19. La derniere séance ? Vraiment ?
Elles arrivèrent rapidement au bout du
sentier, le passage était barré par une haute grille d'acier surmontée de
barbelés. les limites de leur prison ? Non elles se rendirent compte que
c'était le petit groupe de bâtiments qui était entouré de cette haute grille de
protection. Silencieuse appuyées contre le grillage elles observaient les
lieux. Il y avait trois bâtiments deux grandes bâtisses de type industriel et
un grand chalet sur trois niveaux. Dans le chalet plusieurs lumières étaient
allumés et l'on distinguait des formes derrières les fenêtres dans la nuit
tombante. Il y avait une série de camionnettes blanches anonymes stationnées
sur un des cotés ainsi que plusieurs minibus aux pare brises teintés. Inge leur
fit signe de reculer alors qu'une des portes d'un des bâtiments s'ouvrait
livrant le passage a deux hommes qui allumèrent une cigarette appuyés contre le
mur. ils portaient des tenues de travail et étudiaient une liste, elles ne
parvenaient pas à distinguer les paroles qu'ils échangeaient. Un des hommes
verrouilla la porte du bâtiment et fit un signe avant de se diriger vers le
chalet. Le deuxième homme lui répondit et se dirigeant vers le parking monta
dans une voiture des plus banales avant de partir vers l'arriere des bâtiments. au bruit que fit la voiture en s'éloignant
elles comprirent qu'une route devait continuer après cette série de bâtiments
et peut être même redescendre vers la vallée.
Inge se tourna vers Sofia et Agathe "Si
jamais on veut s'offrir une escapade, on sait par où passer maintenant "
souffla-t-elle en clignant de l'oeil. Sofia lui répondit d'un bref sourire et
redirigea toute son attention vers les bâtiments. Maintenant qu'elles étaient
là, elle voulait savoir ce que cachaient ses lieux. Elle ne supportait pas
l'idée qu'on puisse leur cacher quelque chose. Sans regarder ses deux
camarades, tendues à l'extrême, elle chuchota : "En attendant ce jour...
on y va " Et elle se coula précautionneusement vers la façade du bâtiment
le plus proche, vers une lucarne qui laissait passer une lumière bleutée.
Elles la suivirent doucement guettant les
alentours, tout semblait calme mais on ne pouvait être sur de rien. Elles
avancèrent doucement et se faisant faire la courte échelle Sofia atteignit
facilement la lucarne. L’arrière du bâtiment n'était pas protégé par la grille
elle se hissa sur le rebord et constata que cette dernière était ouverte et
donnait sur des toilettes relativement spacieuses et propres. Elle se hissa
dans la place tandis que dehors Agathe l'appelait déjà pour qu'elle l'aide à
monter à son tour. Elles se tenaient à présent toutes les trois dans la petite
pièce hésitantes sur la conduite à tenir. Ce fut Inge qui poussa doucement la
porte. Celle ci donnait sur une loge, plusieurs miroirs aux murs étaient
entourés de spots éteints, des produits de maquillage, des vêtements suggestifs
suspendus à des cintres. Nul bruit ne provenait du bâtiment et tout semblait
éteint. Elles poussèrent la porte suivante et débouchèrent dans un couloir, des
portes se découpaient à intervalles réguliers surmontés de lampes rouges
éteintes. Agathe souffla.
"Des studios... ce sont des
studios."
Inge ajouta.
"Et on devine quel genre de films on
doit y tourner."
La grande suédoise poussa doucement la
première porte, à la lueur des veilleuses elles distinguèrent un décor imitant
parfaitement l'intérieur d'un boudoir renaissance. Des caméras sur pied
attendaient patiemment de servir et des projecteurs étaient suspendus au dessus
de la scène. Elles avancèrent dans le décor observant le matériel,
l'ameublement admirative devant la qualités de la décoration. Agathe siffla.
"Eh bien si c'est pour du film porno
c'est la grande classe."
Sofia secoua la tête avec agacement. Elle ne
savait pas trop pourquoi l'idée que l'on puisse tourner des films pornos au
Pensionnat l'énervait à ce point. En fait, ce n'était pas de la colère, mais de
la déception. Que Monsieur se livre, grâce aux pensionnaires, à une forme de
commerce de la chair lui parut lamentable. Elle tombait de son petit nuage. Il
n'y avait pas que pures intentions et
recherche de perfection en ces lieux, comme
partout il y avait le fric, l'appât du gain. C'était révoltant. Agathe remarqua
sa mine renfrognée et vint la houspiller
" Et bien, qu'est ce qu'il t'arrive ?
Tu es prise d'un accès de pruderie judéo crétine ou quoi ? "
la moqua-t-elle gnetiment. Sofia la rabroua
" Bon ça va, non ? Je crois qu'on en a assez vu ! On rentre ! " Et
elle tourna les talons pour refaire le parcours en sens inverse, comme une
furie.
