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Les Ecrits Pourpres
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27 mars 2006

Le sauna Club Provence Paris... deux Bidets....

kosvenus_bidet1kosvenus_bidet1Il neige… il neigeait en mars sur Montmartre. D’un pas allègre nous quittons notre base retranchée, cette chambre, témoin de nos ébats pourpres naissants. Car il en allait ainsi, à cette époque où nous découvrions notre attirance mutuelle pour cette sexualité qui défiait les normes, les codes, et les dogmes. Nous sommes partis sous la neige, par un après midi où le vent glacé donnait vraiment envie d'aller se promener ailleurs..... Nos jambes transies, les miennes peut-être moins, arpenteur de l'Est rodé aux froids et à la bise… Ah ces baisers volés, par ci par là, au détour des chemins... Bien, je m'égare, et il faut le dire, nous nous égarions si bien que nous fûmes, un temps, perdu rue de Provence… cette rue charmante qui porte si mal son nom.

Car ce n'était point la tramontane qui nous jetait dans les encoignures des portes pour de farouches baisers visant à nous réchauffer, encore moins le mistral, mais un vrai blizzard ! De Provence, la rue n'avait donc ni les couleurs ni la clémence météorologique ! Mais elle avait la promesse d'un endroit chaud où réconforter nos corps, et plus encore, les faire monter en température. Il y avait, dans cette rue, disait-on, un sauna, propre à laisser libre cours à nos instincts. Première épreuve : trouver ce fameux sauna ! Quand on n'est pas parisiens, qu'il faut arpenter une longue, très longue rue, lorsque le vent vous gifle et que la neige se joue de votre visibilité… Autant dire que nous avons failli passer à côté sans le voir... quand on veut faire discret, on frise parfois l'invisibilité.

Ce fut si discret que nous passâmes vraiment à côté ! Mais nous ne sommes pas de ceux qui se laissent impressionner par quelques rafales de vent et un courant d'air dans les bas de ma douce Sofia. Finalement, trouvant l'entrée de ce lieu de perdition, perdu, oui, à l'étage d'un immeuble, nous pûmes enfin sonner à la porte du sauna le Provence, impatients de nous réchauffer enfin quelques instants, de nous réchauffer et surtout de nous échauffer. Une fois franchis la porte d'entrée, direction le vestiaire réservé aux couples… car il est un vestiaire pour les hommes seuls… Et c'est donc là que le bas blesse… car fut-il résille, là, il blesse. Première impression d'un endroit propre MAIS surtout d'un agglutinement de mâles devant la porte du vestiaire des couples...

On a beau être en couple justement, je me sens dans la peau de la brebis innocente prête à être mise en pâture aux hyènes, à vouloir s'abreuver (enfin se réchauffer, n'empêche ça reste une histoire d'eau... d'O aussi mais là n'est pas la question... je m'embrouille... normal avec tous ces regards collés à chacun de mes gestes !). Moi qui rêvais de nudité confortable, dans une ambiance chaude et détendue, ... et de jeux tout en douceur... je ressens cette pression constante déjà comme une agression. Cela commence bien ! Et personne de la direction pour intervenir devant cet agglutinement insectoïde !!!!

Nous étant dévêtus, nous prenons la direction des douches, fendant la foule des hommes qui se tiennent tout le long du couloir, magnifique haie d'honneur semblant bramer "UNE FEMMMMMEEEEEEE" Le long de notre chemin..

Fendre la foule des hommes. Jolie image, certes ! Si D. est l'étrave qui fend sans problème, moi je suis la coquille ballottée entre des corps qui s'efforcent de m'effleurer et des regards plus qu'appuyés qui ne font qu'augmenter mon malaise. L'impression d'être pris en chasse. Où que nous mènent nos pas, dans notre découverte des lieux, nous sommes irrémédiablement suivis par une meute affamée qui marque son « intérêt » pour notre couple avec autant de délicatesse qu’un troupeau de cerfs au moment du brame ! C’est désespérant, terriblement dérangeant et assez terrifiant ! Pas moyen de trouver dix secondes de tranquillité nulle part pour profiter des installations. Dans les couloirs, je tiens mon paréo serré tout contre moi, je baisse les yeux, donne des coups d’épaule pour me débarrasser de mains insistantes et afficher mon total désaveu… mais rien n’y fait ! Il va falloir faire preuve d’un certain courage, et d’assez de légèreté,  pour oser pénétrer une des pièces, sauna ou hammam devant lesquelles nous hésitons encore. Mais que D. le veuille et, ma main dans la sienne, je veux bien affronter, en fragile esquif tremblotant, Charybde et Scylla !

Capitaine si peu expérimenté à la barre du navire, alors que je ne fréquentais que les saunas d'Outre-rhin (surpervers lesquels nous reviendrons), je jette la serviette sur la patère et invite ma douce à en faire de même.... Ô combien de marins, combien de capitaines sont partis la serviette légère et s'en sont revenus le fondement douloureux ! Nous pénétrons donc dans le hammam où se bouscule une foule de mâles en rut. A quel moment avons-nous omis de nous munir d'une matraque électrique ou d'un système de camouflage klingon, je ne saurais le dire,… vous me rétorquerez, lorsqu'on se rend en de tel lieu, il n'est pas étonnant de trouver ce que l'on cherche… Oui le trouver, peut-être, mais le retrouver et le retrouver encore, cela fait un peu beaucoup..... Assis sur un des bancs, nous nous embrassions doucement, faisant chauffer nos corps, jouer de la peur de ma douce, avec autour de nous les corps qui s'agglutinaient, créant une sorte de confusion de formes dans la vapeur. Des doigts qui effleurent, approchent, caressent un peu. Je vous l'avoue, ce fut peut-être le moment le plus agréable de cet après midi là. Le début, lorsque tout est à faire, les premiers gestes… Hélas, les premiers gestes, délicats sont toujours suivis d'un deuxième, d'un troisième, d'un quatrième, d'un cinquième et d'un sixième... sans y avoir été invité !

