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Les Ecrits Pourpres
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7 janvier 2006

5. Recherches et Découvertes

librarydrgPendant ce temps, Sofia avait passé la porte de la Grande bibliothèque d'Avalon, Ekna à ses côtés et ils s'étaient enfoncés à travers de sombres corridors, à la fois étroits et si hauts que Sofia ne parvenait pas à en distinguer les plafonds, perdus dans l'obscurité. Comme elle s'étonnait de l'étrange architecture des lieux, Ekna lui expliqua que, lors du Temps des Grandes Batailles, les anciens du  Conseil avaient tellement craint pour les précieux documents, manuscrits et archives que recélaient la bibliothèque qu'ils avaient fait construire, tout autour de la tour principale, un réseau protecteur, de couloirs et de corridors, permettant d'y piéger des assaillants et de garantir la protection du patrimoine des Dragons d'Avalon. Comme ils débouchaient sur une immense salle voûtée, plissant des yeux à cause de la clarté soudaine, une voix chuintante, au fort accent gaélique, les accueillit

"Latha malt. Fàilte Ekna. Que me vaut votre auguste visite petit chenapan, en cette si belle journée... et en si charmante compagnie ?"

Ekna sourit et, se tournant vers une pile de livres, répondit:

"Latha malt Maître Kerpendrir. Vous ne me ferez pas croire, vous qui savez tout, que vous ignorez ce qui nous amène en ces lieux. Mais je vous présente Sofia, notre visiteuse du monde du dehors... et notre alliée"

Sofia, fixant obstinément la pile amoncelée, finit par découvrir, perché à son sommet, l'être qui les avait accueillis de son aimable salut. C'était un curieux petit Dragon, recroquevillé sur la pile de livres et qui lui sembla, elle ne sut trop pourquoi, incroyablement âgé. Elle lui adressa un hochement de tête et un sourire poli.

Maître Kerpendrir descendit de la pile de livres, en prenant grand soin de ne pas renverser le fragile équilibre de son sommaire trône. Il finit par rejoindre le sol, s'approchant de Sofia qu'il inspecta sous toutes les coutures.

"Latha Malt Sofia, latha Malt, heureux de vous rencontrer, j'ai peu de visite en ces lieux, les habitants d'Avalon sont si soucieux de leur avenir qu'ils en négligent leur passé. Ce qui est une funeste erreur je trouve."

Le visage ridé du dragon semblait conserver en permanence un air amusé. Il se dirigea vers un meuble contenant un grand nombre d'ouvrages de dimensions considérables et en retira un de la pile d'un geste rapide.

"Voilàà, De Draconicum ! Cela devrait vous intéresser ; cet ouvrage fut rédigé par Elinkabar de Markanad, un dragon fort érudit. Il traite, notamment, de la physiologie des dragons et des modes de reproduction. Peut-être y trouverez-vous ce qui a pu m'échapper ?" La tête du dragon se tourna vers Ekna, qu'il inspecta en clignant légèrement des yeux.

"Tu me parais bien pâle. Tu devrais prendre le temps de te baigner dans l'eau de vie, on dirait un troll." Puis, changeant de sujet, il se tourna vers Sofia. "Je suis tout à votre disposition, jolie demoiselle. En quoi puis-je vous être utile ?"

Sofia, qui s'était immédiatement plongé dans la consultation de l'impressionnant volume que le dragon venait de lui remettre, et compulsait avidement une planche sur la reproduction des Dragons, releva brusquement la tête

"Qu'est-ce que cette "eau de vie" Maître Kerpendrir ? Je ne parviens pas à trouver le chapitre qui s'y rapporte."

Et voyant que les deux dragons échangeaient des regards gênés, elle ajouta, rapidement agacée

"Je vous en prie... l'un de vous deux voudrait-il bien m'éclairer ou faudra-t-il que je perde du temps en recherches fastidieuses ?! Croyez-vous que nous ayons vraiment du temps à perdre en vaines pudeurs, simagrées et autre secret d'état ?"

Le vieux Dragon hocha la tête.

"Vous avez raison Sofia, il n'est plus temps d'hésiter. L'eau de vie est une eau précieuse, qui coule dans la rivièrewhiteperndrg Branaka et qui traverse toute la terre des dragons. Elle est faite d'un équilibre bien particulier de métaux précieux, et d'une bonne part de magie aussi. Cette eau est mortelle pour toute forme de vie. Seule les Dragonnes peuvent la boire et la restituer purifiée. Alors ses pouvoirs sont considérables : longévité, force, la capacité de guérir les blessures, et… bien d'autres choses encore. L'eau de vie est le bien le plus précieux des dragons et appartient à tous et à personne. Il est interdit de se battre aux abords de la rivière et seules les femmes ont le droit de s'y rendre. Il faut aussi savoir que sans eau de vie, nulle femelle dragon ne peut enfanter."

Le sourire du vieux dragon s'élargit un peu et, se penchant vers Sofia, il lui glissa à l'oreille.

"On dit aussi que l'eau de vie peut favoriser les sentiments de celle pour qui votre coeur bat… c'est peut être ce qui cause ces soudaines rougeurs chez ce vaillant, mais bien transparent, guerrier."

