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Les Ecrits Pourpres
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2 juillet 2007

40. Les fins ne sont qu'un début....

Et voila chers lecteurs… Nous arrivons au dernier épisode des aventures de Sofito et de Michel-Ange… Elle fut difficile à poser cette dernière phrase, au fil des jours nous nous étions attachés à ces personnages. C’est un peu comme laisser partir un enfant devenu grand que de mettre le point final à ce récit. Merci à tout les lecteurs qui nous ont suivis lors des grandes petites aventures historiques de notre héroïne. Mais place, on frappe les trois coups pour le dernier acte, le rideau se lève,,, ,,,,

432fa236_ada3_447f_8420_68585a06a677Sans bouger, il regardait sa verge disparue entre les deux globes frémissants, son ventre collé contre les fesses tendues de la jeune fille. Puis serrant plus fermement ses doigts autour de la taille menue, il commença un va et vient, tout d'abord lent et mesuré et, petit à petit, se laissant aller, il accélérera le rythme, la prenant de plus en plus rapidement, plongeant en elle son pieu pour la forcer, l'ouvrir, l’écarteler sur son désir. Il sentait sa chair s'ouvrir, céder, l'entourer et commencer à accepter son membre qui l'envahissait, la torturait ainsi, si délicieusement. L'intromission se fit plus douce, plus sensuelle. Il la sentait palpiter autour de son dard et commencer à répondre, son corps se collait au sien, venait le chercher. La garce dansait la sarabande qu’il lui imposait en mouvements souples et ardents.

Arqueboutée, en appui sur le dossier du prie-Dieu, elle s'offrait, cambré à l'extrême, jusqu'au seuil de la douleur, et cette douleur là lui était douce comme lui devenait douce celle de la pénétration amples qui l'emportait, l'irradiant d'ondes de plaisir, d'une confusion sensorielle qui devint si intense que, peu à peu, la victime expiatoire qu'elle était se transforma en un animal sauvage, déchaîné par le rut. Elle se propulsa vers le membre qui venait en elle, le cherchant plus fort, accélérant ses coups de reins pour l'obliger à élever le rythme et la puissance de l'intromission, le souhaitant à nouveau en elle, ardent, vainqueur, outrancier.

Il s'enfonça à nouveau violemment dans les reins offerts, avec la force et l'ardeur d'un soudard. Ce n ‘était pas sans lui rappeler les folles années fougueuses de sa prime jeunesse, lorsqu'il prenait les jeunes paysannes dans les bottes de foin. Il se sentait l'ardeur d'un jeune homme, bouillonnant de la force retrouvée de ses vingt ans. La catin était en train de l'amener à un plaisir tel qu'il n'en avait pas connu depuis des années. Il la souleva du prieuré, la maintenant contre lui, toujours empalée sur son sexe et, la portant ainsi, il la mena à son grand bureau, l'allongeant sur les papiers qui le couvraient, les jambes pendantes. Reprenant sa pénétration avec encore plus de fougue, faisant aller et venir le dard en elle avec une rage qui ne semblait plus vouloir connaîtrai de limites, il se pencha sur elle et sa bouche vint mordre son épaule.

Elle râla sous son assaut, plaisir et douleur étroitement mêlés pour mieux enflammer son désir d'être prise de plus belle. Son anus, distendu par l'imposante verge, pulsait, brûlant et affamé. Elle avait mal et elle le voulait encore, bandait ses muscles et se raidissait sur ses avant bras pour se relever, tendant ses fesses et le provoquait de sa posture obscène, de son gémissement guttural qui acquiesçait à cette délicieuse et terrible violence. Elle se donnait totalement, impudique, vénielle. Elle lâchait toute retenue, tout amour propre, tout ce qu'elle était comme pour signifier, de tout son être abandonné, qu'après cela il ne pouvait y avoir d'au delà de cette possession déchaînée, où les deux s’entre-dévoraient dans un passion charnelle et un désir déments.

Au prix d’un effort douloureux, le Pape se figea, son sexe vibrant enfoncé dans les reins de la jeune fille.

Non, pas ainsi ! Il ne voulait pas jouir ainsi, pas aussi vite. C'était sans doute, il le savait, la dernière fois où il goûterait ce corps brûlant et gracile et il comptait bien le déguster de toutes les façons possibles. Retirant son membre il le frotta contre les fesses de Sofia, la caressant du bout turgescent, cherchant son intimité, l'explorant, l’effleurant, la titillant du bout de sa peau, la flattant avec une sorte de tendresse attentionnée, qui contrastait avec la sauvagerie dont il venait de faire preuve l'instant d’avant.

Il s'agenouilla derrière elle, ses deux mains posées sur ses fesses. Ecartant les globes, il avança la bouche, collant ses lèvres à la rosette malmenée. Sa langue se darda et commença à caresser l'œillet, en lents mouvements convexes. Doucement, il fit pénétrer son organe dans les reins de la repentante. Une de ses mains se glissa sous son ventre et son doigt découvrit son clitoris, le frôlant avec douceur.

Dans l'état d'abandon et de fureur érotique où elle était, cette accalmie lui fut une violence pire que l'affrontement de leurs deux corps dans leur branle démentiel. Elle était si peu préparée à ces gestes, soudain si doux, si peu encline à recevoir une sensualité  tournée vers elle, que la surprise fut totale et déroutante. Son corps se crispa, cherchant à échapper à l'affolante douceur et, pour la première fois depuis qu'elle avait entamé cette étrange confession, elle émit un gémissant "Non" de protestation.

Pour toute réponse, le Pape la plaqua d'une main ferme sur le bureau, la forçant à l'immobilité, la contraignant à 341f74ed_564d_43b7_840e_180a36507ee3l'abandon. Il la maintint ainsi, fermement rivée à la table, et continua à lui appliquer sa caresse. Fermement mais sûrement, sa langue l'explorait avec la vivacité d'un serpent, se frayant un chemin en elle. Son doigt, affolant et impérieux, la fouillait, la traversait.  Il cherchait son plaisir, l'obligeait à se plier, à se rendre à son désir dominant et si terriblement troublant.