Bref, nous ne nous appesantirons pas sur ce genre de détails ... ils furent assez pesants en eux-mêmes ! Si le libertinage est incitation et invitation, là nous nous sommes vite retrouvés dans l'oppression et l'agression ! Pas vraiment l'idéal pour le laisser-aller que peut promettre ce type d'atmosphère chaude et humide ! Une seule envie ... fuir avant de se voir assailli par la meute, avant que le cercle ne se referme irrémédiablement ! A condition d'arriver à se dégager de la masse compacte et imprécise qui fermait le passage ! Et là, il a vraiment fallu toute l'autorité de mon D. ... je me demande ce qu'il serait advenu d'une femme seule en cet instant.... à moins bien sûr qu'elle ne fut elle aussi particulièrement affamée !

Poussant le meuglement de guerre des grands Ostrogoths… il ne fallut pas moins de toute ma masse pour fendre la foule, écartant la mer rouge (on est dans un hammam après tout, c'est normal que les visages soient rouges !). Direction les douches. Rapide coup d'eau pour nous rincer, avec l'omniprésence de mâles suintants et astiquant (quelle générosité de sembler vouloir mettre, avec autant d’empressement, à notre disposition, de la crème lavante tout de même !). Fuite dans les couloirs, la horde sur nos talons, passés devant une cabine équipée d'une croix de Saint-André. Pas le temps de s'arrêter, pas moyen… refuge dans une cabine privative, porte fermée à clé… Se retrouver, s’apaiser ! Foule d'admirateurs devant la porte, qui essayent régulièrement d'ouvrir la porte. Oh, pas de gestes brusques, ni de paroles blessantes ou vexantes, mais ce sentiment de devenir le gibier, d'être poursuivis par une horde ! Trop d'hommes pour pouvoir assurer un contrôle total de la situation, seulement deux couples pour une bonne trentaines d'hommes seuls. La cause est perdue. Préparant un plan de bataille, nous nous apprêtons à fuir, implorant Saint-Prèpuce de nous protéger dans notre prudente retraite.

Pour sauver ce lieu de perdition de la damnation éternelle, il y eut tout de même un bref moment d'humanité, de vrais mots échangés, enfin, des rires aussi, quelque chose qui est fait pour précéder et ouvrir les possibles, quelque chose d'infime, que nous jugions impossible jusque là tant l'infime ne faisait pas parti du rituel de ses infirmes des sens qui nous avaient poursuivis et qui nous sembla trop dérisoire, dans cette ambiance, pour nous retenir.

hyenesCela ne suffit pas à sauver les lieux ; la direction s'est montrée insuffisante à bien des égards. Le sentiment d'oppression ne s'est enfin estompé qu'à la sortie des lieux.... l'air frais, enfin... Quoi qu'il en soit, nous ne vous conseillerons pas le Sauna Provence à moins d'être amateurs de Gang Bangs et encore… encore faut-il qu'il s'y trouve un élément féminin ce jour là... Bien sûr, notre visite date un peu, mais honnêtement, je n'ai guère envie de voir si cela a changé de quelque manière que ce soit. Cependant, si vous voulez nous contredire et apporter des éléments nouveaux à ce petit exposé, n'hésitez... Lâche ton comm...

Ouais les djeuns... après tout ce n'est peut être pas un lieu convenant aux vieux marins et à leurs sirènes... on a de ces exigences avec l'âge, pffff ! Sérieusement, si la direction limitait correctement le nombre des solistes des bains de vapeur, ce lieu serait peut être tolérable... Non ?

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Commentaires
M
Très beau récit, très drôle et en même temps effrayant ! Ce qui ne fait que renforcer nos représentations sur ce type de lieu... Quel est au fait , le principe de ce type de lieu ? Sauna mixte ? <br /> <br /> en tout cas, cet établissement ne mérite pas son nom car notre Provence est plus discrète...<br /> <br /> M. et e.
L
Il est vrai que le Provence n'est pas le must en la matière, si tant est qu'il y ait un must dans les saunas mixtes.<br /> J'avais moi-même fait un rapport sur une visite en sauna qui s'était, à peu de choses prés, soldée de la même manière que la votre.<br /> Guère évident effectivement d'aller en couple dans ce genre d'endroits sans être importuné, je confirme.<br /> Trés beau récit en tout cas de votre virée, félicitations...
L
Effectivement Mike, il est commun de considèrer que le taux d'homme seul ne doit pas dépaser trois à quatre hommes pour une femme. Et ce lors des soirées mixtes. Dans notre cas le taux était de 15 pour une, ca fait tout de même beaucoups.<br /> <br /> Je suis allé surfer par ci par la dans les forums et il semble bien que depuis notre derniere visite la situation n'ai guère évoluée, hélas pour les lieux qui sont propres et agréables pourtants. Mais le mercantilisme et la soif d'argent pousse les propriétaires à ouvrir largement leur porte. C'est normal me direz vous, mais en ce cas il ne faut pas se targuer du fait d'être un lieu libertin, ou se dire de la mouvance échangiste si l'on a rien à échanger en fait.<br /> Cette conduite ne sert pas vraiment le club, puisqu'à terme il fait fuir les couples et il ne reste plus que des males attendant avec impatience.... Ce qui pour eux est très frustrant aussi.
M
qui garde la poésie, dans la meute de hyènes. Les lieux échangistes limites plus l'entrée aux "solistes", il me semble... je ne sais pas, à vrai dire.
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