Sofia dévisagea le vieux dragon avec un sourire tout à la fois interrogateur, amusé et confus et claqua le livre pour le refermer, ce qui eut pour effet de faire sursauter Kerpendrir, qui la foudroya d'un regard désapprobateur. Elle se releva, serrant le lourd volume dans ses bras et s'excusa :

"Veuillez pardonner ma brusquerie Maître Kerpendrir. Je vous promets d'en prendre le plus grand soin désormais. Car il va me falloir l'emporter avec moi, il y a là bien trop de données pour que je les assimile et... pour l'instant j'ai plus urgent à faire"

Le vieux Dragon la regardait, affolé, et agitait la tête en tout sens

"Je vous en prie... ne me le refusez pas, cela m'obligerait à des allées et venues tellement contraignantes ... et... "

Un bruit de pas les fit se retourner. Gimal et Jukonna surgissaient de l'ombre du corridor.

"Ah Gimal, Jukonna ! » reprit Sofia « Vous tombez bien. Jukonna ayez l'amabilité de conduire Gimal à mes appartements. Gimal, ouvre les caisses et sors tous les instruments que tu trouveras. Ekna vous me conduirez à l'hôpital. J'ai besoin de faire certains prélèvements sur les dragonnes décédées. Ah ! Et il faudrait aussi que je puisse recueillir des fragments de coquille de nouveau-né de sexe féminin. Et enfin, vous me conduirez à cette fameuse rivière. Allons, pressons ! Maître Kerpendrir, c'est entendu pour le livre ?"

Tous la regardaient s'animer, donner ses ordres, les yeux écarquillés. Elle était passé du calme de l'étude à l'action sans transition et Gimal, qui la connaissait le mieux, fut le premier à réagir. Tapant sur le flanc de Jukonna, il lui désigna la sortie.

Le petit dragon hocha les épaules. "Oui maîtresse, Jukonna bonne bête de somme, Jukonna bien gentil, il va porter gros itlelmen dans maison de maîtresse."

Ekna fit signe à Sofia de le suivre auprès de la grande fenêtre qui donnait sur la ville. Kerpendrir, cependant, lui signala tout de même au passage que ce livre avait plus de deux mille ans et qu'il valait mieux éviter de griffonner des annotations sur les marges. Ils quittèrent la tour des archives pour entamer une lente descente vers l'hôpital de la cité où les attendait le docteur Notchenko. Avant qu’ils ne la rejoignent, Ekna se pencha vers Sofia.

"Je vous prie de m'excuser pour tout à l'heure Sofia. Je n'aurais pas dû faire passer mes sentiments avant mon devoir. Cela ne se reproduira plus à l'avenir." Soudain, le dragon s'immobilisa, se maintenant en sustentation dans un courant ascendant. Il lui désigna deux dragons, qui s’élevaient, semblant tracer une double ellipse dans le ciel, se croisant à quelques centimètres l'un de l'autre. "Regardez ! C’est un spectacle rare, une parade amoureuse qui commence. Voyez le mâle est un jeune, on le reconnaît à ses couleurs vives, faites pour attirer de potentielles compagnes. Ils vont monter dans le ciel et danser pour se prouver leur maîtrise du vol et leur maturité."

Les deux dragons, à présent, se frôlaient, plongeaient et remontaient, leurs ailes s'effleurant en une lente caresse, piquant au sol, tourbillonnant sur eux-mêmes. Le ballet dura une dizaine de minutes, les cercles se faisaient de plus en plus rapprochés. Le spectacle avait attiré une foule de curieux, sur les toits et les balcons des tours d'Avalon, qui semblait fixer les deux dragons avec anxiété. La voix d’Ekna se fit plus basse et plus tendue.

"A présent, l'épreuve de confiance. C’est ici que nous saurons si ces deux amoureux se font assez confiance pour envisager de s'unir. Ils vont se saisir, par les griffes, l'un l'autre et se laisser plonger vers le sol, étroitement enlacés, ils vont se laisser tomber et, s'ils se font confiance, ils attendront le dernier moment pour rétablir leur vol à  quelques mètres du sol. Si l'un d'eux doute de l'autre, il rompra l'étreinte trop tôt et ils en resteront là." Les deux dragons s'étaient rejoints dans le ciel et s'enlaçaient, liant leur sort dans une même étreinte. Repliant leurs ailes, ils basculèrent vers le sol et commencèrent à se laisser tomber. Il sembla à Sofia que leur vitesse était vertigineuse ; ils filaient entre les tours de la ville, sous le regard des habitants d'Avalon.

pernmating"Il arrive parfois, qu'attendant trop, les deux finissent leur vie ensemble dans cette épreuve." Les dragons filaient vers le sol et Sofia se dit qu'ils ne survivraient pas, qu'ils allaient s'écraser sur les rues blanches de la ville. Brusquement, les ailes des deux dragons se déployèrent simultanément et leurs griffes s'ouvrirent, à tout au plus quatre mètres du sol, et les deux amants rétablirent leur vol. Filant comme l’éclair, ils reprirent de l'altitude, remontant en cercles concentriques vers le sommet des tours, sous les applaudissements et les vivats de la foule.

