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Les Ecrits Pourpres
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9 janvier 2006

6. Emportées par le courant

016Sofia s'éveillait doucement, titillée par un rayon de soleil qui avait pénétrée par la grande fenêtre, restée ouverte, et jouait sur sa joue. Encore dans les brumes des songes, elle voulut se retourner et se sentit gênée, bloquée, incapable de faire un mouvement. Et les évènements de la nuit lui revinrent tout à coup, achevant de l'éveiller complètement. Son coeur se mit à battre follement. Elle n'osait plus bouger ni ouvrir les yeux, ne sachant trop quelle attitude adopter. Il était rarissime qu'elle se réveille avec un homme dans sa couche - en général elle fuyait dans la nuit ou se débrouillait pour mettre l'intrus dehors- et ... c'était la première fois qu'elle découvrait le jour avec un homme dragon tout contre elle.

Il ouvrit les yeux et la regarda de ses yeux verts aux étranges mouvances colorimétriques. Il lui sourit doucement. Son visage s'approcha du sien et il glissa sa bouche contre son oreille.

"Je sais que vous êtes gênée. Hier, nous avons fusionné et nous sommes endormis sans poser les mots sur nos gestes. Mais je sais dissiper cette gène, je pense."

Il se glissa contre son corps et elle sentit sa virilité imposante venir se frotter contre sa cuisse. Il glissa une main sous les draps et caressa ses seins du plat de la paume. Sa langue effilée venait caresser son cou et ses lèvres effleuraient la peau fine de ses épaules. Il saisit la pointe d'un de ses seins et la pinça doucement, lui imprimant une légère torsion. Son membre finissait de gagner en dureté et en taille, tandis qu'il glissait sa main de ses seins vers son sexe.

Elle frémit, sentant son corps prêt à répondre à ses caresses, avide d'en recevoir. Elle avait une folle envie de se serrer contre lui, de frotter sa peau à la sienne, de ses mains, de son sexe qu'elle sentait palpiter et se tendre contre sa cuisse. Elle retint son visage entre ses mains, approcha lentement ses lèvres des siennes et lui donna un baiser tendre et passionné, long et brûlant. Puis, elle le repoussa, doucement mais fermement, le tenant toujours entre ses paumes et plongea ses yeux dans les siens, longuement, avant de se forcer à parler. Elle savait qu'elle allait le blesser. Elle se blessait déjà elle-même, se détestant de sa faiblesse, lui en voulant de l'avoir emportée.

"Ekna... Ekna ... cette nuit n'a pas changé ce que je suis... je ... je ne serai jamais une compagne selon vos souhaits. Je ne le pourrais pas. Je ne saurais pas."

Elle vit son regard virer et s'assombrir mais s'obligea à poursuivre douloureusement

"Je me demande déjà ce que je fais encore là. Je ne suis pas une femelle. Je suis trop libre, trop imprévisible et... j'ai DU TRAVAIL " et, lâchant son visage, elle tenta de repousser son corps

"C'est ce que j'aime en vous Sofia. Vous n'êtes pas une femelle, vous êtes libre et sauvage comme les vents du grand nord. Si vous pensez ne pas savoir m'aimer, alors laissez-moi au moins vous aimer comme je l'entends."

Il la plaqua sur le lit, la faisant taire d'un baiser profond et intense. Sa main finit de glisser sur son ventre, caressant son sexe, entrouvrant ses lèvres intimes, découvrant son clitoris et appuyant fermement sur le petit bouton qui semblait se lancer à sa rencontre. Il introduisit doucement un de ses doigts dans son intimité et commença à aller et venir en elle, tout en la caressant du pouce.

"Je sais que tu le veux autant que je le veux."

S'allongeant sur elle, il lui écarta les cuisses et entreprit de caresser son entrejambe avec la peau douce de son gland. D'une seule poussée, il fit pénétrer son sexe dans son antre humide et, l'empoignant par les fesses, il la tira vers lui, entamant un mouvement profond de va et vient.

