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Les Ecrits Pourpres
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13 janvier 2006

8. Au coeur des ténèbres

clyde_20caldwell_20__20homme_20lezardSofia le dévisageait incrédule et impatiente. Quelque chose de dur et d’indéfinissable voila le regard du dragon et il reprit

« Oui, Sofia, je sais qui est le traître. Depuis votre enlèvement, cela ne fait plus le moindre doute. N'est-ce pas Docteur Notchenko ?"

La russe recula de quelques pas, avec un sourire mauvais sur les lèvres.

"Vous devez vous croire très rusé et très adroit, n'est-ce pas Jukonna ?"

Le dragon fit un pas vers elle, tandis que, les yeux exorbités, Sofia les contemplait tous les deux.

"Qui d'autre que vous savait où vous iriez effectuer vos prélèvements aujourd'hui ? Ces guerriers étaient là bien avant notre arrivée, ils vous attendaient. Je vous soupçonnais depuis longtemps, docteur Notchenko. J'ai toujours trouvé étrange que vos recherches sur la peste noire avancent aussi lentement."

La russe recula de quelques pas, tout en continuant de sourire.

"Je vous tire mon chapeau. Cela fait longtemps que je recherche l'espion de Nekas. Je me sentais surveillée ces dernières semaines, mais jamais je ne vous ai soupçonné."

Le dragon tira une corde de son petit sac.

"Je vais vous attacher docteur Notchenko, après quoi nous irons à Avalon, où vous serez jugée et subirez le juste châtiment que vous méritez."

Ilia éclata de rire.

"Pauvre petit agent, pathétique Dragon, imbu de sa supériorité ! Crois-tu donc avoir gagné ?"

Des cliquetis retentirent dans l'ombre du couloir, et une bonne dizaine de guerriers en armures surgit de la pénombre.

"

C'est toi qui est tombé dans mon piège ! C'est toi qui es venu te jeter dans la gueule du loup. Mon Seigneur sera fier de moi. Je lui rapporte l'étrangère et le fameux espion qui se faufile partout, et qui, telle une puce sur le dos d'un chien, ne cesse d'irriter mon Seigneur."

Voyant les guerriers en armes les cerner irrémédiablement et leur fermer les deux issues, Sofia, vive comme l'éclair etdragon_20fight bouillante de rage, bouscula le pauvre Jukonna pour parvenir à se faire un passage dans l'étroit boyau et se jeta sauvagement sur Ilia qui n’eut pas le temps de réagir. Jukonna aperçut l'éclat de sa dague.

"Tu ne profiteras pas longtemps de ta victoire, chienne !" et sans hésiter cette fois, Sofia planta sa dague sous les cotes de la russe hébétée, remontant d'un violent mouvement de bras, ses yeux flamboyants rivés au regard effaré d'Ilia. Elle savait où frapper pour que son coup soit mortel et elle y avait ramassé toute sa colère, sa frustration et son dégoût.

« Crève ! »

Un violent coup de bâton la détacha du corps de la traîtresse et la projeta en arrière. Les guerriers dragons étaient sur eux. Elle s'écroula sur le sol, grimaçant de douleur, tenant dans sa main son épaule, démise par le choc.

Les griffes de Nekas frappaient nerveusement la table de la grande salle du conseil. Les deux assistants du docteur Notchenko feuilletaient le paquet de notes, que les gardes du Conseil avaient trouvées, cachées dans le logement du docteur. Ils hochaient la tête, avec une moue dégoûtée. L’un des hommes leva la tête, les yeux remplis de larmes.

"Elle savait ! Elle savait depuis des années,  peut-être depuis toujours ce qui tuait les nôtre. Elle nous trahit depuis son arrivée sans doute."

