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Les Ecrits Pourpres
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25 janvier 2006

11. Que la tour tombe

chargeLa créature qui avançait vers eux, dressée sur ses deux jambes, avait effectivement tout du lézard : une tête plus plate et reptilienne que celle des dragons et des yeux fendus de serpent. Il était massif, comme tous ceux de sa peuplade, et on ne distinguait que très peu de sa peau, scarifiée de motifs rituels. Il portait une armure scintillante, faite d’un métal extrêmement brillant qui semblait adopter les couleurs chatoyantes de la lumière. L'homme lézard franchit la barrière des gardes, qui s'écartèrent sur un signe de Nekas. Chacun fixait, avec admiration, l'armure de la créature qui avançait, tête nue, portant son casque sous son bras. C'était le métal de l'armure qui suscitait et l'admiration et la crainte des dragon, le métal mythique, celui que seuls les hommes lézards savaient forger : l'alterium, le métal du pouvoir. Les hommes, une seule fois dans leur existence, avaient pu approcher cette merveille, forgée en une épée, une épée que l'on avait baptisée Excalibur et remit à un grand roi, en qui coulait le sang des Dragons. L'alterium et ces propriétés fantastiques, celle d'être indestructible et de pouvoir trancher n'importe quelle carapace de dragon comme s'il s'agissait de papier ! L'homme lézard s'immobilisa et fixa Nekas.

"Me voici."

La voix de l'homme lézard était rauque.

"Vous avez pu venir. Je n'espérais plus votre venue."

L'homme lézard acquiesça et fixa le champ de bataille.

"Sommes venus, moyen de transport peu confortable. Dragons sont lents."

Le dragon blanc, aux côtés de Nekas, hocha la tête.

"Dites plutôt que vous devriez faire une diète salutaire."

Le Lézard siffla en direction du Dragon. Nekas interrompit l'échange.

"Combien êtes-vous ?"

"Grand nombre." Ce fut la seule réponse de l'homme lézard.

Le chambellan, que la présence de cette créature rendait nerveux, se mit à trépigner.

"Et où sont-ils ? Où sont ces guerriers que vous nous vantez ? Je n'en vois pas la trace d'un seul. Alors... ? .... "

Le chambellan s'était figé. L’homme lézard n'était plus là.

"Où... où est-il ?"

L'air scintilla derrière lui et sembla se matérialiser, prenant forme physique. Le lézard se tenait dans son dos et colla sa bouche à son oreille.

"Grande magie dans métal, très grande…"

Le chambellan faillit, pour le coup, s’évanouir. L'homme lézard se désintéressa de lui et se tourna vers Nekas.

"Nous prêt. Vous ?"

Nekas tourna son regard vers la rivière et les murs de la forteresse. Maintenant, tout reposait  sur le savoir faire d’Ekna, la victoire était entre ses mains.

Ekna et son petit bataillon d’élite prenaient pieds sur la rive du torrent, dans l’arène granitique noire des Terresclyde_20caldwell_20__20princess_20in_20peril_20_1_ sombres, sous l’écrasante silhouette des murailles de Knemarak. Ekna constata l’absence de Daïn Ken Kard, un tout jeune chevalier, pourtant prometteur. Malgré sa déception, et tout en libérant Gimal, il les félicita tous rapidement mais avec chaleur.

"Paix dans l'harmonie de la Grande unité à ceux qui ont péri" prononça-t-il ensuite, en serrant le sceau d'Avalon. Tous, Gimal y compris, reprirent ses mots. Puis Ekna intima

«Faites le moins de mouvements possible et couvrez-vous de sables. Devenez les Terres sombres ! »

Chacun, l’imitant, se frotta soigneusement le corps de sable noir. Ils ne furent bientôt plus que des masses indistinctes sur le sol. Aussitôt, en file indienne, moitié rampant, ils se glissèrent précautionneusement entre les rochers, jusqu’au pied de la forteresse. Ekna cherchait le passage, se laissant guider par son instinct. Tout à coup, ses compagnons qui le suivaient pourtant de près, le virent disparaître sans comprendre où ni comment: S'empressant le long de la paroi à sa recherche, ils l'entendirent chuchoter « Par ici ! » Ils s’engouffrèrent tous dans un étroit passage.

