ? Quels risques courrait Vladimir si cet appel venait à être découvert ? Sa situation était précaire, il se méfiait de Sadex et savait que l'homme n'agissait jamais au hasard, et savait couvrir ses arrières. De plus, lui aussi avait des intérêts à protéger, des intérêts qui lui étaient précieux. Il hésita un instant puis saisit le combiné avant de le lui tendre.

"Faites le 0 pour sortir."

Elle se leva précipitamment, étouffant un petit gémissement de douloureuse surprise, pour se saisir du combiné comme si elle craignait qu'il ne se ravise. C'était si inattendu ! Elle allait enfin pouvoir informer de la situation de Vlad, donner leur dernier lieu de détention, laisser travailler des professionnels, cesser de se tourmenter sans rien savoir de ce qu'il lui arrivait.

Cette dernière pensée suspendit son bel élan d'optimisme. La main crispée sur l'appareil, elle releva les yeux vers Monsieur. Dans ses pupilles luisait l'affolement. D'une voix étranglée, elle le questionna :

"Je vais téléphoner.. Mais avant, dites-moi si Sadex vous a demandé quelques garanties me concernant... je... je suis censée être obéissante afin de préserver Vlad et... recevoir de ses nouvelles régulièrement ... qu'en est-il, dites-moi, je vous en prie !"

Il se réinstalla derrière son bureau, mains croisées devant son visage.

"Sadex m'a demandé de faire de vous une soumise, obéissante et dévouée. Il doit penser que je possède une formule magique sûrement. Sinon tout ce qu'il peut s'attendre à recevoir est le relevé hebdomadaire que chaque tuteur obtient, et pas plus que cela."

Il prit un stylo, en tapota doucement le rebord de son bureau.

"Je pense que Sadex compte utiliser la demi-heure hebdomadaire durant laquelle le tuteur peut communiquer avec sa soumise par l'intermédiaire d'une webcam. C'est d'habitude le moment où le dominant fait le point avec sa soumise, sur ses progrès et les expériences qu'elle fait dans le pensionnat."

Il reposa le stylo, contemplant le dossier désespérément vide de Sofia.

"Il nous faudra mettre au point une stratégie pour les temps à venir. Mais dans un premier temps... passez ce coup de fil, afin que nous sachions où nous en sommes."

Genoux_platre_smallElle aurait voulu le remercier de sa sollicitude mais elle savait que ce n'était pas pour elle qu'il intervenait mais plus certainement pour servir ses propres intérêts, aussi ses mots de remerciement s'évanouirent-ils dans un bref hochement de tête. Et écrasant sa cigarette, elle composa le numéro. Le téléphone lui parut sonner une éternité, une éternité durant laquelle elle se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir dire.

Une série de clics métaliques se fit entendre puis une voix impersonnelle retentit dans le combiné.

"Il n'y a plus d'abonné au numéro que vous avez demandé, veuillez vérifier votre numéro ou vous adresser aux renseignements."

Une autre série de déclics et seule la tonalité se fit encore entendre dans l'écouteur que Sofia serrait désespérément contre son oreille.

Elle laissa retomber le téléphone avec lassitude. Tous ses maigres espoirs s'envolaient. Péniblement, comme pour elle, elle articula :

"Il... il n'y a personne... personne... le numéro... il... il n'est plus valide"

L'envie de pleurer lui serrait la gorge et elle se cramponnait à la table pour ne pas se laisser choir, les yeux perdus dans le vide, humides de larmes difficilement contenues. Elle tremblait sans s'en rendre compte.

La main de Monsieur se posa sur la sienne et serra doucement sa paume tremblante. Elle était glacée.

