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Les Ecrits Pourpres
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30 octobre 2005

Et Il créa la femme

augustusIl avançait dans le couloir obscur et enfumé. La fumée des torches, disposées à intervalles réguliers, avait du mal à s'évacuer par les ouvertures prévues à cet effet. Dehors la nuit devait tomber sur la cité. Il se disait qu'il aurait, à cette heure-ci, bien d'autres choses à faire que de se trouver dans les dédales des catacombes pour procéder à un interrogatoire.

Il était las et se sentait comme un rat dans les égouts de la ville. Les deux légionnaires qui l'accompagnaient marchaient silencieux, baissant parfois la tête pour éviter que leurs casques rutilants ne viennent se frotter aux pierres qui affleuraient. L'esclave nubien, qui les précédait en brandissant une torche, se tourna vers eux.

"C'est ici maître"

Il désigna une porte, devant laquelle deux légionnaires à la mine patibulaire faisaient le pied de grue. Ils se redressèrent à son approche, croisant leurs lances devant la porte. Il se redressa, écartant les pans de son manteau blanc pour laisser apparaître la cuirasse scintillante de son armure et le pommeau d'ivoire de son glaive.

asgeneral.ms" Faites place à Maximus, Commandant de la garde prétorienne de Rome et envoyé de l'Empereur Caius Julius Cæsar Octavianus en ces lieux pour procéder à l'interrogatoire de la prisonnière de Judée."

Le garde le plus âgé pointa sa lance vers lui avec un sourire mauvais.

"Quand bien même tu serais Octavien en personne, ou encore le fantôme de Pompée revenu punir Rome, tu ne passerais le pas de cette porte sans avoir auparavant donné le mot de passe."

Maximus sourit. Il connaissait le garde depuis plus de dix ans, et il savait qu'il le taillerait en pièce sans la moindre hésitation s'il ne lui donnait pas le précieux sésame.

"C'est bien légionnaire. Ne jamais faillir à la garde. Le mot de passe est « L'aigle veille sur tous ceux qui vivent au sol, mais prend garde aux serres du roi des cieux"

Les lances s'écartèrent devant lui.

"Passe Maximus, au nom de l'Empereur."

Il poussa la porte basse, se baissant pour pénétrer dans la cellule circulaire, dépourvue de toute fenêtre. L'esclave Nubien planta sa torche dans une des niches du mur, éclairant la triste pièce qui avant cela était plongée dans l'obscurité. Puis il prit dans le couloir une chaise pliante faite deux de pièces de bronzes ouvragées qui tendaient une assise de tissus brodés de fil d'or et la plaça au milieu de la pièce. Sans un mot Maximus s'installa sur le petit tabouret, disposant soigneusement son manteau autour de lui, dévoilant un torse puissant à la virilité arrogante. Il retira un rouleau fixé à sa ceinture et le déroula lentement, lisant avec soin le court texte qu'il contenait. Enfin, il reporta son regard sur l'unique occupante de la cellule.

Elle se tenait debout, contre le mur en face de lui, mais ne semblait pas le moins du monde impressionnée par les hommes d'armes qui l'observaient. Les deux légionnaires, qui se tenaient contre le mur près de la porte, la détaillaient avec attention.

Elle était vêtue à la façon des femmes de Judée, d’une tunique sans luxe, faite d'une étoffe simple, mais qui cintrait joliment sa taille fine, mettant en valeur ses hanches et sa poitrine modeste mais joliment moulée. Ces yeux noisette semblaient le fixer avec une attention curieuse.

"Femme, tu as été arrêtée ce matin alors que tu descendais d'un bateau Phénicien avec plusieurs membres de cette nouvelle secte de Judée, les...."

Il dut chercher l'information sur le parchemin,

"Les chrétiens, voilà, c'est ça. Je suis envoyé par l'Empereur, car de plus en plus souvent résonne le nom de ces juifs étranges et je suis ici pour entendre au nom de mon Empereur tout ce qui est à entendre sur vous. Alors, tu vas me dire qui vous êtes et ce que vous voulez ?"

Il se tut, croisant les bras sur sa poitrine, sans plus rien ajouter, la fixant de son regard sombre.

La jeune femme ne lâcha pas les yeux de l'étranger qui la fixait intensément. Elle avait dû concentrer toute son attention pour saisir le contenu exact de son discours. L'araméen était sa langue maternelle et si elle parlait couramment le phénicien et l'hébreu, le latin lui demandait toujours un effort supplémentaire. Mais en comprenant ces mots, elle sourit doucement. Ainsi Rome s'inquiétait ! Le pouvoir tremblait ! Elle en aurait ri si elle avait été dans une position moins périlleuse. Elle ne pouvait s'empêcher de toiser ce chef de guerre avec mépris. Que pouvait comprendre ce genre d'homme de la foi en un Dieu unique ? Que pouvait-il entendre à un pouvoir qui ne soit pas politique mais spirituel ? Elle soupira. Voilà qu'elle se laissait envahir par de bien vilaines pensées : colère, mépris, orgueil ... Ce n'était pas avec le coeur plein de ses sentiments qu'elle saurait trouver les paroles qui apaiserait les craintes de Rome. Elle se mit à prier intérieurement, voilant l’éclat de ses yeux de l’ombre de ses longs cils noirs.

"Ô Yahvé, donne-moi les justes paroles, insuffle-moi la sagesse de dire ton nom et notre foi sans rien travestir. Que je sois ta servante. Hosanna au plus haut des cieux, inspire-moi et que ta lumière éclaire les impies!"

Elle rouvrit alors les yeux et plongea dans ceux de Maximus, qui l'observait visiblement impatienté par l'attente qui se prolongeait de trop. Aussi prit-elle la parole, d'une voix douce, limpide et fraîche comme un chant des sources de montagne, s’efforçant au latin qu’elle rendait exotique ainsi teinté de son accent mélodieux.

"Maximus, représentant de la Glorieuse Rome, écoute-moi, écoute la voix d'une croyante qui a vu sur les terres dejudee Judée se lever la toute puissance de la foi en un Dieu unique. Car ceux qui croient se lèvent et marchent avec lui. Et ceux qui suivent les enseignements voient les miracles nés sous ses mains. Et ceux qui l'entendent et ceux qui marchent dans sa lumière et ceux qui voient de leurs yeux savent où est la vraie foi, la foi qui sauve et qui rachète et ils prient Yahvé avec ferveur. Et demande à son fils le pardon de leurs péchés et vivent dans la paix du Christ.

Voilà qui nous sommes. Et nous ne nous voulons rien d'autres que de pouvoir pratiquer notre foi qui est partage et amour. Puisses-tu, grand Maximus, ne point t'offenser de notre arrivée et ne pas voir en nous des ennemis de Rome quand nous venons le coeur ouvert et les mains vides de toute arme."

Finissant, elle serra ses mains jointes sur sa poitrine et ferma les paupières, inclinant légèrement la tête vers ses mains, attendant et s'en remettant à Dieu.

Il soupira. Des illuminés, c'était bien ce qu'il lui semblait ! Et Rome à cette heure pouvait se passer de toute nouvelle forme d'illumination, le pouvoir de l'empire naissant fondé par Octavien était encore fragile, et le premier empereur de Rome ne pouvait se permettre de laisser une bande de trublion venue des provinces romaines jeter le désordre au coeur de l'empire. Il jeta de nouveau un oeil sur le parchemin.

"On dit que vous vous réunissez dans les catacombes pour célébrer vos rituels. Pourtant à Rome, il existe des synagogues, des temples à Isis, pour Astarté, les temples de Baal et de je ne sais combien d'autres Dieux en tout genre, à poil, à plumes et couverts d'écailles. Alors pourquoi donc ressentez-vous le besoin de vous enterrer comme des rats pour saluer ce nouveau dieu unique ? On dit que même les juifs de vos provinces vous détestent, vous êtes des gens étranges vous autres. Vous ne parvenez pas à vous entendre entre vous, les Saducéens détestant les Pharisiens qui méprisent les Samaritains, et que dire des Esséniens qui se terrent dans leur trous à rat, attendant avec joie la fin du monde.

