Traces, marques… Empreinte !

Souvent, dans mes cris d’amour lointains, quand Il est si proche par les mots ou par la voix, et, hélas, si loin par la distance géographique, je lui murmure « Tu fais partie de moi ». Je sais que je suis une part de Lui de la même manière, tant sont profondes, sincères, inextricables et subtiles nos correspondances.

Cet homme là, Il m’a rejointe, moi la disjointe, et m’a assemblée. Il m’a ouverte et m’a reliée. Il me tient et m’a libérée. Il est inscrit dans mon âme.

Je lui souffle aussi : « Tu m’habites ». Tant il est tous mes désirs, tous mes rêves et toutes mes pulsions.

Cet homme là, Il est mon sang vif, mon cœur battant, mon esprit galopant, ma nature sauvage, ma joie infinie, mon émerveillement sans cesse renouvelé. Il bat dans mon intime.

Je pourrais aussi lui dire « Tu m’habilles ». Tant il me fait belle, femme, ravie et rendue à moi-même, complète et consentante, frémissante et éveillée.

Cet homme là, Il m’a mise à nue et m’a protégée de sa propre peau. Il m’a vêtue de son regard étincelant d’amour et de feux inquiétants, m’a ornée de liens, m’a recouverte de perles éphémères de cire, plus précieuses que parures de princesse des contes, m’a voilée de l’incarnat de mon propre sang affleurant sous la soie de ma peau. Il est ancré dans mon cœur.

Il vit en moi. Je vibre de Lui, pour Lui.

Il m’a touchée réellement. Au sens le plus fort de ce mot qui induit la totalité d’un être de sa surface épidermique jusqu’au plus profond de son secret.

Porter Ses traces dans mes chairs, traces dont je regrette amèrement la volatilité (du plaisir qu’elles engendrent autant que de leur subsistance dans le temps), n’est qu’un piètre témoignage de mon sentiment de totale appartenance. L’essence même de cette appartenance est un enchantement .Je n’y suis pas niée mais accueillie et révélée. Je n’y suis pas avilie mais grandie et entendue.

Cette appartenance est don, et don réciproque. Car, autant j’ai conscience de me livrer toute, autant je perçois, avec acuité et gratitude, l’attention et l’amour que requiert l’acceptation sublime qu’Il fait de mon offrande sans concession. Eros et Agapé sont rendus indissociable dans ce Nous qui s’épanouit chaque jour davantage. Et je vis emplie de Lui. Souffrant de son absence à mes côtés – comme lui souffre du manque de moi – je voudrais que les empreintes à ma peau ne s’effacent pas, que leur chaleur ne s’atténue pas, que leurs souvenirs sensitifs demeurent toujours intenses comme demeure prégnante Sa présence en moi.

Ainsi, pour me rendre moins douloureuses les heures de séparation, m’a-t-il fait le cadeau de Sa marque au creux de mes reins. Je l’ai dans la peau, mon homme - comme dans la chanson de Fréhel mais au sens littéral - Son nom de guide, Son totem (Tot’aime !) sans tabou, idéogramme malin de mon idée fixe, calligraphie protectrice !

Je suis très fière de ce tatouage. Fière surtout de l’arborer en témoignage de notre amour, comme une alliance païenne. Chaque fois que je le regarde dans un miroir, je pense à nous et je souris ; je vois son visage se dessiner et l’éclat de son regard. Je sens Ses mains.
Et qu’il en suive les contours, il ne caresse pas seulement ma peau, mais tout ce qui nous unit.

C’est tout le bonheur inscrit dans chaque trait de ce petit dessin !

Bien plus que de l'encre sous une peau, bien plus que la beauté d'un dessin dont nous seuls connaissons le sens exact et la portée, c’est d'amour dont il est ici question. De celui né une nuit d'octobre sur la toile, et qui a grandi depuis jusqu'à devenir adulte aujourd’hui.
Cet amour, j’en porte la marque sur mon corps, la permanence, pour figer durablement ce sentiment indicible : Je suis tienne.

ELLE

(PS : ne m'en veux pas, je sais, il est tard ... je suis une sale gosse incorrigible et ... Je t'aime !)