"Calmez-vous Sofia, rien n'est perdu à cette heure. Je dispose aussi de quelques ressources que je vais m'employer à utiliser pour vous venir en aide. Et venir à mon aide par la même occasion. Cependant il va nous falloir être prudents, extrêmement prudents. Sadex est dangereux et vous le savez. S'il soupçonne une collusion entre nous, il agira avec la plus cruelle détermination. Il nous faut donner le change... Parlons donc de votre position au sein de notre établissement. J'ai cru deviner en vous certaines prédispositions à une forme de soumission poussée lors de vos confidences. Un abandon... que vous offrez à l'homme que vous aimez et qui semble vous combler. Est ce que je me trompe ?“

Elle avait bien du mal à se reprendre et la question lui parut surréaliste. Elle le dévisageait interdite, sans parvenir à comprendre pourquoi il en venait à une question aussi intime. Elle crispa les poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes, inspira profondément et retrouva un peu de calme intérieur. Suffisamment en tout cas pour concevoir la logique de son questionnement.

"Non, Monsieur, sur ce point vous ne vous trompez pas. Cet homme, Vladimir, est tout ce que j'aime, il emplit ma vie et je me sens pleinement, totalement, liée à lui, à sa sensualité qui comble la mienne et bouleverse ce que je suis. Mais je ne pense pas être sa soumise, plutôt sa complice..."

Elle baissa la tête et ses joues rosirent, trahissant un instant de confusion

"Même si... j'ai découvert avec lui des jeux... curieux... un plaisir que je ne soupçonnais pas..."

Il croisa à nouveau ses doigts devant son visage, un tic de concentration dont il avait parfaitement conscience, et Mainsappuya son menton sur ses mains jointes. Il la fixait intensément, les yeux un peu plissés. Il cachait un petit sourire. "Plaisir que je ne soupçonnais pas....." Combien de fois avait-il entendu cette petite phrase, peut être des centaines de fois au cours de sa carrière dans le pensionnat. Il aurait pu lui rétorquer qu'aucun plaisir n'est insoupçonné, non, juste caché, refusé, ou nié. Tout le sens du pensionnat était justement de mettre au jour ces plaisirs, ces aptitudes, cette acceptation de ce qu'elle était. Sofia était une soumise dans l'âme et dans le corps, une de ces soumises qui touchaient à la grâce lorsqu'elles offraient leur corps, comme leur cœur, à un seul et unique seigneur et maître qui sache les recevoir. C'était un domaine où il se trompait rarement.

"Sofia, je pense que nous pourrons travailler cela pendant votre séjour ici. Il faut que Sadex constate une évolution lorsqu'il vous interrogera. Mais je me refuse à ce que cette évolution lui soit dédiée. Ce que vous apprendrez ici servira le plaisir de Vladimir, lors de vos retrouvailles. Sadex pense que je ferai de vous une créature aussi malléable qu'une éponge, mais il se trompe lourdement. Je vais faire de vous la plus parfaite amante qui soit pour Vladimir, l'incarnation de tous ses désirs et tous ses fantasmes. Je tiendrais alors le rôle de votre tuteur en son absence. Dites m'en plus sur vos relations intimes, sur ce qui vous fait vibrer chez lui et ce qui vous fait frémir. Ainsi je saurai vers où aller et comment faire en sorte que ces moments passés ici vous soient le plus profitables possible. Un joli pied de nez à Sadex en somme, tout le contraire de ce qu'il espère. Et je vous le promets, nous sauverons Vladimir."

Il paraissait curieusement s'amuser de la situation. Et si certain de son fait ! Sofia le fixait décontenancée. Ce qu'il lui demandait, ce qu'il exigeait d'elle, avec cette voix si douce, si calme, lui paraissait incongru. Obscène. Elle ne pouvait pas livrer ainsi cette part si intime, surtout à un parfait inconnu. C'était au delà de ses forces. Ses mains s'agitèrent devant elle comme pour repousser sa proposition et debout face à lui elle se sentit encore plus démunie, fragile, godiche, humiliée à l'idée de révéler ce qui appartenait à Vladimir et à lui seulement. Faiblement, elle demanda :

"Puis-je me rasseoir Monsieur... je préfère la douleur de la position assise à l'inconfort d'être debout devant vous pour... pour parler de... de ces choses-là... ce n'est pas ... facile ... pour moi"

C'était même un réel supplice qu'elle était en train d'imposer à sa réserve, Mais c'était pour Vlad. Et pour lui elle aurait donné bien plus qu'une pudeur écornée. C'était pour Vlad et c'était aller vers lui, aussi loin soit-il, et le convoquer tout près d'elle que d'aller chercher en elle toutes les nuances des émotions qu'il avait su faire éclore.