Ils étaient sous les murailles ! Sans flambeau, les sens aux aguets, ils avancèrent rapidement, guettant les bruits et les présences. Mais seul l’écho lointain de la bataille leur parvenait faiblement. Ces lieux semblaient désertés. S’enfonçant dans l’étroit boyau, en petites foulées silencieuses, ils arrivèrent devant une lourde porte métallique qu'ils poussèrent. Ils avaient pénétré l'inviolable forteresse ! Ekna se tourna vers Gimal.

"Je crois que vous avez maintenant une chose à faire. A vous de nous guider Gimal ! Nous assurons votre protection."

La troupe se déploya autour de l'Itlelmen, prête à assurer sa couverture, le long des couloirs qui semblaient inoccupés.

Pendant ce temps, Sofia et Jukonna avait gagné les abords de la salle du trône. Jukonna devait retenir Sofia qui voulait bondir vers la salle secrète. Il flairait une présence qu'il ne parvenait pas bien à identifier.

Jukonna passait doucement sa main griffue sur le bois luisant de la porte. Toute son attention se portait sur ce qu'il percevait, dissimulé de l'autre côté de la cloison. Un pouls rapide et affolé, une odeur de peur et de mort aussi, sang frais et chairs brûlées. Il repoussa doucement Sofia sur le côté et, se collant contre le mur, il poussa la porte du plat de la main. Celle-ci s'ébranla doucement, révélant un spectacle de désolation. La salle du trône était emplie de cadavres mutilés dont les chairs broyées reposaient dans des mares de sangs. Les lourdes tentures qui recouvraient les murs finissaient de se consumer, tombant en cendres. Jukonna se glissa dans la salle, mais il ne sentit plus de danger immédiat. En cet endroit, la mort avait déjà récolté son dû. Il avança avec précaution, humant l'air autour de lui. Il cherchait d'où venaient les relents âcres de panique qui flottaient encore dans la pièce. Soudain, sa griffe se détendit sous la dalle épaisse du trône et ressortit, tenant à bout de bras un petit dragon tremblotant. La créature les regardait, totalement paniqué. Une longue estafilade courait le long de son visage. Sur sa poitrine, l’emblème des prêtres d’Avalon était brisé. Il gémit, protégeant sa tête de sa patte malingre. Il gémit plus fort, alors que Jukonna le posait au sol.

"Ne me tuez pas, Seigneurs d'Avalon. Ne me tuez pas, je me rends."

Jukonna le fixa attentivement puis, embrassant la pièce d'un mouvement de tête.

"Que s'est-il passé ici ?".

Le petit dragon hocha la tête et murmura d'une voix à peine audible.

"Quand le seigneur Knemarak a vu que tous les clans et toutes les cités des dragons se liguaient contre lui il est venu ici, pris d'une colère sans pareille. Il les a tous fait venir, les savants russes, tous. Ils croyaient recevoir de nouveaux ordres… il les a massacré, tous, un vrai carnage. Je n'ai pu que me cacher sous le trône avant qu'il ne me réduise en bouillie moi aussi."

Jukonna saisit la petite créature par le cou. "En reste- t-il un ? Dis-moi en reste-t-il un ?" Le petit dragon hocha la tête négativement.

"Où est il ? Knemarak ? Où est Knemarak ?"

Le dragon sembla se tasser sur lui même.

"Il est allé dans la pièce où dort le feu du ciel. Il a dit que puisque Avalon ne voulait être sien, alors Avalon disparaîtrait."

colorfinal2Sofia eût un haut le coeur. Ce fou était capable de tout. Elle s'élança vers la porte métallique, ignorant le misérable petit dragon pendu au bras de Jukonna. Elle se cogna à une porte verrouillée et, tira sur les panneaux pour les forcer à s'ouvrir, cherchant désespérément le mécanisme d'ouverture qu'elle n'avait pu repérer, à cause de son état, lors de sa première visite. Malgré l'urgence de la situation, elle n'arrivait à rien et rageait, maudissant Knemarak et cette fichue porte dans toutes les langues qu'elle connaissait.