Jukonna avait donc raison. Nekas se tourna vers le globe de parole. La boule blanchâtre, posée sur son trépied, renvoyait de pâles reflets déformés de son image. Pas de nouvelle, depuis que le dragon s'était lancé à la poursuite des assaillants de Sofia ! Il devait pourtant partir du principe que Jukonna n'échouerait pas dans sa mission. Toute la suite de son plan dépendait de la réussite d'un seul être. Pourrait-il réussir ? Protéger Sofia, se protéger lui même ? Il secoua la tête, se rendit sur la haute terrasse. Le jour allait se lever dans une poignée d'heures. Avalon dormait encore, tranquille et sereine, derrière les hautes murailles blanches.

"Chambellan..."

Le demi dragon, vêtu d'une riche toge pourpre, s'avança vers le Dragon.

"Oui, Seigneur."

"Chambellan, tu vas rassembler l'armée. Tout ce qui peut porter armes, tout ce qui est en état de se battre. Que chacun se lève et se prépare. Fais rappeler les troupes aux frontières. Envoie des messagers à travers toutes les terres d'Avalon pour rassembler les hommes. L'armée se mettra en route avant midi. Nous marchons vers les Terres sombres !"

Le chambellan frissonna.

"Seigneur Nekas, je ferai selon vos ordres. Mais le seigneur Knemarak possède une armée bien plus puissante que la nôtre, nous courrons au massacre."

Nekas hocha la tête, le regard perdu vers le lointain.

"Je sais Chambellan, je le sais bien. Mais Knemarak est allé trop loin. Il a empoisonné l'eau de vie, le bien le plus sacré de tous les dragons. Nous allons marcher vers sa forteresse car il ne nous reste d'autre choix que de vaincre ou de périr. A présent vas, tu as beaucoup à faire, tout comme moi."

Le Chambellan s'inclina et se retira. Nekas était seul dans la grande salle.

"Vaincre ou périr"

livingstone1Il répéta ces mots avec rage et, se tournant vers la ville qui s'étalait sous ses pieds, laissa jaillir un rugissement pareil au tonnerre, se répercutant entre les tours qui se renvoyaient l'écho de son cri. Les lumières dans la cité s'allumèrent l’une après l'autre. Avalon se réveillait au cri de guerre de Nekas. Il rentra dans la salle du Conseil. Le globe se mit à scintiller doucement.

La douleur dans son épaule finit par tirer Sofia de son sommeil. Elle était allongée sur le dallage froid, les poignets entravés par une lourde chaîne, rivée à un collier d'acier fixé à son cou. La chaîne courait sur le sol, passant par un anneau, filant vers un trône de basalte noir.  Jukonna était allongé à ses côtés, inconscient, solidement entravé.

Elle sentit la chaîne se tendre. Elle releva péniblement la tête vers le trône de pierre. Un dragon imposant, dont la noirceur se confondait avec celle de son trône, dominait l’espace.

Il n'y avait pas de doute possible, elle se trouvait en présence du seigneur Knemarak !

« Ah ! Vous voilà enfin éveillée ! »

Gronda une voix terrible et narquoise au-dessus d’elle.

Sofia se redressait avec difficulté. Son épaule la faisait horriblement souffrir et le poids des chaînes lui semblait odieusement insupportable. Pourtant, elle se força à tendre le cou pour détailler l’immense Dragon noir qui la surplombait, ailes déployées, comme une funeste menace. L’horrible apparition reprit, ironique

« J’espère que mon sens de l’hospitalité convient à la putain du fils de Nekas ? »

Elle frémit. « Fils de Nekas ? » Ekna était donc le … Non, elle ne parvenait pas à y croire. Quelle idiote elle était décidemment ! Elle ne s’était doutée de rien ! Serrant les dents, se dressant contre la douleur et face au Dragon noir, autant que le lui permettaient ses lourdes entraves glacées, elle rétorqua, la voix grave et vibrante, hachée par la souffrance et pourtant arrogante :

« Une putain face à un assassin… C’est presque… une réunion de famille ! Et… je n’ai pas à rougir… de ce que je suis devant celui qui… assassine les siens comme un lâche ! … Vous n’êtes pas un Seigneur Dragon, vous êtes… un profanateur de la pire engeance !»