Sans la quitter des yeux, il posa ses deux mains à plat sur le bureau, se redressant contre le dossier de son fauteuil.

"Non pas assise, mais à genoux, les mains posées à plat sur vos cuisses et assise sur vos talons. Vous verrez que dans cette position vos prédispositions seront bien plus vives. La douleur que vous ressentirez à rester ainsi vous apprendra deux choses. La première, que tout est une question de situation. La deuxième, que la douleur que vous percevez est celle que vous vous infligez, que vous êtes vous-même le générateur de ce trouble et que c'est à vous de le contrôler, pour justement, un jour, pouvoir en perdre le contrôle."

Sans réfléchir, Sofia obtempéra et se plaça dans la position qu'il lui imposait. L'appui de ses talons sur ses fesses réveilla de cruels élancements et la douleur, conjuguée à cette pose servile, lui fit perdre le fil de toutes pensées. Elle demeurait tête baissée, le souffle un peu court, silencieuse, ne parvenant plus à débuter l'étrange confession qu'il attendait.

458807Il se releva et fit le tour de son bureau, attrapant une chaise au passage qu'il posa derrière elle. S'asseyant, il se pencha vers elle, une main soulevant sa jupe de pensionnaire l'autre glissant sur le tissu de sa culotte de coton. Il attendit un instant qu'elle apprivoise la douleur et les élancements de sa peau irritée. Puis il fit glisser un peu le tissu de coton pour constater qu'on ne l'avait guère épargnée. Il approcha alors sa bouche contre son oreille.

"Parlez-moi de lui, de ses mains sur vous, de ce que vous ressentez lorsqu'il vous touche."

Sofia avait fermé les yeux et, sa poitrine se soulevant à un rythme soutenu, elle commença à se confier, d'une voix qui était à peine plus qu'un murmure.

"J'aime ses mains... ses grandes mains... si fortes, si douces ... et si terribles..."

Elle frémit et son murmure se fit plus rauque

"Quand il saisit mon corps... il me prend toute... je voudrais... qu'il me saisisse toute... comme une pâte à modeler... qu'il imprime son empreinte en moi... j'aime quand ses mains sont cruellement douces... j'ai l'impression de... de naître entre ses doigts... qu'il peut tout... je ne suis rien et je deviens ... plus vivante... il me donne la douleur comme ... un flambeau ... je ... je me perds ... et je trouve une femme que je ne connaissais pas... qui jouit de se donner au delà de ce qu'elle croyait possible... je... je ne sais ce que je donne ... j'abandonne tout... mais je sais... je sais que je reçois un don... infiniment précieux... une reconnaissance... c'est... bouleversant"

Elle s'arrêta brusquement, émue et perturbée par le flot de réminiscences qui l'assaillait.

"Un don de ce que vous êtes, une offrande qui vous fait précieuse et unique. Cet abandon est le bijou dont se pare la grâce de votre amour."

Disant cela, il fit glisser sa main libre lentement, dans l'entrebâillement de sa veste d'étudiante, guettant ses réactions, le rythme de sa respiration et défit le premier bouton de son chemisier. Elle ne bougeait pas. Sa peau seule palpitait. Les doigts de son autre main caressèrent avec douceur la soie de ses fesses, apaisant la brûlure qu'avaient laissé les passages de la ceinture.

"Ce que vous ressentez, dans ces instants là, est la marque de votre confiance absolue. Vous avez trouvé celui qui sait prendre la fragilité de chacun de vos souffles dans le creux de sa main, une chose qui arrive à si peu de gens, une chose rare et forcément précieuse."