Et voilà qu'il vous prend soudain l'envie de venir à Rome pour y répandre la bonne parole de ce Jésus que vous avez vous même mis à mort. Je me demande si cela ne cache pas plutôt une volonté de semer la confusion au sein des fondations de l'empire."

31_chretiens_aux_lionsIl venait de lui répondre dans un Araméen parfait, à peine teinté d'un très léger accent latin. Il levait les yeux vers elle, pas vraiment menaçant, mais plutôt curieux. Il ne s'adonnait qu'à très peu de rituels. Ne fréquentant aucun temple, il lui arrivait de jeter négligemment une offrande devant la petite statue de Jupiter qui ornait l'entrée de sa villa, mais il se souciait des Dieux tout autant qu'il se souciait de savoir si le jour se lèverait encore le lendemain.

"Avez-vous donc tant de temps à perdre à Jérusalem qu'il vous faut à tout prix vous inventer une nouvelle religion alors que vous en avez déjà une et que le monde a bien assez de Dieux ?"

Il fit un signe à son esclave Nubien qui lui tendit une coupe rempli d'un liquide sombre il en huma le fumet.

"Du vin Grec, il n'est que cela qui puisse permettre de supporter cet endroit."

Il but une gorgée du liquide au goût de cannelle avant de tendre la coupe à la femme debout devant lui.

"Tiens, tu dois avoir soif."

Elle regarda la coupe et l'observa à nouveau attentivement.

Quel drôle d'homme que cet homme là ! Qu'il parla sa langue avec une si grande facilité ne cessait de l'étonner. Et voilà maintenant qu'il lui offrait à boire ! Elle avait soif bien sûr et le parfum suave du breuvage réveilla les tenailles de la faim.

"Ne t'offense pas Maximus, mais je ne boirai pas ce que tu m'offres.

N'y vois pas d'affront, je t’en supplie. Simplement, je n'ai rien mangé ni bu depuis si longtemps que je crains, en goûtant à ce breuvage, de perdre le peu de lucidité qui me reste et tes questions sont si complexes. Il me faut toute ma tête.

Tu es assis et pourtant tu me domines de toute ta superbe. Tu es libre, tu es la loi, tu es en parfaite santé. Je suis debout, je suis prisonnière, je suis affamée et perdue. Ma force, je ne la puise que dans l'amour de Dieu et dans Sa parole. Et si nous sommes venus à Rome c'est pour poursuivre l'oeuvre des apôtres, les envoyés du Christ, et offrir le baptême à tous ceux qui souhaiteront être disciples, quelque soit le peuple, quelle qu'en soit l'origine, afin que tous, humains, soyons réunis dans la paix du Christ notre sauveur."

Elle tremblait maintenant et avait de la peine à tenir debout. Cette longue discussion, après tant de peurs et de privations, consumait ses dernières forces. Pourtant, elle s’efforçait de demeurer debout, face à Maximus, quêtant dans son regard une lueur de compréhension là où elle ne percevait jusqu'alors que curiosité et amusement.

Le romain se releva, tenant toujours sa coupe.

"Rassembler le monde entier sous un idéal de paix, de prospérité, faire du monde un lieu ou chacun vivrait en bonne entente avec son voisin, mettre fin aux guerres entre les peuplades de la terre. N'est-ce pas la l'idéal de Rome ? N’est-ce donc pas ce que nous faisons depuis longtemps ici ?"

Il haussa les épaules en la forçant à prendre le gobelet.

"Meko, va me chercher les fruits et le pain que les gardiens conservent dans leur panier. Tu diras aussi au centurion de garde d'aller quérir un peu de viande et en revenant tu m'amèneras l'amphore de vin. Puisque nous allons dîner ici autant nous mettre à l'aise. Il est de toute façon trop tard pour aller aux bains."

Il fit un signe de la tête vers la chaise pliante.

"Assied-toi. Tu tiens à peine debout."

Et sans rien dire de plus, il défit l'agrafe de son manteau et le posa au sol, sur la paillasse sale, avant de s'y installer, les jambes croisées.

L'esclave revenait déjà en courant, déposant le fruit de ses rapines au sol, entre eux, avant de s'installer à genoux pour découper la viande qu'il posa sur les tranches de pain frais et de les leur tendre, d'abord à Maximus, puis à la jeune femme, et finalement aux deux gardes qui s'étaient rapprochés, déposant leurs pilums contre le mur.

Maximus mordit à pleines dents dans la viande fumée, mâchant doucement avant de reprendre le fil de la conversation.

"Je suis Maximus Caïus, chef de la garde prétorienne. J’ai servi pendant cinq ans à Sébaste, où j'ai appris votre langue et vos coutumes, et toi qui es tu belle étrangère ?"

Elle s'était posée sur le siège qu'il lui avait désignée, trop éreintée pour demeurer davantage debout et elle reçut sa part, dans ses mains tremblantes, en pâlissant. Elle la regarda un long moment, les pupilles agrandies par la faim et la convoitise, mais n'y toucha pas et en détacha les yeux au prix d'un suprême effort. Alors, tenant le pain entre ses mains ouvertes, posées sur ses genoux, elle parla

"Qui suis-je Maximus ? Je suis fille de Judée, enfant de la Jérusalem qui pleure sa déchéance prodigieuse et sa souillure. Et vois mon humiliation Maximus. Elle est pareille à la sienne. Elle a commis la faute, Jérusalem ; et la voilà devenue une ordure. Tous ceux qui la glorifient l'avilissent, car ils voient sa nudité ; pour sa part, elle gémit. Et moi qui porte le nom honni de Salomé, peu importe que je sois fille de tribun, de préfet ou d'esclave, je gémis car mon corps a faim alors que mon âme est nourrie et je ne saurais manger tant que d'autres crieront famine. Comme moi, dans les geôles voisines, des prisonniers ont le ventre creux et le coeur bien plus vide encore. S'ils mangent de ce pain alors j'en mangerai avec toi"

Et elle fixa Maximus, certaine de provoquer sa colère par son refus mais en paix avec elle-même.

« Salomé, c'est un nom charmant, un nom dansant. Valerius... "

A son appel le garde à la mine renfrognée passa la tête par l'entrebâillement de la porte avec un air interrogateur.

"Fais distribuer une double ration de pain à tous les prisonniers, ainsi que du vin et des fruits.

Dis-leur bien qu'ils le doivent au courage de Salomé, celle qui regarder l'empire de Rome sans trembler."

Disant cela, il leva sa coupe alternativement vers chaque personne présente dans la pièce avant de finir par Salomé.

"Je suis un soldat, et je sais reconnaître le courage. Je bois à Salomé, fille de Judée, et de nulle part."

Levant sa coupe il la vida d'un trait. Les deux gardes levèrent à leur tour leur coupe vers la prisonnière.

"A Salomé"

Et en firent autant. Meko se précipitait pour remplir les coupes. Maximus reprit une tranche de viande dans le plat.

"Te décideras-tu enfin à manger ou devrais-je d'abord distribuer du pain à tous les miséreux et criminels enfermés dans les geôles de l'empire ?"

Elle lui répondit d'une voix douce, en souriant

"Cela serait grand et juste Maximus. Ainsi miséreux et criminels seraient allégés d'une souffrance terrestre et pourraient songer au salut de leurs âmes." 

Puis elle se signa, leva sa coupe et rendit grâce.