Il la forçait à s'offrir à cette sensuelle attention qui la perturbait jusqu’à la perdition. Les poils de sa barbe effleuraient sa peau sensible et il semblait vouloir la soumettre complètement à son désir. Oui, il la voulait abandonnée et offerte à son désir, il la voulait pantelante de jouissance.

Et elle gémissait faiblement, cessant de lutter contre le plaisir que faisait naître ses attouchements, se livrant à l'habileté de sa caresse comme elle s'était livrer à sa fougue et à son feu. Et un nouveau brasier irradiait son ventre, insoutenable, la faisant chavirer, le cœur palpitant, dans un abîme de volupté où elle sentait qu'elle perdait pied, qu'elle perdait toute défense et toute notion de lieu. Elle fondait, se liquéfiait sous la poigne puissante qui la maintenait, sous la main si douce qui l'explorait, sous la langue qui la faisait vibrer intensément et elle se cramponnait au prie-Dieu de toutes ses force, pour ne pas hurler sous la montée du plaisir.

Odieusement, il la maintenait aux limites du plaisir. Il la tenait près de la jouissance, sans jamais la lui accorder. Ses caresses étaient des envolées, qu'il  interrompait d'un mouvement de sa bouche contre ses reins. Ainsi, plusieurs fois, il la mena au bord de l'orgasme et, s'interrompant, la laissa pantelante, le corps secoué de spasmes. Elle n’ouvrait plus les yeux, sa poitrine se soulevait sur une souffle haletant et sa peau rosée par le plaisir et couvert d’une fine transpiration semblait luire doucement.

Jugeant que le jeu avait assez duré, enfin, il se releva, la retourna pour la coucher sur le dos. Il l’observa un instant, superbe dans son abandon, avant de s’enfoncer entre ses cuisses, propulsant son sexe dans son intimité et l'envahissant de sa présence ardente. Il apprécia pleinement la sensation enivrante de sa vulve trempée, se crispant pour le prendre et le masser sous les pulsations de son propre désir. Le sexe de Sofia était un étau qui le dévorait, le happait, le prenait vraiment. Il avait rarement ressenti émotions charnelles aussi puissantes !

Il sentit son membre se tendre encore alors qu'il entamait un va et vient de plus en plus soutenu entre ses jambes écartelées. Il saisit ses fesses à pleines mains et la tira vers lui, l'empalant de toute sa longueur sur son dard, sa bouche cherchant la sienne et sa langue violant ses lèvres.

Elle répondit à son baiser avec ferveur, avec reconnaissance, les entrailles embrasées par le pieu qui butait au fond d'elle en coups lancinants, qui ne forçait pas ses chairs, tant elle était ouverte et désirante, mais les épousait et les faisait résonner en échos sourds d'un plaisir poignant, obsessionnel, insoutenable. Elle s’agrippa à lui, l'étreignant de ses bras fiévreux, enfonçant ses ongles dans ses omoplates, pour qu'il ne la lâche plus, pour qu'il ne la laisse plus redescendre et qu'il l'emporte et vienne avec elle sur les sommets rugissants du plaisir.

Et il allait et venait en elle, emporté à présent par la jeune fille dans un tourbillon de plaisir, dans un maelström de sensations. Elle l'avait piégée dans son corps et il devenait son jouet, il devenait celui qui était pris. Sans même s'en rendre compte, il avait perdu tout sens de la mesure et seul encore comptait le plaisir qui montait dans son corps. Dans un dernier sursaut, il s'extirpa de son  sexe et releva ses jambes sur ses épaules pour s'enfoncer encore dans sa rosette avec un cri. Il la laboura avec la force d'un soudard a l’assaut, la pourfendant de toute sa longueur. Il la prit avec force et rage jusqu’à ce que son membre explose dans son corps... Jusqu’à ce qu'il la remplisse de sa semence en jets bouillants.

ganymedePénétrée et emplie, son intimité, si enflammée par les caresses, encore sollicitée par les frottements et les à-coups du bas ventre du Pape qui éperonnait ses reins en libérant sa semence, elle bascula dans l'orgasme. Dans un brame qui tenait à la fois de l'animal blessé et du cri de libération, en sentant la verge palpiter et le foutre pulser dans ses reins, son corps se tendit et se détendit puis fut parcouru de spasmes et de frissons incoercibles. Elle haletait, ses jambes tremblait, tout en elle était secoué par le paroxysme du plaisir. Elle soupirait et gémissait encore alors que le Pape ne bougeait plus, laissant son sexe s'amollir en elle, goûtant l'ivresse de la volupté et le spectacle de sa parfaite reddition au plaisir que cette étrange jeune fille venait de lui donner.

Lentement, il s'allongea sur elle, essoufflé, vidé et il demeura là, tout contre elle, le temps de retrouver meilleure contenance. Se relevant sur ses avant bras, il plongea ses yeux dans les siens.

"Décidément, je n'aurai jamais le dessus sur toi Sofito."

Englobant tout son corps dans un regard attendri, il la caressa du bout des doigts. Dans un toucher d’une infinie délicatesse, il effleura la courbe de son sein, de son épaule, laissant glisser ses doigts sur son ventre.

"Jamais je n'ai connu étreinte plus flamboyante que les tiennes ma jolie. »

Puis, se dressant, il fit un signe de croix et récita une vague sentence en latin. En fait, il ne savait pas vraiment si cela convenait ; il n'entendait rien aux cérémonials et aux formules, alors il improvisait.

"Voilà, tu es absout de tous tes péchés, va en paix mon enfant."

Il enfila sa chasuble et remit un peu d'ordre dans son apparence avant de l'aider à se relever.