"Deux coeurs unis, confiance et sérénité."

Ekna se tourna vers elle, reprenant son vol vers l'hôpital, une pointe de tristesse dans les yeux.

Sofia se remit à respirer normalement et se rendit compte qu'elle s'était cramponnée, de toute ses forces, aux bras d'Ekna pour surmonter l'angoisse de ce spectacle. Elle relâcha vivement son étreinte et murmura "C'est fascinant Ekna et terriblement émouvant. Votre culture semble posséder tellement de qualités que nous ne faisons qu'effleurer, nous piètres humains ! Et vous avez le vol ! Ce rêve des hommes ! Vous ne pouvez savoir combien je peux vous envier cette faculté ! Voler, pouvoir franchir les distances d'un battement d'ailes, frôler les nuages !" Elle secoua sa songerie "Pardonnez-moi... ce spectacle a eu un drôle d'effet sur une émotivité que je croyais bien mieux enterrée en moi... vous voyez ... je peux comprendre que les sentiments submergent parfois la volonté... Arrivons-nous bientôt ? Me conduirez vous ensuite près de votre rivière, Ekna ?

"Nous arrivons, mais ce n'est pas moi qui vous conduirait auprès de la rivière, il est interdit aux mâles de s'en approcher. C'est Ilia qui vous mènera aux rives si nécessaire."

Il avait un air sombre et triste. Il enviait ce couple, qui venait de se faire l'offrande de leur coeur, de tout ce qu'ils étaient, dans une parfaite harmonie. Il sentait les sentiments qui étaient nés dans son coeur et mesurait l'immense gouffre qui le séparait de la jeune femme. Ils se posèrent sur le toit de l'immeuble. Ilia leur fit un signe de la main en s'approchant.

"Un messager de Nelkas m'a prévenue de votre probable arrivée. J’ai tout préparé à votre intention dans une des salles d'opération."

Ekna hocha la tête. "Je dois aller donner un cour auprès des archers volants. Si vous avez besoin de moi… Jukonna ira me quérir."

Sans ajouter un mot, il prit son envol vers la tour du conseil. Déjà Ilia entraînait Sofia dans les couloirs de l'hôpital, pour la mener vers la salle d'autopsie.

"Je dois vous expliquer comment procèdent les dragons pour se reproduire. La mère porte un oeuf, deux au maximum, que les géniteurs déposent ensuite dans un nid. Les mères le maintiennent, grâce à leur feu, à une chaleur constante d'une centaine de degrés. L’éclosion survient au bout de quelques jours. Il en va de même pour une porteuse humaine qui accouche, au bout de quelques semaines, d'un oeuf unique. Cet œuf est déposé à l'état embryonnaire par le mâle, lors de l'accouplement pour les sangs mêlés ou directement par frottement pour le cas des dragons de race pure. C'est le ventre de la mère qui nourrit l'oeuf jusqu'à maturité, l'accouchement est alors provoqué par un onguent spécifique."

Le docteur s'immobilisa dans le couloir, fixant Sofia droit dans les yeux.

"Dans les terres sombres, lorsqu'un dragon de pur sang décide d'engrosser une femelle humaine, il laisse l'oeufbadbirth grandir dans la mère jusqu'à ce que cela la tue. Mais c'est de plus en plus rare. Les femmes sont trop précieuses pour renforcer l'armée ; elles peuvent pondre près de six oeufs dans une année, c'est une ressource vitale pour eux. Quoiqu'il en soit l'insémination de femmes humaines ne permet pas la naissance de femelles. De ces unions, il ne peut naître que des mâles. Parfois, le patrimoine génétique de la mère se transmet à l'embryon, ce qui donne naissance aux sangs mêlés, aux demi dragons. On détecte cela lors de la couvaison de l'œuf. On peut agir alors sur la constitution de l'enfant, en augmentant ou en baissant la chaleur du nid, en y ajoutant certaines pierres. Mais souvent, les oeufs ne sont pas viables et la mortalité infantile est grande. Dans le cas des femelles, depuis l'apparition de la peste noire, les oeufs de dragonnes sont rarement viables, et, de plus en plus souvent, les mères meurent en couches. Voilà, je viens de vous tracer un sommaire aperçu de la situation. Rien de bien réjouissant n'est-ce pas ?"

Elle ouvrit la porte d'une petite salle d'autopsie. Sur une grande table métallique, on avait allongé le corps d'une petite femelle dragon.

"C'était son premier-né. Ce sont les plus jeunes qui sont les premières touchées."

Sofia jeta un coup d'oeil rapide à la pièce et jaugea, d'un air approbateur, les différents instruments mis à sa disposition puis elle s'approcha froidement du corps, le détaillant et notant mentalement les informations qu’elle récoltait.

"Ilia... ne vous offusquez pas si je refais des analyses que vous avez déjà pratiquées... j'ai besoin de pouvoir faire mes propres diagnostics et je ne connais pas de meilleur moyen que de tout reprendre à zéro. De plus... j'ai besoin de savoir... "Elle détaillait le corps tout en parlant, enfila une paire de gants et prépara scalpels, seringues et éprouvettes

"Où en êtes-vous exactement de vos connaissances génétiques sur les Dragons ? Avez-vous déterminé les caryotypes de femelles atteintes et comparé avec des femelles saines, car il en reste encore, si j’ai bien compris ?"