Elle enfonça ses ongles dans la chair de son dos. Elle avait envie de le mordre, de lutter contre le désir qui embrasait son ventre, contre le plaisir qui balayait sa raison, contre lui qui la dominait de sa force et faisait naître en elle une telle ivresse. Elle s'arque bouta et, relevant la tête, le mordit violemment à l'épaule. Il s'immobilisa en elle et la regarda, un sourire amusé et gourmand sur les lèvres

"ça c'est pour vous apprendre les bonnes manières vilain Dragon ! Je vous pensais mieux éduquer" ronronna-t-elle en le fixant les yeux brillants de provocation

"Ma bonne éducation à ces limites, je reste après tout un dragon."

il reprit ses lèvres, dans un baiser plein de fougue, tout en reprenant ses va et vient, enfonçant volontairement sesdragon_picture_069 doigts aux griffes rétractiles dans la chair de ses fesses, goûtant les spasmes de son intimité contre sa hampe, chaque fois que la pointe de ses griffes s'enfonçait en elle. Goûtant aussi ses petits cris de plaisir qui succédaient immédiatement à ses gémissements. Ils roulèrent sur le lit. Elle se retrouva assise sur lui, tandis qu'il la soulevait et la faisait retomber sur son membre, l'empalant profondément. Elle griffa son torse, lui laissant de longues estafilades, alors que le plaisir l'emportait et qu'elle sentait son sexe se contracter autour du dard qui déversait un flot brûlant de semence en elle. Elle retomba sur son corps et s'endormit durant un moment. Finalement, ce fut lui qui la réveilla.

"Je dois y aller Sofia. Aujourd'hui, le Grand Conseil reçoit la visite d'une délégation des dragons des brumes, qui vivent sur les sommets des montagnes, pour tenter une alliance."

Il se releva, après avoir posé un baiser sur sa bouche.

"Je reviendrai vous voir ce soir..."

Elle sembla sur le point de dire quelque chose, il posa son doigt sur sa bouche en souriant.

"Et si vous me le refusez, eh bien je forcerai l'accès de votre couche."

Il sortit sur la terrasse et se tourna encore vers le lit.

"Je t'aime Sofia."

Puis, bondissant, il prit son envol. Elle eut à peine le temps de se vêtir et de happer un fruit dans un des plateaux de la veille que Jukonna pointait le bout de son nez d'impénitent bavard. Il semblait avoir retrouvé toute sa verve et l'emporta joyeusement vers l'hôpital. Elle courut presque vers le petit labo. Ils étaient déjà là, tous les trois, … ou bien était-ce encore ? Elle n'aurait su le dire. En tout cas, elle se sentait pleine de force et de vie, étonnamment débordante d'énergie. Pourtant elle avait si peu dormi ! Elle se contempla dans le petit miroir qui surplombait une des paillasses du bloc et eut un mouvement de recul. Son visage avait changé, imperceptiblement, mais il avait changé. Elle passa les doigts sur le contour de ses yeux. Les pattes d'oies, petits signes qui marquaient le temps autour du reflet noir de ses pupilles, avaient disparu. Il n'en restait pas la moindre trace.

Elle secoua la tête, s'arracha rapidement à l'observation de son image et aux questions qu'elle suscitait, et se dirigea vers le petit groupe qui l'observait silencieusement, ne sachant plus trop comment réagir. Elle n'eut pas à forcer son enthousiasme pour s'adresser à eux avec un immense sourire. La réminiscence de la certitude qu'elle portait en elle, depuis la veille, venait de balayer le souvenir si proche d’Ekna et de leurs folles étreintes.

« Latha malt mes amis ! J’ai une grande nouvelle ! »

Ils s’entre regardèrent, avec un sourire entendu et la dévisagèrent avec sympathie. Elle toussota, soudain gênée, percevant qu’ils n’étaient sans doute pas sur la même longueur d’ondes.

Ilia eut un sourire complice...

"Nous sommes toute ouïe. Je suis certaine que cette nuit a dû faire naître en vous bien des révélations. Tant sur la génétique des Dragons que sur les propriétés exceptionnelles de leurs fluides corporels."

Les assistants se regardèrent, échangeant des regards plein de sous-entendus, puis reprirent leur masque de scientifiques appliqués. En fait, ils étaient tous les trois suspendus à ces lèvres.