"Rajuste-toi jeune fille, ton époux doit s'impatienter à présent."

Elle se sentait incertaine sur ses jambes, ne savait plus bien ce qu'elle devait faire, ce pourquoi elle était venue. Elle n'osait le regarder et conservait obstinément la tête baissée, le geste maladroit. Elle peinait à rassembler ses vêtements autour d'elle. Ses mains tremblaient, son corps frissonnait. Elle ne savait plus exactement ce qu'elle avait gagné ou perdu dans l'instant d'égarement qui venait de s'écouler. Elle n'avait plus conscience de grand chose, ni du sens des paroles du Saint Père ni du comportement qu'elle devait avoir. Elle ne ressentait plus qu'une seule chose, une immense lassitude et une fragilité plus grande encore. Et une étrange sensation de liberté qui la grisait plus encore que la volupté éprouvée. Elle semblait tourner sur elle même, désorientée et soûle, plus que de s'empresser à sa toilette. Quand sa chemise eut glissé sur son visage, ses traits réapparurent, baignés de larmes, sans qu'elle les eut senti venir.

Le Pape se tourna vers elle, observant son visage bouleversé. Il rougit et parut sur le point de parler mais se ravisa, Il fit quelques pas rapides vers la porte et quitta le salon, d'une démarche rapide et décidée, pour rejoindre le couloir. Dès qu'il eut quitté la pièce, échappant aux deux gardes qui lui barraient la route, le Maestro se précipita vers elle et la prit dans ses bras. Voyant les larmes qui recouvraient son visage en longues traînées silencieuses, il fut saisi par une vive colère. La prenant par les épaules, il la pressa contre lui et de sa main tremblante essuya ses larmes, grondant entre ses dents.

"Le maudit, je vais lui ouvrir le ventre à ce maraud sans plus tarder, s’il a osé…"

Ses yeux flamboyaient de colère, il écumait d’une rage rentrée, tandis que ses doigts se crispaient sur l’épaule de Sofia.

Cherchant la protection de son torse, Sofia ravala ses sanglots et parvint à hoqueter :

"Non, non... il ne... ne m'a pas fait de mal... non.... c'est .... au contraire... il m'a.... il m'a .... je .... " Elle ne parvenait pas à expliquer son désarroi, combien le Pape l'avait déstabilisée en la touchant d'une manière à laquelle il l'avait peu habituée et  à laquelle elle s'était si peu préparée. Elle ne parvenait pas à expliquer non plus pourquoi cette jouissance là la laissait si brusquement démunie et fragile ; et elle se cramponnait à Michel Ange, cherchant à dire par son regard mouillé et agrandi par la détresse tout ce que les mots lui refusaient. Elle réussit à quémander à travers ses larmes :

"Emmenez-moi Maestro, emmenez-moi loin de ses appartements, chez vous, dans la chapelle, dans les jardins... n'importe où ailleurs, je vous en prie"

Et elle suppliait de tout son être, prête à se lever et à fuir sans se préoccuper de sa nudité.

Il la prit par les épaules, l'obligeant à s'asseoir et, calmement, l'aida à enfiler son pantalon de toile. Il regarda un 2006_10_18_234_desadeinstant les bandelettes qui jonchaient le sol. Elles étaient dorénavant inutiles, Sofito venait de disparaître dans cette pièce. Une fois rhabillée, il lui prit la main et la conduisit hors des appartements du Pape, prenant une longue succession de couloirs qui finirent par déboucher sur une petite porte donnant sur la cour du palais papal. Ils marchaient en silence et Michel Ange conservait sa main posée sur son épaule, comme une force protectrice. Se dirigeant vers l'antique forum. ils traversèrent les ruines, les antiques colonnades et les amoncellements de pierres, gloire passée d'une civilisation encore présente dans chaque recoin de rue. Il la guidait sans précipitation, la laissant retrouver ses esprits dans cette lente déambulation à travers les rues de Rome. Ils bifurquèrent le long d'une des artères principales de la ville, puis poursuivirent leur chemin dans une série de ruelles tortueuses où le soleil jetait des éclats enchanteurs. Ils finirent par déboucher sur une place qui semblait dormir au soleil de midi. La chaleur était étouffante et les habitants de la cité restaient cloîtrés dans leur domicile. Le bout de la place était occupé par une bâtiment imposant aux hautes colonnades. Ils avancèrent ensemble vers la porte qui était plongé dans une semi obscurité bienfaisante. Sofia hésita avant de s'engager dans le bâtiment silencieux et qui semblait totalement désert et leva un regard interrogatif vers Michel Ange. D’un signe de tête et d’un tendre sourire, il l’invita à avancer. Elle émit un petit cri de surprise alors qu'elle pénétrait dans l'imposante bâtisse. C'était un bâtiment circulaire, surmonté d'un dôme qui s'élevait à plus de trente mètres au-dessus d'eux. Elle en avait le souffle coupé. La lumière parvenait par un orifice circulaire qui trouait le sommet de la coupole et inondait le pavage de marbre. Il l'emmena au centre du cercle parfait que dessinait la lumière.

"Le Panthéon, mon amour… le Panthéon… ici naît le beau et s'exprime la grâce de la perfection que nous ont laissée les anciens… ici règnent la paix et l'harmonie."

Elle levait la tête vers l'immense occulus qui la baignait de lumière et ferma les yeux, soudain prise de vertige. Elle souffla "C'est magnifique !". Elle dessilla les paupières pour observer la vaste salle circulaire. Tout était ocre chaud et or, paisible et envoûtant à la fois. Jamais un lieu ne lui avait paru à la fois si démesurément inhumain et si accueillant, comme un ventre, un ventre de géant qui pouvait la protéger et lui faire effleurer l'essence divine, comme si elle en portait une étincelle enfouie au plus profond d'elle même. Elle frissonna et accrocha son regard à celui de Michel Ange :

"Pourquoi maestro ? Pourquoi , ici ?"