Un garde se précipita. Un violent coup de bâton la fit se plier en deux et se taire, souffle coupé. Effondrée, à genoux, elle posa ses yeux remplis de larmes sur Jukonna, recroquevillé sur lui-même, ses ailes pendantes le recouvrant à demi, et qui semblait toujours inconscient, paraissant respirer avec difficulté.

Le Seigneur Dragon, soulevant sa terrible griffe, intima au garde l'ordre de s'éloigner.

"Vous vous faites du souci pour cette engeance ? Vous devriez plutôt vous soucier de votre personne à l'heureclyde_20caldwell_20__20homme_20lezard_20et_20prisonniere actuelle. De vous-même et de ceux de votre espèce.

Mais vous avez raison je suis un assassin, c'est bel et bien la vérité ! Il faut dire que je fus à bonne école ; j'ai vu les humains exterminer mon peuple dès mon plus jeune âge. Je les ai vus, vos courageux chevaliers, attaquer les nids, crever les oeufs, trancher la gorge des nouveaux nés, affamer les miens, les chasser comme on chasse un animal. Oui, j'ai été à bonne école, et finalement, je suis venu ici, m'enterrer en ce cimetière. Alors que le monde est notre depuis la nuit des temps !"

Le dragon se souleva sur ses imposantes pattes et quitta son trône. S'avançant vers Jukonna, il le retourna brutalement. Le dragon gémit et entrouvrit les yeux. Knemarak saisit le médaillon que le dragon portait autour du cou.

" Le sceau de Nekas… pathétique !"

La patte se mit à tirer sur le lacet de cuir. La griffe de Jukonna se saisit d'une des monstrueuses griffes du seigneur noir.

"Non Knemarak… si vous devez me tuer, laissez-moi au moins mourir avec, sur moi, le sceau de la justice."

Le dragon noir tira et le lacet de cuir céda. Il souleva le médaillon, du bout de ses longues griffes effilées.

"Tu y tiens donc tant que cela à ce sceau ? Soit, je ne vais pas refuser un voeu à un condamné."

Le dragon approcha le sceau de sa gueule et une flamme bleue, intense, jaillit de sa gorge, faisant chauffer le métal au rouge. Sauvagement, le dragon appliqua le médaillon brûlant sur le torse de Jukonna qui hurla de douleur.

"Reprends ton bien, chien."

Knemarak lâcha le médaillon. Jukonna se tordit sur le côté, une griffe sur la plaie fumante et l'autre ne lâchant pas le médaillon brûlant. Knemarak se tourna vers Sofia.

"Où en étions-nous putain ?"

Sofia voulut se précipiter pour soutenir Jukonna, mais, brisée par la douleur, elle retomba à genoux. Elle redressa cependant la tête vers Knemarak qui l'interpellait. Ses yeux, embués de larmes, comme de l'ambre incandescent, flamboyaient de colère. Elle cracha d'une voix rauque et tendue :

"Vous êtes pitoyable avec votre puéril et mesquin esprit de vengeance. Tout ça… tous ses morts pour satisfaire votre ego. Vous avez des millénaires de sagesse et vous vous en servez pour quoi ? Pour suivre la voie de ceux qui ne sont encore que des animaux au regard de votre histoire. Belle gloire que celle-là, Seigneur Dragon. » Acheva-t-elle avec mépris, épuisée par l'effort.

Le dragon lui sourit doucement, les yeux plissés.

"Vous me prenez pour un petit seigneur de guerre ? Un tyran de bas étage sans consistance ? Il faut voir plus loin que cela, Sofia, bien plus loin. Je ne sers pas ma vengeance. Je construis l'avenir de mon peuple. C'est vrai, j'ai empoisonné les miens, mais ce fut un accident, du moins au début."

La griffe de Knemarak arracha l'anneau du sol et, tirant la lourde chaîne, il la força ä marcher, l'entraîna à sa suite. Ils se dirigèrent vers la grande porte métallique, au fond de la pièce. Le dragon fit jouer rapidement les engrenages et la lourde porte bascula. Ils pénétrèrent dans une pièce circulaire, plus grande encore. Plusieurs humains, vêtus de combinaisons vertes, levèrent la tête un instant, et se replongèrent en tremblant sur leur ouvrage.

