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Les Ecrits Pourpres
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11 octobre 2005

Sabbat

sorcieres

Le sous bois avait cette épaisseur touffue que peuvent atteindre les forêts de pins. L'été ne parvenait pas assécher les bois qui recouvraient les contreforts jurassiens ; ils restaient verdoyants et chargés de fraîcheur même en ce mois d'août. Mois des vacances estivales, mois des folies et d'ennui pour les trois pensionnaires de la colonie de St-Valiant. Elles avançaient péniblement entre les branches basses, essayant de se frayer un chemin dans les bois épais. Trois pensionnaires de l'institution, jeunes filles en goguettes qui tentaient de tromper l'ennui lourd de l'isolement où les plongeait le triste centre de vacance perché loin de tout. Centre de vacances, doux mot pour ceux que beaucoup des pensionnaires considéraient comme une prison. D'une certaine façon ça l'était ; les familles qui envoyaient leurs filles en ces lieux étaient souvent à bout de ressource et s'offraient ainsi un ou deux mois de repos, tandis que leurs adolescentes rebelles ou caractérielles goûtaient un peu de la discipline des pères de la mission.

Elles avançaient donc péniblement, trio indiscipliné qui s'était faufilé à la pleine lune hors de leur chambre pour aller chercher un peu de frisson. Lena, la blonde, longs cheveux fins et regard bleu de porcelaine semblait la moins motivée des trois. Elle se tourna vers ses brunes compagnes, s. et Carmen, qui marchaient de concert.

"Vous êtes sûres que cette idée de messe noire est vraiment une bonne idée ?"

Carmen, qui s'était imposée depuis le début de leur amitié comme la meneuse du groupe, lui rétorqua d'une voix, assurée et provocante, que la marche forcée dans les sous-bois n'avait en rien diminuée :

"Tu aurais sans doute préférée une nouvelle soirée de veillée au camp à chanter des cantiques avec coucher imposé à 21h30 ? Bon sang, pour une fois qu'on a l'occasion de faire autre chose, tu vas pas jouer les rabat-joie ?! C'est drôle non, d'aller tenter le Diable ?"

Et elle éclata de son grand rire, si enthousiaste qu'il se communiqua à s., pourtant bien plus fatiguée qu'elle ne l'aurait voulu, et qui, secouant, les mèches trempées de sueurs qui lui barraient le front, rajouta :

" Allez quoi Léna », fit-elle, en riant, « ce n'est qu'un jeu ! On peut bien galérer un peu pour la trouver cette fameuse clairière aux fées dont on nous a parlé au village ! Ce soir on se fait un petit délire style soeur Hallywell et demain on trouve le grand amour ! C'est pas une bonne idée ça ?" 

Lena ne paraissait pas le moins du monde convaincue, mais elle n'en continuait pas moins à suivre les deux filles. Elle garda ses réflexions pour elle, tout ce qu'elle savait c'était ce que sa grand-mère lui répétait souvent :

"Il ne faut pas jouer avec le diable, à trop lui tirer la queue on finit par attirer son attention."

Si seulement elles n'avaient pas été se promener au village, pour voir cette fameuse statue de St-Antoine avec l'abbé, elles n'auraient pas rencontré ces vieilles grenouilles de bénitier, avec leurs histoires à dormir debout de rituels des soirs de pleines lunes qui étaient censés amener des maris aux femmes qui le pratiquaient dans la  clairière du bouc. Bien sûr, toutes les occasions étaient bonnes pour faire les imbéciles et les voilà embarquées, alors que minuit approchait, dans une improbable virée au fond des bois. Elles débouchèrent enfin dans la clairière, un espace circulaire au milieu duquel trônait une grande pierre, la fameuse clairière du bouc. La pierre plate luisait doucement sous la lune. Lena aimait de moins en moins cette idée, vraiment de moins en moins.

s. riait et jouait les affranchis. Mais, au fond, elle n'en menait pas large. Cette idée de messe noire avait germé dans le cerveau torturé de leur amie et ce n'était pas l'idée la plus amusante qu'elle ait eu. Mais c'était l'occasion de transgresser les règles du camp, d'échapper à la discipline trop stricte, de passer une nuit dehors ! Et pour ça, s. était capable de jouer le jeu et de faire même mine de s'intéresser au stupide grimoire que Carmen avait déniché dieu sait où et qu'elle ne cessait de feuilleter. Chaque fois que leur amie s'enthousiasmait pour une page, couverte de symboles étranges, et la leur montrait, elle ne pouvait réprimer un frisson d'appréhension. Et pourtant, elle regardait la page parcheminée, un sourire figé sur les lèvres. La vue de la clairière la plongea dans une sorte de stupeur. Elle ressemblait à s'y méprendre à l'une des gravures entraperçue dans le grimoire que tenait Carmen. D'ailleurs celle-ci le feuilletait avec une jubilation visible, même dans la pénombre, et elle s'écria en l'ouvrant et en le tendant vers elles.