Soudain, le tonnerre éclata dans la pièce. Les épais murs de pierres se mirent à trembler. De larges blocs de rochers se détachaient de la paroi pour se briser sur le sol qui tremblait. Sofia tomba, sentant les vibrations se transmettre à toute la citadelle. Par les fenêtres de la terrasse leur parvint un terrible cri de guerre. Mais ce n'était pas le cri de guerre bestial des soldats de Knemarak. C'était une seule voix faite de milliers de bouches. Et cette voix criait de tout son être

"Avalon"

faisant, à elle seule, trembler les murs de la forteresse. Jukonna se précipita sur la terrasse et se figea. La muraille était percée, une longue  brèche s'ouvrait en son flanc. Les pierres finissaient de retomber, écrasant au passage bon nombre des guerriers de Knemarak massés dans la cour. Il vit son père, entouré des oriflammes d'Avalon, lever sa grande patte griffue et tendre son poing vers les troupes ennemies rassemblées devant la porte désormais inutile. Les troupes d'Avalon s'ébranlèrent au pas de charge, lances pointées vers le triangle hérissé de piques que formaient les premiers rangs des défenseurs. Ils allaient se faire transpercer ! C'était suicidaire de courir ainsi droit sur les premières lignes, c'était se condamner à finir embrocher sur les lances ennemies.

Sofia s'était relevée péniblement. L'effet du formidable choc avait été salutaire. Il avait calmé son sang bouillonnant d'impatience et c'est la tête froide qu'elle se replaça, face à la porte, sans se préoccuper davantage du vacarme guerrier qui provenait du dehors. Elle observa patiemment les mécanismes, détaillant les symboles, observant les minces égratignures qui blessaient le métal. Et soudain, tout fut clair. Ses mains s'agitèrent sur les motifs. Elle héla Jukonna.

"Venez m'aider Jukonna. Je suis trop petite pour atteindre le haut de cette satanée porte!"

A regret, le dragon quitta son poste d'observation et se précipita à son secours. Il la souleva d'un battement d'ailes tandis qu'elle touchait les motifs, composant une combinaison. Il ne lui fallut que trois essais, le coeur battant, pour qu'ils entendent jouer les mécanismes. La porte cédait enfin, coulissant sur elle-même.

La poussière retombait enfin dans le couloir. Ils respiraient péniblement, les oreilles bourdonnantes. Après avoir disposé soigneusement les charges d'explosifs que lui avaient concoctés les assistants de la traîtresse Ilia, Gimal les avait entraînés loin dans les couloirs, pressentant la force de cet étrange explosif à base de composés organiques de Dragon. Il ne s'était pas trompé. La muraille avait été soufflée par l'incroyable explosion. Gimal en fin artificier, avait utilisé le tunnel secret pour déposer sa bombe, juste sous les fondations de la muraille. Il se tourna vers Ekna.

"Ma mission, Seigneur, est accomplie.  Je vous libère de la charge qu'est ma protection. Allez sauver Sofia."

Ekna n'attendait plus que ça. Enfin ! Mais loin de s'engouffrer dans les couloirs au pas de charge, il se retira dans un coin sombre, s'assit sur le sol en tailleur, se concentra sur sa respiration et, dans un état méditatif,  chercha les ondes de Sofia. Il la localisa rapidement et le chemin qui menait vers elle s'inscrivit au même instant dans son cerveau. Lentement, il sortit de sa léthargie, se redressa, respira profondément et désignant deux de ses hommes ordonna

"Sarn Pen Fig, Ort  Tahn Kig, suivez-moi ! Les autres... demeurez avec Gimal et servez Avalon du mieux que vous pourrez !" Et il s'élança.

La masse des guerriers d'Avalon approchait de la pointe d'acier qui se dressait dans leur direction. Les hommes ne sebattle_of_hornburg_lee posaient plus la moindre question et couraient tout droit, comme le seigneur Nekas leur avait ordonné. Leur confiance dans le grand dragon était totale. Ils fonçaient droit devant eux, leurs lances abaissées et les épées levées. Les troupes de Knemarak faisaient front, les officiers criant leurs ordres pour qu'ils tiennent leur rangs serrés. Tout n'était pas perdu, l'armée d'Avalon ne pourrait briser les lignes de défenses, ils ne parviendraient jamais à la brèche. Un rugissement s'éleva dans les airs, un cri qui n'était pas celui des dragons, un cri terrible et inhumain. La plaine en face de la brèche se mit à scintiller dans le soleil. Sous le regard incrédule des dragons de Knemarak, l'armée des hommes lézard parut se matérialiser dans la plaine. Ils couraient, faisant des bonds de plusieurs mètres, terribles dans leurs armures scintillantes ; le métal magique lançait des éclats de feu. Un bourdonnement horrifié s'échappa des rangs de Knemarak.