"Je vous présente ce qui va changer la face du monde. Je vous présente le tournant de l'évolution !"

Dans la pièce, posée en cercle, six grands tubes d'aciers brillaient doucement, dans la lueur de flambeaux électriques. Longs de quatre mètres et haut de deux, ils étaient équipés de boîtiers électriques qui clignotaient doucement.

"Je vous présente le Feu du ciel !"

Encore titubante au bout de ses chaînes, la vue brouillée par la douleur, Sofia peinait à accommoder et à comprendre ce qu'elle voyait. Puis, tout à coup, ce fut clair. Oubliée la douleur ! Bouche bée, tétanisée par l'horreur, elle détaillait l'incroyable spectacle qui s'offrait à ses yeux, l'agencement diabolique, une technologie que ne devait pas, que ne pouvait pas posséder les dragons ! Elle s'exclama dans un souffle :

"Dieu du ciel ! Comment est-ce possible !"

Et elle ne parvenait pas à détacher son regard de la machine infernale qui jetait ses lueurs démoniaques dans la pièce.

sonofbaphomet"Mais grâce à la collaboration de nos chers amis Russes ! Ce fut une chance que de capturer autant de spécialistes de l'atome. Je les ai longuement interrogés sur le but de leur expédition et ils se sont fait un plaisir de tout m'expliquer. Je les ai convaincus de rester mes invités, je sais me montrer très convaincant. Certaines personnes, cependant, furent plus simples encore à convaincre. N'est-ce pas Ilia ? "

Une forme se détacha de l'ombre. La scientifique russe s'avança vers eux. Si, auparavant, elle semblait avoir quarante ans, à présent elle paraissait en avoir trente, tout au plus. La Russe lui sourit, superbement cinglée dans une armure noire.

"Bonjour Sofia ! Comme vous pouvez le voir, le seigneur Knemarak a pris soin de moi et m'a récompensée pour ma réussite."

Le dragon avançait, entre les cylindres d'acier et, se dirigeant vers un pan de mur, fit glisser une tenture sombre, révélant une carte de la Chine.

"A votre avis Sofia, comment vont réagir les chinois lorsque six bombes atomiques tomberont sur des sites militaires stratégiques ?"

Sofia ignora la présence d'Ilia. Pour elle, cette garce était morte. Elle fixait toute son attention et toute son énergie sur Knemarak.

"Vous êtes fou. Fou à lier ! Vous ne savez pas, oh non, vous ne pouvez pas seulement imaginer ce que représente la puissance nucléaire ! Le feu du ciel ?!!! Mais mon pauvre Knemarak, les radiations d'une météore c'est un amusement pour enfant à côté de ça !" Et elle balaya de la main l'installation.

"Ce que les chinois feront ? Je m'en moque, figurez-vous ! Six bombes nucléaires suffiront à bouleverser complètement l'écosystème et Avalon ne sera pas épargné. Rien ne le sera ! Vous règnerez peut-être, enterré dans un bunker, mais vous règnerez sur un monde de morts vivants ! C'est ce que vous voulez ?" et se tournant sauvagement vers Ilia

" Et je présume qu'ELLE ne vous en a rien dit. Non, bien sûr ! Parce qu'elle ne peut pas savoir, elle est là depuis trop longtemps. Mais nous on a fait joujou avec ça, une fois, une fois seulement, deux toutes petites bombes... et l'horreur fut telle que l'on a enterré l'utilisation de cette arme ! Serez-vous donc plus stupide qu'un humain ?"