"Parce que c'est un lieu de paix ! Les anciens l'avaient voué à tous les dieux ; il était dédié à l'union de tout ce qui faisait leur monde. C'est ici, et en ce lieu seul, que nous unirons nos deux âmes, devant le regard d'un ciel unique fixé sur nous."

Sortant de la semi pénombre un homme s'avança, revêtu d'une pauvre aube. Mal fagoté, sa tonsure luisait sous la lumière de la voûte. Il semblait  écrasé par la majesté des lieux et mal à l'aise.

"Maestro ? Etes-vous sûr …? C'est tellement inhabituel !"

Le sculpteur hocha la tête.

"N'est-ce pas une église ? Et le Pape vous a dit, comme il me plaira, et il me plaît que ce soit ici et maintenant."

Le moine s'inclina avant de prendre la croix qu'il portait sur sa poitrine entre ses doigts, la tenant comme une amulette païenne. La tête baissée il récita quelques phrases dans un latin de cuisine avant de reprendre en Italien.

"Nous sommes ici, pour célébrer l'union de Michel Angelo et Sofia devant le regard de Dieu, veuillez vous approcher et vous mettre à genoux."

Elle vit Michel Ange s'avancer au devant du moine et commencer à plier le genou. Son cœur marqua un temps d'arrêt et ses larmes jaillirent à nouveau. Pâle, immobile et tremblante, elle ne put retenir un petit cri suraigu, affolé "Non !". Surpris, Michel Ange stoppa son geste et se retourna vers elle, l'interrogeant d'un regard inquiet. Elle chuchotait à travers ses larmes, baissant la tête et la secouant :

"Je... je ne peux pas vous épouser ainsi..." Et elle désignait ses pauvres vêtements de garçon d'un air aussi désolé que dégoûté "Pas ainsi... souillée.... je... je n'avais pas imaginé... je ... je croyais que le Pape... il avait dit qu'il nous unirait ... je..."

Elle voyait les traits de Michel Ange se crisper. Elle percevait sa déception. Elle eut soudain envie de s'enfuir et pourtant demeurait immobile, tordant le coin de sa chemise entre ses doigts.

Il se tourna lentement vers elle. Il aurait pu lui dire que tout cela ne comptait pas, que tout ce qui lui importait était d'être uni avec elle. Mais il lisait aussi le désespoir dans les yeux de sa douce. La situation lui semblait bloqué, et il s'en voulait de lui assener une déception supplémentaire.

"Bien alors, qu'il en soit ainsi !"

La voix forte et tonnante venait du fond de la crypte. Sortant du couvert que lui offraient les colonnades de l'entrée, le Pape s'avança dans la grande salle.

" C'est le moins que je puisse faire tout de même. Après tout…"

Il était suivi par trois servantes qui se dirigèrent immédiatement vers Sofia. Elles la prirent par la main et la conduisirent vers une petite porte, qui se cachait derrière une imposante croix de marbre, en la rassurant :

"Venez mademoiselle, nous allons faire votre toilette."

Le Pape tendit la main vers l'autre bout de la pièce.

"Ici Maestro, vous pourrez vous rafraîchir et prendre le temps de vous changer."

nonneSofia se laissa emmener. Elle ne savait plus vraiment si elle rêvait ou si les événements se déroulaient concrètement, tant l'arrivée inopinée du Pape avait fini de renforcer cette sensation d'irréalité. Au fur et à mesure qu'on la prenait en charge, et qu'elle abandonnait son corps aux mains habiles et légères, elle se libérait de ses tensions, des flots d'émotions qui l'avaient bousculée Son esprit s'apaisant, elle parvenait à nouveau à réfléchir. Bien sûr, le Pape était au courant de tout et il ne pouvait ignorer pourquoi Michel Ange l'avait conduite ici. Et bien sûr, se faisait-il fort d'assister à leur union. Mais il avait tout prévu, y compris d'intervenir au moment clé. C'était décidément un diable d'homme que ce Pape là et infiniment dangereux. Presque prête pour ces noces si inespérées, elle frémit en pensant qu'ensuite, il lui faudrait revêtir une robe nonale pour courir les coursives du Palais. Et puis, elle éclata de rire. Sa vie était vraiment une incroyable mascarade où elle passait d'un rôle à l'autre comme la comédienne d’une folle dramaturgie. Les grelots de son rire s'éteignirent brusquement. Les servantes venaient de tirer une psyché devant elle et, dans le miroir, son reflet immaculé lui fit face. Elle était prête pour le plus beau rôle de sa vie et il n'y avait plus de comédie ! C'était la vie, sa vie, en vrai, un engagement  profond, un don réciproque devant Dieu qui allait enfin être célébré. Et elle pressa sa main sur son cœur, froissant la délicate mousseline qui la couvrait.

Les dames de compagnie se reculèrent et acquiescèrent avec un sourire ; la mariée était magnifique. Une des chambrières s'avança vers elle, tenant un petit coffret de bois précieux. L'ouvrant avec délicatesse, elle le tendit vers Sofia, un bijou, magnifique œuvre d'argent sertie de rubis qui jetaient des lueurs fauves dans la pièce. Une deuxième servante sortit le bijou de son écrin et le passa autour du cou de la jeune fille. Se penchant à son oreille, elle murmura :

"Un cadeau de sa Sainteté pour vos épousailles."