"Ah! Yahvé, souviens-toi, de grâce, que je me suis conduite fidèlement et en toute probité de coeur devant toi, et que j'ai fait ce qui était bien à tes yeux. Que ta gloire se répande dans le coeur des hommes qui vont manger. "

Elle but une gorgée et croqua enfin dans le pain, remerciant Maximus d'un signe de tête. Elle mangeait maintenant,img_0844 avec calme, et détaillait l'homme qui ne la quittait pas des yeux. Il était beau. Viril. Mais surtout, il émanait de lui une aura particulière, la subtilité d'un intellect en éveil bien plus que la simple toute puissance guerrière. Partager ce repas, dans ce sombre cachot, avait quelque chose d'incongru et de troublant. Elle se demandait ce qu'il attendait encore d'elle.

Ils mangèrent, tandis que Meko remplissait régulièrement les coupes. Maximus continuait à parler de la Judée, ne revenant plus sur le sujet de la religion unique qui ne l'intéressait pas plus que cela. Il lui posait par contre énormément de question sur les coutumes de Judée, le mode de vie qui l'avait toujours intrigué. Il ne s'intéressait pas aux dieux, préférant se consacrer à l'observation de ses semblables. C'était un homme de guerre, un soldat aux multiples campagnes, mais aussi aux nombreux voyages, qui ne cessait de s'étonner devant la diversité des hommes. Mais ce qui l'intriguait surtout c'était le courage insensé de cette femme, enfermée dans une geôle, qui le regardait en souriant entre deux bouchées. Bien sûr, elle avait cet aveuglement des mystiques, mais aussi une bonne dose de vrai courage. Il termina son bout de viande, tendant le plat au garde à la porte.

"Va distribuer ça aux prisonniers."

Et se resservit un verre de vin, prenant l'amphore des mains de Meko. Puis, relevant soudain la tête, il la regarda avec un sourire.

" Est-il vrai que votre Jésus avait comme amante une putain ? Je croyais que je les gens de Judée ne connaissaient pas les plaisirs de la chair, mais tout au plus les obligations de la reproduction ?"

Les gardes et Meko s'esclaffèrent. Ils étaient déjà passablement éméchés.

Elle rougit et baissa la tête. Une femme ne devait pas s'entretenir des choses du sexe avec un homme. Elle sentit la colère bouillonner en elle. Elle lui en voulait de cette provocation qui venait la surprendre alors qu'elle s'y attendait si peu, alors qu'il lui semblait qu'ils étaient dans une harmonie offerte par la main de Yahvé. Provocation ? Elle se demanda tout à coup si l'alcool ne flétrissait pas son jugement et releva les yeux vers lui à travers ses cheveux. Il la regardait et elle lisait dans ses yeux une curiosité avide mais aucune lueur de moquerie. Ainsi cette phrase aussi abrupte n'était qu'une question de soldat dont les seules occupations ne devaient être que combat et luxure. Si elle voulait soutenir une telle discussion, il lui fallait une mise irréprochable. Elle rassembla donc ses cheveux épars et les natta tout en lui répondant, le plus calmement possible.

"Parmi les apôtres, parmi tous ceux qui suivirent Jésus, vinrent des femmes. Vinrent les pauvres et les exclus. Vinrent tous ceux qui avaient soif de lumière et faim de rédemption bien plus encore que des nourritures terrestres. Alors, oui, parmi ceux-là, il y eut une femme, une paria parmi les parias, qui vint glorifier Jésus et recevoir de lui les enseignements. Et Jésus l'aima comme il aima les apôtres. Il l'aima plus encore parce que grande était sa souillure et qu'elle ne se croyait pas digne d'entrer dans la lumière divine. Tout le reste ne me regarde pas"

Elle le toisa du regard, le mettant au défi de poursuivre sur ce terrain... Les patriarches l'auraient fouettée s'ils l'avaient entendue soutenir une telle conversation avec un homme. Mais elle s'en moquait. Elle se souvenait aussi que Jésus avait accueilli chaque parole avec la même bienveillance. Et que Marie de Magdala était bien plus qu’une putain. 

Il la regarda avec un sourire égrillard.

"Donc Jésus n'avait pas de répulsion à l'idée de partager sa table avec une putain ? Voilà le genre d'homme qui me plait. Alors nous ne ferons pas moins bien que lui en ce cas."

Se tournant de nouveau vers la porte, il héla une fois de plus Valerius qui rentra en maugréant.

"Va me chercher Apolonia et Valia."

Le garde leva les yeux au ciel mais ne s'acquitta pas moins de sa mission. Il revint rapidement, poussant devant lui deux femmes assez jeunes qui avançaient de mauvaise grâce dans le couloir. En pénétrant dans la cellule, elles se figèrent, la tête baissée.

"Je te présente, chère Salomé, les divines Apolonia et Valia, putains de talents et d'une rare beauté, mais aussi voleuses qu'idiotes. Ces deux têtes vides n'ont rien trouvé de mieux à faire que de délester un de leur client de sa bourse. Ce ne fut pas une riche idée, le client en question étant le gouverneur des provinces du nord. Pour leur éviter de finir dans un bordel Syrien en déportation, je les garde un peu au frais, dans les prisons des catacombes, le temps qu'elles se fassent oublier. Allez, mes chères vestales, prenez place à notre banquet, je doute que vous saisissiez le sens de la conversation, mais au moins vos formes charmantes égayeront ces lieux."

De fait, les deux filles étaient d'une rare beauté. Apolonia, qui devait avoir une trentaine d'années, était une beauté romaine aux yeux sombres et aux formes voluptueuses à peine recouvertes par une toge luxueuse et transparente. Un de ses seins était libre de toute entrave et tendait un mamelon arrogant, cerclé d'une auréole aussi noire que la nuit. Valia, plus jeune, était blonde comme les blés, ses yeux clairs avaient quelque chose d'enfantin mais sa bouche, soulignée par le carmin de pigments savamment appliqués, semblait prête à mordre dans tout fruit qui lui serait présenté. Elle ne portait qu'une fine tunique de gaze qui ne cachait rien de son corps dont on devinait la finesse gracile. Les deux femmes firent la moue sur le pain, jugeant le plat bien trop indigne mais se jetèrent sur les gobelets de vin que leur tendait Meko.

"Voilà ! Ne sommes-nous pas à présent aussi magnanime que Jésus ? J'ai deux putains à ma table, je devrais être satisfait à l'image de ton Dieu, pourtant je ne le suis point, car la plus belle des créations de cette terre est devant moi, vêtue d'une manière bien indigne au regard de sa grande beauté."

Il prit la coupe et la vida d'un trait. D’un geste distrait, il fit glisser les bretelles de la toge de Valia qui tomba au sol tandis que la blonde prostituée le regardait en riant. Elle n'allait pas faire la difficile, Maximus était un personnage important, de plus fort bien fait, dont la réputation d'amant n'était plus à faire. Et puis, elles lui devaient bien cela, il leur avait  sauvé la vie en les emprisonnant dans les catacombes où d'habitude étaient enfermés les prisonniers politiques. Aucun des gardes du gouverneur Calarius, ce gros porc, n'avait osé défier la garde prétorienne pour venir fouiller en ces lieux. Il ramassa la fine tunique et la tendit à Salomé.

"Ne veux-tu pas plutôt enfiler cette tenue ? Elle te mettrait plus en valeur que cet infâme chiffon que tu portes, et n'est-ce pas rendre grâce au seigneur que de célébrer les beautés qu'il mit en ce monde ?"

Salomé attrapa le fin tissu que lui tendait Maximus. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait touché de voilage de cette qualité.