La russe lui sourit doucement.

"Je tiens à vous rappeler, jeune fille, que j'ai 80 ans et que je suis ici depuis plus de 50 ans. Je n'ai pas la moindre idée de ce que peut être un caryotype. Je n'ai que quelques scalpels à ma disposition, et beaucoup d'imagination pour traiter mes malades. Par contre, je peux vous dire que les femelles les plus atteintes présentent souvent des gonflements de leurs glandes lymphatiques, ainsi qu'un sang extrêmement pauvre qui les affaiblit et les mène rapidement à la mort. C'est à peu près tout ce que j'ai pu déterminer. Regardez… ici, vous avez la poche de gaz. Lors de la décomposition des aliments, le système digestif des dragons produit un gaz extrêmement léger et très inflammable qui permet de produire le feu du dragon, ainsi que leur sustentation aérienne. Seuls les grands dragons sont à même de cracher le feu par ailleurs. Mais en vérité Sofia, je désespère de trouver une solution. Je ne connais pas la cause de la peste noire, pas plus que je ne sais comment la soigner."

"Ilia... je doutais jusqu'alors de pouvoir vous aider réellement. Vous me sembliez maîtriser tant de connaissances dont nous n'avons pas même idée. Mais je crois que la technologie que j'amène avec moi va nous permettre d'avancer dans la connaissance de cette saleté de peste noire. Je vais avoir besoin d'un échantillon de sang, d'un prélèvement du derme, du foie et de la moelle épinière d'une dragonne fraîchement décédée mais aussi... d'une dragonne épargnée et saine. Vous pensez que cela sera possible ? Si vos équipes peuvent se passer de nous pour ces interventions, je souhaiterais que vous me conduisiez à la rivière sacrée, il me faut en analyser la structure moléculaire. Et je crois que j'aurai alors tout ce qu'il me faut."

Sofia bouillonnait d'impatience et avait du mal à ne pas brusquer Ilia. Dans sa tête, une hypothèse s'élaborait peu à peu. Voilà des années qu'ils cherchaient, sans avoir fait d'études poussées de l'ADN... il y avait peut être quelque chose à vérifier du côté d'une homéogénèse... Elle rangeait fébrilement les instruments... se préparant à un départ qu'elle souhaitait imminent, sa nature humaine connaissant bien mal la patience.

Un des assistants bondit sur l'occasion pour prendre la parole, et peut être d'intéresser la fille venue de l'extérieur dont tout le monde parlait en ville. Il faut dire que cette femme, si différente de toutes celles qu'il avait rencontrées à ce jour, était des plus fascinante.

"Nous avons de l'eau de la rivière ici. Nous en gardons toujours pour concevoir des baumes qui soulagent les douleurs de l'enfantement des dragonnes."

il saisit un bocal, empli d'une eau légèrement trouble.

"Voici de l'eau de la rivière, mon collègue va vous ramener tous les prélèvements que vous avez pu nous demander." Immédiatement, les deux assistants zélés entreprirent de déposer sur la table tout ce que Sofia avait pu évoquer. A présent, tous les trois se tenaient devant la jeune femme, attendant on ne savait quel miracle, leurs yeux interrogatifs fixés sur Sofia.

Elle leur rendit leur regard un instant, médusée et amusée par leur empressement, et s’attacha à Ilia qui semblait elle aussi goûter le comique de la situation.

"Et bien, messieurs, si je m'attendais ! Je vous remercie infiniment  mais… si vous continuez ainsi, à presque pouvoir devancer mes demandes, je vais finir par croire que vous parvenez à lire mes pensées et ... ce pourrait être terriblement gênant."

Voyant qu'ils ne savaient trop comment prendre sa répartie, elle éclata de rire

"Je suis désolée ! Il y a, chez mon peuple, une tradition humoristique qui semble vous échapper. Soyez sûrs que j'apprécie grandement votre efficacité."

Elle examina les échantillons déposés

"Il ne manque rien... ou presque... juste un petit morceau de l'enveloppe de l'oeuf si je ne m'abuse. Si vous pouviez pallier à cet oubli ... ?"

Elle leur adressa un grand sourire complice et se tourna vers Ilia.

"Je pense que je vais aller chercher quelques instruments, et notamment mon ordinateur portable... en espérant qu'il ne soit pas endommagé... et travailler ici, avec vous et votre équipe. Je crois que ce serait une bonne chose, non ?"

Ilia approuva d'un mouvement de tête.

vol_de_nuit"Vos effets ont été amené ici par Ekna, tôt ce matin. Tout a été rangé dans les armoires de la salle d'autopsie. Le conseil est très impatient de vous voir à l'ouvrage. Je dois vous l'avouer,… j'ai tenté de comprendre à quoi pouvaient servir vos instruments mais l'utilité des trois quarts d'entre eux m'échappe." Elle fit coulisser une porte pour faire apparaître le matériel de Sofia qui se précipita pour en vérifier  l’état.