« Voilà ! Ça commence ! Tu t’en doutais bien que tu te fourrais dans un sacré guêpier » se morigéna-t-elle intérieurement, avec rage, avant de poursuivre avec fermeté et un sourire moqueur

"Et bien... il est un dicton chez nous, Ilia qui dit que la nuit porte conseil. Il est vrai qu'elle apporte souvent bien plus ! Toujours est-il que... je crois que je tiens peut-être une des clés de notre mystérieuse maladie. Mais… avant de vous en dire plus, faites-moi un point sur vos travaux et surtout... voyons un peu ce que dit mon ordinateur sur l'analyse de l'ADN !" Elle commença à s'éloigner du petit groupe et, se retournant pour les observer, éclata de rire

"Ne faites pas ses mines désappointées ! Je vous promets de tout vous dire ensuite" "Enfin tout ... il ne faut rien exagérer non plus" pensa-t-elle

Un des assistants se pencha sur l’une des feuilles, couvertes d'annotations, qu'il tenait à la main.

"Nous nous sommes surtout appliqués à déchiffrer les codes génétiques des différents prélèvements faits sur les cellules souches de Dragonnes saines et malades, ainsi que sur certains mâles. Nous avons constaté une différence au niveau du chromosome 34. Ce chromosome semble actif chez les femelles malades, et inactif chez les femelles plus âgées. Dans tous les cas, il semble inactif chez tous les mâles que nous avons étudiés. Impossible pour l'instant de déterminer quelle est son utilité. Mais cela fait trop de coïncidences ; là où ce gène est inactif la maladie n'a pas d'effet. Nous avons demandé des prélèvements sur de jeunes mâles. Tous les résultats concordent, ils sont toujours inactifs."

Il était évident qu'un lien existait entre ce gène et l'état de santé des dragons. La raison pour laquelle seules les femelles périssaient ne pouvait être que l'activation, à retardement, de cette particularité génétique.

Pendant que l'assistant donnait ses explications Sofia tapotait sur son ordinateur. Elle s'exclama

"Venez donc voir ça!"

Tous trois se précipitèrent autour d'elle.

"Là ! Vous voyez ! J'ai demandé la superposition et l'analyse du chromosome impliqué... il y a bien eu mutation ! Maintenant, il faut trouver l'agent mutagène et comprendre pourquoi il a pu être reconnu par les organismes des plus  jeunes femelles. Et voilà ce que je voulais vous expliquer... Au début du temps des Dragons... il y a eu le Feu du ciel... je pense qu'on peut en assimiler les effets à une irradiation, d'après les informations que j'ai recueillies. C'est l'agent mutagène souche. Le message génétique s'est inscrit dans le patrimoine des Dragons mais il n'était pas actif. Il a fallu qu'il soit activé par quelque chose Et je crois que ce quelque chose est, comme vous le pensiez si justement, ajouta-t-elle en se tournant vers l'un des assistant qui sourit de satisfaction, présent dans l'eau. Où exactement ? Comment ? Quel est le moment et la forme de la contamination ? Ça c'est ce que nous allons devoir élucider ! C'est pourquoi il faut se rendre à la rivière ! Alors ? Qu'en pensez-vous ?" et elle releva vers eux un visage radieux qu'illuminait un sourire plein d'espérance.

Les deux assistants se regardèrent.

"Nous, nous ne pouvons pas...."

"Moi je vous y accompagne. Je suis une femme et je ne crains pas l'eau de vie."

Ilia la regardait, farouche et déterminée. Déjà, elle jetait ses instruments dans son sac à dos.

"Jukonna nous y mènera et nous ferons le reste du trajet à pied. Je vais chercher le reste de mes affaires et avertir notre taxi volant de se tenir prêt au départ. Ne perdons pas plus de temps."

dragon_et_femme_bruneElle sortit, au pas de course du laboratoire, tandis que Sofia réunissait tout ce qui pouvait lui sembler utile. Elles se retrouvèrent sur le toit de l'immeuble devant un Jukonna fort peu rassuré. Il tenta de les dissuader de quitter Avalon aussi prestement, mais rien n'y fit. Il avait reçu des ordres précis, lui demandant de mener Sofia ou bon lui semblait, aussi se résolut-il à les emporter vers la rivière interdite.