"C'est un beau travail de tissage, en effet Maximus. Et gloire soit rendue à Dieu qui a placé assez de sagesse dans les hommes pour pouvoir développer pareil savoir-faire. Mais je n'ai aucun désir de ses accoutrements. C’est la beauté des âmes que contemple notre Seigneur non celle des parures"

caligula5Et elle tendit la tunique à sa propriétaire, qui gloussait sous la main de Maximus en invitant Meko à remplir derechef sa coupe. La vue de ce corps offert et obscène la gêna et elle détourna rapidement les yeux, laissant choir la fragile tunique aux pieds de Valia. Elle n'aimait pas la tournure des évènements. Elle n'aimait pas ce spectacle. Il la troublait. Elle sentait, obscurément en elle, l'envie de regarder les belles mains puissantes de Maximus courir sur le corps de cette femelle. Et cela ne faisait qu'augmenter son malaise. Elle murmura doucement :

"Le sexe est un don de Dieu. Un don fait à l'homme et à la femme pour consacrer leur amour. Sans amour, on galvaude le don et le sexe est vide comme est vide le coeur des hommes sans l'amour du Très haut."

Et plus fort, elle ajouta

"Tu t'amuses de moi et de ma foi Maximus et tu te compares à Jésus. Mais ton banquet est aussi vide que ton coeur."

Maximus prit la remarque sans sourciller, son sourire se fit carnassier et son oeil pétilla.

"Mon coeur est vide dis-tu ? Tout autant que le tien est sec, aussi sec que sera bientôt le corps que ton Dieu t'a donné, séché sous tes vêtements trop épais et tes certitudes. Mon coeur est plein, belle de Judée, il est plein comme mon corps est en paix avec mon coeur et mes désirs. Tu glorifies le nom du très haut et pourtant tu caches le premier cadeau qu'il te fit, ton corps.

Ce n'est pas lui qui a tissé ces vêtements, non, ce sont bien les hommes. Il me semble que dans vos textes sacrés les premiers hommes étaient aussi nus que des vers. Tu insultes ton propre dieu en éprouvant de la honte à vivre tes désirs. Ton dieu de bonté désire-t-il vraiment que tu vives en te fustigeant, en refusant le plaisir ? Ton dieu ne serait-il pas plus honoré si tu faisais le meilleur usage possible des dons qu'il te fit ? Libre à toi de vivre selon ta conscience. Mon coeur est vide, mais je ne t'imposerai pas mes croyances, aussi ne m'impose pas le tourment de la honte et de la frustration."

Disant cela, il s'empara de la nuque de Valia et colla sa bouche contre celle de la jeune femme, leurs lèvres s'ouvrant et leurs langues entamant un habile ballet. Sans tarder, la main fine de la jeune fille se glissa sous la tunique courte du soldat, massant l'intérieur de sa cuisse, caressant du bout des doigts le membre libre de tout tissu. Maximus se libera de la bouche gourmande.

"De toute façon, les filles de Judée sont aussi froides que les nuits de Gaule. Il n'est pas étonnant que les juifs veuillent tous fuir leur pays pour aller se réchauffer au soleil de Rome."

Elle avait baissé la tête et se tenait presque prostrée sur son siège. Ses mots l'avaient blessée. Ils avaient frappé juste et fort... sans le savoir sans doute. Quand elle avait quitté son quartier de Jérusalem, emportée par son père, scribe de la bibliothèque impériale et fraîchement converti, pour suivre les chrétiens évangélisateurs, elle n'était qu'une enfant, pas encore une femme. Elle avait grandi en oubliant son sexe, en oubliant qu'elle aurait dû être fiancée. Son père était mort dans leurs longs périples. Et elle était devenue libre, un vagabond de la foi avec pour tout amour celui de Dieu. Et sa bouche n'avait connu aucune bouche. Et son ventre était demeuré vide. Pour la première fois, en voyant ces baisers et ces caresses échangés, elle se sentit écrasée de solitude et comme vidée de toute lumière divine.

« Yahvé, pria-t-elle en pleurant silencieusement, ne m'abandonne pas alors que je m'écroule et que mon coeur est pareil à la cire. Sauve-moi de la gueule du monstre. De la corne du taureau préserve ma pauvre âme. J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai. Toi qui ne dédaigne pas les plus démunis, prends pitié"

Et Salomé se leva, en larmes et regardant Maximus lui dit

"Tu viens de frapper mon coeur et d'y verser tes ombres. Car ta vie n'est qu'une ombre petit grand homme. Tu crois vivre. Tu ne fais que jouir et de ta jouissance rien ne demeurera. Regarde moi. Je n'ai rien. Je ne veux rien. Rien que l'avènement du règne de Dieu et ce rêve emplit ma vie et vivra bien après moi".

Le romain se détacha de la blonde Valia et tira son glaive court. D'un mouvement souple, il amena la lame au contact de la peau du cou de la captive.

" Et à présent, tu t'attends à ce que je te tranche la gorge d'un coup de glaive, comme il se doit, puisque je suis un Romain incroyant vivant sans Dieu, et que toi tu es née pour souffrir et ce pour la plus grande gloire de ton Dieu. Tu t'attends peut être à ce que je prenne ton corps de force ? Non, cela tu l'espères en fait, car cela te dédouanerait de la honte et de ta responsabilité. Il n'en est rien. Je ne suis peut être qu'un petit grand homme, mais au moins je suis un homme entier."

Tournant son glaive, il en posa la poignée dans la paume de la main de Salomé.

"Voici mon glaive. Il est ton sauf conduit, tu n'auras qu'à le présenter en disant qu'il te vient de Maximus et toutes les portes te seront ouvertes. Maintenant, tu peux partir si tu le souhaites, tu es libre, plus rien ne te retient en ces lieux. Mais saches encore une chose. Ton rêve te survivra peut être, et peut être aussi qu'un jour ta religion brillera au sommet de sa gloire, mais toi, tu n'auras pas vécu, tu auras vécu pour un rêve d'hommes, fait par des mâles, pour des mâles dont vous, femmes, resterez toujours exclues. Alors pars à présent, si tel est ton chemin, si tu crois que c'est la volonté de ton dieu libérateur de te voir transformée en icône de souffrances, mais n'oublies jamais que c'est un impie, un Romain qui t'a permis de faire ton choix, pas un de tes prophètes, pas un de ceux qui te disent qu'il doit en être ainsi et pas autrement."

Il se retourna vers Apolonia qui, entourée par les deux gardes, se laissait déshabiller en regardant Salomé avec les yeux brillants de convoitise. Il saisit les seins fermes et opulents de la brune madone.

"Moi mon temple je l'ai trouvé, et mon temple c'est la vie."

Salomé, tenant le glaive au bout de sa main pendante, ce glaive qui lui parut aussi lourd qu'une condamnation, se laissa tomber à genoux, le visage couvert de larmes.

"Alléluia ! J'aime, lorsque Yahvé entend le cri de ma prière, lorsqu'il tend l'oreille vers moi, le jour où j'appelle. Les lacets de la mort m'enserraient, les filets du shéol ; l'angoisse et l'affliction me tenaient, j'appelai le nom de Yahvé. De grâce, Yahvé, délivre mon âme! Yahvé a pitié, il est juste, notre Dieu est tendresse ; Yahvé protège les simples, je faiblissais, il m'a sauvée."

Elle lâcha le glaive devant elle et releva son visage vers Maximus.

"Mais si je partais maintenant, j'aurai l'impression de fuir mon destin. Non Maximus, je ne souhaite pas être une martyr et je veux vivre aussi, dans la Gloire de Dieu, et ... dans l'amour d'un homme... je voudrais... mais je ne sais rien de cela et ce que tu encenses me semble bien effrayant, si loin de ce que mon coeur appelle"

Maximus se recula, laissant la brune Apollonia aux bons soins des gardes dont les mains parcourraient déjà le corps frémissant. Il s'avança vers Salomé se mettant à genoux en face d'elle. Sa main caressa son visage tremblant et mouillé de larmes.