"Regardez les filles ! C'est là, c'est bien là, à n'en pas douter !"

Les yeux brillants d'excitation et d'une étrange fièvre, les cheveux emmêlés, Carmen avait quelque chose de sauvage et de déterminée qui fit tressaillir s. Elle ne put s'empêcher de penser, qu'en cet instant, leur amie ressemblait à une sorcière prête pour un sabbat. s. laissait courir ses yeux de la gravure à la clairière baignée par les rayons de lune et ne parvenait pas à décrocher les mâchoires. Elle regarda Léna, qui faisait aussi pâle figure qu'elle.

Carmen serrait fébrilement le grimoire dans ses mains, allant de la gravure à la roche, son regard brillant de convoitise et d'envie. Cela faisait des années qu'elle avait hérité de ce grimoire qui se transmettait dans sa famille de femmes en femmes, depuis des générations. C'était là l'héritage d'une longue lignée de rebouteuses et de sorcières.

"Ce soir, les filles nous serons comme les sœurs Halliwell. Ce lieu est un endroit magique et ce grimoire nous donne la voie à suivre pour recevoir un pouvoir et une gloire sans précédant. Allez, on va bien s'amuser ! Je suis sûre que vous avez toujours rêvé de devenir aussi mignonnes que Phoebe ou Pru ? Ce soir c'est notre Sabbat à nous."

Elle leur disait cela avec son sourire le plus enjôleur. Lena secoua la tête résignée. Quand Carmen avait quelque chose en tête, impossible de la dissuader. 

s. trouvait que Carmen y allait tout de même un peu fort. Il manquait à sa voix, à ses gestes, à ses paroles ce petitmakabre quelque chose d'insouciant et léger qui aurait dû leur permettre de se sentir vraiment dans une sorte de jeu de rôles. Non, ce qu'elle percevait dans leur compagne était de l'ordre de la fébrilité, de la tension, une irrépressible envie… que son sourire charmeur ne parvenait pas à  masquer. Elle se planta devant Carmen et la fixant droit dans les yeux, lui attrapa les poignets. "Carmen, on est bien d'accord ? Tout ceci n'est qu'un jeu n'est-ce pas ? Tu ne crois pas plus que nous à toutes ces balivernes ? On est bien là pour s'amuser ?" Une drôle de flamme dansait dans les pupilles de son amie, qui soutenait son regard sans ciller, une flamme qui n'apaisait en rien  ses craintes.

Carmen plongea ses yeux noirs dans ceux de s.

"Bien sûr, ce n'est qu'un jeu ! Mais si on n’arrête pas de répéter que ce n'est qu'un jeu, on n’aura jamais peur et ce sera mortellement ennuyeux !  Allez, viens si tu me lâches pas cette bécasse de Lena va retourner se coucher vite fait."

Elles ne devaient pas partir à présent, pas maintenant ! Elle touchait au but, enfin, et elle n'allait pas tout gâcher parce que ces deux idiotes avaient soudain peur. Elle tira la bouteille de Vodka de son sac et la tendit à s.

"Allez les filles c'est la fête ce soir, on va enfin pouvoir s'amuser un peu."

Elle tira une deuxième bouteille de son grand sac et but une gorgée avant de la tendre à Lena.

"Vous voyez les filles, j'ai des provisions, on va boire et rire et après on fera une petite prière a Lucifer pour qu'il file une bonne diarrhée au père Lucien, avant de rentrer nous coucher." Et elle éclata de rire en trinquant.

Quelle folle ! pensa s. en se saisissant de la bouteille. Mais quelle adorable folle ! Elle avait tout prévu pour que la soirée soit festive ! Décidément Carmen était vraiment surprenante ! Elle s'était mise à chanter et à rire autour d'elles, tout en buvant au goulot et s. et Léna, en s'esclaffant, se faisaient passer la bouteille de vodka et finirent par se lever en titubant pour aller la rejoindre dans sa ronde grotesque et rire avec elle. L'alcool avait fait s'envoler leurs craintes. Elles s’amusaient vraiment, riant sans vergogne, s'interpellant entre les rayons de lune pour se lancer les bouteilles qui se vidaient rapidement et de temps en temps s'échangeaient en riant les mauvais sorts qu'elles se promettaient de lancer contre le tyran de Père Lucien et qui tournaient tous autour d'images scatologiques. Elles étaient comme des enfants turbulents... et passablement ivres, irrespectueuses et échauffées par l'alcool. Leurs vêtements jonchaient le sol. Elles dansaient, se roulaient par terre en riant, transpirantes et essoufflées, leurs petits tee-shirt collant à leurs peaux. s. grimpa sur la stèle de pierre qui luisait sous la lune et debout la tête lever vers l'astre se mit à chanter une vieille complainte espagnole en dansant un flamenco de pacotille.