Aux bouts de quelques longues minutes de vol, il se posa à bonne distance des lieux, leur disant qu'il les attendrait, posté en cet endroit. Les deux femmes s'enfoncèrent dans les bois, avançant péniblement entre les arbres très serrés. Elles atteignirent enfin le bord de la rivière, qui coulait rapidement dans son lit de rochers. Nul bruit autour de la rivière. L’eau de vie, c'était la mort pour toute autre forme de vie qui osait s'y aventurer. Ilia déposa son sac sur le tapis de sable noir qui formait les berges du cours d'eau.

"Par quoi commencons-nous ?" 

Leur vol avait été étrangement silencieux, Jukonna, visiblement fâché de cette course vers ces lieux interdits se tenant coit, et elles deux perdues dans leurs pensées. Mais si Ilia était en train d'étudier mentalement l'hypothèse de Sofia et de tenter d'extrapoler des solutions médicales, Sofia, quant à elle, avait retrouvé, dans ce vol, au demeurant fort peu confortable, un troublant écho à de bien trop fraîches émotions. Elle avait besoin de parler, avant de pouvoir reconcentrer toute sa pensée dans sa mission, un besoin urgent de se confier à quelqu'un, une femme, une humaine. Elle soupira, en observant Ilia d'un air contrit.

"Je crains, Ilia, de faire un bien mauvais guide aujourd'hui. J'ai l'esprit préoccupé... et je ne sais trop par quoi commencer... " 

"Vous avez fait l'amour avec Ekna… inutile de m'en dire plus. L’étreinte des dragons est troublante n'est-ce pas, très déstabilisante ? Leur semence contient toute une série de protéines. Les dragons peuvent s'accoupler des heures durant, les femelles en sortent épuisées, c'est pour cela que leur semence contient un cocktail revigorant qui permet de donner un coup de fouet à l'amante. Maintenant, si ce qui vous préoccupe est la liaison que vous entretenez avec Ekna, laissez-moi vous dire une bonne chose, qu'il me semble que vous n'avez pas encore saisie. Ceux qui détiennent le pouvoir en Avalon, ce sont les femmes. Elles sont libres de refuser toute étreinte, peuvent chasser leur mâle sans vergogne et, croyez-moi, elles ne s'en privent pas. Si votre liaison vous pèse, faites-le lui savoir, il ne tentera plus de vous séduire. Demandez-lui de ne plus jamais vous approcher et il se jettera dans un trou pour être sur que vous ne croisiez plus son corps. Les dragons sont des créatures instinctives. S’il est attiré par vous, c'est pour de bonnes raisons. En somme, mon conseil serait le suivant : Profitez de chaque instant de cette aventure, et ne boudez pas votre plaisir, l'avenir nous dira bien ce qu'il en est." La scientifique russe se pencha sur son sac et en tira une série d'éprouvettes.

Le visage de Sofia s'illumina. Comme tout paraissait simple dans la vision de ce monde selon Ilia ! Et combien les craintes qui l’assaillaient lui parurent soudain vaines ! Elle s'approcha de la scientifique russe, absorbée dans son tri de matériel, et posa un baiser sur sa joue

"Merci ! Vous ne pouvez pas imaginer le bienfait de vos mots !"

La russe eut un sursaut de surprise et la dévisagea, puis finit par lui adresser un sourire empli de tendre complicité. Sofia lui retourna son sourire. Elle avait retrouvé toute son efficacité et elle désigna les éprouvettes

"Nous n'en n'aurons pas besoin pour l'instant, je crois. Mais nous allons avoir besoin de ça, pour voir si je ne me trompe pas." et elle extirpa de son sac un étrange objet qui ressemblait à une longue pelle. "Cet appareil sert à détecter les radiations ! Voyons… »

L’aiguille de l'indicateur oscilla un instant. Elles avançaient lentement le long de la berge et le signal de l’appareil se faisait de plus en plus rapide. Soudain l’aiguille se figea dans la zone rouge. Sofia releva la tête, elle ne s'était pas trompée. Les radiations ! L’eau de vie était hautement radioactive, comme avaient dû l'être les retombées de la météorite, qui avait effacé presque toute forme de vie de la terre, des millions d'années auparavant. Les dragons avaient survécu parce qu'ils avaient muté. Ils avaient d'une manière ou d'une autre développé une résistance à la radioactivité et cette résistance était inscrite dans leurs gènes. Mais l'eau contaminée avait réveillé un message génétique en sommeil, mettant les femelles en danger.