"Je serai alors ton guide, toi qui connais si bien les chemins du ciel et si peu ton propre corps, ton propre coeur."caligula Ses lèvres se posèrent sur les lèvres fines et serrées de la jeune femme, les effleurant doucement d'une caresse subtile. Valia vint se placer dans son dos et, dénouant ses cheveux et les étalant sur ses épaules, effleura de sa bouche l'oreille de Salomé dans un souffle tandis que ses mains tendres massaient ses épaules.

"Ne crains rien Salomé, fais confiance à Maximus, c'est une amant délicieux. Il saura te conduire là ou tu n'es jamais allée. "

La bouche douce et fraîche de la jeune prostituée vint se poser sur son cou, l'agaçant de la pointe de la langue. Maximus appuya son baiser un peu plus fort. Sa langue caressait à présent les lèvres de Salomé, cherchant son chemin pour aller à la rencontre de la sienne, tandis que Valia, toujours collée à son cou, mordillant doucement la peau fine, défaisait les lacets qui maintenaient fermés sa tunique.

Salomé sentait ployer toute résistance en elle. Ce qu'elle ressentait était si neuf, si intense. Un bouillonnement de vie en elle qui balayait tout. Elle sentait son sang battre plus fort dans ses artères, brûler ses veines, incendier ses chairs. Elle respirait vite, comme essoufflée par une trop longue course. Elle murmura d'une voix haletante, échappant à l'attrait de la bouche de Maximus.

"Je viens vers toi Maximus, comme une gazelle au coeur affolée. Je viens vers toi... et toi, viendras-tu vers moi ?... ou ne feras-tu de moi que la câtin de Maximus?" Et elle enfonça ses ongles dans la chair de ses larges épaules, en tremblant, plongeant ses yeux voilés de désir et d’angoisse dans le regard intense du commandant prétorien.

"Nulle ne fut jamais la catin de Maximus, car je ne te payerai pas en sesterces ton corps. Je viendrai à toi et tu seras libre de venir et de rester à moi autant qu'il te plaira de l'être. Tu seras libre d'être mienne, ou d'être à qui bon te semblera. Mais tant que tu le désireras, les mains et le coeur de Maximus seront à toi. Car son coeur si vide est plein de toi depuis le moment où il t'a aperçue dans cette cellule."

Salomé se figea et le fixa intensément, interloquée par les mots qu'elle venait d'entendre. Se jouait-il d'elle et de sa naïveté ? Il plongeait dans ses yeux, en souriant doucement et dans ses pupilles dansaient une petite flamme qu'elle n'avait jamais vue dans le regard d'aucun homme posé sur elle. Mais avait-elle seulement pris attention au regard des hommes ? Elle ne savait pas. Elle avait bu, bien plus que durant toute sa jeune existence, et elle sentait sa tête lourde mais surtout, entre la bouche de Valia dans son cou et les mains de Maximus qui enserraient sa taille, elle se laissait gagner par une ivresse qui n'avait rien à voir avec l'alcool et ce qui égarait sa raison n'était pas seulement les vapeurs éthyliques. Elle avait envie de poser sa tête contre cette épaule puissante, si proche d'elle, de s’abandonner à l’appel qui montait en elle. Elle avait envie de cette bouche encore contre la sienne.

"Mon Dieu ! Je suis une pécheresse!"

Un combat sans merci se livrait en elle, entre son désir naissant, cet appétit de femme qui venait d'éclore, et sa foi si profondément ancrée en elle. Et aucun des partis ne parvenait à l'emporter. Aussi, le corps que caressait Valia et Maximus demeurait-il froid et tendu, sur la défensive, comme celui d'un animal pris au piège.

Maximus se recula, plongeant ses yeux noirs dans ceux de la jeune femme. Elle était tendue comme un arc, vibrante mais figée dans l'immobilité de l’appréhension. Il se releva, ramassant au passage sa cape brodée de fils d'or qu’il jeta sur les épaules de Salomé en l’aidant à se remettre debout.

"Méko, éclaires nous."

L'esclave se précipita sur la torchère, tandis que Valia un peu dépitée rejoignait Apolonia auprès des deux gardes qui l'accueillirent avec satisfaction. Ils sortirent de la cellule. Maximus tenait fermement la main de Salomé, l'entraînant à sa suite à travers le dédale des couloirs souterrains, suivant la lumière que l'esclave nubien portait à bout de bras. Ils finirent par déboucher entre deux roches, dans un parc qui côtoyait le forum. À peu de distance s'élevait l'amphithéâtre de Flavien et ils poursuivirent leur chemin, longeant l'imposante bâtisse, croisant de nombreux passants aux riches vêtures romaines qui dévisageaient, curieux, cet étrange équipage qui traversait la nuit. Ils longèrent ainsi, dans la douceur nocturne, de nombreux édifices, avant d'arriver devant les murs d'une villa dont Meko ouvrit la porte, leur cédant le passage. Ils pénétrèrent dans l'enceinte de la demeure, traversant un vaste jardin cerclé de colonnades avant de pénétrer dans l'entrée du bâtiment proprement dit. Une vaste salle s'offrait à leur regard. Au milieu de celle-ci, une fontaine gargouillait mollement, agitant des nénuphars indolents. De longues tentures pourpres bougeaient doucement dans le courant d'air que faisaient naître les subtiles aérations de la demeure et qui chassait la chaleur étouffante de l'été. Il se dirigea vers une des confortables couches qui entouraient la fontaine et la fit s'asseoir sur les coussins brodés. D'autorité, il s'assit à ses côtés, sa main caressant doucement sa joue.

"Voici, tu es chez toi. Considères cette maison comme la tienne, cette demeure comme ta demeure, et l'homme en face de toi comme ton homme."

Salomé abandonna sa joue dans la paume de cette main, chaude et tendre, qui la caressait avec une telle douceur que son coeur s'était arrêté de battre. Jamais personne, à par son père quand elle était toute enfant, n'avait eu, pour elle, de geste aussi plein, aussi rassurant, aussi aimant. Et l'émotion qui la saisissait était si forte qu'elle se sentait prête à se jeter au pied de cet homme, dont elle ignorait tout le jour d'avant, et à remettre entre ces mains là toute son existence de mortelle. Elle l'avait suivi, guidée par sa main déjà, qui, protectrice, enveloppait la sienne, à travers les ruelles, sans bien comprendre, perdue dans ses craintes, ne trouvant plus de repères ni géographiques ni spirituel. Et là encore, elle ne parvenait pas à comprendre ni la puissance de ce qu'elle ressentait ni ce qu'il lui offrait.

"Maximus ... je ne comprend pas. Pourquoi ? Pourquoi moi, ici ?"

Les mots peinaient à franchir ses lèvres. Elle avait mille questions à lui poser sur lui, sur elle, sur comment l'amour vient au coeur des hommes, sur le désir, sur leurs divergences. Tout se bousculait, tout se résumait dans son "pourquoi" malhabile et effrayé.

Il posa un doigt sur ses lèvres.

"Chut, il est des choses qui se passent de pourquoi. Tout ce qui compte c'est que tu sois ici et que je sois avec toi."

Ses lèvres se posèrent sur les siennes, prenant sa bouche en un long baiser passionné, sa langue forçant, conquérante, ses lèvres encore closes. Sa main remontait lentement sur sa taille fine, la paume chaude effleurant le renflement de ses seins par dessus le tissu de sa tunique. Il la caressa lentement, ses lèvres ne cessant d’effleurer les siennes.

C'est à cet instant que Meko entra dans la pièce.

"Le bain est prêt Maître."