Soudain Inge la plaqua contre le mur lui mettant
la main sur la bouche lui faisant signe de se taire. Des voix, de l'autre coté
du mur des personnes approchaient, elles se glissèrent dans un des studios qui
reproduisait une chambre d'hôtel provençale pour approcher d'une des fenêtres
donnant sur la cour elles glissèrent un regard vers la cours. Un groupe de
trois personnes visiblement féminines
s'avançait vers la grille du fond. Elles
reconnurent le professeur Tab entourée de deux femmes qui l'accompagnaient en
riant. Une des deux prit Tab par le bras la forçant à s'arrêter.
"Tu es sure ? Tu ne veux pas rester
faire la fête avec nous comme au bon vieux temps ?"
Tab détacha son bras du sien en lui
souriant.
"Non ma jolie, il est tard et demain je
donne deux cours. De toute facon vous devriez plutot penser à aller au lit
demain tu as la scène avec Simon et tu sais qu'il est épuisant, et toi Karen tu
sais que c'est moi qui dirige le prochain plan avec Jena alors ce ne sera pas
du gateau. En plus demain soir tu pars sur Cannes pour la promo du dernier
Dorcel"
La
blonde soupira.
"Tu es désolante depuis que tu bosses
dans ce truc, je me demande ce que tu leur trouves."
Tab lui caressa la joue en riant.
"Tu vois c'est quelque chose que tu ne
comprendras que si tu deviens un jour pensionnaire."
La
blonde recula en faisant mine d'être terrifiée.
"Oh non ma chère, je suis une star du X
moi, on me dorlote, on me cajole, je n'ai aucune envie de recevoir des coups de
fouets et tout vos trucs un peu bizarre."
Tab éclata de rire.
"Tu ne sais pas de quoi tu parles et
surtout ce que tu perds ma vieille."
les deux femmes firent la Bise à tab.
"N'empêches." dit la brune,
"C'est quand même le fric de notre cul
qui finance ton école, alors je te prie de nous considérer mieux que cela et de
nous promettre de faire la fête avec nous un de ces soirs comme au bon vieux
temps."
Tab tout en riant avait ouvert une petite
porte qui donnait sur le parc du pensionnat et s'éloignait
déjà dans le chemin.
"Promis les filles, je vais y
réfléchir, mais n'oubliez pas, il y a le pensionnat et l'usine, ce sont deux
mondes et je ne sais pas si j'ai vraiment envie de retourner a l'usine."
les deux femmes retournèrent vers le chalet et les lieux replongèrent
rapidement dans le silence.
Dans la main de Inge, sofia poussa un
profond soupir et se détendit d'un coup. La rage qui l'habitait venait de la
quitter brusquement. Ne restait plus qu'un sentiment de culpabilité. Pourquoi
donc s'acharnait-elle toujours à vouloir voir le mal partout ? Pourquoi
avait-elle toujours si peur qu'on la trompe, qu'on la manipule ? Fallait-il
qu'elle se sente vulnérable pour que sa confiance soit si vite ébranlée ! Bien
sûr, il y avait de l'argent en jeu ! Elle ne pouvait oublier que le Pensionnat
était gratuit pour les élèves mais cet argent là, recueillit par le savoir
faire de Tab lui sembla soudain moins sale que ce qu'elle avait pu en penser en
découvrant les lieux. Inge, qui avait libérée sa bouche la dévisageait
interdite.
"Qu'est ce que tu as Sofia ? Tu es
toute pâle et tu sembles complètement ailleurs...." Sofia lui adressa un
faible sourire "Rien... des souvenirs...Il faut rentrer maintenant...
discrètement... et le plus vite sera le mieux !" et elle entraîna ses
camarades derrière elle. rien ne valait l'action pour chasser son malaise.
Elles se
dirigeaient vers le fond du couloir pour s'esquiver par la même fenêtre
qu'elles avaient empruntées lors de leur arrivée. Elles se glissaient
subrepticements le long du mur pour rejoindre la sortie. Soudain la porte qui
menait vers la cour s'ouvrit en grand sur un des techniciens vétus d'un bleu de
travail. Il portait une caisse à outil sale dans ces mains. Visiblement il
s'agissait d'un agent d'entretien. Il s'immobilisa en face
du groupe que formait les pensionnaires. Un instant interloqué il les fixait
les yeux grands ouverts, puis avec un sourire..
"Tiens
tiens qu'est ce qu'on a la ? Une bande de petites demoiselles fugueuses, pour
une fois que ces demoiselles nous font l'honneur d'une visite nocturne, elles
se font surprendre.. c'est vraiment un manque de chance..."