"Les hommes lézards"

La rumeur affolée montait jusque dans la salle du trône tandis que Sofia, suivie de Jukonna qui portait le petit dragon ficelé sous le bras, s'engageait à pas de loup dans la salle secrète. Il y régnait un silence de mort que seul le ronronnement des turbines troublait. Et dans l'étrange pénombre irradiée de pâles reflets verdâtres, Sofia ne distinguait rien

"Jukonna ! Il faut localiser Knemarak ! Je ne vois rien !" chuchota-t-elle en s'immobilisant, tous ses sens, bien insuffisants, aux aguets.

"Il est là, je ne sais pas où, mais il est là. Je sens sa présence fétide, mais je ne parviens pas à déterminer où avec précision. Knemarak est un mage dragon, il sait se rendre invisible pour tous ceux à qui il veut se cacher."

Il ne murmurait pas, de toute façon le monstre responsable de tout ce carnage avait dû sentir leur présence depuis longtemps. Il restait cependant collé contre le mur de l'énorme pièce, retenant et protégeant Sofia. Si Knemarak voulait se jeter sur eux il devrait venir de face. Il déposa le minuscule dragon contre un pilier, l'enchaînant rapidement, avant de continuer sa progression, scrutant les ténèbres. Les cylindres d'acier luisaient doucement dans la pièce. Il désigna un petit boîtier, fixé sur chacun des tubes, où défilaient des chiffres clignotants.

"Qu'est-ce que cela ?"

Sofia n'eut pas à s'approcher davantage pour comprendre. Elle souffla

"Un mécanisme de compte à rebours ! Ce malade à programmer la destruction !"

Précautionneusement, elle se plaça près du boîtier et en étudia l'assemblage. Cela semblait simple. Bien trop simple. Un ingénieur de première année aurait pu les stopper un à un. Cette évidence devait cacher un piège mais lequel ?! Où ? Il ne leur restait que trente minutes. C'était peu, si peu. Sofia frémit et expliqua à Jukonna ses ultimes conclusions. Puis, elle baissa la tête piteusement.

"Honnêtement... je ne sais pas comment m'y prendre cette fois ..."

"Cela ne vous serait d'aucune utilité de toute façon. Vous serez morts avant que l'explosion ne se produise."

dragoneyeLa voix venait de la porte. Ravaknar se tenait dans l'embrasure, sa griffe d'acier jetant des lueurs meurtrières à travers la pièce. Il était entouré d'une dizaine de guerriers. Jukonna le mit en garde. Ils s'évaluaient, tournant doucement l'un autour de l'autre en grognant. Jukonna commençait à douter de l'issue de la bataille. Il n'arrivait pas à retrouver la paix intérieur, l'unité lui échappait Il était fatigué, ses blessures le faisaient souffrir et en face de lui se tenait une machine à tuer, en pleine possession de ses moyens, assoiffée de sang et ivre de colère. Les compagnons de son agresseur lui coupaient toute issue par laquelle ils auraient pu tenter une fuite. Fuir d'ailleurs ? Pour aller où ? Si ce n'était pas Ravaknar qui les rattrapait, ce serait le feu du ciel.

Sofia hésitait sur la conduite à tenir, ne sachant si elle devait entrer dans le combat pour soutenir Jukonna, qui, malgré son courage évident, faisait pâle figure face à Ravaknar et sa soldatesque, ou ne rien tenter et se concentrer seulement sur les mécanismes de compte à rebours. Elle se replia dans l'ombre, lentement, cherchant à toute vitesse à prendre la meilleure décision possible

Les hommes lézards allaient atteindre les flots tumultueux et se précipiter dans l'onde lorsque les dos des dragons de Lud vinrent affleurer à la surface de l'eau, formant une passerelle improvisée, une sorte de Y sur la rivière. La horde des hommes dragons se scinda en deux, la première partie bondissant vers la faille, pénétrant dans la forteresse sombre, la seconde fonçant sur le flanc de la troupe qui gardait le pont. Les défenseurs, face à ce flot hurlant, tentèrent de se tourner vers le danger le plus immédiat, les hommes lézards, mais il était déjà trop tard. Entaillant les armures, tranchant les membres, fendant les boucliers et renversant leurs propriétaires, les hommes lézards enfonçaient les lignes de Knemarak. Les rangs se disloquèrent, et l'armée d'Avalon rencontra celle de Knemarak. S'infiltrant à travers les troupes désorientées, les soldats d'Avalon commençaient le corps à corps avec leurs ennemis jurés.