Il se releva, l'entraînant à sa suite. Ils pénétrèrent dans une pièce occupée par un large bassin où l'esclave nubien entreprit de défaire l'armure de Maximus et de lui retirer son vêtement. Celui-ci apparut nu devant Salomé qui baissa les yeux. Alors Maximus pénétra dans l'eau fumante du bain, plongeant jusqu'au cou dans les flots bienfaisants, cachant ainsi l'épieu que le désir avait forgé sur son bas ventre, tandis que le nubien s’approchait de Salomé pour la dévêtir.

bains_2Elle eut un sursaut de recul quand les mains, pourtant délicates, du nubien lui ôtèrent la cape qui recouvrait sa tunique délassée par Valia. Elle ne s'était baignée nue qu'en de rares occasions depuis qu'elles parcouraient les terres pour répandre la parole du Christ. Seulement quand une ville offrait des bains pour les étrangers. Et uniquement en présence d'autres femmes. Sinon c'est l'eau des torrents et des lacs qui avaient purifié son corps... en même temps que sa tunique. Se mettre nue en présence de ces deux hommes la terrifiait. Mais elle se souvint aussi de la pique que lui avait adressée Maximus sur la nudité du premier homme et de la première femme sous le regard de Dieu, au temps de l'innocence. Elle n'était qu'innocence.

Et Meko fit glisser sa tunique au sol.

Elle se tint, sans bouger, au bord du bassin. Sans rien cacher de sa nudité. Elle frissonnait dans la douceur de la brise. Elle frissonnait d'appréhension à l'idée de partager le bain avec un homme. Elle descendit dans l'eau, les paupières closes et se cala contre le bord du bassin, au plus loin de Maximus qu'elle put en juger sans avoir à rouvrir les yeux.

Meko fit glisser sa propre tunique, révélant un corps à la musculature fine. Sa peau huilée luisait doucement dans la lueur des torchères. Il s'empara d'une éponge et d'un pain de savon et pénétra dans l'eau du bassin. Il se dirigea vers Maximus et fit glisser doucement le savon sur le corps du romain. Maximus ne cessait de fixer Salomé, tandis que les mains expertes du nubien parcouraient son corps, n'omettant pas la moindre parcelle de chair. L'ayant copieusement savonné, le nubien s'empara de l'éponge et entreprit de rincer le corps de son maître. Il fit glisser l'éponge dans le dos du Romain, avant de passer à ses bras et son torse, le rinçant soigneusement. L'éponge caressa longuement les cuisses, glissant sur le membre et l'empoignant pour le caresser, dans un savant mouvement de va et vient. A aucun moment les yeux de Maximus ne quittèrent Salomé qui se terrait à l'autre bout du bassin.

Dans la chaleur bienfaisante de l'eau, Salomé sentait son corps se détendre peu à peu. Elle n'osait cependant ni bouger, ni rouvrir les yeux. Ce furent les bruits d'eau qui aiguisèrent sa curiosité et lui firent déciller les paupières. Et le spectacle qui s'offrit à son regard la fascina. Elle voyait le dos fin et musclé de l'esclave nubien, se détacher devant la large silhouette de Maximus. La main noire de l'esclave courait sur le corps doré du maître, s'affairant en gestes lents et appliqués. Elle contemplait chaque mouvement, hypnotisée par la grâce du cérémonial. Lorsqu'elle leva les yeux vers le visage de Maximus, elle vit qu'il l'observait avec attention. Elle s'empourpra et baissa la tête pour ne plus rien voir, se recroquevillant plus encore contre le bord, enserrant son corps entre ses bras. Elle eut honte de sa fascination, honte d'avoir été ainsi surprise.

"Regarde-moi, oublie ta honte comme j'ai banni la mienne depuis longtemps".

Sa voix était autoritaire, celle d'un chef de guerre, un commandeur d'hommes. La main de Meko avait lâché l'éponge et enserrait la hampe dressée du romain, la caressant doucement. Maximilien saisit avec douceur la tête du nubien et se redressa. L’eau du bassin lui arrivait à mi-cuisses. Lentement, la tête rasée de l'esclave descendit et sa bouche s'entrouvrit. La langue du nubien vint lécher doucement le gland qui se présentait à lui. La bouche s'arrondit tandis qu'elle entourait la verge tendue et que Meko avalait consciencieusement le membre de son maître dans sa gorge offerte. La main sur la tête de son esclave, il lui intimait le rythme des va et vient sur son sexe. La main du nubien caressait doucement le torse de l'officier tandis que son autre main caressait les bourses lourdes du maître. Maximus se dégagea cependant de la bouche de Meko qui se releva.

"Va laver Salomé à présent."

Le nubien inclina la tête avec un sourire et, se saisissant du pain de savon et de l'éponge, se dirigea vers Salomé. Le membre du nubien était comme un pieu épais et gonflé, collé par le désir à son bas ventre.

Salomé qui, obéissant à l'injonction de Maximus, a regardé la scène, à la fois horrifiée et subjuguée par ce qu'ellecaligula_16 voyait, par le contraste des deux corps, par l'apparition de cette virilité glorieuse, si étrangère et si fascinante, ne sait plus trop comment se comporter face à cette étrange hospitalité romaine. Mais en voyant s'approcher Meko, derrière le fier étendard de ses sens éveillés, la panique la saisit. Elle se rencogne contre la mosaïque du bassin comme un animal acculé. Elle tend les mains devant elle et les agite nerveusement dans un signe de refus.

"Non, non. Maximus... je ... je peux très bien ... faire ça toute seule... ce..."

Meko était déjà près d'elle et par dessus son épaule, elle aperçut le regard brillant de son maître et son sourire désarmant. L'éponge commençait à glisser sur ses épaules, la main noire et fine, tenant le savon, s'approchait de son sein. Elle ne respirait plus. C’était si doux. C’était si destabilisant. C’était interdit. Pour échapper au dilemme qui tenaillait son corps et son esprit, Salomé se laissa glisser sous l'eau.

Maximus se précipita vers elle, tandis que Meko l'observait d'un air interloqué. Il plongea sa main dans l'eau et la saisit par le bras pour l'obliger à sortir de son abri aquatique. Elle émergea ruisselante et les yeux baissées, refusant de regarder les deux hommes qui l'entouraient. Maximus l'attira à lui, plaquant sa virilité contre son ventre et prenant sa bouche de la sienne. Il la poussa contre le bassin, recouvert d'une fine mosaïque aux couleurs chatoyantes, ne cessant pas son baiser, tentant encore de franchir la barrière close de ses lèvres pour enfin unir sa langue à la sienne. Il fit un signe de la tête à Meko qui reprit son savon dans la main, le frottant vigoureusement pour recouvrir ses paumes de mousse. Il recommença à savonner les épaules de Salomé, tandis que Maximus maintenait son étreinte avec fermeté et douceur, glissant ses mains sur le dos tendu qu'il massait délicatement, cependant qu'une des mains de Maximus glissait sur la poitrine frémissante de la jeune femme et s'emparait de l'un de ses seins qu'il commença à caresser doucement du plat de la paume.

