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Les Ecrits Pourpres
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23 janvier 2006

10. Dans les feux du combat...

dragon3Soudain, l'épaisse couverture nuageuse sembla s’ouvrir et prendre vie. Loin au dessus du vol des Kirmakis, les nuages s’animèrent et, trouant le manteau épais, surgirent des formes d'un blanc éclatants. Elles traversaient la couverture nuageuse, piquant sur les dragons noirs, leurs ailes repliées contre leur corps, pour accélérer leur vitesse. C’étaient des Dragons immaculés, bien plus petits que les monstrueux Kirmakis, mais  ils fondaient sans la moindre hésitation sur leurs proies. Un murmure parcourut les rangs des guerriers d'Avalon : les dragons des brumes, les dragons des hautes montagnes du Tibet ! Ils étaient venus, ils avaient enfin répondu à l'appel d'Avalon !

Ils savaient merveilleusement voler, plus haut que n'importe quel dragon, et s'étaient dissimulés dans l'épaisse couche nuageuse, choisissant leur proie, attendant que vienne leur heure. Les Kirmakis ne les avaient pas vus, malgré les appels qui venaient des remparts pour les avertir, il était de toute façon déjà trop tard pour l'artillerie lourde de Knemarak. A une centaine de mètres de leur objectif, les dragons des brumes déplièrent leurs ailes éclatantes, pour ralentir leur descente, et commencèrent à cracher leur souffle glacé sur les ailes des immenses dragons. Lorsque les Kirmakis sentirent le souffle glacé qui les touchait, ils tentèrent bien de manoeuvrer, mais ils étaient aussi puissants que lents et peu habiles au vol. Agiles et véloces, les dragons des brumes n'avaient aucune peine à se maintenir à leur verticale et à continuer leur attaque. Les ailes noires se couvrirent rapidement d'une épaisse couche de glace. Ainsi, les Kirmakis étaient trop lourds pour maintenir leur vol,  et leurs carapaces les empêchaient de plier leurs cous  pour utiliser leur feu de quelque façon que ce soit pour sauver leurs existences. Ils commencèrent à tomber en rugissant. Paniquant, ils se télescopaient en plein ciel, ou s'écrasaient, broyés sous le poids de leurs propres cuirasses. Certains prenaient feu en vol et tombaient comme une gerbe de flamme vers le sol, où ils agonisaient. Un seul, le corps en feu, se consumant dans sa chute, s'effondra sur une troupe d'archers, la décimant.

Tous les autres moururent sans causer de dommage aux armées d'Avalon. Bientôt, le ciel ne fut rempli que de dragons blancs qui remontaient vers les nuages, disparaissant dans les brumes. Un dernier, seul, vint se poser auprès de Nekas et s'inclina devant le dragon pourpre.

"Seigneur Nekas, recevez les salutations de la cité des nuages. Je suis Kairn Ar Nek, général des armées du conseil des brumes. Je crois que nous sommes arrivés juste à l'heure dite. Excusez notre léger retard mais nous avons dû faire un détour sur le chemin."

Le dragon blanc se tourna vers Ekna.

"Vous devez être le fils de Nekas ? Le chef des archers volants d'Avalon ? J'ai à votre disposition près de cinq cents archers du corps d'élite, cachés dans les nuages, qui attendent vos ordres."

Nekas se tourna vers le général.

"Les archers ne seront pas commandés par mon fils, mais par le général Guid Ar Kena."

Disant cela, il désignait l'aide de camps de son fils. Le dragon blanc s'inclina et alla rejoindre l'homme qui déjà distribuait ses ordres à la troupe.

Ekna qui jubilait, s'assombrit brusquement aux paroles de son père. Il avait donc perdu sa confiance en affichant sondrgfightdt impétuosité ? Non, cela ne pouvait être ! Mais son esprit et son coeur étaient à la torture. Il chercha le calme au plus profond de lui et décida de s'ouvrir à son père de ses inquiétudes.