Puis enfin, elles décidèrent que la future épouse était prête pour la noce et, la prenant par la main, la conduisirent vers la porte qui donnait sur le sanctuaire. Elle eut le souffle coupé lorsque la porte s'ouvrit. Une haie de dix gardes, en grande tenue, l'attendait, leurs casques scintillaient dans la lumière pâle que filtrait les lieux. Leurs hallebardes claquèrent sur le sol à son apparition et, dans un mouvement commun, ils se tournèrent vers le centre la pièce. Le Pape l'attendait, vêtu d'une riche aube où se mêlaient le blanc et l'or. On avait dressé de grands candélabres en cercle autour de la partie centrale de l'ancien temple. Elle ne reconnut pas tout de suite l'homme qui se tenait aux côtés du pape. Elle fut stupéfaite en constatant qu'il s'agissait de Michel Ange. Il arborait une tenue de velours aux reflets de nuit, doublé de soie pourpre que les découpes dans son pourpoint laissaient apparaître. Un chapeau de velours noir coiffait sa tête aux cheveux soigneusement noués et une aigrette pourpre pendait mollement sur son épaule. Il la regardait les yeux brillant.

Souriante mais tendue, elle s'approcha lentement, à travers la haie d'honneur, le cœur battant follement et vint se placer à ses côtés, droite, rivant son regard au visage du Pape. Une fraction de seconde, elle détourna les yeux pour croiser ceux de Michel Ange et ce qu'elle lut dans son regard lui emplit le cœur d'une immense bouffée d'allégresse et d'amour. Elle aimait cet homme de tout son être et il la couvait de tout son amour.

Dieu, que cette certitude était douce et pleine ! Et ils allaient unir leurs deux destinées, tout était bien ! Elle respira plus amplement, un soupir de joie, et tendit doucement la main pour se saisir de celle de Michel Ange. Il pressa tendrement ses doigts et tous deux fixèrent le Pape, dans l'attente des premiers mots.

Le Pape leva les yeux vers le cercle azur qui les dominait de sa présence lumineuse. Fixant cette lumière irréelle, il en venait presque à croire que Dieu pouvait exister. Ses mains s’élevèrent, les deux paumes tendues vers le haut.

"Seigneur,  nous sommes assemblés ce jour pour unir cette homme et cette femme sous ton regard. Nous  allons lier ce qui est déjà un, par le sacre du mariage, unir, en ces lieux, les destinés de ces deux êtres qui ne déjà s’appartiennent. Ecoute en ce jour la requête de Sofia et Michel Ange. Entend nos prières et bénie cette union par ma main. "

Il baissa le regard et le posa sur les deux personnes qui le fixaient avec impatience.

" Michel Angelo, voulez-vous prendre pour légitime épouse Sofia,  ici présente, selon le rite de notre mère la sainte Église ? "

Le sculpteur tourna son regard vers Sofia. "Oui je le veux."

Le Pape acquiesça et se tournant vers Sofia :

" Sofia, voulez-vous prendre pour légitime époux Michel Angelo,  ici présent, selon le rite de notre mère la sainte Église ?"

Serrant la main de Michel Ange plus fortement, Sofia plongea ses yeux dans les siens et sans cesser de le regarder énonça "Oui, je le veux."

"Ego conjungo vos in matrimonium. In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen"

Le Pape fit un signe de croix au dessus des mains jointes des époux et fit un signe au garde le plus proche qui lui VanderWeydenmariageAnverstendit un étui de velours noir. Il le défit d'un geste rapide et en tira deux bagues d'or ciselées. D’un signe de croix, il les bénit de son latin incompréhensible. avant de tendre le plus

petit à Michel Ange. Celui-ci, la main un peu tremblante, se sentant peindre la plus belle œuvre de sa vie, passa l'anneau au doigt de Sofia en retenant son souffle. Il regarda l'anneau luire doucement au doigt de la jeune fille. Puis le Pape tendit le plus grand anneau à Sofia.

Elle le prit délicatement, le souffle court, un doux sourire s'épanouissant sur ses lèvres. Et les yeux brillants, elle le fit glisser sur l'annulaire du Maestro. Il s'y ajusta parfaitement et elle le caressa, du bout de son index tremblant, prolongeant son effleurement sur la main avant de la lâcher.

"Je vous déclare unis par les liens du mariage"

Le Pape leva les bras au dessus des deux époux, appelant sa bénédiction sur les mariés et reprit avec un grand sourire :

"Vous pouvez embrasser la mariée mon cher Maestro."

Le sculpteur se tourna vers la jeune fille et la saisit par les épaules doucement. Il l'attira contre lui et posa ses lèvres sur les siennes, en un chaste baiser, puis, se reculant, il planta ses yeux dans les siens.

"Je jure de t'aimer toute mon existence, de te chérir, de te protéger, de toute mon âme."

L'étreignant plus vivement, il écrasa sa bouche sur la sienne, dévorant ses lèvres.

Le cœur en émoi, elle répondit avec ferveur à son baiser, s'abandonnant dans ses bras, laissant aller tout son corps contre le sien, tout son être vers lui. Dans ce baiser, elle lui redisait l'absolu de son amour et de son don. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, Sofia perçut la gêne que leur baiser, sans pudeur, avait occasionné chez les gardes, pourtant aguerris à l'impassibilité, et, rougissante, elle riva son regard à celui du Maestro et prononça d'une voix basse mais pourtant étonnement claire :

"Je suis votre pour la vie et au-delà de ma vie même. Je jure de vous aimer et de vous chérir, de vous accompagner et de vous servir en toute chose, pour que mon âme et la vôtre ne fasse qu'une pour toute l’éternité."

Le Pape frappa dans les mains, les regardant avec une expression qui se voulait sévère mais où se lisait un vif amusement.

"Je sais bien que je ne m'adresse pas à un couple comme tous les autres, mais je vous demanderai, tout de même, d'aller consommer votre union en un lieu plus adapté à la situation. Maestro, je ne désire plus vous revoir dans mon palais avant une semaine ; vous possédez une villa, il me semble Sofia, emmenez-y votre époux et que je n’entende plus parler de vous tant que ces sept jours ne se sont écoulés !"

Puis il fit mine de s'éloigner avant de se retourner vers eux :

"Il y a ceci encore, c'est mon cadeau de mariage. Promettez-moi de ne l'ouvrir que lorsque vous serez dans votre logement."