Salomé conservait les yeux résolument fermés autant pour lutter contre le vertige qui s'emparait d'elle que pour échapper à la vision des deux corps nus qui l'entouraient de leur sollicitude. Elle aurait voulu disparaître, se diluer dans l'eau, échapper aux ressentis si violents qui l'assaillaient et pour lesquels rien, dans sa vie passée, ne l'avait préparé. Elle aurait voulu lutter, parler, trouver les mots qui diraient sa peur, son refus, son émoi. Et elle ne savait que demeurer, inerte, tremblante, effarée et vibrante, égarée par les messages de ses sens, si contraires à son éducation. Elle ressentait avec une intensité presque douloureuse la douce chaleur des paumes sur ses seins, le ruissellement doux de l'eau sur ses épaules, les gestes lents et attentifs qui entouraient son corps. Elle avait l'impression confuse de découvrir sa féminité, une dimension en elle totalement neuve et effrayante et cette découverte la paralysait.

caligula02Elle était immobile, offerte aux caresses qui couraient sur son corps. Il avait déjà mené de multiples campagnes dans sa carrière, pris des places fortes au terme de longs combats. Jamais cependant il n'avait senti un fortin opposer autant de résistance et pourtant si désireux de se laisser prendre. Ses doigts se posèrent sur la pointe d'un des seins qu'il pinça doucement. Les mains de Meko couraient sur son dos, l'enduisant soigneusement de savon qu'il rinçait avec l'éponge ensuite. Petit à petit, ses mains descendaient le long de son dos jusqu'au creux de ses reins qu'il massait doucement. De temps en temps, son membre, impressionnant et dressé par le désir, effleurait la cuisse de la jeune femme qui tressaillait sous le contact du gland soyeux. Maximus mordait doucement la pulpe de Salomé comme on jouerait avec un fruit mur et sa main qui tenait son sein se faisait plus ferme sur sa prise. Il approcha sa bouche de son oreille.

"Ouvre-toi Salomé, ouvre-toi à un nouveau monde. Quitte le manteau sombre que les pères de tes pères ont tissé au fil des siècles sur le corps des femmes. Quitte l'obscure nuit de la frustration et vient à la lumière du plaisir et de la joie."

Salomé renversa la tête, tendant sa poitrine vers Maximus. Salomé renversa la tête comme le rossignol dans le pourpre du crépuscule quand il va pousser son chant d'amour. Et les yeux toujours clos, elle entrouvrit les lèvres. Et le chant gonfla sa gorge. Un long gémissement mélodieux, une première trille de plaisir qui s'éteignit sur l'exhalaison d'un

"ouiiii"

deux fois répété. Et elle ouvrit alors les yeux, accrochant ses prunelles où passaient les brumes de la pamoison sur les flammèches du désir au regard brillant de Maximus et posant ses deux mains tremblantes sur le large torse qui lui faisait face.

"Oui Maximus, reprit-elle dans un soupir, que s'accomplisse mon destin de femme!"

Et elle lui tendit sa bouche frémissante d'appréhension et de désir sans le quitter des yeux.

Il s'empara de la bouche qui s'ouvrait enfin à son appel. Ses lèvres prirent la mesure de la fraîcheur de cette offrande vierge qui venait à lui enfin. Sa langue chercha celle de Salomé qui répondit d'abord hésitante à son appel, puis, petit à petit, s'enhardissait pour répondre à l'étrange danse qu'il sollicitait. La porte de la cité était tombée ! À présent son désir pouvait envahir chaque ruelle de son corps. Les mains de Meko s'étaient posées sur les fesses tremblantes qui s'offraient à lui, il les massait avec délicatesse, glissant ses doigts sur les globes lisses pour venir effleurer le vallon sombre qui séparait ces deux monts l'un de l'autre. Se faisant parfois plus inquisiteur, il osait l'exploration jusqu'à effleurer le petit renflement de la grotte secrète qui se nichait au fond de ces lieux encore inexplorés. Maximus jouait avec la langue de la jeune femme, ne se lassant pas de la fraîcheur maladroite de ces premiers baisers. Sa main glissa lentement sur le ventre plat pour effleurer doucement les poils pubiens aux reflets sombres. Il la massait doucement, en mouvements circulaires, descendant à chaque cercle de quelques millimètres, progressant dans son exploration de ces terres vierges. Bientôt ses doigts effleurèrent doucement le renflement de son sexe.

Salomé eut un soubresaut d'effroi lorsqu'elle sentit la pulpe de ses doigts étrangers venir frôler les frontières de sa virginité. Elle se raidit, le coeur affolé, ouvrit la bouche pour chercher de l'air et ... rencontra une fois encore la bouche de Maximus et la langue intrusive qui venait cueillir les fruits de la victoire tandis que les doigts poussaient encore plus loin leur conquête, entrouvrant ce qui n'avait jamais été découvert, effleurant le jeune bourgeon dont nulle main n'avait jamais cherché la sève. Elle lutta contre le baiser, griffant les épaules de Maximus et s'y cramponnant tout à la fois, n'osant se débattre de peur qu'un mouvement plus ample ne l'offre davantage aux caresses de l'autre main qui lui brûlait les reins, vrillée entre l’appréhension qui étreignait son âme et le désir qui éclatait dans ses entrailles, prise entre deux craintes majeures, piégée entre volupté et terreur primitive de la douleur, de la transgression de l'interdit.

Dans son affolement, elle mordit sauvagement la lèvre de Maximus, sentit le sang perler de la blessure, et, s'arrachant à son étreinte, se protégea de son bras de peur qu'il ne la frappe en retour

Maximus passa sa langue sur sa lèvre blessée, récoltant les fines gouttes de sang, en appréciant la texture. Elletop_tdl2063 protégeait son visage de son bras levé qu'il écarta doucement mais fermement de son visage. Du bout de son doigt, il recueillit sur ses lèvres quelques gouttes de sang, et, les caressant doucement, les maquilla de ce liquide pourpre, avant de reprendre d'autorité les lèvres de la jeune femme. La douleur vive de la morsure et le goût du sang avait encore fait monter son désir d'un cran. Les mains de Meko glissaient à présent doucement sur les hanches de Salomé puis s'emparèrent de ses seins qu’il entreprit de caresser fermement, malaxant les deux globes aux pointes érectiles. Les doigts de Maximus fouillaient l'intimité ruisselante, ruisselante d'une eau qui n'avait rien à voir avec celle du bassin. Son pouce venait de découvrir le clitoris, le délivrant de sa prison de chair, et avait commencé un mouvement appuyé sur le petit appendice de chair tandis que ses autres doigts ouvraient l'intimité encore neuve de la jeune femme et caressaient la barrière fragile de son intimité. Meko, collé au dos de Salomé, faisait glisser son épieu entre les chairs fermes de ses fesses, tandis que sa bouche dévorait la nuque offerte et tremblante.

Salomé goûta au sang de Maximus et ce baiser embrasa tout son être et elle y répondit avec l'ardeur innocente d'un désir aussi neuf que violent. Elle appartenait à cet homme désormais. C'était ce que lui disait le goût cuivré de ce sang qui se mêlait à son être, c'était ce que voulait son corps qu'elle sentait s'ouvrir sous les caresses. Elle échappa à sa bouche et se laissa aller contre lui, dans le creux de son cou en murmurant, d’une voix saccadée

"Oh, tu es beau Maximus… tu es comme le rêve de mon bien aimé … tu es… plus agréable qu'un rêve encore …les baisers de ta bouche… tes baisers sont comme un nectar. Je suis comme… le lys qui ploie sous le vent… je me couche sous ta main. Je veux être tienne…Et j'ai peur"

Et disant ses mots, ses jambes s'écartaient doucement et elle venait à la rencontre des doigts de Maximus, livrant aussi, dans sa cambrure, ses rondeurs callipyges aux caresses de Meko.

"Tu es belle, belle comme le Tibre lorsque ses flots gonflent au printemps, belle comme seule peut l'être une femme que remplit le désir, laisse-moi t'aider à vaincre ta peur, laisse-moi te faire femme, te faire ma femme."