Carmen s'immobilisa soudain, jetant un rapide coup d'oeil à sa montre. Minuit moins cinq, le moment approchait. Elle s'avança vers les deux filles, ramassant le grimoire au passage.

"Bon les filles, il est temps de passer aux choses sérieuses. Il va être minuit. Nous allons filer à ce bon prêtre la leçon de sa vie. Mettons nous en place pour la cérémonie. »

Elle tira plusieurs bougies de son sac qu'elle disposa sur la grande pierre plate formant un pentacle. Elle se recula pour en juger l'effet.

"Le livre dit que la cérémonie doit s'accomplir de façon très précise. Il faut qu'on enlève nos vêtements."

Elle déposa le livre au sol avant de faire glisser son jeans,  révélant ses cuisses fines et bronzées. Son tee-shirt rejoignit rapidement son pantalon. Elle dégrafa son soutien gorge révélant ses seins lourds aux auréoles brunes turgescentes. Lena ne bougeait plus. Mécaniquement, elle avait porté ses mains sur les boutons de son jeans mais elle s'était immobilisée, scrutant d'un air interrogateur s.

012s. regardait le corps ambré de Carmen comme hypnotisée. Comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Pourtant, elles en avaient partagé des douches joyeuses au camp. Des grands moments à s'éclabousser et à s'émouvoir de leurs ressemblances. Mais là, dans la lumière argentée de la lune, ce corps lui paraissait soudain étranger et sublime, magnétique. Sans la quitter des yeux, elle fit tomber les quelques vêtements qui la couvraient encore, puis tourna son regard vers Léna qui ne semblait pas se décider. Elle s'en rapprocha et l'embrassa sur la joue d'un baiser sonore, en lui chuchotant à l'oreille

"Allons, fillette, la nuit est trop douce pour que les trois soeurs magiciennes restent vêtues. Ôte-moi tout ça" et mêlant le geste à la parole, elle tira sur le tee-shirt de Léna en riant, la forçant à lever les bras. Elle riait et son rire sonnait bizarrement dans la nuit. Sa tête tournait et elle avait du mal à fixer son attention sur Carmen qui avait étendu les bras vers la stèle et semblait psalmodier des phrases incompréhensibles. Léna était en train de quitter ses vêtements. La voix assourdie de Carmen lui parvenait comme dans un vertige. Un vertige qui saisissait tout son corps.

Lena se dévêtait. Une brume envahissait tout son être, la rendant molle et amorphe. Elle ressentait le besoin d'être nue, d'offrir son corps à la nuit, et se sentait à la fois affolée et excitée par ce qu'elle ressentait. Les mains de s. qui l'avaient effleurées et son baiser avaient allumé un feu brûlant en elle. Elles rejoignirent Carmen près de l'autel, attendant les instructions de celle qui s'était désignée d'elle-même grande prêtresse officiant dans le rituel qui commençait. Carmen avait les yeux fixes, légèrement dans le vague, elle ressentait le pouvoir qui habitait ce lieu, qui remplissait l'endroit et dont la présence devenait plus évidente à chaque instant. Elle se tourna vers ses deux compagnes et leur tendit la main.

"Montons sur la pierre de pouvoir et commençons le rituel."

Elle escalada la pierre, tendant la main à Lena et s. pour qu'elles la rejoignent. Elles se tenaient à genoux, en cercle sur la pierre froide, le grimoire posé au milieu d'elles. Carmen commença à psalmodier.

"Fils des ténèbres, entends ma voix, entends notre appel, le cri de nos corps, le cri de notre désir. Vois l'offrande de nos corps, de notre âme. Prends notre don, reçois notre cadeau."

Et se tournant vers Lena, elle s'empara de sa bouche en un baiser gourmand que la jeune fille ne refusa pas. Elle ne comprenait plus ce qui lui arrivait. Tout ce qui comptait c'était que la bouche de Carmen était douce et chaude et qu'elle la désirait. La main de Carmen caressa la joue de s. et, prenant sa nuque, attira sa tête vers leurs bouches unies.

mysticas. frémit de tout son corps, en unissant ses lèvres à celles de ses compagnes et il lui semblait entendre les arbres et les mousses de la forêt frémir avec elle. Un long frisson d'impatience qui courait sur la clairière. La sensation fut si forte qu'elle se dégagea de l'étreinte de Carmen. Sa tête tournait toujours et elle avait du mal à penser. Elle sentait que Carmen refermait sa main sur sa nuque pour l'inviter fermement à les rejoindre ä nouveau. Elle vit Léna, les paupières closes, abandonnée comme une poupée aux volontés de Carmen. Elle lutta contre la poigne de son amie. Son amie ? Non, Carmen en cet instant n'avait plus rien de l'amie rebelle et joueuse, un peu trop fantasque, qu'elle connaissait. La jeune femme qui tenait sa nuque dans une poigne glacée était une inconnue, une inconnue effrayante.