"L'eau a été empoisonnée. Et c'est un phénomène récent, compte tenu de votre histoire, qui ne peut venir que de l'amont du cours d'eau. Des Terres sombres."

Elles étaient entièrement obnubilées par l'étude du compteur Geiger. Elles ne virent pas les formes sombres sebrom_33 détacher des arbres et avancer doucement dans leur dos. Elles n'étaient pas des dragons et ne possédaient pas leurs sens surdéveloppés, alors elles ne les entendirent pas plus se glisser au plus près d'elles. Ce ne fut que lorsque le filet tomba sur elles, que les masses lourdes des trois guerriers s’abattirent sur elles qu’elles comprirent le danger. Elles n'eurent pas le temps de crier, ni même de se débattre. C’étaient trois brutes surentraînées à toutes les formes de combat. Elles furent proprement ficelées, dans un silence que rien ne vint troubler, jetées comme des colis sur le dos des hommes dragons, et emportées, au pas de charge, à travers les bois. Vers les Terres sombres.

Sofia sentait la rage et la panique l'envahir. La rage parce qu'elles touchaient enfin au but et parce qu'il restait tant à faire. La panique parce qu'elle se retrouvait dans une situation qui lui rappelait par trop son arrivée dans Avalon et que ce souvenir la révulsait. Ballottée sans ménagement, elle tentait pourtant de se débattre, de tirer sur ses liens, de trouver une issue et ne parvenait qu'à se blesser contre le corps du Dragon qui ne bronchait pas et ne modifiait en rien son rythme. Elle avait envie de crier, de pleurer. Et sentait monter une terrible nausée. Il ne manquait plus que ça ! Si elle vomissait, bâillonnée comme elle l'était, elle finirait étouffée. Elle serra les paupières et se concentra sur sa respiration, usant de toutes ses capacités mentales pour retrouver son calme, envoyant un muet appel au secours vers Ekna.

Ils coururent sans jamais s'arrêter, traversant les bois, escaladant les pierres, franchissant les cours d'eaux. Ils coururent ainsi pendant des heures traversant les Terres sombres, les hameaux désolés et miséreux, aux battisses branlantes, s'approchant de la montagne fumante que formait la citadelle de Knemarak, le château de Kilk an karr, mot issu d'une langue ancienne et oubliée, l'Ombre de la mort. Les hautes murailles noires et menaçantes s'avançaient vers eux. Ils ne se dirigèrent pas vers les terrifiantes portes d'acier qui en interdisaient l'accès mais longèrent les murs aveugles, pour rejoindre un groupe de rochers entre lesquels ils se glissèrent, s'enfonçant dans le sol. Le boyau filait sous les murailles, pas assez large pour livrer le passage à plus d'une personne de front. Il était tortueux et obscur. Les trois guerriers ne semblaient, cependant, pas gênés d’aucune façon dans leur course. Ils débouchèrent devant une lourde et massive porte d'acier qui s'ouvrit devant eux.

Ils étaient dans la citadelle, s'enfonçant, dans les couloirs, vers le coeur de l'antre de Knemarak. Ils finirent par déboucher dans une vaste pièce où les dragons les délivrèrent du filet qui les retenait, de leurs liens et baillons, avant de se retirer sans un mot. Une forme se détacha du mur le plus obscur et s'avança vers elles. Quelque chose brilla d'un éclat métallique. Sofia reconnut son agresseur du premier jour, mais il avait changé, une de ses mains était à présent une griffe d'acier aux lames effilées.

"Quelle joie de vous revoir Baineannach, vous m'avez manquée."

Ravaknar s'avança vers les deux femmes en souriant.