Ses doigts commencèrent à accélérer le mouvement sur le sexe qui s'ouvrait à ses caresses. Ses doigts appuyaient sur l'ultime rempart de sa virginité dosant la caresse, l'amenant au bord de la rupture et relâchant la pression pour recommencer aussitôt. Meko dévorait le cou qui s'offrait à lui, sa bouche remontait doucement pour mordiller les oreilles de Salomé en savantes caresses. L'esclave prit une des mains de la jeune femme et la porta sur le sexe de son maître. Recouvrant la main fine de la jeune fille de sa puissante main noire, il entreprit de la guider dans sa caresse sur le sexe tendu. Maximus poussa un gémissement de satisfaction. Il prit l'autre main de Salomé qu'il posa de même sur le membre de Meko, la guidant dans sa caresse, comme Meko la guidait sur son membre, sans que jamais ses doigts diaboliques ne cessent de jouer sur son sexe ruisselant. Il quitta la bouche de Salomé et ses lèvres vinrent doucement prendre celles de Meko. Les deux langues se rencontrèrent dans un baiser profond, s'emmêlant furieusement, avant que Maximus ne recule un peu et que le visage de Meko ne se tourne vers celui de Salomé et que ses lèvres ne cherchent les lèvres de la femme gémissante prise entre leurs deux corps.

intro_sklaven_mandingo_gSalomé reçut le baiser de Meko sans se révolter. Elle l'accueillit et le rendit sans plus penser, simplement livrée aux stimuli des corps, abandonnée aux vibrations de désirs et de plaisirs qui amalgamaient leurs chairs. Elle se laissait aller, offrant ses mains, donnant sa bouche, palpitante et vaincue, son coeur battant la chamade mais emporté par la volupté et plus par la peur. Elle haletait et gémissait doucement sous les baisers et ne savait plus vraiment qui prenait sa bouche qui malaxait ses seins. Les yeux clos, elle se laissait emporter par la houle du plaisir, par le trouble délicieux des caresses échangées. Elle nageait. Elle plongeait. Elle flottait. Elle s'offrait. Elle voulait. Tout son être appelait les caresses, cherchait les corps jumeaux, sans qu'elle en ait conscience. Plus rien ne pesait dans son esprit. Elle était prête. Et ouvert était le jardin de ses entrailles.

Maximus libéra son membre de l'étau des deux mains qui l'enserraient, le faisant glisser doucement contre la peau fine de l’intimité palpitante. Il présenta son gland turgescent à l'entrée du vagin de la jeune femme. Il caressa de son gland la chair fine des lèvres ourlées, doucement le bout de son membre trouva sa place entre les chairs qui s'ouvraient comme une fleur en corolle. Il reprit la bouche de Salomé, tout en commençant à faire pénétrer son dard dans les chairs frémissantes. Il sentit le bout de son gland buter contre l'hymen de la jeune femme et s'immobilisa un instant, sentant la main de Meko glisser sur le clitoris pour le caresser doucement. Il poussa un peu et sentit la fragile barrière se rompre sous son effort. Il ne s'arrêta pas, faisant glisser sa hampe dans l'intimité de sa partenaire. Il l'investit complètement, ne cessant que lorsque leurs ventres furent soudés l'un à l’autre et qu'il sente, contre sa peau, les doigts de Meko qui s'activaient frénétiquement sur le clitoris. Il sentit soudain une pression contre son membre. La main de Méko, qui le caressait auparavant, venait d'atteindre les reins de Salomé. Il enfonçait un de ses doigts dans l'anneau resserré, écartant ces chairs, et entreprenant de fouiller les reins qui se tendaient vers lui. Maximus commença à faire aller et venir doucement son membre tandis que l'eau du bassin se teintait d'une légère couleur rosâtre qui déjà disparaissait dans les remous de l'eau comme les dernières traces d'une vie qui pour elle s'achevait ce soir par une naissance à un monde nouveau.

Salomé feula, les chairs prises dans la tenaille de deux plaisirs inimaginables. Il lui sembla que son coeur avait cessé de battre et qu'un immense brasier dévorait son plexus. Poussée et tirée, happée et retenue, elle se mit à onduler, adoptant la cadence qu'impulsait la verge qui la pénétrait et dont elle ressentait intensément la texture et la force, et que lui imposait, tout en douceur mais avec fermeté, les doigts qui fouillaient ses reins. Elle se livrait aux impulsions, à la rythmie croissante des corps qui prenaient possession d'elle, sans douleur, sans peur. Seulement ivre de sensations, transportée d'émotions, ravie à elle même et à toute morale. Révélée. Elle hululait son plaisir et chercha la bouche de Maximus pour y trouver un apaisement, et y rencontra une flamme plus ardente encore. Elle s'agrippa à lui, son sexe pulsant, dansant sur son membre le plaisir qui l'emportait, offrant ses reins sans vergogne, abandonnant tout vestige de virginité dans un chant de volupté.

Meko retira son doigt de ses reins et positionna son gland contre la rosette étroite de Salomé. Les mains deibras Maximus s'étaient saisies de ses fesses et les écartaient au maximum tout en la faisant aller et venir sur sa hampe. Il sentait les contractions de ses muscles qui massaient sa verge sous la houle du plaisir. Meko la saisit aux hanches et poussa son membre dans l'étroite grotte qui se  tendait vers lui. Il sentit un anneau de feu enserrer la base de son gland qui disparaissait en elle. Elle poussa un cri lorsque ses chairs s'écartèrent sous l'assaut de la colonne noire. Il poussa doucement en avant, faisant entrer la hampe dans le boyau étroit. Maximus sentait contre son sexe l'intrusion de Meko dans les reins de Salomé, à travers la fine séparation de chair. Lorsque les deux hommes furent profondément enfoncés dans son corps, ils entreprirent de synchroniser leurs va et vient, commençant à la prendre doucement, puis de plus en plus vite.

Salomé sentit la douleur et cria. Mais à peine son cri avait-il franchi ses lèvres que la douleur s'évanouit, faisant place à une sensation de bien être lumineuse. Elle était emportée par le galop de puissants destriers et elle était cavale elle même, cheval volant, jument marine, mouvements cosmiques, séisme des chairs.... elle ne savait plus. Elle était là, brûlante, haletante, saoulée de plaisir,  dans un cri de naissance. Et elle se laissa guider et emporter et appela à elle cette fusion des corps, dans le chant paroxystique de ses gémissements. Ce fut comme si son corps explosait dans la lumière.

Ils allaient et venaient en elle avec force, tout se diluait autour d'eux. Maximus sentait la chair de Salomé autour de la sienne et la hampe de Meko qui glissait contre la sienne. Il se sentit submergé par une vague puissante qui le traversait complètement. Il sentit le membre de Meko gonfler contre le sien, ce qui finit par déclencher son plaisir avec violence. Il cria en jouissant, remplissant le corps de Salomé de ses jets brûlants. C’est à peine s'il remarqua les soubresauts du membre de Meko dans ses reins tandis qu'il jouissait. Sa bouche n'avait pas lâché un seul instant celle de Salomé, buvant son cri de jouissance, et leur baiser continuait par delà la jouissance, au delà du plaisir, au delà de leurs corps.

Il sentit les corps s'affaisser doucement tandis que la tension se relâchait. Leurs membres toujours enfoncés en Salomé, ils caressaient doucement le corps tremblant de la jeune femme, laissant courir leur main sur la chair tendre. Ce fut Meko qui le premier sortit du bassin.

"Je vais préparer la couche des maîtres."

Il sortit de la pièce, les laissant seuls. Ils restèrent un long moment allongés l'un contre l'autre dans le bassin. Ils ne disaient rien, les mots étaient inutiles, leur souffle parlait pour eux, leur peau disait ce qu'ils vivaient, ce qu'ils ressentaient. Leurs bouches se dévoraient, leurs mains déjà se cherchaient encore. Il la prit par la main et l'emmena à sa suite à travers la villa jusqu'aux portes de sa chambre, la conduisant vers sa large couche.

"Voici ma couche. Notre couche."

Il l'allongea sur les draps pourpres et se coucha sur elle, la caressant doucement. Debout, dans un coin de la pièce, Meko les observait en souriant. Si les maîtres l'appelaient, il viendrait les rejoindre, mais c'était un plaisir que de voir, pour la première fois, une femme recevoir les honneurs de la couche du maître.

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