"Arrête Carmen. Arrête. Lâche-moi! Gronda-t-elle entre ses dents en s'ébrouant. 

Carmen se redressa, ne relâchant pas sa prise sur la nuque de s.

"Personne n'interrompt le rituel. Personne n'interrompt ce qui doit être fait en ces lieux, en cette heure."

D'un geste vif, elle empoigna une des pierres posées sur l'autel et l'abattit sur le front de s. Celle-ci sombra dans une brume rougeâtre, perdant pied, et se laissa aller dans un gouffre de ténèbres qui l'absorba toute entière. Ce furent les élancements de son crâne douloureux qui la tirèrent de son sommeil. Elle sentait son crâne résonner comme un tambour au pas de charge. La douleur la vrillait mais elle se força à ouvrir les yeux, tentant de ramener ses mains sur son front pour constater l'étendue du désastre et se rendant compte qu'elle ne le pouvait pas. Ses poignets ainsi que ses chevilles étaient solidement entravées sur l'autel et la forçaient à une immobilité totale. Elle tourna un peu la tête pour constater que Lena était allongée à ses côtés, tout aussi entravée qu'elle, les yeux légèrement dans le vague. Elle l’appela mais son amie ne répondait pas. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle entendit la voix de Carmen, à quelques mètres d'elle, qui récitait d’étranges incantations d'une voix rauque.

Carmen psalmodiait sans relâche, dans une langue étrange et le son de sa voix, envoûtante et profonde, glaça s. Elle releva cependant la tête et se força à interpeller celle qui avait été son amie et qu'elle avait bien du mal à reconnaître.

"Carmen ! Carmen. Arrête ça, je t'en prie ! Ce n'est pas drôle !"

Sa propre voix lui fit peur. Elle était rauque, étranglée et l'effort qu'elle faisait pour parler ne faisait qu'augmenter encore son mal de tête. Elle tint bon pourtant, tirant encore davantage sur ses entraves et cria de plus belle "CARMEN ! Arrête!" Mais Carmen semblait ne pas l'entendre et ignorait complètement ses cris désespérés. s. s'effondra sur la pierre glacée, à bout de souffle, terrassée par la migraine, horrifiée et rageant de l'indifférence de la jeune femme. Elle ferma les yeux et tenta de recouvrer un peu de calme. Lentement, elle tourna à nouveau la tête vers Léna, entravée à ses côtés. Celle-ci n'avait pas bougé. Elle semblait complètement absente, les yeux vides de toute expression, fixés sur un point lointain. Elle ne bougeait pas. A peine si sa poitrine se soulevait sur un souffle infime. s. eut peur pour elle. Que lui avait donc fait Carmen. Et que voulait-elle ?

Carmen s'approcha de l'autel, posant le grimoire entre les deux corps étendus. Ses yeux brillaient de lueurs démentes. Elle les fixa un long moment. Ses mains se posèrent sur les chevilles entravées, remontant le long des mollets des deux filles, les caressants du bout des doigts dans un même élan. Elle ânonnait des mots sans sens et sans suite, impressionnant mélange de latin de grec et de mots étranges qui ne ressemblaient à rien de connu. Elle laissait monter ses doigts doucement sur la peau frémissante de ses deux amies. Lentement, elle les effleurait, les caressait, atteignant les cuisses et continuant son chemin. Ses mains se firent plus ferme lorsqu'elles atteignirent les cuisses, malaxant la chair, enfonçant ses doigts dans la peau fine et les zébrant de rayures rougeoyantes. La brume qui flottait dans la clairière semblait s'épaissir d'instant en instant, et la forêt s'était soudain faite silencieuse. Plus un bruissement, plus un son ne sortait du sous-bois. Les doigts de Carmen atteignaient les intimités écartelées, lorsque soudain, la brume parut se compacter, devenir solide et une forme apparue, dans le brouillard, se matérialisant tandis que les doigts fins commençaient à agacer les deux clitoris qui s'offraient à elle. La forme émergea des brumes, une créature de légende, un être pareil à ceux des cauchemars d'autres temps, une forme humaine faisant plus de deux mètres. Il fit un pas en avant et le sol vibra sous ses sabots. Sa lourde musculature, recouverte d'un pelage rouge comme le sang, apparut à la clarté lunaire, ses muscles puissants semblaient rouler sous sa peau écarlate. Il balança doucement sa tête de gauche à droite, les naseaux frémissants. La tête de bouc, surmontée de deux puissantes cornes noires, se pencha un peu de côté, fixant les trois filles devant lui. Carmen souriait, d'un air béat, sans se retourner, tandis que la bête approchait d'elle.