"Tsss, tsss ! Vraiment, vous me sous-estimez ! Bien sûr que je connais l'étendue de son pouvoir de destruction, les retombées des radiations. J’ai pris le temps d'expérimenter tout cela, je ne manque pas de cobayes ici. J'estime que seuls trois pour cent de la population survivra à une apocalypse nucléaire. Je vais effacer toute forme de vie sur ce monde, comme le fit le feu du ciel. Mais les dragons survivront aux retombées ! Il en mourra un grand nombre, mais les plus forts survivront. Trois pour cent de la population, cela représente une quantité appréciable de nourriture. Le sous-sol de mon royaume est prêt pour un élevage intensif. Dans quelques millénaires, le monde guérira, la vie toujours revient, c'est ce que l'histoire nous a appris. Alors, les dragons seront de nouveaux les maîtres de l'horizon et nous veillerons à ce que nul autre espèce n'évolue suffisamment pour représenter une quelconque menace pour nous."

Knemarak se tourna vers Sofia, ses yeux brillaient d'une terrible folie.

"Bientôt Avalon, le monde des humains, feront partis des légendes."

Sofia était effondrée. Elle se sentait submergée par le découragement et gagnée par une nausée terrible. Elle lutta contre l'un et l'autre de toutes ses forces défaillantes, s'obligeant à respirer profondément, calmement. Elle ferma les yeux. Une sueur aigre et glacée perlait sur son front. Elle frissonna.

"Vous êtes ignoble ! Murmura-t-elle, C'est vrai… je vous ai sous-estimez, non parce que je ne suis pas capable denightdrg penser comme un dragon, ce qui est une chose avérée, mais surtout parce que je ne saurais penser comme un monstre ! Rien, aucune cause ne mérite un tel massacre ! A part la folie et votre projet est fou ! J'espère que vous paierez Knemarak pour avoir osé ce que vous allez faire alors que vous êtes un Dragon et qu'en agissant ainsi vous reniez votre essence ! Oui, rugit-elle, j'espère que vous paierez !"

Le dragon approcha sa large gueule de son visage et laissa courir son énorme langue sur ses joues, sur sa poitrine, puis il se recula. Un de ses guerriers venait de pénétrer dans la salle et lui murmurait quelque chose au creux de l'oreille. Le dragon se redressa. Ses yeux étincelaient.

"Je vois, chère Sofia, que ma compagnie vous révulse. Mais vous aurez bientôt de la compagnie. L’armée d'Avalon est en marche pour se rendre en ces lieux. Bientôt, vous reverrez votre cher Nekas et son fils, du moins leurs têtes, plantées sur une pique à la porte de la forteresse. Qu'on l'emmène dans les geôles, elle et son ami, et qu'on les tienne sous bonne garde. Je veux qu'ils puissent assister à mon triomphe avant qu'on n’envoie cette putain dans un centre d'accouplement."

Les gardes se saisirent de Sofia et l'entraînèrent à leur suite. Ils furent, tous deux, bousculés jusqu’au sous-sol et jetés dans une cellule, leurs chaînes liées à de lourds anneaux d'acier. De l'autre côté de la grille de leur cellule, se tenaient quatre gardes à la mine patibulaire.

Rassemblant péniblement ses chaînes de son bras valide, Sofia gagna les quelques mètres qui la séparait de Jukonna. Elle s'effondra près de lui, haletante, les traits crispés.

"Chut, Jukonna ! Pour une fois ne parlez pas ! Aidez-moi si vous le pouvez... Je... je… n’en peux plus ! Mon épaule... il faut que vous tiriez sur mon bras pour la replacer... s'il vous plaît !"

Elle le regardait, suppliante, les yeux emplis de larmes, un pauvre sourire d'incitation sur les lèvres "S'il vous plaît... Après... nous parlerons... Avalon arrive !" acheva-t-elle d'une voix mourante.

Le petit dragon ouvrit un œil, fixant Sofia, puis les gardes qui les entouraient. Péniblement, il se redressa et faillit tomber en avant, se raccrochant au mur la tête tout près de celle de Sofia. Il murmura à son oreille.

"Ne bougez pas, ne criez pas."