"Seigneur, vous savez ce qui préoccupe mon cœur… mais vous savez aussi que rien n'est plus important à mes yeux que la sauvegarde d'Avalon ! Je vous ai obéi, malgré ce qui combat en moi. Dois-je croire que je ne mérite plus la confiance d'Avalon ou bien... avez-vous pour moi d’autres desseins qui apaiseront mes craintes et me permettront de servir noblement notre cause ? Père, ne me faites plus attendre, quelle que soit votre décision, je m'y plierai, comme tout serviteur fidèle d'Avalon. »

Et il inclina la tête, anxieux, avec infiniment d’humilité.

Nekas abaissa un regard empli d’empathie vers son fils.

"Ce ne sont pas les guerriers en armure qui prendront cette forteresse, mais les souris qui la rongeront."

Il désigna l'entrée de la forteresse. Lentement, les lourdes portes basculaient pour révéler une masse grouillante et hurlante, qui se mit à avancer vers le pont de pierres. Ils étaient une multitude, formant un flot sombre, un amas d'armes et d'armures, avançant comme une vague menaçante vers eux. Le chambellan, qui se tenait à coté de Nekas, blêmit :

"Ils sont au moins deux fois plus nombreux que nous."

La horde de Knemarak avançait vers le pont, prenant de la vitesse. Ils chargeaient déjà, survolés par les guerriers volants qui assuraient leur couverture depuis le ciel. Les dragons des brumes ne pourraient pas intervenir, ils auraient d'abord à combattre les dragons légers de Knemarak avant de pouvoir freiner la charge de la troupe hurlante. Nekas fit un signe vers un des hommes qui se tenait près de lui. Gimal s'avança, revêtu d'une  superbe armure sombre.

"Êtes-vous prêt Gimal ?"

L'Itlelmen se frappa la poitrine.

" Je suis prêt mon Seigneur ! Prêt à venger la mort de mes compagnons et à défendre Avalon."

Nekas hocha la tête et se tourna vers son fils.

dbataille"Tu vas emmener dix hommes de confiance avec toi, et Gimal. Vous allez vous rendre discrètement à ce point. » Et il lui désigna le flanc droit des lignes, et au delà un endroit précis dans les murailles de Knemarak.

« Vous vous approcherez autant que possible du torrent. Lorsque la bataille sera à son comble, vous traverserez. Assure la sécurité de Gimal, qu'il mène sa mission à bien. Ensuite, tu pourras, puisque je ne saurais t'en empêcher, aller au secours de Sofia. Va ! Force et confiance !"

« Justice ! » lui répondit Ekna en s’inclinant. Et il s’éloigna rapidement, suivi de Gimal.

Le Seigneur dragon se retourna vers la forteresse. À présent, les premiers hommes de Knemarak mettaient le pied sur le pont de pierres.

Ekna ne savait trop s'il devait se réjouir ou rager du sort qui était le sien. Il désirait, plus que tout, combattre au corps à corps les guerriers de Knemarak et rendre coups pour coups, venger la souffrance de Sofia, qu'il avait si intensément ressentie. Mais il allait vers la forteresse ! Et la voix de son père raisonnait dans sa tête. Oui, il serait cette souris qui ferait s'effondrer la citadelle maudite. Et il irait chercher Sofia ! Il s'empressa de choisir soigneusement, avec le plus de discrétion possible, les hommes sûrs qui formeraient sa troupe. Il fit un savant mélange de la belle noblesse, courageuse et fine lame, et du petit peuple combattant, Dragons et mi-hommes, qu'il avait pu repérer pour leur adresse, leur audace et leur ruse. Flanqué de Gimal, lourdement chargé et aussi fier que concentré, il se posta, avec mille précautions, à proximité du torrent et ils attendirent, dissimulés par un éboulis de rocs. La clameur de la troupe de Knemarak qui déferlait, montait, effrayante, supplantant le roulement des eaux tumultueuses. Mais, en écho, lui répondit le cri du coeur d'Avalon "Force et confiance ! Justice !"

