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Les Ecrits Pourpres
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8 juin 2006

Ces hommes là...

tangosumo_02

Aire de jeu : un ring.

Odeur du chanvre des cordes qui encerclent l’espace.

Le ferme. Nous lie à l’intérieur.

Eux/Deux

Ils n’ont pas de mots.

Assis, ils se font face.

Face à face.

Le menton sur le poing.

Un duo.

Un duel.

Une table ronde les séparent, les relient.

De noir vêtus, sous l’éclatant soleil de cette fin de journée, ils se jaugent.

Du regard.

Se défient. Se soupèsent.

Surgit un troisième.

Lutin sautillant. Charmant ludion aux airs de gavroche.

Effrontément, il affronte.

En silence.

Il cabotine du regard, provoque, cherche.

Une place. Sa place.

Electron libre.

Perdu.

Tente une fuite quand la cloche sonne le début d’un round.

Se trouve piégé.

Dans le ring.

L’un sort.

Une nouvelle dualité s’oppose.

tangosumo1

Face à Face.

Voulu. Subi. Saisi.

Défi.

Et l’accordéon pleure. Lancinant.

Les corps se meuvent, s’émeuvent.

Se découvrent, complices ou combattants.

Ils sont accords… et à cris.

Soupirs et râles d’une joute charnelle.

Sensuelle et émouvante.

Avec le contrepoint du regard, aigu le regard toujours, qui ne lâche l’autre que pour mieux le saisir à nouveau, par surprise.

Sur le lamento de l’accordéon.

Ils tournent autour de la table, voltigent au-dessus, bondissent dans les cordes.

Ils dansent, se prennent et se séparent, luttent et s’enlacent.

Il y a du TANGO, dans ces corps qui s’éprennent.

Il y a du SUMO dans les pas, dans les passes.

Il y a du rire, et la tension d’un drame qui ne saurait se dire.

La table tourne. Tournent les hommes, la folle danse des pulsions.

Jusqu’à l’ivresse.

Jusqu’à l’envol.

tangosumo3

Ici, point de dialogue articulé : Seuls, les corps s’articulent, les uns aux autres.

Et les comédiens-danseurs parlent une langue universelle, celle du corps et du regard tendus « vers ».

Une histoire de prise de pouvoir.

De perte. Et de victoire.

D’esclavage et de liberté.

D’éphémère et d’éternel.

Dramaturgie simplifiée à la rhétorique du combat : feinte, attaque, esquive, corps à corps …. Simplifiée ? Ce qui est en train de se produire est infime et magistral ; toute la palette du « je », dressé vers, contre, avec, l’autre, recomposée et décomposée à l’envi sous nos yeux.

Prouesse physique. Prouesse esthétique.

Danse allégorique.

Dominant. Dominé.

Accrochés jusqu’à l’épuisement.

Qu’ils soient deux, qu’ils soient trois, leur ballet, tantôt tendre, tantôt violent, éminemment poétique, exprime un au-delà du langage qui coupe le souffle.

Ils sont en apesanteur.

Et c’est moi qui vole et plonge, le cœur battant, là dans le ring.

Merveille de ces corps en mouvement qui racontent en 45 minutes une rencontre… toutes les rencontres.

Les possibles ouverts quand les mots se taisent.

Si je vous parle d’eux, c’est sans doute que fut belle la catharsis, cette histoire de corps, complexe jusque dans son épure, ce round engagé sur l’infini des relations humaines.

… Et parce que l’homme est beau quand il livre son regard à l’autre.

Pour les trouver c'est ici

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Commentaires
B
Comme ce devait être beau !<br /> Je ne connais pas, et ça s'est passé où ?<br /> Et ça s'est enfui déjà, comme un rêve...<br /> Ton texte haletant, comme j'imagine leur danse.<br /> Ton regard qui sait s'émerveiller, un regard libre...
C
Vos mots retracent les arabesques de ce mâle pas de deux, pas de trois, psalmodiant sur un rythme languissant et suave une danse-duel que vous redessinez pour nous au tempo de votre sensibilité. Il y a de la magie dans ces mots là. Ou simplement l'immensité de votre regard.<br /> Infinie douceur.
L
juste un corps à corps <br /> de corps accords <br /> sur un instrument à corde<br /> tendresse et discorde
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