Il tendit à Sofia une boîte, enveloppée d’un fin tissu pourpre. Après l'avoir déposée dans sa main, il saisit encore une fois le poignet de la jeune fille et se pencha à son oreille.

"Ce cadeau est vôtre pour tout ce que je vous dois."

La fine boîte marquetée pesait dans sa main tremblante, et ses yeux virevoltaient de l'étrange objet au visage du Pape, empreints d'une timide interrogation et d'une profonde surprise. Sofia ne savait comment témoigner sa gratitude et son soulagement. Elle bégaya un petit "Merci Votre Sainteté" en l'accompagnant d'une révérence raide et empruntée, qui en disait long sur l'agitation de son esprit. Elle fit un effort suprême pour se reprendre, poussa un soupir et ajouta :

"Mille merci Saint Père pour votre bénédiction et votre protection ! Et pour avoir fait de ce qui était encore désuni une si parfaite union"

et elle lui adressa un doux sourire avant de baisser la tête dans une profonde et gracieuse révérence cette fois.

Le Pape lui rendit son sourire et, sans plus ajouter quoi que ce soit, il prit la direction de la porte du temple, entouré de ses gardes, ne laissant derrière lui que deux hommes qui semblaient avoir été affectés à leur protection.

Michel Ange et Sofia se dirigèrent à leur tour vers la porte. Il avait saisit son bras et c'est enlacés qu'ils sortirent dans la lumière qui irradiait la grande place. Rome avait l'air soudain plus lumineuse, plus pleine et plus entière. Et ils s’immobilisèrent, baignant dans la lumière d'un soleil qui semblait incroyablement neuf en ce jour si particulier, baignant dans la belle clarté de leur union.  Le carrosse s'avança à leur rencontre et le sculpteur ouvrit la portière, invitant Sofia à pénétrer dans l'habitacle en s'aidant de l’appui de son bras. Elle s’installa sur la banquette, émue au plus haut point et attendit qu’il la rejoigne pour se glisser entre ses bras. Les deux gardes grimpèrent sur leurs chevaux et leur fier équipage s’ébranla, se dirigeant vers la sortie de la ville.

Bousculée par les cahots de la route, Sofia se serrait plus fort contre Michel Ange, levant vers lui son visage radieux et souriant. Elle n'arrivait pas encore à réaliser totalement ce qu’elle venait de vivre ni à se persuader que ce n'était pas qu'un rêve. Dieu, elle était SA femme ! Et tout était aller si vite ! Ces dernières heures surgissaient dans sa mémoire en se télescopant, kaléidoscope fou de souvenirs entremêlés, et elle en avait le souffle coupé. ELLE ETAIT SA FEMME ! Même si cela devait demeurer secret, même si peu saurait, que lui importait ! Et il était là, près d'elle, tout contre elle, l'homme qu'elle aimait plus que tout. Et, suprême cadeau, ils allaient passer une semaine ensemble. Une semaine entière rien qu'à eux ! C'était plus qu'ils n'avaient jamais eu ! Et tout à coup, son petit visage s'assombrit et elle baissa les yeux en frissonnant. Elle caressait nonchalamment le voile pourpre de la boîte posée sur ses genoux et, brusquement, sembla bizarrement absente.

Michel Ange, qui la tenait serrée contre lui, tout au bonheur de leur union, remarqua un changement dans la physionomie de son épouse. C'était comme si, soudainement, une ombre s'était mise à planer sur la lumière de cette journée qui avait semblée si vive, si claire. Il prit son menton dans sa main et la força à le regarder.

"Que t'arrive-t-il ma douce ? Quel est ce chagrin dans ton regard ?"

de_sade3Elle semblait hésiter et tentait maladroitement de détourner les yeux. Mais, bien vite vaincue, elle s'abandonna dans la main qui la tenait sans faiblir et soutint le regard scrutateur de Michel Ange les yeux humides

"Maestro, le Pape vous a donné congé pour une semaine... une longue semaine... vous... nous allons être ensemble... Oh cela comble mon cœur ! Mais j'ai si peur que vous finissiez par vous ennuyer avec moi... une semaine c'est bien long... loin de vos œuvres... vous allez être comme en prison mon amour !" et elle ferma les yeux avec un gros soupir douloureux.

"Ma douce, ma douce, tu n'es pas une prison ! Tu es celle qui a libéré mon art et ma main. C'est par toi que je suis devenu libre, c'est par toi que j'ai trouvé la force et l'inspiration pour peindre ce maudit placard qu'est cette chapelle. C'est ton visage qui illuminait les murs de sa présence. Je ne peux me lasser de toi, comme je ne peux me lasser de mon propre cœur, car tu fais partie de moi, de ce que je suis, de ce qui me fait. tu es une partie de ma vie, la plus belle et la plus flamboyante. Tu es plus qu'une muse, tu es mon souffle, et tu es mon inspiration."

Il retint son visage entre ses doigts puissants et l'attira à lui, posant doucement ses lèvres sur les siennes.

"Et à présent tu es ma femme."

Il la sentit frémir entre ses mains et lorsqu'il relâcha son étreinte c'est à nouveau un visage rayonnant qui se leva vers lui, débordant d'amour. Elle le regardait, avec adoration, comme si elle venait d'être éveillée d'un mauvais rêve par son baiser

"Mon époux" souffla-t-elle "Vous allez devoir vous accommoder d'une semaine de vie où il n'y aura plus de jeu de cache-cache, plus de masque, et où nous pourrons enfin goûter à la quiétude d'être pleinement l'un à l'autre. Cela m'enchante et m'effraie et je me sens à nouveau comme une enfant, comme une jeune épousée qui ne sait ce qui l'attend !" Elle lui pressa les mains et pinça la bouche "Et vous amour, oh dites-moi, vous n'avez pas bien sûr de ces inquiétudes puériles ?

Le Maestro se rassit dans son siège en riant.