Puis, elle se dirigea vers la table d'opération, commençant à découper, de quelques coups de bistouris adroits, les différentes parties du corps de la dragonne pour en prélever la moelle épinière. Elle releva la tête un instant.

"Au fait, pour ce qui est de lire dans les pensées, ils sont effectivement capables de le faire. Cela fait partie de la formation pour devenir guérisseur dans la cité d'Avalon. Les dragons les initient à ces techniques mentales."

La femme brune se pencha à nouveau sur les organes qu'elle sectionnait. Sofia regardait les assistants avec un air effaré, essayant au mieux de cacher ses pensées derrière un mur de protection.

"Inutile de tenter de nous cacher quoi que ce soir, nous pouvons tout voir.... Tout savoir." La voix d'Ilia lui parut venir d'outre-tombe. C'est à ce moment là que les deux assistants éclatèrent d’un rire moqueur. Le docteur releva la tête, avec pour la première fois, un sourire sur son visage.

"Nous aussi nous pratiquons l'humour Sofia, même si les temps actuels ne s'y prêtent guère."

A cet instant, Gimal et Jukonna apparurent dans la pièce, portant le reste des effets de Sofia.

Sofia sourit, s'empourpra, confuse de s'être laissée piégée et secoua la tête d'un air résigné et amusé tout à la fois

"Vous pouvez bien vous moquer de mon instinct de protection, allez ! Il est aussi inutile que dérisoire et je n'ai, en outre, rien que je puisse avoir envie de vous cacher... bien au contraire... Tout ce qui me préoccupe, en cet instant, est centré sur le solutionnement de l'énigme de cette maladie. Alors… si vous pouviez puiser mes pensées autant que nécessaire…"

Au même instant, elle se rendit compte que surgissait dans son esprit le nom d'Ekna. Elle se troubla et, pour reprendre contenance et éloigner toute confusion en elle, elle s'adressa vivement à Gimal

"Cher Gimal ! Je suis bien heureuse que tu sois là et accompagné de l'indispensable Jukonna, bien sûr ! Mais je crains que les heures qui s’annoncent ne te paraissent terriblement ennuyeuses. Je vais me plonger dans des recherches et ne pas bouger d’ici de toute la journée. Je crois que tu devrais en profiter pour te faire guider dans Avalon par Jukonna… si vous le voulez bien, bien entendu mon incontournable officiant. Je sais, Jukonna, que vous ferez un guide hors pair pour expliquer à mon ami toutes les merveilles de la cité. Et je vous promets de vous retrouver au crépuscule pour que nous dînions ensemble. Cela vous va-t-il ? »

Il y avait bien longtemps que Gimal avait compris qu’il ne servait à rien de discuter avec Sofia quand elle avait pris une décision. Aussi l’approuva-t-il d’un hochement de tête résigné. Il allait encore devoir supporter l’infernal bavardage de l’animal ailé. C’était sûrement la punition que lui envoyaient les dieux : une migraine permanente ! Mais, au moins, allait-il satisfaire sa curiosité et échapper à l’inactivité et à l’enfermement entre quatre murs qui lui étaient bien plus douloureux que la migraine !

Ils se mirent donc au travail, faisant des prélèvements, étudiant, comparant les résultats. Ilia et ses assistants se montraient hautement intéressés par ce que faisait la scientifique. Ils posaient peu de questions et se montraient rapides à assimiler les techniques qu'elle utilisait. Chacun s'affairait à sa tâche. Sofia distribuait les consignes et le silence s'installait. Les heures succédaient aux heures. Petit à petit, Ilia s'initiait aux techniques et principes de la génétique et se montrait captivée par les observations que faisait Sofia. Ils convinrent que la peste noire avait unrebirth lien avec l'âge des victimes ; effectivement, les Dragonnes les plus anciennes, dont ils possédaient des prélèvements, ne présentaient aucun signe du mal. Par contre, les restes des victimes qu'ils étudiaient semblaient souffrir d'une forme aigue de leucémie qui les menait à la mort irrémédiablement. Mais, s'ils saisissaient le mécanisme du mal, ils n'arrivaient pas à en déterminer l'origine pour autant. Qu’est-ce qui provoquait le mal ? L'étude de l'eau avait conclu qu'elle était tout à fait conforme aux prescriptions du livre de la bibliothèque et qu'elle ne présentait pas la moindre trace de bactérie étrangère. Ils étaient devant la table, épuisés et découragés, attendant que l'ordinateur de Sofia finisse d'analyser les prélèvements de tissus. Un des assistants regardait songeusement le bocal d'eau.

"Cela doit forcément venir de ce qu'elles mangent ou boivent. Mais elles respirent le même air que nous, mangent les même plats, tout ce qui nous différencie est cette eau."

"Nous en saurons un peu plus quand l'ordinateur aura fini de travailler sur les  caryotypes. Nous avons épuisé tellement d'autres possibilités ! Je ne vois plus que cela... un problème dans la structure de l’ADN, une transgénèse.... une mutation si vous préférez, et certainement liée à l'eau... il faudra que je vois cette rivière Ilia... Il le faut absolument !"

Sofia passa une main lasse sur son front.