Les épées des chevaliers d'Avalon frémissaient d’attente mais elles ne tremblaient pas. Pourtant, la horde qui fonçait sur eux était terrifiante ! Le pont grouillait d'une masse sauvage qui hurlait sa soif de carnage.

Ils avançaient dans un couloir voûté qui devait mener au coeur de la forteresse, progressant prudemment. Pourtant, le cœur de la citadelle semblait bien être vide. Toutes les troupes étaient engagées dans la bataille dont leur parvenait le tumulte assourdi. Les murs étouffaient les cris de rage et les appels des trompes qui se répercutaient de voûtes en couloirs. Parfois la main de Jukonna la poussait contre le mur. Bien avant qu'elle ne sente la présence de l'ennemi, les sens surdéveloppés du dragon en percevaient l'approche. Ils cherchaient le trône de Knemarak, la porte noire, le coeur du secret des Terres sombres. Ils remontaient à la source de ce qui avait empoisonné l'eau de la rivière, vers celui qui avait enlevé, torturé et violé un nombre incalculable de personnes. Les couloirs devenaient plus grands, laissant plus d'espace pour circuler. Ils approchaient ; ces passages étaient prévus pour les dragons de la taille de Knemarak. C'est alors qu'elle surgit au détour d'un couloir. Elle se tenait devant eux, debout, cintrée dans son armure noire, tenant une épée dans la main et fixant Sofia dans les yeux.

"Tu n'es donc pas morte, petite putain ?"

Ilia souriait cruellement,  en levant son arme, pointant le bout effilé de la lame vers sa rivale. Jukonna la mit en garde, dressant ses deux lames courbes pour protéger Sofia.

Elle s'était plaquée contre le mur, masquant sa dague dans son dos, donnant l'illusion d'être totalement éreintée.dragonsofwar Illusion facile ! Elle ne s'était pas vue mais, ceinte de son bout de tissu déchiré, le visage et les jambes souillés de traînées de sang et de diverses salissures, les yeux brillants de fièvre, elle était effrayante et ressemblait plus à une rescapée au bout du rouleau qu'à une fière combattante. Elle releva à peine son visage vers Ilia. Des mèches de cheveux pendouillaient sur ses joues, masquant ses expressions. Elle parla lentement, d'une voix de basse, tendue par l’angoisse.

« Non Jukonna, je t’en prie ! Cela suffit… cette violence… tout ça… »

Elle se savait une trop piètre manieuse d'armes pour affronter Ilia frontalement. Et fixant enfin la russe, les yeux implorants, elle soupira :

"Pitié, Ilia... je n'en peux plus..."

Elle s'accrochait des ongles d'une main à la paroi et laissait Ilia venir à elle, l’épée brandie vers son ventre.

"Approche, approche encore" pria-t-elle muettement.

Ilia eut un sourire mauvais. Pointant son épée vers Jukonna, elle sortit de sa ceinture un petit poignard et s’approcha, tout contre Sofia, lui soufflant à l’oreille.

« Alors Putain, tu me supplies ?! Je vais te faire goûter ma miséricorde »

Et la lame de son poignard s’avança vers la gorge offerte et palpitante de sa victime vaincue. Sofia sembla s'effondrer, glissant le long du mur. Et souple, elle se redressa vivement, brandissant sa dague, qui bouscula férocement le poignet d'Ilia, lui faisant lâcher son poignard. La russe émit un juron de surprise. Déjà Sofia revenait à la charge. La dague frappa, entamant l'épaule d’Ilia qui poussa un rugissement étranglé. Un flot de sang se répandit sur le pommeau de l'épée qu'elle tenait encore, mais d'une main bien moins sûre.

Sofia cracha "Non, la putain n'est pas morte !" et attaqua à nouveau.