"Ce qui t'attend ma douce…, la vie d'une femme mariée au service du plaisir de ton mari, et le plaisir de ton mari c'est ton plaisir. Ce qui t'attend ce sont de longues promenades au bord de l'étang, des repas au coin du feu et bien sûr de nombreuses et répétées étreintes. Je te veux pour moi, je veux goûter ces jours avec toi. Dans tes bras et dans ta présence. Mon amour, je te veux toi rien que pour moi."

Puis la regardant en clignant de l’œil, avec une petite lueur dans le regard.

"Et s'il arrivait à l'un ou à l'autre de s'ennuyer, il nous resterait toujours le petit personnel pour jouer avec nous."

Elle lui décocha une petite bourrade tendre dans l'épaule, en riant et en râlant un "Oh, vous... vous, vous êtes bf72da52_ae9d_43cc_99b0_94ce8e840041terrible !" qui s'acheva sur un baiser échevelé. Dans son élan, Sofia en oublia la boîte offerte par le Pape qui glissa de ses genoux et vint cogner le sol du carrosse dans un bruit mat. A ce bruit, Sofia se dégagea vivement des bras de Michel Ange, repoussant ses mains qui déjà partaient à l'assaut de ses jupons et, haletante et confuse, se baissa pour récupérer le précieux objet.

"J'espère qu'elle n'est pas cassée ?... Non, même le mécanisme d'ouverture semble intact... Oh soyez sage amour … »

Elle tançait Michel Ange qui profitait de sa position périlleuse à ses pieds pour effleurer sa croupe. « Nous allons arriver sous peu et je suis curieuse de savoir ce que peut bien contenir cet ultime cadeau, pas vous ?"

Le sculpteur prit la boite dans sa main et la soupesa doucement.

« Je me le demande aussi, effectivement… mais c'est ton cadeau. »

Il lui rendit la boîte, comme si son contenant était aussi fragile que du cristal.

"Saches cependant que, si tu ne l'ouvres pas tout de suite pour voir ce qu'elle contient, je te viole, puis je te livre au cocher et aux gardes et à tous les paysans que nous croiserons sur notre chemin."

Elle le regarda un moment, interloquée, ne sachant trop s'il s'agissait d'une plaisanterie ou d'une réelle menace. Lorsqu'elle distingua la petite lueur de malice dans ses prunelles, elle comprit qu'il jouait.. Mais que le jeu pouvait fort bien être dangereux. Elle revint se placer près de lui, la boîte sur ses genoux et la caressa à nouveau du plat de la main, lissant le tissu pourpre sur ses jambes avec un calme étudié que démentait le sang qui pulsait à son poignet, entre ses cuisses et affleurait à ses joues.

"Vous obéir revient à désobéir au Pape. Vous désobéir revient à obéir à vos pires pulsions.... je ne sais ce qui est pire...ou meilleur " Susurra-t-elle, tandis que ses doigts faisaient mine de jouer sur l'ouverture en hésitant.

Il lui sourit. Et sa voix se fit doucereuse.

"Et tu oses hésiter un seul instant entre obéir à ton Maître ou te plier aux demandes du Pape."

Il saisit sa nuque d'une poigne d'acier, lui retirant le petit coffret des mains en la forçant à s'agenouiller entre ses cuisses.

"Défais mon habit et montre-moi ce qu'une épouse aimante peut donner comme plaisir à son Seigneur pour se faire pardonner."

Tandis qu'il disait cela, il arrachait littéralement le bout de tissus qui recouvrait la boite, l'ouvrit nerveusement et en tira un paquet de feuilles recouvertes de sceaux.

Avec la même nervosité, Sofia défaisait le haut de chausse de Michel Ange et s'emparait de son sexe, déjà tendu, y posait les lèvres et l'embouchait,  en tendant le cou pour essayer de deviner le contenu de la boîte tout en tentant de masquer sa distraction avec un regain d'application. Elle vit les sourcils de Michel Ange s'arquer de surprise et sentit son vit perdre de sa vigueur dans sa bouche. Cessant son manège, elle redressa la tête complètement et questionna soudain inquiète :

"Qu'est-ce, mais qu'est-ce donc ? Dites, je vous en prie !"

Il appuya sur sa tête, pour qu'elle reprenne son ouvrage sur son membre, avant de reprendre. "C'est une lettre de sa Sainteté le Pape, je te la lis."

Ma chère Sofia, Sofito,

Je ne peux vous laisser partir en épousailles sans vous avoir auparavant doté de biens conséquents qui vous permettent de vous affranchir des soucis et des contingences du quotidien.

Il se trouve que, dans la suite qui accompagnait les assassins envoyés pour mettre fin à mon existence, se trouvait un noble français du nom de Pierre Coseigneur de Mazan, dont les titres sont sis en Provence. Cet homme a trouvé la mort dans l'attaque dont je fus victime, la rencontre avec le jeune Valois lui fut fatale. Paix à son âme ! Le dit seigneur ne pouvait donc voir d'objection à ce que son titre, désormais vacant, revienne à sa veuve, une jeune femme du nom de Clémence de Girard. Celle-ci apprenant la portée du crime de son mari, de la bouche même de son confesseur, a décidé de rejoindre le couvent dans le but d’expier les fautes de son époux.

Elle renonce, par cela, à son titre de noblesse et à son nom.

Vous détenez ainsi les papiers qui font de vous une Marquise ma chère. Vous êtes donc, entre autre, Clémence de Girard, épouse du défunt marquis Joachim. Bien entendu, j'ai déjà dépêché un Sénéchal dans vos terres, qui prendra soin de vos biens et vous fera parvenir les dividendes de vos revenus. Vous n'aurez pas à vous rendre en votre domaine ; votre indépendance se voit assurée et d'un titre et de revenus confortables.

Goûtez à présent votre lune de miel et détruisez cette lettre pour ne garder que les documents officiels qui attestent de votre rang de Marquise.