La main s'aventurait dans son décolleté, caressait sa poitrine. Dans un nouvel effleurement, il défit un deuxième bouton du sage chemisier blanc et sa main, englobant un de ses seins, commença à le palper doucement.

"Continuez, fermez les yeux et sentez sa présence, parce qu'il est là, toujours, à chaque instant."

Frémissante, affolée par celui qui la cernait de sa voix et de ses caresses, Sofia respirait par saccades, la bouche entrouverte, stupéfaite de ne sentir aucune révolte en elle, de percevoir si violemment la totale acceptation de son corps, la reddition de son esprit à la suggestion de cet homme. Quel étrange effet hypnotique avait sa voix sur elle ! Elle ressentait à la fois une tension extraordinaire de tout son être et un grand apaisement. Et l'image de Vlad dansait devant ses yeux clos. Oui, elle le sentait là, devant elle, en elle, présent dans ce souffle qui effleurait son cou...

C'était une illusion ! La pensée la traversa comme un coup de fouet et la glaça.

Fragilisée par tous les évènements, elle se laissait griser stupidement par un mirage et se faisait manipuler par un homme dont elle ne savait rien. Elle se raidit sous sa main. Une nausée l'envahit et la douleur brûla à nouveau ses reins marqués. Elle secoua la tête brutalement et haleta dans un chuchotement terrorisé, en tentant de se dégager :

"Non, non... je ne peux pas... vous n'êtes pas... non... vous essayez de me... piéger..."

Il la maintint fermement contre lui, l'empêchant de se relever.

"Non, il n'y a pas de piège mademoiselle Sofia, juste peut-être les dernières tentatives de refus de ce que vous êtes, d'admettre que l'absence le rend plus présent encore, refus ultime de la totalité de ce que vous pouvez lui offrir, en vous offrant ainsi."

Sa main quitta son décolleté et il se releva, continuant à appuyer sur son épaule pour qu'elle reste en place. Il fit le tour de son bureau et s'assit dans son fauteuil. Sofia n'avait pas bougé. Il sourit en reprenant sa place.

"Mais vous ne pouvez pas encore l'accepter. Bien, alors je vous laisse réfléchir à tout cela."

Son doigt pressa sur un des boutons de l'interphone posé devant lui.

"Vania, avez-vous terminé avec Agathe ?"

La voix de Vania, légèrement voilée par le haut-parleur, lui répondit immédiatement.

"Oui Monsieur."

"Parfait. Rejoignez-nous avec Agathe et Nora, faites aussi venir Elise pendant que vous y êtes."

"Oui Monsieur"

Sans plus s'occuper de Sofia, il se remit à tapoter sur le clavier de son ordinateur.

Quelques instants passèrent, durant lesquels ils restèrent tous les deux silencieux.

Sofia avait envie de fermer les boutons de son chemisier mais elle n'osait plus bouger, mains posées sur ses fetish31cuisses, elle attendait sans trop savoir quoi.

Trois coups légers résonnèrent contre la porte du bureau. Il actionna le mécanisme d'ouverture et Vania pénétra dans la pièce suivie de Nora et de ses deux compagnes de chambrées.

La surveillante désigna aux deux jeunes filles la droite de Sofia, et, comprenant ce qu'elles avaient à faire, elles vinrent la rejoindre, se mettant à genoux à ses côtés. Nora restait debout, les mains croisées dans le dos.

L'entrée des arrivantes fut pour Sofia un soulagement imprévu. Elle avait craint de se sentir encore plus mal à l'aise mais, en voyant ses compagnes la rejoindre, dans la même position, sans se préoccuper de sa tenue, elle n'eut plus cette impression pesante d'être un objet unique et un peu encombrant... encombrée d'elle-même et de ses contradictions surtout ! Et puis son attention fut vite retenue par Nora, sa tortionnaire, dont elle pouvait sentir le malaise. Peu lui importa alors d'être dans une position douloureuse. Elle sortait d'elle-même et de ses désordres pour devenir spectatrice, une humble spectatrice mais toute prête à jouir de la scène qui se préparait devant ses yeux. Et le silence qui régnait dans la pièce semblait préparer les trois coups ...