"Oui Maître, vous voilà, enfin."

s., qui se débattait dans ses liens, à se blesser pour échapper aux caresse de Carmen, se figea devant l'apparitionmm5_lord monstrueuse. Elle ouvrit la bouche pour crier mais aucun cri ne franchit ses lèvres. Elle demeurait là, les yeux exorbités par l'effroi, bouche ouverte, son cri pétrifié brûlant sa gorge, glaçant son coeur, fixant la créature qui avançait sans oser respirer. Ce n'était pas possible ! Elle devait faire un cauchemar ! Elle allait s'éveiller ! Il n'y avait que dans ses rêves, dans ses nuits les plus tourmentées qu'elle avait croisé pareille apparition. Il ne pouvait être. Elle avait l'impression de perdre la raison, en voyant ses pires terreurs prendre corps devant elle. Et elle ne pouvait pourtant détacher ses yeux de la présence infecte qui jetait son ombre démoniaque sur la stèle où elle était immobilisée.

La voix sourde et menaçante semblait sortir du poitrail de la créature bien plus que de son mufle.

"Me voila prêtresse, je suis venu pour prendre le sacrifice que tu m'offres."

La bête s'approcha de Carmen se positionnant derrière elle.

"Prépares-les pour qu'elles me reçoivent comme il se doit. »

Sans rien dire Carmen se glissa sur la pierre, tendant sa croupe à la créature qui flatta le fessier qui se tendait vers elle de sa main massive, tandis que la bouche de la jeune fille se posait sur le sexe de s. Dardant une langue habile, elle commença à faire le tour des lèvres les plus intimes de son amie et cherchant le clitoris le débusqua pour l'agacer du bout des dents, le mordillant doucement. La créature avait écarté les fesses de Carmen et caressait du bout de ses griffes l'intimité de la jeune fille, qui étouffait ses gémissements contre le sexe de son amie, son autre main ne cessant de caresser Lena, lui arrachant des cris de plaisir.

s. luttait toujours pour échapper à la bouche de Carmen, grognant et feulant, écartelée entre les liens, écartelée entre horreur et trouble des chairs. Elle sentait, sous la langue qui pénétrait son intimité, qui venait cueillir son petit bouton gorgé de sève, naître en elle un plaisir insensé, un frémissement vertigineux jamais expérimenté. Elle sentait ses sens sollicités prendre le dessus. Elle s'arque bouta, tirant sur ses liens plus fort encore, relevant la tête

"Nooooon" rugit-elle, malgré son trouble, malgré sa peur, "Non, je ne veux pas"

Et elle se débattit, s'arrachant des larmes de douleurs à tant tirer sur ses entraves mais ne cédant pas à l'immobilité forcée

"Je te déteste Carmen. Arrête. Arrête"

Sa voix s'élevait, stridente dans la nuit silencieuse. Et Léna, à ses côtés, n'était que soupirs sans volonté, ce qui décuplait sa rage et sa combativité. 

lookingLa créature la fixa et éclata d'un rire guttural. Écartant les fesses offertes de Carmen, elle plongea un membre turgescent, d'une taille imposante, dans l'intimité de la jeune fille qui cria sous l'assaut brutal. Les deux mains puissantes vinrent ceinturer la taille fine de Carmen et la bête commença de rapides va et vient dans le corps qui se tendait vers lui. La jeune fille n'en cessait pas moins ses caresses sur le corps de s. qui se tordait, fouillant de sa langue l'intimité de celle qui était encore, quelques heures plus tôt, son amie. Elle releva un visage traversé par des ondes de plaisir vers s., humide de ses sécrétions.

"C'est boooonnnnn s, c'est si boooooonnnnn !!!"

Avant de replonger sur le clitoris, le lapant, l'aspirant entre ses dents. La bête s'arracha à Carmen et se déplaçant prit place entre les cuisses de Léna, pointant son membre imposant vers l'intimité de la jeune fille blonde qu'il pénétra, recouvrant son corps de sa puissante virilité. Léna cria lorsque le membre perfora son corps, s'insinuant en elle, mais rapidement ses cris devinrent des gémissements, tandis que la bête allait et venait en elle. La créature rompit les liens de la jeune fille blonde qui jeta ses bras autour du cou de la bête, enfouissant son visage dans le pelage qui couvrait le cou de la créature, l'enserrant de ses longues cuisses dorées pour le tirer encore plus vers elle, en elle. La bête s'arracha pourtant au corps tremblant de la jeune fille et, attrapant les cheveux de Lena et Carmen, attira leurs têtes vers son membre. Les deux bouches ne se firent pas prier et entreprirent de couvrir le membre turgescent de caresses, l'enserrant dans leurs mains, caressant la hampe, la léchant, l'aspirant à tour de rôle.