"Demain ! » et s'adressant aux assistants « Je suis certaine que vous pourrez continuer les études comparatives sans moi, n’est-ce pas ? Vous êtes stupéfiants, vous avez appris en quelques heures ce qui m'a pris des années ! Et Ilia, si vous le pouvez, vous me conduirez vers cette eau mystérieuse, j'ai besoin de la voir dans son environnement. Demain, demain car là voyez-vous ... " et elle sourit "J'ai FAIM ! Je ne sais plus depuis quand je n'ai pas pris un vrai repas !"

Ilia lui sourit.

"Vous avez raison, je vais demander à Jukonna de vous ramener dans vos appartements. Vous pourrez y prendre un repas ainsi qu'un peu de repos. Nous continuerons nos travaux."

Sofia prit chaleureusement congés et les laissa à leurs travaux. Jukonna l’attendait déjà.

Il emporta Sofia dans les airs. Pourtant, ce soir là, il fut étrangement silencieux et ne prit que la peine de la déposer sur la terrasse, avant de filer à toute vitesse dans la nuit, qui était tombée depuis longtemps, sans même lui dire au revoir.

Sur la table, au centre de la pièce, on avait disposé plusieurs plateaux, couverts de viandes fumées, de terrines, des salades diverses et variées ainsi que des fruits et une grande cruche d'eau fraîche. Elle s'assit devant les mets qui lui tendaient les bras et se mit à manger voracement, mesurant à quel point elle avait faim. Un bruit léger la fit sursauter. Elle se tourna vivement vers la fenêtre, située dans son dos. Elle distingua une forme sur la terrasse qui s'avançait avec précaution, en silence. Elle se saisit de son couteau et, se retournant vivement, la lame dressée devant elle, elle interpella l'inconnu.

"Qui est là ? Qui êtes vous ?"

La vague silhouette s'immobilisa un instant et pénétra enfin dans la lumière. C'était Ekna ! Il se tenait penaud devant elle.

"Je suis désolé de vous avoir effrayée. Je voulais juste venir m'excuser pour mon impolitesse de cet après midi, mais… je vais repartir, je ne veux pas vous déranger plus longtemps."

Dissimulé derrière une des arches de pierre d'une tour proche, Jukonna se tapit dans l'ombre, plissant les yeux. C'était Ekna ! Il grogna légèrement et continua sa surveillance.

Sofia reposa rapidement le couteau et interpella Ekna qui commençait à s'éloigner

dragon_et_femme_guerri_re"Non Ekna, ne partez pas ! Je vous en prie... Restez et..." Elle ne parvenait pas à s'expliquer pourquoi elle le retenait ainsi, aussi reprit-elle avec brusquerie "Et cessez donc de toujours vous excuser pour tout et n'importe quoi ! Si vous êtes impoli, je dois vous paraître bien pire avec mes comportements de garçon manqué et mon autoritarisme primaire ! Ekna, j'ai besoin de ... de votre aide ... Attendez-moi je reviens !"

Elle se précipita à l'intérieur de ses appartements et revint, portant le lourd manuscrit sur les Dragons serré contre son coeur. Elle le posa délicatement au sol, en caressa un instant la couverture, et l'ouvrit, invitant Ekna d'un signe à venir la rejoindre

"Voyez-vous... ce chapitre concerne les temps d'avant les Grandes Batailles, quand il n'y avait qu'un seul peuple Dragon, uni... Racontez-moi Ekna, je suis trop énervée par ma journée de recherches pour aller me coucher... entendre une histoire pourra peut-être m'apaiser ..."

Ekna soupira.

"Aux temps d'avant les dragons étaient un. Ils étaient là depuis le début des temps et vivaient en paix. Ce fut l'Age d'Or des Dragons, ils étaient seuls, le monde était rempli de gibier. Puis vint le temps du feu. Le feu du ciel qui en un instant changea le monde. Les grands lézards moururent, beaucoup de dragons y laissèrent leur vie. Les plus forts seuls survécurent à la famine, au froid et aux terribles épidémies. Il ne naissait souvent que des monstres, créatures difformes qui ne survivaient qu'un court instant avant de rejoindre le néant. Ils survécurent cependant à tout cela. Il n'en restait que très peu lorsque le monde finit par renaître de ses cendres. Les vallées étaient de nouveaux verdoyantes, mais il naissait que peu de Dragons, ils avaient changés. Ils se reproduisaient moins mais étaient plus fort et résistants. Ils ont vu naître les premiers hommes, d'abord leur gibier, parfois leurs serviteurs, finalement ils se sont intéressés à eux, les ont observés, en on saisit la différence et l'intelligence qui se rapprochait de leur propre façon de penser. Ils ne chassèrent plus les humains et les regardèrent de loin. Finalement, les humains se multiplièrent sur la terre, jusqu'à ne plus laisser de place aux anciens dragons. Ce fut le temps des premières guerres. Une partie des dragons choisit de combattre l'humain, de l'éradiquer de la surface du monde, l'autre partie prit fait et cause pour ces créatures fragiles et se battit à leurs côtés. Les humains gagnèrent et ne mirent que peu de temps à se retourner contre leurs anciens alliés, qui vivaient alors dans une île sacrée nommée Avalon. Plutôt que de continuer une guerre qui n'amènerait que ruine et désolation dans les deux camps, les dragons choisirent de s'enfuir. Ils s'installèrent donc ici. Et là encore, il y eut la guerre entre ceux qui voulaient réduire les frustes peuplades de la région à l'état d'esclave et les tenant de l'ordre qui cherchaient l'harmonie et la paix. La guerre a duré longtemps et s'est terminée devant les murs de la forteresse de Knemarak, l’armée pourpre d'Avalon incapable de prendre la forteresse et celle de Knemarak, irrémédiablement affaiblie, incapable d'attaquer. De nouvelles frontières sont nées et les deux camps depuis s'observent. Voici l'histoire des Dragons ! Et si vous voulez savoir de moi d'où ils viennent, inutile… je ne le sais pas, ils ne le savent pas eux-mêmes. Ils sont là, un point c'est tout."