Sa patte se posa sur son épaule et, d'un coup sec, il la remit en place. Elle serra les dents pour contenir le cri qui voulait s’échapper de sa gorge. Elle faillit sombrer dans l'inconscience alors que Jukonna la retenait contre lui. Elle vit le dragon porter le médaillon de Nekas à hauteur de sa  bouche et faire coulisser une des pierres qui l'ornait, approchant le médaillon de ses lèvres.

"Buvez ! C’est de l'essence de Dragon, de l'eau de vie, purifiée par les mères. Cela fera disparaître la douleur et vous rendra force."

Elle but doucement le liquide ambré et sentit le feu parcourir ses veines et se propager dans son corps. La douleur disparut instantanément. Jukonna porta le médaillon à sa bouche et le vida.

"Bien. À présent, il nous faut sortir d'ici. Je ne peux me défaire de ces chaînes, tant que ces gardes nous surveillent. Il va falloir les distraire et les attirer dans cette cellule. Je suis désolé Sofia, mais je ne vois qu'une façon de faire cela."

Le petit dragon fit semblant de s'effondrer, évanoui au sol, laissant Sofia seule, debout contre le mur de la cellule.

Elle sentait les forces vitales se répandrent peu à peu dans son corps et son esprit devenir de plus en plus clair.earth Cependant, la nausée ne la quittait pas. Pas plus qu'une douleur lancinante dans le bas-ventre ! Ce maudit garde avait frappé fort. Cramponnée aux pierres de la cellule, elle laissait agir la potion, tout en réfléchissant. Oui ! Il n'y avait qu'un moyen de se sortir de cette situation et la solution elle la devait à cette garce d'Ilia et aux informations qu'elle lui avait données. Il était temps d'en mesurer l'exactitude. Lentement, Sofia défit sa cape qui voilait si peu sa nudité et, s'appuyant contre le mur humide et glacé de la geôle, réprimant ses frissons, hanches basculées vers l'avant, elle commença à se caresser, paupières mi closes, passant une langue gourmande sur ses lèvres qui laissaient échapper un doux gémissement.

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Commentaires
B
Bon, toujours pas de looping, mais je frissonne, je frémis en vous lisant...<br /> Mais que va-t'il encore arriver à la belle Sofia ? <br /> Tout peut arriver finalement.<br /> Désormais, je n'oublierai jamais de scruter aussi le ciel lorsque je vais acheter le pain.
E
Depuis qu'on a posté ce chapître de notre récit, l'Histoire (oui, avec un grand H! Respirez ! ça va passer !) a rattrapé notre histoire pour un bien cynique clin d'oeil !<br /> Ainsi, nous aussi nous avons notre Knemarak en France ... on ne l'a pas fait exprès mais il est au pouvoir lui aussi, il a envie de jouer avec le feu lui ausi et son nom rime même avec notre fou dangereux inventé... Vous voyez de qui je parle ? ça fait peur, hein ?<br /> s. (Qui ne sourit pas en écrivant)
E
Heu... merci, Touams, de vos efforts linguistiques... heu... indéchiffrables (très touchée que vous trouviez cela également très bon, même en chinois !lol)<br /> Je ne saurais que trop vous conseiller, à tous deux (vous et Cat) de doubler les doses de vos savantes mixtures. Vous en aurez besoin !<br /> Bises
C
oh, le plus simple serait un irish coffee.. mais suave et gourmand (du bon whisky lol)De ceux qui coulent en douceur dans la gorge amenant puissance de l'arabica, goût tourbé et onctuosité de la crème. Le verre au bord des lèvres qui laissent cette mousse légère comme un nuage à caresser, et cette chaleur qui se diffuse laissant l'oeil pétiller ...
T
gān chéng yuán wěi. gōng xǐ gǔ wén. cháng jí hǎo.<br /> Polyglotte mon œil. Je vous souhaite bien du plaisir pour la traduction.<br /> Milles pardons si un chinois c’est perdu dans le coin. <br /> Dites moi, Douce Cats, j’ai lu incidemment que vous faisiez des cocktails… vous en avez un à base de café ?<br /> Ne pas oublier le principal : xia lai...ài dá cí (la suite…et merci).
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