"Tu vois s." gronda la bête, "Elles aiment ce que je leur fais, comme tu aimeras d'ici peu."

"JAMAIS " cria s. en se contractant dans ses liens

"Jamais, maudite bête ! Carmen t'es toute dévouée et Léna, oh ma pauvre Léna, je ne sais ce que cette garce lui a fait !!! Mais moi, tu ne m’auras pas ! Je te connais ! Et tu me connais aussi si tu es celui que tu prétends être ! La barrière des songes est bien trop mince pour que tu ne le saches pas ! Je ne te crains pas ! Et ..."

s. éclata d'un rire dément,

"Cette pauvre Carmen s'est trompée sur un point, oh un infime détail : je ne suis pas vierge votre seigneurie !"

Lui cracha-t-elle avec mépris, ignorant les souffrances de son corps et les élancements du plaisir nés de la bouche de Carmen. 

Le mufle de la bête se leva vers les étoiles et il éclata d'un rire caverneux et tonitruant.

"Tu n'es par vierge, et alors ? Peu m'importe le fatras des croyances et des superstitions que vous continuez àwall1 promener tout le long de vos misérables existences. Quelle importance pour moi que tu sois vierge ou non ? Je t'ai choisie bien avant que tu naisses, bien avant que tes parents ne viennent sur ce monde planter la graine qui te donna le jour. Tu es à moi s., comme les étoiles sont au ciel. Peu m'importe ce que tu es, tout ce que tu es est à moi."

La créature s'arracha à l'étreinte de Léna et prenant Carmen par la nuque, il les colla l'une contre l'autre.

"Amusez-vous mes douces, tandis que je m'occupe de votre amie."

Immédiatement, les deux jeunes filles se précipitèrent l'une sur l'autre, s'enlaçant fougueusement." Le démon se tourna vers s., son regard brillait, reflétant les lueurs de la lune.

"Alors s, à nous deux à présent. » Ses griffes se posèrent sur le sein de la jeune fille. le saisissant, griffant légèrement la peau fine.

"Dis-moi s., enfant des hommes, dis-moi quelle image de la bête te convient le mieux ?"

Sous ses yeux, la créature se métamorphosait ostensiblement, elle semblait devenir plus petite, les cornes imposantes s'estompaient dans la brume. Sa peau changeait s'éclaircissait, de monstre rougeoyant et écarlate, il prit l'apparence d'un homme, les muscles fins, un visage parfait d'ange où brillaient deux yeux noirs profonds et intenses. Dans son dos se dépliaient deux ailes noires comme la nuit qui les recouvraient tous deux, tandis que les mains, devenues soudain douces, caressaient lascivement le corps de s. allongée sous lui. Ses lèvres fines, saisissant la pointe de son sein, le mordillèrent doucement.

"Alors, fille des hommes, cette apparence te convient-elle ? Aimes-tu l'image originelle du prince des anges ?"

Décontenancée par les paroles de la créature, s. s'était figée, interdite, assez longtemps pour voir la métamorphose se réaliser. Et l'être, qui se tenait maintenant tout contre elle, était une vision qui la bouleversait complètement, une vision qui ressemblait à un souvenir très ancien, enfoui au plus profond d'elle même, une vision qui semblait cristalliser ses désirs les plus fous, les plus secrets et les plus terrifiants. Elle secoua la tête, comme pour échapper à cette vision, l'effacer, et se mit à ruer dans ses liens, tournant la tête d'un côté puis de l'autre dans un geste de négation désespéré

"Rien !" Gronda-t-elle dans un murmure rauque

"Rien, je ne veux rien de toi ! Je ne te vois pas ! Tu n'existes pas ! Tu n'es rien ! Tu n'es rien !"

Et elle se démenait de plus belle, poignets et chevilles entamés par les liens qui mordaient ses chairs sans qu'elle n'en fasse plus cas.

"Rien oui, je ne suis rien, rien de plus que la somme de vos peurs, je suis la voix dans la nuit, je suis l'ombre et votre lumière pourtant. Non je n'existe pas autrement que dans vos imaginations, dans vos désirs et vos attentes. Je suis une ombre et si je suis là c'est que tu me parles et si je te touche c'est que tu le désires ainsi."

La main du démon se posa sur l'intimité de s., écartant les lèvres douces, caressant l'intimité ruisselante de s.

"Et tu me désires car je te désire et tu me veux car je te veux."

Doucement, les doigts de la créature sur elle s'introduisirent dans son intimité. La bouche du démon se posa sur le coudarknessrvmainpic de s et ses dents fines mordillèrent doucement la peau du cou qui frémissait au contact de son corps.