Sofia, se détendant peu à peu, avait écouté Ekna, songeuse, s'alanguissant au son de la voix douce et bien timbrédragonfeu de son compagnon nocturne. Dans les ténèbres qui les cernaient ne demeuraient que le pâle miroitement de pages du livre, cette voix mélodieuse et cette présence, calme et harmonieuse, tout contre elle. Mais son esprit continuait à travailler, engrangeant et analysant toujours et encore de nouvelles informations. Et alors que le silence s'était installé entre eux, et qu'Ekna commençait à se demander si elle n'avait pas fini par céder tout de même au sommeil, elle se redressa brusquement en criant "Oh Ekna ! Je sais, je sais ! Merci !" et elle lui posa un baiser sonore sur la joue. Il la regardait, éberlué, tandis qu'elle le saisissait par les épaules, visiblement surexcitée, riant et s'enthousiasmant pour une raison qui lui échappait "Oh Ekna ! Vous ne comprenez donc pas ... ma théorie... l'ADN ! Mais bien sûr ! J'aurais dû comprendre... Nekas me l'avait déjà dit et je n'ai pas fait le rapprochement ... le feu du ciel Ekna ! Les Dragons ont subi le feu du ciel ! Je suis sûre que cela confirmera ma théorie ! Nous trouverons, nous trouverons Ekna et nous en finirons avec la peste noire !" et elle se serrait contre lui, rayonnante de joie, sans remarquer sa gêne ni son désarroi.

Juché dans sa cachette Jukonna ne perdait pas une miette de la conversation. Ses sens, hyper sensibles, lui permettaient de capter, sans le moindre doute probable, tout son à une très grande distance. On lui avait expliqué que c'était là un héritage de ses ancêtres, qui chassaient de nuit utilisant leur ouïe pour fondre sur leur proie. Quoiqu'il en soit, dans sa présente activité, c'était un atout de poids. Il devait avertir son maître au plus vite ; la femme venue d'ailleurs avait trouvé quelque chose, elle semblait sur le point de résoudre le mystère de la peste noire. Il prit son envol silencieusement, se glissant, sans le moindre battement d'ailes, dans les courants entre les tours.

Dans l'appartement de Sofia, Ekna avait blêmi. Le corps chaud de la femme contre lui affolait tous ses sens. Il glissa sa main sur la rondeur de l’épaule et prit sa nuque entre ses doigts, l'attirant à lui, écrasant ses lèvres contre les siennes dans un baiser passionné, tandis que son autre main l'attrapait par les reins et la serrait contre lui.

Sofia se crispa et éleva ses deux mains, dans un même élan, pour repousser le contact. Ses mains battirent l'air un instant, affolées, puis retombèrent. Elle s'abandonna au baiser et à l'étreinte d'Ekna, laissant choir ses défenses, cédant à la langue étrange qui pénétrait sa bouche, cédant à l'appel qui s'élevait en elle et qu'elle avait tellement tenté d'ignorer. Son coeur se mit à cogner plus fort dans sa poitrine et une intense chaleur dévora son ventre. Son ressentir était si puissant qu'elle prit peur. Ses mains se cramponnèrent aux épaules de l'homme dragon et elle s'arracha à son étreinte, le souffle court, dans la plus grande confusion

"Ekna... non... il ne faut pas...."

"Pourquoi ? Vos sens, comme les miens, le crient. Ce désir là, je le sens en vous comme il est en moi. Pour une fois, une seule fois, laissez-vous aller à vos émotions avant qu'elles ne vous étouffent." Soudain, il la souleva dans ses bras et, d'un bond, s'éleva dans les airs, l'emmenant dans la nuit. Ils s'envolèrent au dessus des tours de la cité. il la fit basculer, la tenant fermement dans un de ses bras, son corps collé contre le sien, son autre main écartant doucement ses cheveux qui masquaient ses yeux. Puis sa bouche reprit celle de la jeune femme, sa langue reprenant son investigation dans la gorge offerte. Sa main glissa sur son épaule et défit la fine tunique qui s'envola, emportée par le vent. Il serrait son corps nu contre le sien et la paume de sa main explorait la poitrine frémissante qui se tendait vers lui.