Ilia sentit la douleur se répandre de son épaule à son bras, tandis que la lame de la dague revenait à l'assaut, visant sa gorge. Elle se jeta sur le côté, la lame la frôlant de quelques centimètres et allant rebondir sur la roche de la grotte. Elle voulut lever son épée pour transpercer son assaillante, mais les deux femmes étaient collées l'une à l'autre et elle ne parvint pas à trouver l'espace nécessaire pour accomplir sa manoeuvre. Alors qu'elle levait son bras, la lame de la dague vint l’entailler profondément. Ses doigts s'ouvrirent, lâchant la longue lame, qui tomba au sol avec un tintement métallique. Jukonna avait abaissé ses deux sabres courbes et observait la scène.

Cet instant appartenait à Sofia et à elle seule, il n'interviendrait pas.

Ilia rua pour se dégager de l'étreinte de la jeune femme, mais rien n'y fit. Elle ne put se soustraire à la prise implacable que lui imposait son adversaire. La main libre de Sofia saisit Ilia au cou, la collant contre le mur, serrant à l'étouffer. La russe se figea lorsqu'elle sentit la pointe de la dague venir appuyer contre son ventre et y faire perler une goutte de sang. Le visage de Sofia s'approcha du sien, ses lèvres à quelques centimètres de sa bouche.

"Je te l'ai dit vieille femme, tu es déjà ... Morte !"

Et Sofia poussa sa lame, appuyant de tout son poids, fixant les prunelles d'Ilia où, après l'effarement, s'éteignait peu à peu l'étincelle de vie. Elle retira sa dague et lâcha le corps qui glissa le long du mur et s'effondra sur lui même comme un grotesque mannequin. Elle détourna le regard, fixant la lame couverte du sang de sa victime.

"Il n'y a aucune joie dans la mort... "

Elle leva ses yeux, incroyablement sombres et brillants, vers Jukonna, tenant au bout de la main son arme comme si elle lui était devenue totalement étrangère et reprit dans un souffle

"Je... croyais... mais cela ne guérit rien."

Le petit dragon inclina la tête avec douceur.

"Il fallait que vous l'appreniez par vous-même Sofia. A présent, cela ne vous rongera plus et vous pourrez songer à commencer à panser vos plaies. Mais ne restons pas plus longtemps en ces lieux, il nous faut avancer."

sea_dragonJukonna s'enfonça dans les méandres de la forteresse, sans plus ajouter un mot.

Les premiers guerriers de Knemarak touchaient la rive opposée du cours d'eau en hurlant, lorsque, soudain, l'eau de la rivière se mit à bouillonner. Une gerbe d'eau s'éleva brusquement, libérant une flèche verte qui passa comme un éclair au dessus du tablier du pont, à hauteur d'hommes.  Lorsque la forme verte déboucha de l'autre côté, elle emportait avec elle une vingtaine de guerriers, dans les tourbillons de la rivière. On vit leurs corps s'agiter un instant dans l'eau, et disparaître sous les flots qui commençaient à se teinter de rouge. D'autres formes surgissaient déjà de la rivière, passaient au dessus du pont et emportaient leurs lots de guerriers vers leur tombe liquide. Les suivants, qui étaient sur le point de s'engager sur le pont, tentèrent de s'immobiliser. Mais, derrière eux, une foule hurlante, ignorante du danger, continuait à avancer, les poussant vers la rivière mortelle. Ceux qui se trouvaient à mi-chemin tentèrent de rebrousser chemin, se heurtant au flot de ceux qui, poussés par les nouveaux arrivants, continuaient à avancer. Ce fut une cohue sans nom. Les corps s’écroulaient, piétinés, emportés par les griffes des créatures vertes qui surgissaient du néant liquide. Un attroupement s'était formé au bord de la rivière et les dragons, surgissant de l’onde, saisissaient les hommes les plus proches de la rive et les tiraient dans les flots à présent écarlates. Près de Nekas, le chambellan sautillait en pointant son bâton de commandement vers la forteresse.

"Les dragons marins de la cité engloutie de Lud ! Les dragons marins !" Puis se tournant vers Nekas.

"Vous avez réussi à les convaincre ? Comment avez-vous fait ? Ils ne sont pas sortis de leur cité depuis près de mille ans."

Nekas ne quittait pas la scène des yeux, observant la bataille.