"Nooooooooon"

Feula s. plus qu'elle ne cria ... et son corps, mû par la seule volonté d'un ardent désir, se tendit, se cambrant pour aller à la rencontre du corps du démon. Il lui semblait qu'un tambour résonnait dans les sous-bois. Ou bien était-ce son coeur, son coeur qui cognait ainsi dans la nuit, les martèlements sourds de l'appel primitif de la chair. Haletante, elle parvint à hoqueter

"Je sais... je sais ce que je voudrais .... C’est entendre ton coeur. Entendre ton coeur comme j'entend ton souffle"

Elle lutta pour se dégager de son étreinte et plongea ses yeux dans les deux lacs sombres et infinis du démon. Elle eut l'impression de se noyer et perdit le souffle un instant mais elle reprit

"Es-tu seulement capable d'avoir un coeur la bête ?" 

Il se recula, plongeant ses yeux noirs dans ceux de s.

murmur1"Qui vous a donné un coeur ? Que seraient tous vos cris d'amour, que seraient tous vos serments si vous ne saviez pas qu'ils sont friables et fragiles, qui vous a permis d'apprécier le beau en vous laissant le choix du laid ? Qui vous a donné la connaissance du bien, du mal et la possibilité de faire votre choix ? Tu me demandes si j'ai un cœur ? J'ai un coeur le premier de la création, le premier à s'émouvoir des moutons posés sur cette terre. Je suis le premier coeur, imparfait et brûlant, mais le premier coeur est en moi ! C’est le cadeau que je vous ai fait. Car vous êtes mes enfants plus que les siens."

Elle sentit le corps brûlant s'approcher du sien, la virilité du démon se frottait à sa cuisse cherchant le chemin de son intimité.

"Je vous ai donné le choix, et je ne suis jamais revenu sur ma parole, la possibilité de faire vos choix."

Il eut un petit geste de la main et les liens de s se défirent immédiatement retombant au sol.

"Ce choix, je te le laisse."

s. ne bougeait pas. Les yeux plongés dans ceux du démon, la poitrine soulevée par un souffle saccadée, à peine avait-elle esquissée un geste infime pour ramener ses bras douloureux vers son corps. Mais elle demeurait sur la stèle, jambes écartelées, dos cambré, visage tendu vers la créature dans une interrogation muette. Elle demeura ainsi un long moment. Ni lui, ni elle ne bougeait.  Il se faisait face sans se lâcher du regard, leurs corps comme liés l'un à l'autre par un faisceau d'énergie quasi palpable. Enfin, elle secoua doucement la tête

" Le choix ? Oh votre grandeur, quelle magnanimité !!! Quel choix au juste me laisses-tu en cet instant, piégée dans cette forêt, Carmen perdue dans son monde étrange et mon amie absente à elle-même ? Dis-moi, quelle sorte de choix est-ce là ? Tu défais mes liens mais les liens invisibles que tu t'es efforcé à forger qui les défera ?"

Son corps, tendu, se relâcha d'un coup. Elle se sentait épuisée et elle se mit à grelotter.

Le démon lui sourit.

"Soit, tu veux te sentir libre ? Tes désirs sont mes ordres s."

Soudain la clairière se mit à tournoyer autour d'eux et se dissoudre dans une brume verdâtre, comme emportée par une tornade. Elle ferma les yeux, saisie d'un intense vertige. La pierre lui parut soudain molle et confortable comme un nid d'oiseau. Elle ne sentait plus le corps du démon sur le sien. Elle ouvrit les yeux, clignant plusieurs fois des paupières pour se faire à la luminosité qui avait complètement changé. Elle était dans la chambre qu'elle partageait avec Carmen et Léna. Celles-ci étaient allongées dans leurs lits et dormaient profondément. A la fenêtre, la lune brillait, disque luisant suspendu dans le ciel. Des pas dans le couloir. Quelqu'un s'approchait de la chambre.

Elle ne parvenait pas à comprendre, se demandant tour à tour si elle avait rêvé tout ceci, si elle avait fait une crise de somnambulisme qui l'avait conduite à la fenêtre, si « Il » avait juste réussi à les ramener.... si... si... Sa tête tournait et son coeur battait trop vite. Comme quelqu'un que l'on a éveillé brusquement. Et elle sentait en elle un vide immense. La sensation d'une perte incommensurable. Elle se rendit compte qu'elle se cramponnait à la fenêtre et que ses doigts griffaient le bois du chambranle, ses phalanges blanchies par l'effort. Les pas se rapprochaient. Titubant, elle se dirigea vers son lit et s'y laissa tomber, tirant son drap sur elle dans un dernier effort. Elle ferma les yeux. Son coeur cognait dans ses tempes et son corps était comme vidé de sa substance. Quelle étrange nuit ! Elle ne parvenait pas à y voir clair dans les pensées qui l'assaillaient. Les pas s'étaient arrêtés devant la chambre. Elle tendit l'oreille, aux aguets.

Trois petits coups résonnèrent contre la porte de bois une voix grave et douce questionna doucement

" Je peux ?"