chiaroscuroSofia ne se battait plus. Elle était déjà vaincue bien avant d'accepter le baiser, à l'instant même où Ekna avait posé ses yeux sur elle dans la grotte sombre de la muraille montagneuse, à l'instant précis où le sang de Dragon du jeune mâle s'était mis à frémir. A ce moment là, sans qu'elle n'en sache rien, sans même qu'Ekna le souhaite, un lien puissant les avait unis et préparés pour cette nuit. Et dans cette nuit, sous la voûte étoilée, Sofia chavirait et s’offrait aux caresses du Dragon, frémissant à chaque effleurement de sa peau par les écailles soyeuses, répondant aux puissances ancestrales qui avait pris possession de son être et qui était l'essence même de la vie. Le désir incendiait son corps et elle gémissait chaque fois qu'Ekna poussait plus loin ses frôlements. Elle gémissait mais avait envie de crier, de hurler son envie incontrôlable et presque douloureuse de l'union de leurs deux êtres.

Il sentait son désir brûlant et son sexe pulser au rythme de son coeur qui s'affolait. Ses doigts découvraient le corps de Sofia, glissant sur la soie de son ventre. Ils ouvraient son intimité, cherchant le désir moite de la jeune femme. Il défit sa tunique et la laissa tomber vers le sol. La serrant contre lui, appuyant sa virilité contre son ventre il bascula soudain et piqua dans le vide vers le sol de la cité.

« Faites-moi confiance. Devenez une part de moi et ne craignez rien. »

ils filaient vers le sol, l'air sifflant à leurs oreilles, et, tandis qu'ils plongeaient, elle sentit le sexe d'Ekna appuyer contre le sien, ouvrir son chemin en elle et la remplir de sa présence, alors que sa bouche s'écrasait sur la sienne.

Sentant le sexe du Dragon s'enfoncer en elle, faire sa place dans ses chairs, la volupté la submergea. Il lui sembla que tout ce qu'elle était, sexe, corps, coeur, âme, esprit, se liquéfiait dans un halo lumineux tandis qu'un étau brûlant enserrait sa poitrine. Au même moment, une terreur sans nom glaçait sa nuque et, prise dans une tourmente de sensations contradictoires, elle ne savait plus si elle souhaitait rester ou échapper, vivre ou mourir, s'abandonner au vertige ou céder à la panique. Ses mains, posées sur les épaules d'Ekna, s'y accrochaient puis le repoussaient alternativement, dans un paradoxe de désirs. Dans sa tête, une petite voix aigre et affolée lui répétait inlassablement "Tu vas mourir, mourir". Compulsivement, elle se serra contre Ekna, lançant ses hanches à sa rencontre, répondant farouchement à son baiser, le coeur au bord de la syncope, mais se refusant à céder à sa peur primitive, se donnant aveuglément, dans un élan total.

Le sol se rapprochait d'eux à une vitesse prodigieuse. Il attrapa les fesses de Sofia dans ses mains et, la tirant àbrom_07 lui, s'enfonça entièrement dans sa chaleur. Alors, il bascula. Et ses ailes s'ouvrirent en grand. Ce fut comme s'ils venaient de se faire happer par une main invisible et tirer vers le haut. Durant un instant qui lui parut une éternité, Sofia crut que jamais ils ne pourraient redresser à temps mais, soudain, le sol commença à s'éloigner d'eux, tandis qu'ils reprenaient de l'altitude dans un sifflement. Elle percevait, sous la pulpe de ses doigts, les mouvements des muscles des ailes d’Ekna, qui battaient puissamment dans son dos, pour l'aider à remonter vers la tour où se trouvait sa chambre. A chaque battement d'ailes, elle sentait son sexe venir cogner en elle, s'enfoncer plus fort et plus profondément dans son intimité au rythme du vol. Il pénétra en planant par la grande ouverture dans la tour, se posant sur le lit soigneusement tendu. Il l'allongea délicatement sous lui, toujours fiché dans son intimité, allant et venant en elle, augmentant la puissance de ses coups de reins, la tirant vers lui et la relâchant. Il sentit son ventre, ses chairs, se crisper autour de son membre et l'orgasme la traverser, tandis qu'il jouissait en elle, étouffant ses cris avec sa bouche. Il s'effondra sur elle, leurs deux êtres emmêlés, inondés de bonheur. Ils s'endormirent ainsi, étroitement enlacés, leurs sexes enchâssés l'un dans l'autre.

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Commentaires
B
J'aime bien le petit côté Kay Scarpetta de Sofia dans cet épisode... <br /> et m'empresse de lire la suite, des fois qu'ils feraient des loopings en s'aimant :-)
L
devrait vous plaire,,,,,,,, mais je n'en dis pas plus....
T
C’est qu’elles sont biens ces chroniques. <br /> C’est qu’elles sont très biens ces chroniques. <br /> C’est qu’elles sont très très biens ces chroniques.<br /> C’est qu’elles sont très très très biens ces chroniques.<br /> Bon, je sais, je fais chauffer la machine à cafés avec Cats…
C
Divin,<br /> Vous jouez des émotions, du suspense, des désirs...<br /> Rendant encore plus fébrile cette attente...<br /> De plus en plus impatiente à chaque chapître<br /> Hâtez vous charmants amis ....<br /> :-)<br /> Plein de bisoux pour vous encourager....
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