"Knemarak est allé trop loin. Au-delà de tout ce qui peut être admis. Il a touché à l'essence même de l'unité du monde ! Aucune créature ne peut laisser se défaire l'unité."

A présent, les hommes de Knemarak retrouvaient un semblant de cohésion et se rassemblaient, hors de portée des griffes des créatures aquatiques. Il vit des régiments d'archers quitter la forteresse et venir se poster aux abords de la rivière, afin de prendre les dragons de Lud sous le feu de leurs lourdes arbalètes. Nekas sourit. Les rats quittaient leur trous.

Ekna et sa troupe, contemplaient, ébahis, l'invraisemblable apparition des dragons maritimes et le désordre qui s'était emparé des rangs de l'armée de Knemarak. Ekna ne put refréner une bouffée de joie et d'orgueil. Son père était un sage et un stratège hors pair. Il devait lui faire honneur. Il rassembla les siens autour de lui et leur indiqua qu'il était temps de passer à l'action, profitant du chaos pour approcher de la forteresse. Il leur désigna leur but et le déroulement de la mission. Ils allaient devoir plonger dans le ravin du torrent, utiliser ses courants ascendants pour remonter, tout en évitant les dragons maritimes qui, prit dans leur furie meurtrière, ne ferait pas de différence entre eux et la soldatesque de Knemarak. Il se tourna vers Gimal.

"Je me chargerai de votre vie comme de la mienne. Vous et moi avons de très bonnes raisons d'atteindre cette maudite citadelle"

L'Itlelmen, le visage tendu, acquiesça gravement. Ils se préparèrent dans la hâte.

Les archers de Knemarak commençaient à faire feu sur les dragons de Lud. C’était le moment ! Nekas fit un signe aucombat_grand porte-fanion le plus proche qui agita un étendard vert. Immédiatement, trois archers décochèrent des flèches enflammées qui tracèrent de longs sillages de fumée verte dans le ciel. Au signal, les archers volants se lancèrent vers la forteresse, avançant rapidement, filant dans l'azur comme des météores. La couche nuageuse, encore une fois, sembla s'ouvrir, laissant le passage aux dragons étincelants qui fondirent vers la bataille. Cette fois-ci, ils étaient entourés d'une nuée de dragons, plus petits, chevauchés par des archers armés de grands arcs richement décorés. Les dragons des brumes étaient accompagnés, dans leur attaque, par les dragons archers, aux couleurs vives et éclatantes. Ils piquaient  vers le tumulte, silencieux et attentifs. Il n'y avait plus d'archer sur les remparts pour les arrêter et c'est ces mêmes archers qui étaient à présent leur cible. Les hordes de Knemarak, qui survolaient la rivière, étaient trop occupés à tenter de viser les fantômes verts qui décimaient leur armée pour remarquer la présence des dragons au-dessus d'eux. Lorsque les cors affolés, sur les tours de la forteresse, se firent entendre, il était trop tard. Les dragons blancs crachaient leur souffle glacé tandis que les dragons d'Avalons, aux couleurs de feu et de flammes crachaient leur souffle brûlant. Les deux souffles se rencontrèrent à quelques mètres au-dessus de la scène du combat. Immédiatement, il se forma une brume épaisse, qui vint recouvrir tout le champ de bataille. Les archers tournaient au-dessus de cet épais manteau, se fiant aux sens de leurs montures, l'arc appuyé sur le sommet du crâne de leurs dragons. Volant, ils décochaient leurs flèches au signal de leur compagnon de combat. Une pluie mortelle traversa la brume, couchant les ennemis par dizaines. Parfois, un dragon de Knemarak perçait la couche nuageuse pour être aussitôt criblé de flèches. Empennages blancs et verts se teintaient de la même couleur, la couleur pourpre de la mort.