Epuisée par la longue course, le corps douloureux, Sofia peinait à se maintenir sur ses jambes. Cependant, elle se redressa fièrement et toisa le dragon, lui jetant un regard plein de morgue

"Ce n'est pas une joie partagée ! Mais je ne vous apprends rien sans doute" émit-elle d'une voix rendue rauque par la soif et la fatigue, mais sans baisser son regard qui se fit méprisant

"Mais je comprends que j'aie pu vous manquer, tant tout ce qu'il y a ici est laid et frustre ! Vous devez mortellement vous ennuyer ! C’est sans doute pour ça que vous en venez aux jeux de mains"

Le mufle du dragon se fendit d'un sourire cruel.

"Effectivement, je m'y ennuie souvent, mais à présent vous êtes là."

Du revers de la main il la gifla, l'envoyant au sol d'une pichenette. Immédiatement, Ilia se précipita pour s'interposer et subit le même sort. Elle tomba près de Sofia et, s'approchant d'elle pour l'aider à se relever, glissa à son oreille.

"Je connais ces porcs, nous ne pourrons pas nous en sortir si nous l'affrontons directement, il nous mettra en pièces. Nous avons été trahis Sofia et les seules armes que nous ayons contre ce démon, c’est notre corps. Il est une particularité chez les dragons de Knemarak, ils mettent toute leur énergie dans l'acte sexuel, au bout duquel ils s'effondrent dans une torpeur profonde. Utilisons cela, c'est notre seule chance ! Il va falloir être forte Sofia."

Puis, se tournant vers le dragon, elle défit le haut de sa blouse, écartant le tissu pour révéler ses seins lourds et fermes.

"Seigneur Dragon, nous admettons notre défaite, et nous nous soumettons à notre maître. Ordonnez et nous serons vos dociles servantes, nous sommes vôtre."

dorian_20clavenger_2011Sofia regardait Ilia et saisit le regard luisant du dragon qui détaillait les formes appétissantes de la russe avant de se poser sur elle. Il passa sa langue sur son mufle, la fixant les pupilles rétrécies et brillantes, tout en s'approchant d'Ilia. Elle sentit son coeur et son corps se glacer. Jamais elle ne pourrait ! Elle revoyait les bras d'Ekna, ses caresses, sa force et sa douceur, sa puissance et sa tendresse, la magie de leur union. Plutôt mourir que d'accepter .... Non ! Plutôt vivre ! Vivre et faire payer les Terres sombres pour tout le mal accompli, vivre et faire que tout cela cesse. Mentalement, elle prononça le nom d'Ekna et pensa très fort

"Je t'aime"

et se colla aux côtés d'Ilia qui, déjà, subissait les premiers attouchements sans concession de Ravaknar.

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Commentaires
E
Que croyez-vous, Touams ? Que nous ne sommes pas assez pervers pour finir JUSTEMENT en pleine action (comme toute bonne sitcom, avant la coupure pub!)? Souffrez, très cher, de ce temps de respiration que nous laissons à vos imaginaires !<br /> <br /> Toujours un plaisir de vous savoir lecteur, cher e., et vous ne croyez pas si bien dire en parlant d'un voisinage thématique, et pas seulement russe ! C'est comme si Caîssa s'était aussi penchée sur notre intrigue, insufflant sa "cadence", perdant les "pions" de notre histoire dans les "couloirs". Et vous verrez... nous avons aussi nos "gambit" et nos "fous" afin de "mater" le destin !<br /> Amical clin d'oeil !
E
Toujours superbe...<br /> Vu notre thématique "jeu d'échecs" nous ne pouvons qu'être sensibles à cette évocation russe !!! Da !<br /> Donjons, dragons, cases noires et blanches...<br /> Belles aventures...
C
Oh, vous avez raison encore Toute Belle, un coktail mêlant force et suave douceur .....<br /> :-)
T
Milles pardons Cats de vous avoir fait attendre si longtemps au café. Retard inexcusable…<br /> J’ai un seul bémol sur ces nouvelles chroniques, Elle et Lui : vous n’avez pas le droit d’arrêter d’écrire en pleine action ; c’est invivable…imaginez dans quel état vous nous laissez Cats et moi.<br /> Merci pour ce nouveau chapitre.
E
Vous le savez bien, Douce amie, combien l'attente fait partie du jeu et rend plus délicieuse encore le moment de la...hum... dégustation ! ;-)<br /> N'abusez tout de même point trop du café... prférez lui donc un de vos somptueux cocktail !<br /> La suite arriiiiiiiiiive !
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