PEREC-QUATIONS écho centriques
Elles me sont douces les heures
De feux
Follets
Feulées
Frôlées
A tes flancs
Essoufflés
Heures sifflantes
Heures filets où je m’emmêle entre effroi et frissons
Elles me sont douces les heures
D’enfance
Fêlées
Fragiles
Franches
Etoiles filantes
A nos fronts gémellés
Heures frémissantes
Heures de féérie où s’entrelacent nos fièvres
Si douces que je veux tout garder et peine à mettre à mots
Peur qu’au grand jour je ne perde… un peu de ce miracle qui m’habille.
Pourtant… je me souviens,
Je me souviens du martinet que j’ai nourri à la petite cuillère avant de le relâcher quand son aile fut consolidée… j’ai toujours beaucoup rêvé de martinets… De leurs cris dans l’été frémissant.
Je me souviens que les nuits paraissaient toujours trop courtes et fades les matins.
Je me souviens du son de ta voix au soir du premier appel ; cet accent que je n’entends plus désormais.
Je me souviens de la couleur de l’aube, sur Paris enneigé, quand le bruit de la rue nous arrachait à un sommeil trop bref. Et nos corps impatients de se reprendre.
Je me souviens de la 2chevaux bleue, emplie de nains de jardin, qui traversait la France pour venir à moi.
Je me souviens du plaisir que j’avais à dévorer les tartines au bout de tes doigts, ton enfance offerte au petit déjeuner.
Je me souviens que le mistral savait une liberté encore à conquérir. Marseille était bleue aux pieds des escaliers Saint Charles.
Je me souviens du goût des larmes quand le corps se brise en soubresauts incoercibles.
Je me souviens de mon ravissement à partir sous le sifflement des lanières, dans une nuit d’exception, sous la main d’une adorable brune qui allumait ma lune pour éclairer notre soirée.
Je me souviens d’un rêve où je croyais t’avoir perdu.
Je me souviens de mon premier voyage sur un coup de tête, vers l’Est, et de ma course affolée sur un quai de gare, perdue à la nuit tombée, en retard dans mon imprévisible trajet et incapable de lire correctement les panneaux.
Je me souviens que l’idée de la douleur fait plus de mal que la douleur elle-même.
Je me souviens combien il fut difficile d’oser trois petits mots.
Je me souviens du parfum des matins de départ, une odeur d’été même au cœur de l’hiver.
Je me souviens du premier baiser reçu d’une fille. Si je n’avais pas eu 7 ans, si je n’avais été attachée au poteau de torture, si elle n’avait pas joué la fille du grand chef indien, me l’aurait-elle donné ?
Je me souviens comment on fait de beaux voyages immobiles.
Je me souviens de l’odeur du nougat dans les fêtes foraines.
Je me souviens qu’il ne sert à rien d’aller à la station Guy Môquet.
Je me souviens de mes peurs irraisonnées.
Je me souviens de chaque instant lumineux, la page d’un livre, l’éclat d’un regard, l’ombre complice.
Je me souviens…
De l’éphémère et de l’éternel
Puisque tout s’efface, puisque tout demeure
…
Et qu’il suffit de trois mots pour gagner sur l’usure !