Lorsque le voile de brume commença à s'étendre, Ekna, qui tenait solidement Gimal arrimé sous lui - ce qui rassurait bien peu l'Itlelmen qui, s'il avait pu apprécier les capacités de vols des dragons, doutait encore de celles des demi dragons - plongeait, ailes repliés à l'apic du ravin, vers les eaux tumultueuses, suivi de sa petite troupe. La descente fut d'une exceptionnelle rapidité et Ekna ne déploya ses ailes qu'au tout dernier moment, quand il sentit les premières éclaboussures des remous brumer sur sa peau. Alors il plana, s'élevant de quelques centimètres au dessus de l'onde qui grondait, vérifiant que chacun réussisse la manoeuvre mais n'abaissant pas sa vigilance sur les flots. De là était maintenant le danger ! La brume les protégeait de tout guetteur mais ils faisaient des proies faciles pour les dragons maritimes. Il y eut un bouillonnement à sa gauche. L'un des demi dragons, l'écuyer Kir Per Gryk, venait de se faire happer. Il vira brusquement en voyant une ombre se profiler sous la surface de l'eau, s'éleva avec vélocité et replongea à nouveau, secouant Gimal sans ménagement, pour échapper à un dragon qui avait bondit. Peu à peu, lui et les rescapés de sa troupe remontaient le long de l'abîme, au pied de la forteresse. Loin en dessous de lui, il aperçut encore un retardataire imprudent se faire harponner par les dents d'un dragon. Il ne put distinguer qui, mais son coeur se serra. Il manquerait deux compagnons à l'appel à l'arrivée. C'était déjà un bien lourd tribut et ils leur restaient beaucoup à accomplir.

Un dragon blanc vint se poser près de Nekas.

"Seigneur, les troupes de Knemarak se sont regroupés près des portes de la forteresse. Ils se sont mis en formation couverte par leurs boucliers, mais nous avons eu le temps de décimer leurs archers."

combat2Nekas inclina la tête vers le messager et fit un geste vers le porte-étendard. Peu après, trois flèches jaunes montèrent vers le ciel et les troupes de dragons volants se dirigèrent vers les rangs d'Avalon, se posant derrière les lignes des fantassins. Aussitôt, une foule d'écuyers parcourut les rangs, portant des carquois pleins de flèches d'un dragon à l'autre.

La brume se dissipait sur le champ de bataille, révélant un spectacle de désolation. Le sol, devant la forteresse jusqu'à l'extrémité du pont, était jonché de cadavres. L'armée de Knemarak s'était regroupée, formant une pointe inexpugnable, hérissée de piques lourdes et recouverte par la cuirasse de leurs boucliers. Une lance d'acier gigantesque pointait vers l'armée d'Avalon, attendant que la charge vienne se briser sur le mur de fer. Un tumulte se fit entendre dans le dos de Nekas. Il se retourna. Venant de la forêt, une forme solitaire s'approchait de lui. Les dragons s'écartaient sur son passage en grognant, le regardant avec suspicion. Le chambellan recula de quelques pas.

"Par l'unité ! Un homme lézard."

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Commentaires
M
Je bois un verre de jus de Kirmaki et monte sur un dragon rouge Kiolakyuk pour, arborant les couleurs de M, aller pourfendre le terrible homme-lézard qui menace la quiétude de nos gentilles séances de jeux dans les oubliettes du Donjon !<br /> e.
C
Sans glace le whisky, bien sûr, dans un verre haut ...<br /> A ce rythme là nous prévoyons une seconde bouteille....<br /> Santé :-)
T
Tout pareil que Cats. Déjà 10 chapitres. Un vrai roman. Le pied total. Il faudra que je relise le tout quand le bouquin sera terminé. En plus, j’en profite pour me saouler avec la Douce Cats. Pas de café pour moi à ce niveau de lecture. Un whisky, pur sans glace. Bien évidemment, Cats, je partage la bouteille avec vous.
C
Chaque pas à votre suite est somptueuse avancée dans une randonnée tumultueuse et ardente.<br /> Des mots d'aventure aux saveurs multiples entre combats, liesse et fougue des corps ...<br /> <br /> Quelle soif après tout cela ....<br /> D'encore bien sur ...<br /> Et peut être un café-verre-coktail à partager ? <br /> Sourire
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