Tremblante, s. gémit un petit « oui » hésitant, la porte s'entrouvrit, laissant passer une soutane noire qui bruissait doucement.

"J'ai entendu du bruit alors je suis venu voir si tout se passait bien."

Le jeune prêtre, qui se tenait dans l'encadrement de la porte, lui était à la fois connu et inconnu, un visage fin,3859847 encadré de cheveux noirs qui lui barraient le visage et qui avaient du mal à dissimuler les flammes qui brillaient dans ses pupilles noires. Le jeune prêtre s'avança un peu. Il posa son regard brûlant sur s.

"Je suis le père Lucius, je remplace le père Lucien qui semble- t-il souffre d'une colique des plus sévères."

Disant cela les lèvres du prêtres esquissèrent un sourire qui ne contenait aucune charité chrétienne. Il rajouta plus bas sur le ton de la confidence.

"Je me suis laissé dire qu'il était un peu porté sur la bouteille et aimait bien se promener le soir dans les couloirs pour croiser des jeunes filles court vêtues, son péché mignon en somme."

Le jeune prêtre se tourna vers la porte. A demain s., nous nous verrons pour la confession. Nous aurons le temps de faire plus amplement connaissance ».

s. le regarda se lever, tourner les talons et quitter leur chambre, abasourdie. Se pouvait-il ? Où son esprit fiévreux de jeune femme mêlait-il un fantasme de la nuit à une réalité qui soudain lui semblait suspecte ? Elle ne savait plus ! Elle serra son drap autour de son corps nu, ce corps qui ne portait aucune marque ni n'était douloureux. Elle avait rêvé ! Elle avait rêvé et qui plus est l'image de ce prêtre hantait ses pensées. Et ces pensées là n’avaient rien de très pur. Sa confession promettait ! Elle se pelotonna en chien de fusil et  elle sentit le sommeil la terrasser. Demain, le jour jetterait sa lumière sur les ombres de sa nuit. Demain... se dit-elle en sombrant. 

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Commentaires
M
... Et bien au delà...<br /> <br /> D'abord il y a le plaisir de la découverte d'un texte nouveau, d'un texte attendu (celui-là ou un autre, mais de "ceux-là"), de la lecture... Plaisir et curiosité d'être obligé de prendre le dictionnaire et de chercher parfois un mot ou l'autre (ce soir c'est le pentacle que j'ai dû dénicher dans le "petit robert"), avec l'idée que chaque lecture nouvelle m'apporte un petit quelque chose, me fait (re)découvrir un phrasé, un tempo... Le plaisir au contact d'un vrai travail qui honore les rédacteurs, mais aussi les lecteurs à qui il est offert. <br /> Ensuite il y a ce découragement qui me gagne... Moi que la musique pénètre par tous les pores de la peau, il y a longtemps que je sais que je ne serai jamais Mozart... Il me faut aussi admettre que je ne serai jamais S ou D dans l'écriture, la force et la prolixité des images, cette culture du vocabulaire... C'est ainsi.<br /> Pourtant là j'ai envie d'écrire, des choses d'aujourd'hui à propos de mon travail (moi qui ai la chance d'avoir un job qui me plait beaucoup), mais plus la force, (je la retrouverai peut-etre demain. Et puis si je peux peut-être y glisser un brin d'intelligence et de sens, ce n'est pas dans ce genre d'écrit que je pourrais mettre de la poésie ni des sens ... même s'il n'est pas certain qu'il y ait autant d'écart entre une ecriture professionnelle et une écriture ludique... c'est toujours écrire. Mais la belle ouvrage m'intimide et me paralyse...<br /> Et puis il y a le, les désirs, parfaitement éveillés, chatouillés, exacerbés par vos mots, vous souffles, vos images... Tout le monde a-t-il les mêmes désirs, tout le monde s'excite-t-il au même endroit, tout le monde a-t-il le même imaginaire sensuel ? Oui et non sans doute, non certainement dans la manière de les vivre, oui sans doute car la chair est probablement unique, et ne répétons-nous pas les mêmes scénari depuis l'antiquité ?<br /> En tous cas c'est beau, c'est agréable, c'est excitant, alors merci beaucoup et pardon pour ce bavardage<br /> Michel
T
Enfin, je (re)trouve un peu de temps pour vous lire. Quel délice. <br /> Pour Sabbat j’ai beaucoup aimé et c’est excellent. <br /> Pour Niebelungen, c’est excellent et j’ai beaucoup aimé.
M
Toujours un moment privilégié que de vous lire...pardonnez moi de ne pas toujours laisser un commentaire.. vos ecrits sont de pures merveilles d'evasions, un style ,un sens litteraire unique, qui me surprennent à chaque fois ...merci à vous deux morgane
Les Ecrits Pourpres
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