Monsieur finit par lever les yeux vers Nora, la détaillant sans rien dire pendant un long moment puis son regard retomba sur les trois pensionnaires sagement agenouillées, les mains sur les cuisses.

"Déshabillez-vous Nora et mettez-vous à genoux."

La rousse frémit, les yeux écarquillés. Elle s'attendait bien sur à une réprimande, mais pas à ceci, pas une telle punition. Cependant elle mordit sa lèvre et, sans rien dire, entreprit de se déshabiller, pliant ses affaires avec soin et les posant sur le dossier du siège devant elle. Une fois nue, elle s'agenouilla et posa ses mains sur ses cuisses, tête baissée.

Monsieur ouvrait un autre dossier sur la table. Il saisit un stylo et l'annota. Durant tout le temps du déshabillage méticuleux de Nora, Vania lui avait parlé à l'oreille, lui narrant sans doute le résultat de son enquête. Levant son stylo, il fixa le groupe de longues secondes avant de prendre la parole :

fetish10"Nora, vous avez dérogé à nos règles fondamentales : pas de punition sans faute, jamais aucun acte dicté par la colère ou la frustration. Vous vous êtes montrée indigne de votre charge. Je pense que vous n'êtes pas encore prête à assumer les fonctions qui sont les vôtres. Vous, ainsi que votre collègue Sarah, passez donc du rang de surveillante à celui de personnel courant. Vous ne disposerez donc plus de la moindre autorité sur les pensionnaires, ni des privilèges incombant à cette charge. Vous perdez aussi l'usage de votre chambre individuelle pour rejoindre le dortoir commun. De plus, j'assortis cette punition d'une peine d'isolement de trois jours en cellule."

Nora recevait sa dégradation sans broncher. A peine son visage laiteux de rousse se couvrait-il d'un rougeur diffuse mais elle encaissait, mieux encore, elle acceptait et avec une facilité si naturelle que Sofia en était presque admirative. Elle s'imaginait à sa place, tentant une défense, elle s'imaginait... et se rendit à l'évidence. Non, elle non plus n'aurait pas bougé, pas sous cette voix là, qui ne s'élevait pas, qui demeurait si pondérée et si pleine de belles harmoniques.

Elle aussi aurait accepté. Avec la même servilité. Cette pensée l'effraya. Quel pouvoir détenait cet homme qui faisait qu'il anéantissait toute révolte, qu'il polissait, par le miracle de sa voix, toute aspérité dans les comportements ? Elle avait failli céder. Pire, elle avait envie de céder, de croire en la justesse de cette voix, de sa vision, de cette voie qu'il lui proposait... puisque juste était sa sentence. Et sans colère. Ce n'était pas de l'autorité, pas telle qu'elle en était coutumière... c'était autre chose. Quelque chose de bien plus déstabilisant, plus pernicieux.

Il finit d'annoter lentement le dossier devant lui puis se tourna vers les trois pensionnaires à genoux.

" Quant à vous trois mesdemoiselles, vous n'êtes pas non plus sans reproche. Vous avez confondu être soumise et n'être qu'une serpillière. Il y a des circonstances où la révolte n'est pas un mal, où l'impertinence est salutaire. Votre geste d'insoumission vous honore Sofia, mais vous avez cédé devant la force brute de Nora. Vous passerez toutes trois votre première nuit au pensionnat dans des cellules d'isolement. Cela vous permettra de réfléchir à vos conditions et de tenter de comprendre pourquoi vous vous êtes aussi facilement pliées aux caprices de Nora. Lorsque vous comprendrez les mécanismes qui ont joué dans votre attitude, vous serez à même de vous en servir, mais, cette fois, à bon escient."

Il referma le dossier posé devant lui. Un claquement sourd.

"Vania, vous pouvez disposer des pensionnaires. Je les verrai individuellement demain afin de faire le point avecfetish4 elles."

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