Dans la salle secrète, un duel inégal commençait. Sous l'oeil ironique des guerriers assemblés en demi cercle, Jukonna faisait face à Ravaknar qui le toisait, découvrant de terribles crocs, dans un sourire mauvais. Sofia avait abandonné le dragon à son destin pour s'attacher à la déconnexion du système de mise à feu. Elle cherchait toujours le détail infime qui lui permettrait de trouver comment désamorcer sans risque l'infernal processus, et les minutes défilaient. Elle luttait pour conserver son calme. "Pense comme un dragon ! Pense comme un dragon" se disait-elle. Mais ses pensées s'enchevêtraient dans l'angoisse d'un irrémédiable échec. Elle entendit le premier tintement métallique des armes mais ne releva pas la tête.

Jukonna tenta de prendre Ravaknar par surprise en lui portant un coup à la gorge, mais celui-ci l'esquiva avec facilité,dragon_2003 d'un mouvement souple du bassin, balayant l'espace devant lui de sa terrible griffe d'acier. Quatre lignes rouges apparurent sur le flanc de Jukonna, mais celui-ci ne se redressa pas moins, soulevant son épée devant lui. Ravaknar passa à l'attaque. Les lames s'entrechoquaient et Jukonna reculait sous la violence des coups reçus. Bientôt, acculé contre un pilier, il ne tentait plus d'attaquer, essayant de parer aux assauts du terrible guerrier, sentant ses forces l'abandonner. Un coup plus puissant fit voler son arme au loin. Ravaknar sourit cruellement en levant son épée. 

"C'est tout ce que vous savez faire Ravaknar ? Vous attaquer à un ennemi blessé ?"

Ekna se tenait derrière eux avec ses compagnons, armes à la main. Les dragons qui accompagnaient Ravaknar se saisirent de leurs propres armes.

"Posez vos armes ! ordonna Ekna, la bataille est perdue et vous le savez. Rendez-vous et nous nous montrerons cléments envers vous."

Les dragons se regardèrent et se précipitèrent sur les nouveaux arrivants en grognant. Ravaknar les suivit en criant.

"Le fils de Nekas est à moi." 

Sofia s'était dressée. Ekna ! Ekna était là ! Elle vit Ravaknar fondre sur lui et elle le vit éviter la charge avec adresse et frapper l'abject guerrier au droit d'une de ses ailes, y laissant une profonde déchirure. Le mugissement de rage de Ravaknar lui broya l'estomac. Mais Ekna parait ses coups avec calme et y répondait avec audace. Ses compagnons, aidés de Jukonna, qui malgré ses blessures était entré dans la mêlée, combattaient fièrement la troupe de Ravaknar, ne cédant aucun terrain. Elle ferma les yeux. Elle aussi avait son combat à mener. MAINTENANT. Elle était sûre d'une chose, d'une seule... il fallait qu'elle coupe tous les boîtiers à la fois. D’instinct, elle se dirigea, glissant d'ombre en ombre, vers le panneau coulissant où se trouvait la carte de Chine, la contrée mythique des Dragons. Elle ne s'était pas trompée ! Faisant coulisser le panneau, tâtant la carte, elle retrouva, sous la Chine, l'amas de fils qui commandait tout le système. Restait à savoir lequel était le point névralgique !

La troupe de Ravaknar se réduisait considérablement ;  les guerriers de Knemarak ne semblaient pas avoir le dessus sur leurs adversaires. Plus souple et plus calme que le rustre Ravaknar, Ekna combattait avec tout le sang froid d'un dragon, suivant en cela les années d'apprentissage de son père. Alors que, pour la énième fois, il parait une attaque de son ennemi, Ekna se sentit soudain précipité au sol. Un des comparses de Knemarak venait de faucher sa jambe d'un coup de queue rapide. il vit son épée lui échapper et Ravaknar la pousser du bout de sa patte griffue. Ekna recula, tandis que le monstre essoufflé et souriant s'avançait. Il jeta son épée au loin et leva sa griffe d'acier.