Jules... »

Michel Ange laissa retomber  les feuillets à côté de lui.

"Eh bien, te voilà Marquise !"

La Marquise, pour l'heure, muselait sa surprise sur le membre de son époux, avec l'ardeur et l'habileté d'une catin et se préoccupait bien moins de répondre que de lui faire rendre grâce. La lecture de Michel Ange n'avait fait que rythmer ses va et vient et le sens des mots, qu’il avait pourtant clairement prononcés, lui semblait irréel, vaporeux, bien moins essentiel que ce sang qu'elle sentait pulser sous les chairs. Elle avait les yeux clos et se concentrait uniquement sur le plaisir qu'elle faisait naître et qui palpitait sous sa langue en même temps que dans son propre ventre... marquise... marquise.... cela était si lointain, plus tard, plus tard, ils verraient bien.

Il passa ses mains dans ses cheveux et, doucement, rythma la fellation dont elle le gratifiait, s'abandonnant au plaisir qui montait en lui.

Laissons à présent ce jeune couple voguer vers des aventures qui ne regardent plus qu'eux.

Que pourrions-nous encore en dire, que pourrions-nous encore ajouter à leur histoire qui, désormais, ne nous appartient plus ? De la vie de cette épouse discrète du grand Maître, l'on ne sait que peu de choses. Elle fut sa fidèle et secrète compagne durant de longues années, se tenant à ses côtés aussi discrète que précieuse, dans l'ombre propice de sa gloire, tenant sa main forte, escortée et guidée par lui autant qu'elle le guidait dans sa longue marche. Ils eurent des enfants, de forts et solides gaillards dit-on, on ne sait combien, on ne sait leurs noms, du moins pas tous, la grande Histoire effaça bien des traces.

Lorsque le souffle de la création finit par quitter le grand corps fatigué de Michel-Ange, il ne restait plus rien qui put retenir, dans cette villa pleine de leurs ébats et de leurs souvenirs, la vielle dame qu'était devenue Sofia. Elle entreprit son dernier voyage, celui qui la menait en France, dans les terres qu'elle avait reçues en héritage si longtemps auparavant, terres où vivait à présent son fils, enfant né de l'amour que lui avait porté, avec tant de passion, son mari, son amant et Maître.  Elle rejoignit donc le château de Vaizon où s'était installé, depuis de très longues années, son fils Jean, le seigneur de Saumane et de Beauregard.

Elle y coula encore quelques années tranquilles, vieille dame sereine qui souvent se promenait, rêveuse, au milieu des rosiers du jardin, en se rappelant dieu seul savait quoi.  Elle partit un matin d'automne, pour rejoindre son grand amour on ne sait où mais peu importe. Une chose est certaine, ils sont ensemble désormais et plus rien ne peut les séparer. La lignée de Sofito se perpétua, mêlant le sang de la jeune italienne et du Maestro au sang de la France. Il y eut Balthazar, puis Jean Baptiste auquel succéda Côme, suivi de Gaspard-François. Eux-mêmes perdirent l'histoire de leurs origines obscures dans la trame des générations. Ils étaient enfants des territoires de France.

47c67b70_0468_4c79_89b9_155756050f72Et il y eut encore un Jean-Baptiste Francois… puis un jour naquit, dans le château de Vaison, le jeune Donatien Alphonse François, Capitaine du château de Vaison, et Marquis de Sade.

Dans ses yeux, disait-on, il y avait une lueur d'ailleurs. Lui aussi a sa propre histoire et nous ne la conterons pas en ces lieux.  Mais, me direz-vous, Sofito, Sofia, a-t-elle continué à sculpter ?

Chut, lecteur, cela restera un secret. Un joli secret…

Dans les couloirs du Vatican, longtemps on a chuchoté que certaines œuvres du Maestro semblaient avoir une touche féminine bien particulière.... Mais cela... cela appartient à l'histoire....

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Commentaires
S
Quelle performance ! Réussir à nous tenir en haleine pendant toute la durée de ce récit, chapeau ! <br /> Le passage avec le pape m'a fait penser à "Justine ou les malheurs de la vertu" (puisqu'on parle du divin marquis...) mais au moins personne ne boude son plaisir chez vous ! ;)
T
Des archives ? Mais ou les planquez vous donc ???<br /> Mon royaume pour vos archives…
E
Les silencieux et les disserts, les passants et les bavards, <br /> A vous Aurora pour la bienveillance de vos passages dans nos méandres purpurins<br /> A vous Touams pour les éclats de rire, éclats de voix attendus, entendus<br /> A vous Vénus, pour ces paroles d'encouragement, cadeau inespéré<br /> A vous lecteurs...<br /> Merci immensément pour les clins d'oeil, les réactions, les échos... l'humanité qui transparaît à travers les filtres déformants de la toile ...<br /> L'écrit constitue une part importante de notre relation... tant que nous sommes tenus éloignés l'un de l'autre... ce sont les cris d'amour de deux qui se mêlent envers et contre tout, tout contre... Ils continueront donc... d'une façon ou d'une autre.<br /> Mais l'été est là, et pendant deux mois plus rien ne va nous séparer... il vous faudra donc patienter pour retrouver une saga ...<br /> A moins que... nous ne fouillons dans nos archives ;-)<br /> Bonnes vacances et merci encore
V
oui toutes les histoires ont une fin mais que dire de ceux qui ont faim? Faim de tous ces mots alignés qui nous tiennent en haleine au fil des jours. Faim d'admirer ceux qui savent mettre ces mots bout à bout pour notre plaisir de lecteur assidu. N'avez-vous publier un jour? Continuez SVP même si nous ne signalons pas notre présence à chaque passage. Merci de tout coeur et à bientôt. <br /> Venus email : vidment@voila.fr
T
Mince, c’est déjà fini ? J’ai pas vu le temps passer...<br /> Très belle histoire. Merci
Les Ecrits Pourpres
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