"Tu n'as plus d'arme et c'est ma griffe qui va te tuer. Mais je veux d'abord que tu saches le plaisir que j'ai pris à baiser ta femelle. Combien elle a aimé que je la prenne par là où jamais tu ne l'as prise. Il parait même que cette chienne y a prit goût, qu'elle en a redemandé dans les cellules."

guerre La brute éclata de rire en levant sa patte. Lorsqu'un sifflement traversa les airs.

Dans un bruit mat, une hache à double tranchant vint se planter dans le sol près d'Ekna. Elle était magnifique, brillante de couleurs chatoyantes et ondulantes. Ravaknar, fasciné, ne pouvait s'empêcher de la fixer. Soudain, il se rendit compte que le manche de la hache se trouvait à quelques centimètres de la main d'Ekna. Mais il était trop tard ! Rapide comme l'éclair, Ekna avait déjà saisi la hache, s'attendant à ce qu'elle soit aussi lourde qu'un homme. Mais elle était incroyablement légère et maniable. La double lame siffla dans les airs propulsé par le bras du dragon. Un instant, il sembla que rien ne devait se passer. Puis la tête de Ravaknar se détacha de ses épaules. Son heaume, proprement coupé en deux, tomba au sol en tintant. Le corps du dragon s’affaissa sur ses genoux, secoué de tremblements. Ekna leva encore une fois la hache et l'abattit, fendant le corps du monstre en deux comme on fend une bûche.

Le combat avait cessé autour d'eux. Tous fixaient ce qui avait été le plus terrible combattant de Knemarak. Les survivants déposèrent leurs armes au sol et se mirent à genoux, implorant le dragon de les épargner. Ekna observait la lame scintillante et posa ses yeux sur l'homme lézard qui la lui avait lancée et qui le regardait avec son visage sans expression.

"Toi bien battre pour Dragon ; toi garder Ran-oökel de Kar."

Puis il se tut et s'avança vers les prisonniers. Il tira un long poignard de sa ceinture et, d'un geste vif, avant que quiconque ne puisse réagir, égorgea les trois prisonniers. Se tournant vers Ekna, il ajouta.

"Honneur dragon, pas celui de homme lézard. Pas quartier, détruire le mal."

Sans rien ajouter, il repartit en courant à travers les couloirs, rejoignant le flot des guerriers qui ravageaient la forteresse. Sofia, s’obligeant à se concentrer sur sa mission, avait fini par trouver. Elle touchait au but, sentant qu’elle tenait la combinaison pour désamorcer cette maudite bombe ; elle voulut en faire part à ses compagnons et se tourna vers eux, pleine d'enthousiasme. Elle se tourna… pour se trouver face à la gueule béante de Knemarak, qui se tenait derrière elle à quelques centimètres à peine de son dos.

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Commentaires
E
Avis de recherche.<br /> <br /> Recherchons elle et lui. Disparus depuis fin janvier. Merci de signaler toute info sur eux à M. et e. On murmure qu'ils auraient été kidnappés par leurs propres dragons non loin de Pompéi. Information à vérifier bien sûr.<br /> <br /> Ciao bella et bello.
C
Amore italiano, fiore della vostra squisitezza, fuste certamente la<br /> meraviglia più morbida della bella Romes
L
Che bel viaggio..... senza un attimo per scrivere... mà tante imagine nelli occhi, tanti piaccieri, tante emozione, tanti bacci... Oh Roma eterna... Ariverderci !
C
Mais où vous cachez donc si délicieux amis ?<br /> Seriez vous donc partis vers la belle Italie ?<br /> Nous laissant assoiffés perdus sans vos écrits...<br /> Sans café sans baisers sans même de whisky ...<br /> Que douces soient vos nuits vos regards éblouis<br /> Des plaisirs en pluie déversés sur la vie...
E
Je crains qu'il ne faille mettre rapidement un terme à nos aventures en Avalon... sinon vous allez finir alcooliques tous deux !<br /> <br /> Psssst ... Heu... Touams... c'est cela oui, prenez-moi donc en otage, retenez-moi en Alsace où tout me retient ... mais dont je dois si souvent m'éloigner. Oui !
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